La blessure
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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réunir des foules, dès lors qu'elles donnent l'impression, fût-ce au prix de raisonnements rapides et parfois trop simples, qu'il s'agitde peser sur le cours des choses.
Ainsi un débat essentiel pour l'avenir a lieu depuis plusieurs mois : il s'agit de la confrontation, ausein de la Commission de Bruxelles, entre « libéraux » et « régulateurs » ; autrement dit, comment armer l'Union européenne faceà la mondialisation.
Or ce débat a été absent de la campagne.
S'il a surgi, c'est...
à Barcelone, face à 300 000 manifestants.
Peut-on suggérer plus clairement que le débat politique franco-français est largement vidé de son sens ?
Le second front est plus lourd.
Il est résumé dans le livre de l'historien Benjamin Stora, Le Transfert de mémoire, qui met enlumière une tendance de fond à l'oeuvre dans la société française : le transfert, en « métropole », d'une mémoire coloniale, avecun élément constitutif de celle-ci : la peur communautarisée du « petit blanc » et le sentiment d'abandon qui lui est lié ; l'angoisseidentitaire face à l'islam, le refus de la diversité culturelle - et ethnique - de la France d'aujourd'hui adossé à la tradition jacobined'assimilation.
Le refus d'assumer cette nouvelle société a été amplifié par le choc du 11 septembre, puis par le transfert en France du conflitdu Proche-Orient, avec son lot de glissements conduisant à l'enfermement identitaire.
De ce point de vue, les propos du présidentdu CRIF, Roger Cukierman, au quotidien Haaretz, proclamant que le score de Le Pen « est un message aux musulmans pourqu'ils se tiennent tranquilles », ajoutant que cela servirait à « réduire » l'antisémitisme illustre, de façon choquante et irresponsable,cette dérive.
Pour la gauche, momentanément écartée si elle sait éviter les règlements de compte et rassembler ses forces, comme pour ladroite désormais forte de son champion, une gauche et une droite « de gouvernement » qui croyaient pouvoir s'affronter commesi de rien n'était, l'enjeu est bien là, celui de la cohésion du pays, donc de l'intégration.
Et maintenant ? Jacques Chirac va se succéder à lui-même.
Ainsi le président qui suscite la plus faible adhésion de toutel'histoire de la Cinquième République, celui qui pendant sept ans a présidé à l'affaiblissement de la fonction présidentielle, sera leprésident le mieux élu de notre longue histoire politique.
Ayant fait sa propre campagne, aussi consciencieusement que celle deJean-Marie Le Pen, en martelant le thème de l'insécurité, Jacques Chirac est face à un choix capital.
Il peut faire comme les siens,au soir du premier tour, qui ont rivalisé dans la surenchère droitière et sécuritaire, au risque une fois de plus de permettre à LePen d'expliquer que l' « original » vaut mieux que la copie, et d'entretenir ainsi le courant et toutes les dérives.
Il peut aussi choisirde restaurer sa fonction, et son propre crédit.
Dans ses premières paroles, il s'est placé au-delà de son camp.
Au-dessus des calculs politiciens.
Comme s'il était désormaisconscient qu'il lui reviendra de représenter la droite et la gauche.
Son histoire personnelle était jusqu'à présent celle d'une carrièrepolitique, avec des moyens que la morale publique réprouve.
Le voilà qui soudain tutoie l'Histoire.
Et peut enfin jouer le rôle dontil a rêvé : être président d'une République qu'il faut réformer, pour la faire de nouveau aimer.
C'est ce que nous souhaitons.
Pourque ce beau pays qu'est la France, avec toutes les couleurs qui l'habitent et qui forgent déjà son avenir, garde le cap de la raisonet du progrès.
JEAN-MARIE COLOMBANILe Monde du 23 avril 2002
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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