La Fontaine et J.-J. Rousseau ont aimé tous deux la nature. L'ont-ils aimée de la même manière ?

Supposons le développement construit avec des souvenirs de manuel. La Fontaine aime surtout la campagne, une nature commune, riante, simple, où il ne voit que des images harmonieuses, mais sobres, rapides. Il est capable d'y goûter la rêverie et la solitude, mais des rêveries aimables, des délassements de l'esprit, une solitude fleurie et gaie. La nature est pour lui un repos souriant. Rousseau, au contraire, a aimé la nature romantique; il lui a prêté une âme profonde; il l'a prise pour confidente de sentiments tourmentés et ardents. Et en vieillissant il a vu en elle non pas un décor de la vie, mais une raison de vivre; il a voulu se perdre en elle. Sa nature est romantique et non plus classique. Votre développement peut s'en tenir là. Mais on ne vous interdit pas, bien mieux on vous saura gré d'aller, plus loin en disant quel est de ces deux sentiments de la nature celui qui vous touche le plus. Préférez-vous une campagne simple, dont la beauté réside surtout dans son calme, sa simplicité et dans quelques détails harmonieux qu'il faut savoir découvrir? Préférez-vous les rêveries légères, une solitude que l'on sent encore toute proche de la vie humaine? Préférez-vous au contraire la nature romantique, les vastes horizons, les formes tourmentées ou violentes de la montagne et de la mer ? Préférez-vous les solitudes sauvages, les bouleversements d'âme, les rêves ardents ou lumineux que peut nous donner une belle nature? Dites-le, sans prétendre d'ailleurs juger La Fontaine ou Rousseau, mais en montrant que s'il fallait choisir, votre choix irait vers celui-ci ou celui-là.