La nage des manchots: c'est un véritable «vol» sous-marin

Les manchots, ces curieux oiseaux des mers australes et des régions antarctiques, présentent une extraordinaire adaptation à la vie aquatique. Il en était de même de leurs ancêtres fossiles, lesquels possédaient une morphologie identique, leur taille beaucoup plus grande mise à part. Par suite d'une évolution encore inexpliquée, les manchots ont complètement renoncé au vol aérien, pour se spécialiser dans la nage sous-marine. Ils s'y montrent d'une adresse absolument stupéfiante. Les plus agiles atteignent des vitesses de 40 à 45 km/h. En nage rapide, ils se propulsent à la façon des dauphins, près de la surface, émergeant en souplesse à un rythme régulier, pour respirer. Le corps est massif mais fuselé; par suite de l'alourdissement du squelette, sa densité est proche de celle de l'eau, ce qui facilite la nage en immersion. Une épaisse couche de graisse protège l'oiseau de la basse température, voisine de 0°C, des eaux dans lesquelles il évolue. Le plumage, très dense, est fait de courtes plumes légèrement recourbées, dont la base est garnie d'un fin duvet; cette disposition permet la conservation d'une couche d'air sur le corps, qui contribue autant à l'imperméabilité qu'à l'isolement thermique. L'appareil propulseur est constitué par les ailes, dont les os aplatis et solidement ligaturés en font de véritables rames, analogues aux ailerons des cétacés. Le sternum porte une forte carène où viennent s'attacher de puissants muscles. Cet appareil permet au manchot des accélérations extraordinaires; il peut bondir littéralement hors de l'eau pour atteindre le bord de la banquise à deux ou trois mètres de haut. En nage rapide, les ailes battent jusqu'à 200 fois à la minute. Les pattes palmées, tendues tout à l'arrière du corps, font office de gouvernail de direction, de même que la courte queue. En dépit de leur masse, les manchots sont également capables de plonger d'une bonne hauteur; leur sternum allongé protège le ventre de l'effet du choc.