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La communauté internationale accorde une large aide financière à Belgrade

Publié le 17/01/2022

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29 juin 2001 Le transfert à La Haye de Slobodan Milosevic, dont la politique a plongé la Serbie dans un profond marasme économique, puis provoqué une intervention de l'OTAN qui s'est soldée par des destructions massives, a convaincu la communauté internationale d'accorder une importante aide à Belgrade. Lors de la conférence des donateurs pour la République fédérale de Yougoslavie (RFY), qui s'est tenue, vendredi 29 juin, elle s'est en effet engagée à mobiliser 1,28 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros), pour la seule année 2001, afin d'aider la Fédération yougoslave à mener à bien d'indispensables réformes économiques, sociales et institutionnelles. Les besoins avaient été évalués par la Banque mondiale et l'Union européenne à 1,25 milliard de dollars pour cette année, et à 3,9 milliards pour les trois ou quatre prochaines années. Les événements de la nuit de jeudi à vendredi, au cours de laquelle l'ancien président serbe a été acheminé vers La Haye, étaient présents à l'esprit de tous les donateurs, qui représentent 44 pays et une trentaine d'organisations internationales. Si, comme l'a souligné Johannes Linn, vice-président de la Banque mondiale, la République fédérale a longtemps été le « chaînon manquant » sur la voie du retour à la stabilité et à la prospérité dans la région, le transfèrement de l'ancien dictateur était à coup sûr un facteur essentiel pour convaincre la communauté internationale - et notamment les Etats-Unis - de se mobiliser pour la reconstruction de la RFY. Washington, qui avait clairement indiqué qu'il s'agissait pour les Etats-Unis d'un donnant-donnant, a levé ses dernières réserves vendredi, et annoncé que les Etats-Unis fourniront une aide financière de 181,6 millions de dollars cette année. La Banque mondiale s'est engagée à débourser 150 millions de dollars et la Communauté européenne fournit 450 millions de dollars. La plupart des pays ont annoncé des chiffres : 17,5 millions d'euros pour la France, 115 millions d'euros pour l'Italie, 50 millions de dollars pour le Japon, etc. Ces promesses sont cependant à prendre avec beaucoup de réserves, certains pays et institutions internationales ayant manifestement tendance à y inclure leur aide humanitaire, et à mélanger « argent frais » et engagements financiers antérieurs... UNE SIMPLE « COoeNCIDENCE » La décision d'abandonner Slobodan Milosevic à la justice du TPIY a cependant incité la communauté internationale à se montrer plus généreuse que prévu, même si le vice-premier ministre yougoslave, Miroljub Labus, a voulu y voir une simple « coïncidence ». « C'est un des éléments de l'équation, a-t-il cependant reconnu, mais n'oubliez pas les réformes démocratiques et économiques hardies que nous avons mises en oeuvre. Nous sommes maintenant pleinement de retour dans le giron de la communauté internationale, politiquement, diplomatiquement et financièrement. » M. Labus ne croit pas qu'il faille s'inquiéter des conséquences politiques de la décision prise par le premier ministre serbe Zoran Djindjic d'extrader M. Milosevic : « Nous sommes confiants, nos citoyens ont réagi d'une manière tout à fait positive à cette décision. » De même, il n'est pas inquiet d'une tension entre M. Djindjic et le président Vojislav Kostunica : « Les deux hommes, a-t-il assuré, sont indispensables à notre pays. » Commentant, d'autre part, la démission du premier ministre de la fédération yougoslave, Zoran Zizic, M. Labus a affiché la même sérénité : « la coalition restera unie », a-t-il assuré, tout en se disant confiant que d'éventuelles élections anticipées ne conduiront pas les donateurs à ralentir le déboursement de leurs engagements financiers. M. Labus a enfin insisté sur les profondes carences dont souffre son pays. Il a rappelé que près de 35 % de la main-d'oeuvre est sans emploi, que 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et que la plupart des infrastructures sont fortement détruites ou inadaptées. Le niveau de la dette extérieure (environ 12,2 milliards de dollars) représente près de 140 % du PIB, a-t-il ajouté. Les principaux bailleurs de fonds ne contestent pas ce bilan, et on assiste à une indiscutable mobilisation des donateurs. Pourquoi ? Avec une franchise décapante, Miroljub Labus a donné une partie de la réponse : « Une Yougoslavie politiquement stable, prospère et se développant rapidement sur le plan économique est essentielle pour la stabilité régionale. (...) Considérons donc ces engagements financiers comme des investissements pour l'avenir de la région. Investir dans le futur est sans aucun doute une bien meilleure option que de supporter les coûts du chaos et de l'instabilité. »

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