Jospin, Lionel
Publié le 10/04/2013
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1 | PRÉSENTATION |
Jospin, Lionel (1937- ), homme politique français, chef de file et rénovateur du courant socialiste dans les années 1990, candidat à l’élection présidentielle de 1995, Premier ministre de 1997 à 2002 et candidat à l’élection présidentielle de 2002.
2 | L’ENGAGEMENT SOCIALISTE |
Né à Meudon, fils d’un instituteur pacifiste, membre de la Section française de l’Internationale socialiste (SFIO), Lionel Jospin, opposé à la guerre d’Algérie, milite au sein de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), avant d’adhérer en 1960 au Parti socialiste unifié (PSU). Élève à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, il intègre l’École nationale d’administration (ENA), dont il sort dans le corps des secrétaires des Affaires étrangères en 1965 ; cinq ans plus tard, il renonce à la carrière diplomatique afin de pouvoir s’engager davantage en politique, et devient professeur d’économie à l’IUT de Paris-Sceaux, poste qu’il conserve jusqu’en 1981.
Ayant rejoint le Parti socialiste (PS) en 1971, Lionel Jospin, proche de son premier secrétaire François Mitterrand, y est successivement chargé, en tant que secrétaire national, de la formation (1973-1975), du tiers-monde (1975-1979) et des relations internationales (1979-1981). Élu conseiller de Paris (XVIIIe arrondissement) en 1977, constamment réélu jusqu’en 1986, il fait son entrée à l’Assemblée nationale comme député de Paris en 1981. La même année, succédant à François Mitterrand élu à la présidence de la République, il devient premier secrétaire du PS. Élu en 1986 député de la Haute-Garonne, réélu en 1988, il est élu la même année conseiller général du canton de Cintegabelle, mandat sur lequel il fonde son enracinement local.
3 | L’EXPÉRIENCE MINISTÉRIELLE : 1988-1992 |
En 1988, il cède la direction du parti à Pierre Mauroy pour entrer au gouvernement. Ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement de Michel Rocard, puis dans celui d’Édith Cresson, il se consacre à la réforme de l’enseignement primaire, introduit des cycles d’apprentissage, crée les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et lance un plan d’urgence en faveur des lycées. De plus en plus critique vis-à-vis de la manière de gouverner du président de la République, il est écarté du gouvernement en 1992, lorsque Pierre Bérégovoy en prend la tête. Affaibli par son échec aux élections législatives de 1993, meurtri par les divisions du Parti socialiste, il envisage d’abandonner la politique et de renouer avec la carrière diplomatique.
4 | LE FÉDÉRATEUR DE LA GAUCHE |
En 1995 pourtant, le retrait de Michel Rocard et la défection de Jacques Delors facilitent sa candidature à l’élection présidentielle au sein d’un Parti socialiste en pleine crise d’identité. Désireux de prendre ses distances avec le proche passé, Lionel Jospin n’hésite pas, au cours de la campagne, à revendiquer un « droit d’inventaire « de l’héritage politique laissé par François Mitterrand, insistant sur la nécessité de rénover et de moraliser la vie politique française. Ayant obtenu 23,3 p. 100 des voix au premier tour, battu au second tour avec 47,4 p. 100 des voix contre 52,6 p. 100 à son adversaire Jacques Chirac, il parvient, à la surprise générale, à conserver un certain poids électoral à la gauche, pourtant usée par quatorze ans de pouvoir.
Premier secrétaire du PS en octobre 1995, il entreprend la rénovation du parti, s’entourant de conseillers de la nouvelle génération et faisant une place plus large aux femmes. Il travaille également au rassemblement de la gauche, concrétisé lors des élections législatives anticipées de mai et juin 1997 par une alliance électorale entre le PS, les radicaux de gauche, les écologistes des Verts et d’Écologie citoyenne, et le Parti communiste.
Animateur de la campagne législative, Lionel Jospin défend un programme donnant la priorité à l’emploi — proposant notamment la réduction progressive du temps de travail à trente-cinq heures — et à la relance de l’économie par l’augmentation négociée des salaires. Se prononçant contre le désengagement de l’État dans le domaine social — comme il le réaffirme en 1999, pour lui, « être socialiste, c’est bâtir une société plus juste « — et pour l’arrêt des privatisations, il appelle, par ailleurs, à une réorientation de la construction européenne. Il prend ainsi position en faveur de la création d’une instance politique faisant contrepoids à la future Banque centrale européenne dans le cadre de l’Union économique et monétaire (UEM) à venir et s’engage à œuvrer pour que l’Union européenne intervienne davantage en matière d’emploi et de protection des salariés.
5 | LA COHABITATION : PREMIER MINISTRE DE JACQUES CHIRAC DE 1997 À 2002 |
Après la victoire du Parti socialiste et de ses alliés de gauche, disposant de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, Lionel Jospin est nommé Premier ministre par le président Jacques Chirac, le 2 juin 1997, et forme immédiatement un gouvernement comptant des représentants de toutes les sensibilités présentes dans la coalition électorale victorieuse.
Tentant d’instaurer une façon « autre « de faire de la politique, mêlant pragmatisme et volonté de tenir ses engagements électoraux, il bénéficie d’une forte popularité ainsi que d’une conjoncture économique favorable. « La méthode Jospin « permet ainsi au Premier ministre d’éviter l’affrontement direct avec le président Chirac, tout en restant ferme sur plusieurs sujets qui lui tiennent à cœur (trente-cinq heures, réforme de la vie politique par exemple). De même, malgré certains tiraillements au sein de sa majorité plurielle, notamment à propos de l’arrêt du surgénérateur Superphénix (Creys-Malville), du mouvement des chômeurs ou de la politique d’immigration, il parvient habilement à éviter les crises, ce qui vaut à la gauche d’enregistrer un nouveau succès lors des élections régionales et cantonales de mars 1998. En janvier 2001, Lionel Jospin voit son action couronnée par une baisse du taux de chômage à 9 p. 100 de la population active, ce qui correspond à un million de chômeurs en moins depuis son arrivée à la tête du gouvernement. En mars 2001 toutefois, les résultats de la gauche plurielle aux élections municipales sont en demi-teinte avec la perte de nombreuses villes parallèlement au gain de Paris et Lyon, tandis que le gouvernement est confronté à une montée des tensions sociales après l’annonce de plans de licenciements dans plusieurs entreprises bénéficiaires.
6 | LE RETRAIT DE LA VIE POLITIQUE |
Candidat à l’élection présidentielle de 2002 et donné de façon unanime comme l’un des deux protagonistes du second tour face au président sortant Jacques Chirac, Lionel Jospin n’obtient que 16,18 p. 100 des suffrages, derrière le candidat de l’extrême droite Jean-Marie Le Pen (16,86 p. 100) et le président sortant Jacques Chirac (19,88 p. 100). Ainsi évincé de la course à la magistrature suprême, il annonce dès le soir du premier tour, le 21 avril, son retrait de la scène politique : « J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique, mais après la fin de l’élection présidentielle. «
Lionel Jospin démissionne de son poste de Premier ministre le 6 mai, le lendemain du second tour qui voit la réélection de Jacques Chirac avec plus de 80 p. 100 des voix, à la suite de l’appel lancé aux électeurs par la quasi-totalité des forces politiques à reporter leurs suffrages sur son nom.
Lionel Jospin est l’auteur de l’Invention du possible (1991), ouvrage résolument optimiste où il refuse « qu’en cette fin de siècle où le communisme dépose son bilan et où l’idéologie libérale se fait pesante, le socialisme démocratique, par timidité, ou conformisme, ne renonce à avancer des idées et ne cède le pas au conservatisme «. En 2005, il publie Le monde comme je le vois, un ouvrage dans lequel il a l’ambition de « faire entendre la libre réflexion d’un homme qui, n’ayant pas oublié l’exercice des responsabilités ni la difficulté de gouverner, aspire toujours à changer l’ordre des choses «. Quelques mois après l’élection présidentielle de 2007, il publie l’Impasse, chronique sans appel de l’échec de Ségolène Royal dont il qualifie la candidature de « fourvoiement «.
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