La pauvreté dans le monde ou les leçons d'un échec
Publié le 17/01/2022
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Une fois qu'on considère la pauvreté sous cet angle élargi, un bilan contrasté peut être dressé des évolutions en cours.
Un peupartout, on observe une progression de l'indice de développement humain (IDH) mis en place par le PNUD depuis quelquesannées.
L'espérance de vie, l'alphabétisation, l'accès à l'eau potable, et même le produit intérieur brut (PIB) par habitant sont enaugmentation constante, y compris en Afrique ou en Inde.
Mais le rythme des uns et des autres diffère, et, surtout, l'état des lieuxdemeure affligeant : 800 millions de personnes mal nourries (la faim fait 40 millions de morts par an), 1,3 milliard de personnessans eau potable...
Les pays les plus pauvres, ceux qui sont touchés par les conflits armés ou le sida, piétinent ou parfois reculentsur tous les tableaux.
Tout effort de bilan commence par l'Afrique, un continent qui paraît condamné à demeurer durablement en dehors des flux derichesse.
Et pourtant, la situation africaine est paradoxale : malgré le sida et les conflits armés, les indicateurs de développementhumain continuent à progresser sur le plan global (taux de mortalité des moins de cinq ans, pourcentage d'adultes analphabètes,accès à l'eau salubre).
"On se demande bien comment les pays africains ont pu faire de telles avancées dans un contexte aussidéfavorable", indique un rapport préparatoire du secrétaire général des Nations unies en vue de la prochaine Assemblée généralede Genève consacrée à "Copenhague + 5".
En Amérique latine, les progrès sont inégaux : alors que le Brésil, le Chili ou le Costa Rica ont enregistré de réels progrès aucours des dernières décennies, d'autres comme le Mexique, le Venezuela ou le Salvador régressent - sans parler d'un payscomme Haïti, où 70 % de la population vit toujours dans l'extrême pauvreté.
En Europe de l'Est, on assiste à une explosion de la pauvreté, phénomène d'autant plus destructeur au plan social qu'il s'agit icid'une "nouvelle pauvreté" touchant des populations peu habituées à cet état.
Sur la base d'un seuil de pauvreté de 4 dollars parjour, le nombre de pauvres est passé de 4 % de la population en 1988 à 32 % au milieu des années 90.
En Russie, après la crisedu rouble, en août 1998, le nombre de pauvres a augmenté de 10 millions pour toucher, en janvier 1999, selon certainesestimations, près de 40 % de la population.
Dans le sud de l'Asie (tout autour de la péninsule indienne), "les objectifs du sommet sont plus difficiles à atteindre que partoutailleurs dans le monde", souligne le rapport de Kofi Annan.
Cette région prise dans son ensemble héberge plus de 500 millions depersonnes qui vivent dans la pauvreté absolue.
Alors qu'elle compte 29 % de la population mondiale, le sud de l'Asie abrite 43 %des pauvres de la planète (chiffres de l'ONU).
Or les Nations unies constatent qu'un pays comme l'Inde "a accompli de nouveauxprogrès dans la lutte contre la pauvreté depuis 1995" et que la proportion de pauvres, qui avait déjà baissé régulièrement depuis1948, "a continué à diminuer grâce aux nombreux programmes spéciaux de lutte contre la pauvreté ciblés sur les groupes depopulation paupérisés de la société, à une croissance économique assez vigoureuse et à une répartition relativement équitable desnouvelles richesses ainsi créées".
Cependant, la pauvreté augmente en Afghanistan, au Bangladesh, au Népal, au Pakistan et auSri Lanka...
Un peu plus à l'est, ce sont les résultats obtenus par la Chine qui retiennent l'attention générale.
La Chine est parvenue à fairetomber le nombre de pauvres vivant en zone rurale de 280 millions en 1990 à 200 millions en 1995, puis à 124 millions en 1997- toujours selon le critère de 1 dollar par jour.
Avec les succès enregistrés au cours des dernières décennies par les "dragonsasiatiques" comme la Corée du Sud ou Taiwan, ce bilan chinois renforce l'idée selon laquelle c'est la croissance qui, avant tout,permet de réduire la pauvreté.
Bien peu de pays en développement misent sur l'aide financière des pays riches, qui n'a cessé dereculer en valeur absolue au cours des cinq dernières années.
CONSIDÉRATIONS SOCIALES
A part la Corée du Nord, bien peu de pays en développement souhaitent avancer en marge de l'économie mondiale.L'ouverture commerciale est reconnue partout comme le principal moyen d'augmenter la prospérité.
Ce que réclament les payspauvres, c'est un accès plus facile aux marchés des plus riches, notamment dans le secteur agroalimentaire - revendicationsexprimées lors du sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de Seattle, en décembre 1999.
Cependant, lacroissance du produit intérieur brut à elle seule - et à condition qu'elle soit au rendez-vous - ne suffit pas à résoudre le problèmede la pauvreté.
Elle est une des conditions de base du succès, mais ses modalités peuvent ou non profiter aux pauvres.
"Les programmes d'ajustement structurel classiques (...) abordaient la question de la pauvreté après coup ou en tant quequestion sociale en suspens", souligne le PNUD.
Cette habitude est en train de changer.
Le FMI et la Banque mondialecommencent à mettre en place des dispositifs communs pour introduire plus de considérations sociales dans leurs programmesd'ajustement structurel, dont on sait combien certains ont pu être dévastateurs sur les sociétés locales.
Cette perspective sous-tend le vaste plan de suppression progressive de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE), mis en place depuis 1999.
Les.
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