La perception du monde extérieur

Dans la perception du monde extérieur, nous avons le sentiment de la réalité de ce que nous percevons. Ce sentiment fait tellement partie de notre expérience, que nous ne le percevons que rarement pour lui-même, il est impliqué dans notre perception, et nous ne nous donnons pas, sauf circonstances exceptionnelles, la peine de l'expliciter, et encore moins la peine de l'expliquer.    Ce problème cependant existe. Comment, dans quelles conditions, dans quelles limites affirmons-nous la réalité du monde extérieur? On ne se demande pas effectivement si le monde extérieur existe tel qu'il nous apparaît, si on a raison d'y croire, mais on se demande comment il se fait qu'on y croie. Le problème reçoit traditionnellement le nom plus intellectualisé d'« idée d'objet «. L'objet signifie ici non pas tout ce vers quoi ma pensée se dirige, mais ce qui n'a pas besoin de moi pour exister. C'est bien cela que la conscience commune met dans la notion de réalité objective. Comme le dit Gabriel Marcel : « Je ne pense véritablement l'objet que dans la mesure où j'affirme que je ne compte pas pour lui, qu'il ne tient pas compte de moi. « Les solutions du problème peuvent être ramenées à deux : ou bien on pense que l'idée d'objet, le sentiment de la réalité est quelque chose d'absolument immédiat, ou bien l'on pense que c'est quelque chose de construit, d'élaboré, quelque chose de conquis.