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Khmers rouges

Publié le 04/04/2013

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Khmers rouges, terme qui désigne communément le parti communiste cambodgien, au pouvoir au Cambodge de 1975 à 1979.

Connu aussi sous le nom d’Angkar Loeu, l’organisation suprême, le parti communiste cambodgien, fondé dans les années cinquante, est demeuré très longtemps un petit parti sans réelle influence (4 p. 100 des voix aux élections de 1955). Interdit en 1958, il reste clandestin et est réorganisé vers 1961 par Saloth Sar, plus connu sous le pseudonyme de Pol Pot. Qualifiés de « Khmers rouges « par le prince Sihanouk, ils tentent de s’emparer du pouvoir en 1962. Cet échec est suivi, en 1966, par un soulèvement paysan à Samlaut, dans la province de Battambang, brutalement réprimé par le général Lon Nol, le Premier ministre de l’époque. Les leaders de la gauche légale rejoignent alors le parti communiste. Khieu Samphan, Hou Yuon et Hu Nim viennent grossir les rangs d’une organisation qui ne dépasse pas le millier d’adhérents, mais qui a su tirer parti de la situation créée par la guerre du Viêt Nam. En janvier 1968, le parti communiste commence la lutte armée dans les monts des Cardamomes, sans réel succès. Le coup d’État pro-américain de Lon Nol, en 1970, amène le prince Norodom Sihanouk à former le Front uni national du Kampuchea (FUNK). Hanoï lui apporte immédiatement son soutien et obtient le ralliement des Khmers rouges au FUNK. Le 23 mars 1970, l’appel à la résistance du prince Sihanouk, lancé de Pékin, fait basculer la paysannerie dans le camp du FUNK. Immédiatement, les Khmers rouges, qui n’ont pas plus de 3 000 hommes en armes, recrutent massivement et peuvent contrôler les campagnes. L’intervention américaine, en avril 1970, ne change rien à la situation. Le 17 avril 1975, Phnom-Penh, assiégée depuis des mois par les paysans khmers rouges, tombe.

Représentants d’une organisation communiste paysanne, les Khmers rouges décident alors de vider les villes et de ruraliser le Cambodge. L’industrie, toutes les villes et les infrastructures sont saccagées au nom de la construction d’un nouveau peuple et d’un nouvel homme entièrement dévoué à la collectivité. La monnaie est abolie, les familles séparées et les individus contraints de travailler à un rythme forcené dans des coopératives agricoles. Après la déportation, qui fait des centaines de milliers de morts, le travail forcé, la malnutrition et la répression provoquent la mort de 1 à 3 millions de personnes. Cette politique de génocide des populations urbaines et des élites n’est révélée qu’à la suite de l’intervention vietnamienne : en décembre 1978, le Viêt Nam décide de régler la question par la force et, en trois semaines de campagnes, chasse les Khmers rouges qui se réfugient dans leurs zones habituelles de guérilla, les monts des Cardamomes et la chaîne des Dangrek, à la frontière thaïlandaise. Le pouvoir est confié à la fraction provietnamienne du parti communiste. En 1989, le Viêt Nam quitte le Cambodge, mais les Khmers rouges continuent de combattre les autres factions cambodgiennes. La force de maintien de la paix de l’ONU ne réussit pas plus à réduire la guérilla khmer rouge. Ce n’est qu’à partir de 1993 que le rétablissement d’un État cambodgien, avec à sa tête le prince Sihanouk, affaiblit le mouvement khmer rouge qui contrôle encore des zones frontalières dans l’ouest du pays. Marginalisés, ne bénéficiant plus du soutien de la Thaïlande, ni surtout de la Chine, les Khmers rouges sont de plus en plus isolés sur la scène politique, alors même que des dissensions naissent entre les chefs du mouvement. L’un de leurs principaux dirigeants, Ieng Sary, se rallie en juillet 1996 au nouveau gouvernement de Phnom-Penh, obtenant en échange une certaine autonomie de la région sous son contrôle. Cette défection aggrave les divisions au sein des Khmers rouges entre les partisans d’une négociation avec le pouvoir central, qui leur assurerait, à l’instar de Ieng Sary, une reconversion politique et préserverait leurs forces et leur emprise locale, et les partisans d’une ligne dure, opposée à tout compromis. L’exécution de Son Sen en juin 1997 marque le début de la lutte ouverte entre les deux tendances. Ancien ministre de la défense du régime khmer entre 1977 et 1979, Son Sen est accusé de tenter un rapprochement avec le second Premier ministre du Cambodge, Hun Sen, et est assassiné sur ordre de Pol Pot. Mais le vieux leader khmer ne peut pour autant enrayer la contestation grandissante de la ligne dure. Contraint de se replier vers Anlong Veng, dans le nord du Cambodge, il est arrêté et démis de ses fonctions par ses principaux lieutenants, Ta Mok et Khieu Samphan. Dès lors, le déclin du mouvement khmer s’accélère. Harcelés par les forces gouvernementales, impuissants à reformer un front uni avec les partisans de Norodom Sihanouk, au lendemain du coup de force de Hun Sen en juillet 1997, les Khmers rouges ne peuvent empêcher que se multiplient les défections. Peu après la mort de Pol Pot en avril 1998, ils perdent l’essentiel de leurs forces et le contrôle de la zone frontalière d’Anlong Veng, essuyant ainsi un revers sans précédent qui leur ôte tout espoir de rejouer à nouveau, au moins dans un avenir proche, un rôle politique de première importance au Cambodge.

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