La naissance de Combat
Publié le 22/02/2012
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Début novembre, une ultime réunion se tient à Grenoble.
D'Astier est absent, Libération se retire de facto du projet.
La fusion est donc rapidement décidée entre le Mouvement de libération nationale et les résistants de Liberté.
Une nouvelleorganisation voit le jour, le Mouvement de libération française un journal unique est créé : Combat.
Régionalement, les équipesse regroupent sans problèmes majeurs au niveau central, le comité directeur mis en place est plus sensible aux conflits depersonnes et aux différences d'appréciation sur le devenir du Mouvement.
Sans démissionner, avec discrétion, les anciensfondateurs de Liberté s'éloigneront assez vite de ce que l'on appelle déjà le mouvement Combat.
La plupart rejoindront lesservices de Jean Moulin dans le cadre du comité général d'études chargé de penser la remise en route d'un appareil d'Etat épuréet de préparer l'installation, dès le débarquement, des commissaires et préfets de la Libération.
Les divergences n'empêchent pas le mouvement Combat de développer ses activités et son implantation.
Le journal, grâce àune organisation minutieuse et à l'activité de bon nombre d'artisans imprimeurs, est diffusé dans toutes les régions.
Certes, il faudra attendre mai 1942 pour que le cordon soit officiellement coupé avec le mythe Pétain, mais, dès février,Combat n'hésite pas à soutenir les initiatives gaulliennes pour asseoir l'indépendance de la France vis-à-vis de ses alliés.
Nil'arrivée sur le devant de la scène du général Giraud ni les conflits avec Jean Moulin ne changeront l'attitude de principe del'organisation vis-à-vis de de Gaulle jusqu'à la Libération il restera, pour le mouvement, " le chef et symbole de la Résistance ",mais il ne sera que cela.
En juillet 1942, tous les responsables régionaux et nationaux du mouvement se retrouvent près d'Albi chez Charles d'Aragon.On y évoque à nouveau les problèmes de fusion avec Libération et Franc-Tireur, mais le débat s'engage d'abord sur la rédactiondu manifeste politique du mouvement, le premier.
Il sera rédigé par Henri Frenay, André Hauriou et Claude Bourdet pour être publié, en septembre 1942, dans Combat, sous letitre : " Combat et révolution ".
En omettant soigneusement de se référer à l'expérience du Front populaire, il annonce unerévolution socialiste pour " arracher à une puissante oligarchie le contrôle et le bénéfice de l'économie ! ", et une révolution del'esprit parce que " la république bourgeoise était faite d'égoïsme, d'étroitesse et de craintes à peine masquées par de bonnesvolontés oratoires ".
Enfin, le programme réhabilite l'institution républicaine et annonce une IV e République " forte, équilibrée, moderne (...), parce qu'il faut que l'administration publique, dans son esprit comme dans sa technique, bénéficie des progrès quiont fait la force des entreprises privées ".
Nous sommes loin des prudences maréchalistes de la première année de résistance.
Jusqu'à la Libération, il restera fidèle à ses rêves et à son manifeste de juillet 1942, s'opposant avec force au retour despoliticiens de la III e République, notamment au sein du Conseil national de la Résistance, la référence à ce programme, écrit par " les hommes de la Résistance, endurcis par l'épreuve quotidienne ", sera constante.
La paix revenue, les morts enterrés, lesdébats politiques de la IV e République feront exploser l'organisation.
Seul signe encore vivant d'un passé récent d'espoirs et de douleurs : Combat, le journal, survit, d'abord avec succès, ensuite avec difficulté, jusqu'à la mort du titre en 1974.
YVES-MARC AJCHENBAUMLe Monde du 4 novembre 1991
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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