Khamenei, Ali

Khamenei, Ali (1939- ), homme d’État et religieux iranien, ancien président de la République islamique d’Iran (1982-1989), dont il est devenu le Guide suprême à la mort de l’ayatollah Khomeiny (1989- ).

Né dans la ville sainte de Meched, au nord-est de la province iranienne du Khorassan, Ali Kamenei est le fils d’un ouléma réputé ; sa mère descend en outre d’une personnalité du haut clergé. En 1958, il fait le pèlerinage au mausolée de l’iman Ali dans la ville sainte de Najaf en Irak. L’année suivante, il s’installe à Qom, grand foyer chiite d’Iran, pour entreprendre des études de théologie sous la direction de maîtres réputés et devient le protégé de l’ayatollah Khomeiny.

Ses années de formation sont marquées par l’opposition du clergé chiite à la politique réformiste menée par le chah, qui conduit à partir de 1961 une « révolution blanche « avec l’objectif de financer une réforme agraire grâce à l’argent du pétrole et de promouvoir l’éducation, dont celle des femmes. En juin 1963, à la suite d’un anathème prononcé par l’ayatollah Khomeiny contre le chah, le pouvoir envoie l’armée disperser la foule réunie à Qom ; elle fait près de 15 000 morts. Après ce massacre dit de l’Achoura, une organisation clandestine est fondée à laquelle adhère Ali Khamenei. Khomeiny est contraint à l’exil, plusieurs religieux sont arrêtés mais Ali Khamenei parvient à s’enfuir.

En 1965, Ali Khamenei retourne à Meched enseigner la jurisprudence, mais il est surveillé de près par les agents de la Savak, la police secrète du régime. Ses prêches auprès des jeunes lui valent d’être emprisonné à six reprises entre 1965 et 1979, et ses livres, dans lesquels il condamne la civilisation occidentale et prône un Iran islamique, sont interdits — certains de ses textes sont par ailleurs écrits en collaboration avec le futur président iranien Hachemi Rafsandjani. En 1978, dans le Khorassan, il fonde une association d’étudiants qui s’implique dans la montée de la révolution islamique.

Après la chute du chah et le retour de l’ayatollah Khomeiny (février 1979), il devient membre du Conseil de la révolution, puis secrétaire général du Parti de la République islamique. Il occupe ensuite de nombreux postes clés chargés de maintenir l’orthodoxie dans les institutions, comme celui de représentant du Conseil de la révolution au sein du ministère de la Défense, un poste important en pleine guerre avec l’Irak, puis de commandant des Gardiens de la révolution. Le 27 juin 1981, il perd le bras droit dans un attentat alors qu’il fait un discours à l’Assemblée à l’occasion de la démission de Bani Sadr, le premier président de la République islamique. Il interprète l’événement comme un signe divin l’incitant à mettre désormais sa vie au service de l’islam et des musulmans.

En août  1981, à la suite de l’assassinat du deuxième président de la République Mohamed Ali Rajai, il se porte candidat à l’élection présidentielle et est élu avec 97 p. 100 des suffrages. Il est réélu en 1985.

À la mort de Khomeiny, en 1989, Ali Khamenei est nommé Guide suprême de la révolution par l’Assemblée des experts, un conclave de 86 religieux du haut clergé chiite. À ce poste, qui le place au sommet de la République islamique iranienne, il exerce son autorité sur la quasi-totalité des organes exécutifs, législatifs et judiciaires du pays.