Jean « Magic » Messier
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
côtoie d'autres quadragénaires comme Eric Besson, député PS de la Drôme, Patricia Barbizet, bras droit de François Pinault ouPhilippe Germond, devenu président de Cegetel.
Après son départ, l'influent associé-gérant Antoine Berheim confieraperfidement : « Messier a coûté très cher en déjeuners à Lazard ».
Cet activisme lui permet de rencontrer Didier Pineau-Valencienne, dit DPV, le patron de Schneider, et d'obtenir le mandatpour l'achat de la société américaine d'équipements électriques Square D.
« C'était la première OPA hostile conseillée par Lazardaux Etats- Unis », se souvient M.
Messier.
Avec cette opération, Messier obtient l'adoubement de DPV, qui en fait son filsspirituel, avant de lui proposer sa succession chez Schneider.
Jean-Marie Messier a des ambitions plus hautes.
Lazard ? L'idéene lui déplairait pas.
Mais Edouard Stern, gendre du patron de la banque d'affaires, lui barre la route.
Ses vieux parrains,Ambroise Roux et Guy Dejouany, resurgissent au moment opportun pour lui proposer la Générale des eaux.
« Je voulais unhomme jeune et parachuté qui ne soit pas un industriel mais un généraliste.
Messier avait toutes les qualités requises.
Restait leproblème de l'argent.
Il lui fallait accepter une baisse importante de salaire en quittant Lazard.
Aurais-je réussi à le convaincresans son conflit avec Edouard Stern ? », raconta, à l'époque, Ambroise Roux au Monde.
La Générale des eaux ne se refuse pas.
Messier a pu mesurer l'influence du quatrième groupe français, qui va bien au-delà deses seules activités de services aux collectivités.
Ne dit-on pas de Guy Dejouany, un des meilleurs connaisseurs de la carteélectorale, qu'il est un faiseur de rois ? Avant d'accepter, Messier prendra le soin de faire le tour de tous les candidats à l'électionprésidentielle de 1995 pour savoir s'ils n'ont aucune objection à sa candidature.
Des objections ? Elles ne manquent pas endehors du monde politique.
Les milieux patronaux jugent Jean-Marie Messier bien inexpérimenté pour passer d'un poste deconseiller à la tête d'un groupe de 150 000 personnes.
D'autant que d'autres candidats sont sur les rangs, en particulier Jean-Louis Beffa, le PDG de Saint-Gobain, administrateur et principal actionnaire de la Générale des eaux, lequel le démentirafarouchement par la suite.
A l'intérieur, les grands barons de la compagnie n'ont aucune envie de voir arriver « ce fonctionnaire ».Le tandem Dejouany-Roux, qui a choisi Messier, balaie les obstacles.
En octobre 1994, à trente-sept ans, Jean-Marie Messier est parachuté directeur général de la Générale des eaux, avecpromesse d'en prendre la présidence.
Ce sera le dernier parachutage réussi en France.
L'atterrissage, toutefois, est mouvementé.M.
Messier a pu arriver à la Générale des eaux parce qu'elle est fragilisée.
Derrière sa superbe, le groupe fait eau de toutes parts.Ses engagements immobiliers, cachés, dépassent les fonds propres du groupe.
Surtout, les affaires judiciaires sont en train de lerattraper.
Messier a pour mission d'éloigner, sans bruit, la crise financière et l'opprobre.
Il respecte à la lettre la consigne.L'establishment lui en sera reconnaissant : il lui accorde, en contrepartie, une totale liberté de mouvement et ferme les yeux surcertaines jongleries financières pour redresser la compagnie.
Il installe son pouvoir avec méthode et s'empresse de rappelerl'interdiction des financements occultes.
Prudent, il confie très vite cet encombrant dossier à d'anciens magistrats arrivés dans legroupe.
Lui veut se consacrer au remodelage.
Le téléphone et la communication sont désignés comme les socles de la nouvellecompagnie, qu'il rebaptise Vivendi en 1998.
Tout le reste est à vendre : la santé, la restauration collective, les teintureries, lessyndics d'immeubles, la gestion des espaces verts, l'immobilier, le BTP...
La liquidation de feu la Générale des eaux devraits'achever début juillet avec la mise en Bourse des métiers de l'environnement (eau, propreté, énergie, transports).
Dans le mêmetemps, il prend le contrôle d'Havas, Canal+, Pathé, développe sa filiale de téléphone Cegetel, se lance sur Internet, avant de semarier avec Seagram.
La stratégie se veut mondiale.
L'homme n'en ménage pas moins ses appuis français.
Des inspecteurs desfinances, des énarques, des X, d'anciens collaborateurs de ministres de droite et de gauche,des magistrats...
aucun des milieux quipeuvent avoir de l'influence en France n'est oublié dans le recrutement du groupe.
« Pour se faire bien voir de Martine Aubry »,selon ses opposants, il conclut, avant même la discussion de la loi, un accord sur les 35 heures dans l'activité eau, à la grandefureur de ses homologues.
F RÉQUEMMENT, il organise des projections privées de films en avant-première, où sont invités parlementaires, chefsd'entreprise, rédacteurs en chef influents, ou invite des politiques dans sa loge du Stade de France.
Tous gardent en mémoirel'anniversaire de ses 40 ans au Plazza Athenée : 150 personnes, le Tout-Paris des affaires, se pressent autour de lui, sa femme etses cinq enfants.
« On n'a pas compris ce mélange des genres.
C'était trop », avoueront plus tard plusieurs de ses proches.
Ilssont de plus en plus nombreux à lui reprocher d'en faire trop, de vouloir sans cesse donner des leçons de management, dedéveloppement international, de modernité.
« Je crois qu'il est comme moi.
Il adore tirer les ficelles.
Il aura envie d'exercer cettepolitique d'influence, dans les coulisses, bien plus payante que l'autre », pronostiquait Ambroise Roux.
Hommage embarrassantde l'homme qui incarna le système clanique des affaires en France.
« J2M » se défend de nourrir un tel projet : « Je n'ai pas legoût du billard à cinq bandes.
Je préfère l'action à l'influence », réplique-t-il.
Le PDG de Vivendi a pourtant tenté de s'opposer aumariage de Suez et de la Lyonnaise des eaux, afin d'éviter la naissance d'un concurrent puissant.
« Il n'a pas osé prendre Suez.C'est sa seule faute », dira Ambroise Roux..
»
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