« J'éprouve une répulsion invincible à mettre sur le papier quelque chose de mon coeur... », écrivait Flaubert. George Sand réplique : « Ne rien mettre de son Coeur dans ce qu'on écrit? Je ne comprends pas du tout, oh! mais pas du tout. Moi, il nie semble qu'on ne peut pas y mettre autre chose.» Montrez l'importance du problème littéraire posé par ces quelques lignes, et discutez les deux opinions à l'aide d'exemples empruntés aux grands écrivains.
Publié le 22/02/2012
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Votre goût personnel peut évidemment intervenir dans une pareille discussion. On a le droit d'aimer, de préférer ou non les oeuvres dans lesquelles l'écrivain se raconte. Et ce goût peut être un sentiment immédiat qui n'a pas à donner de preuves. Mais, ici, on vous demande évidemment autre chose. Il s'agit de savoir qui a raison, non pas seulement pour vous, mais absolument, de Flaubert ou de George Sand. Et la solution ne peut pas être donnée uniquement par des faits. L'école classique a condamné la littérature personnelle et a donné des chefs-d'oeuvre. L'école romantique a réhabilité la littérature personnelle et nous a laissé des chefs-d'oeuvre. L'école réaliste de Flaubert et l'école parnassienne ont protesté contre la littérature-confidence et nous leur devons des chefs-d'oeuvre, etc. L'examen de ces faits est pourtant utile; il nous montre que le problème est complexe et ne peut pas être tranché immédiatement et absolument par une-règle du bon goût. Avec des principes différents, les « personnels » et les « impersonnels » ont écrit également des oeuvres de goût.
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- George Sand écrit dans une lettre à Flaubert du 12 janvier 1876 à propos de L'Education sentimentale et de Madame Bovary : «La suprême impartialité est une chose anti-humaine et un roman doit être humain avant tout. S'il ne l'est pas, on ne lui sait point de gré d'être bien écrit, bien composé et bien observé dans le détail. La qualité essentielle lui manque : l'intérêt.». Sans vous en tenir nécessairement au roman, vous vous demanderez, à la lumière des phrases précédentes, si l'impar
- George Sand écrit incidemment dans son roman Mauprat (1830) : «L'étude des lettres... n'est autre que l'étude des hommes. » Commentez et si vous le jugez à propos discutez cette opinion, en vous fondant sur des exemples tirés de vos lectures. ?
- Diderot écrit : « Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant, voilà le projet de tout honnête homme qui prend la plume, le pinceau ou le ciseau ». Mais il déclare d'autre part : « Presque toujours ce qui nuit à la beauté morale redouble la beauté poétique. On ne fait guère que des tableaux tranquilles et froids avec la vertu ; c'est la passion et le vice qui animent les compositions du peintre, du poète et du musicien. » A l'aide d'exemples précis, empruntés à v
- Diderot, réfléchissant sur les conditions de la grande poésie, écrit : « Plus un peuple est civilisé, poli, moins ses moeurs sont poétiques... La poésie veut quelque chose d'énorme, de barbare et de sauvage... Quand verra-t-on naître des poètes? Ce sera après les temps de désastres et de grands malheurs, lorsque les peuples harassés commenceront à respirer. Alors les imaginations, ébranlées par des spectacles terribles, peindront des choses inconnues à ceux qui n'en ont pas été les tém
- Discutez cette pensée de Joubert et vérifiez-la par des exemples empruntés à la littérature des trois derniers siècles : « Les écrivains qui ont de l'influence ne sont que des hommes qui expriment parfaitement ce que les autres sentent, et qui réveillent dans les esprits les idées ou les sentiments qui tendaient à éclore. » ?