Koroma, Ernest Bai

Koroma, Ernest Bai (1953- ), homme politique sierra-léonais, ancien dirigeant d’entreprise, élu président de la République de Sierra Leone en 2007.

Né à Makeni, au nord de la Sierra Leone (district de Bombali), dans une famille temne, Ernest Bai Koroma suit le parcours classique d’un fils de notables. Il commence ses études chez les missionnaires et les termine en 1976 au Fourah Bay College (Université de Sierra Leone), l’une des plus anciennes institutions d’Afrique sub-saharienne. Il quitte la capitale Freetown pour retourner à Makeni enseigner dans un collège, mais abandonne très rapidement le professorat pour embrasser une brillante carrière dans le secteur des assurances : il fait ses armes à la Sierra Leone National Insurance Company (1978-1985) puis entre à la Reliance Insurance Trust Corporation, dont il devient en 1988 le président-directeur général.

Dès les années 1970, Ernest Bai Koroma milite au sein du Congrès de tout le peuple (All People’s Party, APC), le parti au pouvoir depuis 1967 sous la présidence de Siaka Stevens, qui devient parti unique en 1978 et dont l’ethnie des Temne est le vivier. En 1991, le pays plonge dans la guerre civile et, en 1992, l’APC, considéré comme responsable de l’incurie ayant conduit à la rébellion, est chassé du pouvoir par l’armée. Pendant la guerre, Ernest Bai Koroma conserve son poste, et ce n’est qu’en 2002 qu’il entre en politique : à l’approche d’élections générales historiques qui marquent le retour de la paix après dix années d’une guerre sanglante, il prend la direction de l’APC, synonyme pour beaucoup de Sierra-Léonais de corruption et de pillage des ressources nationales.

Inconnu de la population, Ernest Bai Koroma affronte notamment Ahmad Tejan Kabbah, président sortant considéré comme l’artisan de la pacification, lors du scrutin présidentiel de mai 2002, et parvient à obtenir 22 % des suffrages (contre 70 % au président Kabbah). Il figure en outre parmi les 27 candidats de l’APC élus au Parlement – où la formation présidentielle, le Parti de tout le peuple de Sierra Leone (SLPP), détient une écrasante majorité. Il doit cependant faire face à une vive contestation de son leadership au sein de l’APC, qu’il parvient à éteindre habilement.

Il devient l’une des principales voix de l’opposition au gouvernement du président Kabbah et du SLPP, qu’il accuse de mauvaise gouvernance et de corruption et rend responsable de l’incapacité du pays à redresser son économie. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2007, il se fait le chantre du changement et de la lutte contre la corruption. Il arrive en tête du premier tour avec 44,3 % des suffrages et, le 8 septembre 2007, il bat au second tour le candidat du SLPP, le vice-président sortant Solomon Berewa, avec 54,6 % des suffrages. Affirmant vouloir diriger son pays « comme une entreprise «, il s’engage à lutter contre la mauvaise gestion des ressources de l’État et fait de l’accès à l’eau et à l’électricité ses chantiers prioritaires.