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LA FRANCE ET LE MONDE L’univers de la gare Jean-Marie G. LE CLÉZIO

Publié le 24/03/2020

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LA FRANCE ET LE MONDE L’univers de la gare

Jean-Marie G. LE CLÉZIO

né en 1940

Désert (1980)

Lalla, jeune fille née dans le désert, a rejoint Marseille où elle découvre l’Occident, avec ses misères: la faim, la pauvreté...

La gare, c’est aussi un des endroits où on peut voir sans être vu, parce qu’il y a trop d’agitation et de hâte pour qu’on fasse attention à qui que ce soit. Il y a des gens de toutes sortes dans la gare, des méchants, des violents à la tête cramoisie, des gens qui crient à tue-tête ; il y a des gens très tristes et très pauvres aussi, des vieux perdus, qui cherchent avec angoisse le quai d’où part leur train, des femmes qui ont trop d’enfants et qui clopinent avec leur cargaison le long des wagons trop hauts. Il y a tous ceux que la pauvreté a conduits ici, les Noirs débarqués des bateaux, en route vers les pays froids, vêtus de chemisettes bariolées, avec pour tout bagage un sac de plage; les Nord-Africains, sombres, couverts de vieilles vestes, coiffés de bonnets de montagne ou de casquettes à oreillettes ; des Turcs, des Espagnols, des Grecs, tous l’air inquiet et fatigué, errant sur les quais dans le vent, se cognant les uns aux autres au milieu de la foule des voyageurs indifférents et des militaires goguenards.

Lalla les regarde, à peine cachée entre la cabine du téléphone et le panneau d’affichage. Elle est bien enfoncée dans l’ombre, son visage couleur de cuivre protégé par le col de son manteau. Mais de temps en temps, son cœur bat plus vite, et ses yeux jettent un éclat de lumière, comme le reflet du soleil sur les pierres du désert. Elle regarde ceux qui s’en vont vers d’autres villes, vers la faim, le froid, le malheur, ceux qui vont être humiliés, qui vont vivre dans la solitude. Ils passent, un peu courbés, les yeux vides, les vêtements déjà usés par les nuits à coucher par terre, pareils à des soldats vaincus.

Désert, © Éd. Gallimard.

Gomment est rendu le mouvement de la foule dans la gare?

Comment est soulignée l’attirance exercée par le Nord sur le Sud ?

• En quoi le point de vue du narrateur et celui de son personnage sont-ils complémentaires?

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