La Bulgarie tombe dans l'orbite russe
Publié le 22/02/2012
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mettent aucune hâte à conclure un armistice.
Il se révélera beaucoup plus tard qu'il existe déjà une entente tacite avec lesSoviétiques sur le partage des zones d'influence des Balkans, réalisé avant même la tristement célèbre " formule despourcentages " proposée par Churchill et acceptée par Staline.
Cela explique l'intransigeance du Front patriotique, dont les dirigeants communistes appliquent les instructions reçues deMoscou et refusent de coopérer avec le nouveau gouvernement, qu'ils savent condamné.
Le 5 septembre 1944, les premières unités de l'armée rouge atteignent la frontière.
Contre toute attente, le gouvernementsoviétique déclare la guerre à la Bulgarie, " qui n'a pas observé une attitude neutre envers l'URSS ".
Le même jour, à Sofia et enprovince, les résistants déclenchent une série d'opérations parfaitement synchronisées...
Les événements se succèdent pendant qu'au Caire les négociations avec les Anglo-Américains sont dans l'impasse.
Legouvernement royal bulgare, surpris par la décision du Kremlin, demande aussitôt l'armistice à l'Union soviétique sans obtenir lamoindre réponse.
Bien entendu, du côté bulgare, aucun coup de feu n'est tiré.
L'armée rouge pénètre en Bulgarie, partout cordialement accueillie par la population.
Trois jours plus tard, le gouvernement, quin'est manifestement plus maître de la situation, déclare la guerre à l'Allemagne: le 8 septembre, la Bulgarie se trouvetechniquement en état de guerre à la fois avec les Allemands, les Soviétiques, les Britanniques et les Américains sans qu'un seulde ses soldats soit engagé dans les combats...
Un pays en état d'insurrection
Le sort du gouvernement royal est scellé.
L'interdiction des réunions du Front patriotique, sorti de la clandestinité dans lasoirée, déclenche la grève générale : les résistants armés se joignent aux unités motorisées de l'armée rouge commandées par lefutur maréchal Tolboukhine, qui franchissent sur plusieurs points le Danube et progressent rapidement à travers un pays en étatd'insurrection.
Dans la nuit du 8 au 9 septembre, les résistants, soutenus par les Soviétiques, pénètrent dans Sofia.
Ils occupent les centresadministratifs et arrêtent les membres du conseil de gérance et du gouvernement royal.
Au cours de la journée du 9 septembre, Radio-Sofia annonce l'entrée en fonctions du gouvernement présidé par le colonelKimon Gueorguiev.
Sur seize ministres, quatre seulement appartiennent au Parti communiste.
Mais ils occupent les postes clés, dont celui de l'intérieur et de la justice.
La politique de " non-belligérance " pratiquée par les anciens dirigeants avait évité à la Bulgarie de se transformer en champ debataille.
Mais quatre cent cinquante mille de ses soldats, mobilisés en quelques semaines par le nouveau régime, participeront à laphase finale de la seconde guerre mondiale; les pertes s'élevèrent à trente mille tués et blessés.
Et pendant que les soldats bulgares combattent en Yougoslavie, en Hongrie et enfin en Allemagne les armées en déroute du III e
Reich, les tribunaux populaires improvisés prononcent à travers le pays 10897 condamnations, dont 2138 condamnations à mort.
Depuis, le 9 septembre est devenu la fête nationale de la Bulgarie, cette démocratie populaire modèle, l'une des plus fidèlesalliés de l'Union soviétique en Europe orientale.
THOMAS SCHREIBER Le Monde du 9-10 septembre 1984
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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