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JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD

Publié le 27/08/2015

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amour

JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD

 

(Le). Comédie d’amour en trois actes de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763), représentée, à Paris, par les Comédiens Italiens en 1730. De toutes les œuvres de cet auteur, c’est sans doute la plus accomplie. Rien de plus simple que sa donnée : ayant été par ses parents fiancé à une jeune fille qu’il ne connaît que de nom, le très séduisant Dorante

 

juge qu’il ferait bien d’étudier son caractère avant de s’engager avec elle. En conséquence, il recourt à un subterfugé. Pour se présenter chez elle, il change de nom avec son valet Arlequin, endosse lui-même la livrée ; bref, il se dispose à agir en subalterne. Or, il se trouve que la jeune fille qui s’appelle Sylvie a eu dessein d’en faire autant pour des raisons analogues. Troquant sa robe contre celle de sa chambrière, elle se fait passer hardiment pour la Lisette en question. C’est dire qu’à leur insu, Dorante et Sylvie font échange de bons' procédés. On sait, d’ailleurs, que Marivaux est amoureux de la symétrie. Qu’en résultera-t-il ? Un heureux imbroglio. Si le faux Dorante, en effet, par ses manières ridicules, déplaît à la vraie Sylvie, il est loin d’être indifférent à celle dont le rôle consiste à figurer cette dernière. Quant au véritable Dorante qui, d’entrée de jeu, est séduit par la fausse, Lisette, il ne saura qu’à la fin combien il est payé de retour. De là un champ de bataille où l’on escarmouche de bien des manières. Sur toutes les sottises de ce couple de domestiques, plane quelque chose qui relève de l’esprit malin : le tourment de deux personnes de condition dont chacune se rend compte qu’elle aime un inférieur. C’est en cela que réside le suc de la comédie. Sylvie éventera, d’ailleurs, le subterfuge de Dorante avant de se trahir elle-même. Elle continue donc son jeu de plus belle. Quand elle apprend enfin que, toute chambrière qu’elle est. Dorante n’aspire qu’à l’épouser, Sylvie se pâme d’allégresse. Ils sont sûrs, désormais, de se connaître à fond, sûrs de leur cœur et sûrs d’être faits l’un pour l’autre. Il ne restera plus qu’à fixer le jour des épousailles. Cette comédie d’amour est un grand coup de maîtrise. Son économie fait merveille d’un bout à l’autre. On chercherait en vain la moindre disparate dans ses parties. Il va sans dire que cette simplicité d’action est un gage de complexité dans l’analyse des sentiments. Partout, le ton en est si juste qu’on n’en peut trouver de meilleur. On songe à quelque ballet où tout geste d’un des amants laisserait sur la chair de l’autre une meurtrissure. « Pourtant, tout s’y ramène, écrit Marcel Arland, à la naissance, à l’aveu et au courage de l’amour «.

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