« La Fontaine et Molière, a écrit Sainte-Beuve, on ne les sépare pas, on les aime ensemble. » Vous expliquerez pourquoi.
Publié le 22/02/2012
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Ici, comme dans beaucoup de sujets, la comparaison est imposée par la matière même. Mais vous pouvez fort bien (ce n'est pas une nécessité) pousser la comparaison au delà des ressemblances. La Fontaine et Molière sont deux écrivains attachés au bon sens pratique; qui défendent une morale naturelle fort différente de la morale austère du christianisme; dont l'art tend vers une sorte de réalisme affranchi des scrupules de la noblesse classique, etc. Mais, d'autre part, il y a entre eux, tout de même, de grandes différences : l'un frivole et insouciant, l'autre plus âpre malgré sa gaieté, etc. Et c'est surtout par comparaison avec les autres écrivains classiques qu'on les aime ensemble. On n'aime pas les poètes romantiques ensemble, bien qu'ils se ressemblent par leur romantisme. Car ils sont tous romantiques et on est plutôt porté à marquer les différences qui les séparent. Mais La Fontaine et Molière nous apparaissent plutôt comme des isolés qui résistent à la discipline à la fois littéraire et morale de l'esprit classique; nous les unissons, bien que rien ne les ait unis, parce que cet isolement même les rapproche.
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- Commentez ce mot de Sainte-Beuve : « La Fontaine et Molière, on ne les sépare pas, on les aime ensemble. »
- « La fable pour La Fontaine n'a été le plus souvent qu'un prétexte au récit, au conte, à la rêverie; la moralité s'y ajuste à la fin comme elle peut,», écrit le critique Sainte-Beuve (Lundis, VII). A la lumière des fables que vous avez étudiées, vous direz si vous partagez ce jugement. ?
- Sainte-Beuve écrit : « Aimer Molière, c'est [..] avoir une garantie en soi contre bien des défauts, des travers, des vices d'esprit ». Vous montrerez, à travers tout ce que Molière combat dans son théâtre en général, et dans Dom Juan en particulier, quelle est la portée de son théâtre.
- « Le Savetier et le Financier, disait Voltaire, les Animaux malades de la Peste, le Meunier, son fils et l'âne, etc., tout excellents qu'ils sont dans leur genre, ne seront jamais mis par moi au même rang que la scène d'Horace et de Curiace, ou que les pièces inimitables de Racine, ou que le parfait Art Poétique de Boileau, ou que le Misanthrope ou que le Tartufe de Molière. » « Voltaire peut-être a raison, et pourtant la postérité ne se pose point la question de la sorte; elle ne rech
- Voltaire écrit dans Le Siècle de Louis XIV : « Molière fut, si on ose le dire, un législateur des bienséances du monde. » Et ailleurs : « Molière a fondé l’école de la vie civile. » Vous expliquerez ces expressions et vous direz si elles vous semblent bien caractériser la morale de Molière.