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"Il est des morts qu'il faut qu'on tue". (F. Desnoyers)

Publié le 22/07/2010

Extrait du document

F. Desnoyers semble penser que la mort n'est pas une fin en soi. Selon lui, il y a des morts que nous devons tuer. Ceci peut paraître paradoxal, car cela implique que ces morts ne sont pas vraiment morts! Il y a donc un rapport entre le mort et le vivant, entre la vie et la mort. Le vivant se doit de faire disparaître définitivement son ennemi, la mort.    Il vaut alors concevoir le défunt comme étant mort physiquement et ce n'est pas pour autant qu'il ne va pas continuer à vivre dans la mémoire des hommes qui sont encore en vie. Dans ce cas-là, le mort vivrait-il par le vivant ?!    Je peux illustrer mon explication par l'exemple des esprits, des fantômes : une jeune fille s'éteint suite à une maladie; son corps n'est plus présent aux yeux de sa famille, mais cela ne les empêche pas de ne plus y penser. Leur fille devient alors un esprit qui les habite. Comment alors tuer ce mort ? Il ne tient qu'à sa famille de faire disparaître cet esprit en cessant d'y penser (même si c'est inconcevable, ce n'est qu'un exemple!) Certes un mort n'est jamais totalement mort étant donné que son âme vit encore.    Je ne pense pas que Desnoyers ait voulu nous parler des esprits! Il faut donc penser cette affirmation dans un contexte plus général. Je pense ici aux sentiments.    Une personne ayant vécu, dans son passé, une situation marquante, blessante, par exemple une rupture, croit quelques années plus tard l'avoir oubliée, enterrée. Or, ses sentiments ressurgissent alors qu'elle les pensait morts, loin derrière elle. Ceci signifie que cette personne n'a pas totalement fait le deuil de cette histoire passée. Ces sentiments disparaîtront lorsqu'ils ne seront plus présents dans sa mémoire. Les souvenirs, la nostalgie sont alors les facteurs de la présence de la mort dans nos mémoires.Il faut l'exorciser.    Le problème ne vient pas du défunt mais du vivant car si la mort vit encore, c'est en nous, donc, par nous. Le souvenir, la nostalgie, les regrets... font vivre la mort. Nous devons tuer ces sentiments afin de mettre définitivement fin à la mort. Mais pourquoi y mettre fin ?    La mort évoque quelque chose de passé, qui est derrière nous. Afin de continuer notre vie, nous les vivants, nous devons tuer la mort, donc cesser de regarder en arrière, arrêter d'invoquer le passé et vivre ainsi avec le présent. Mais cela peut être possible que lorsque l'on a fait le deuil avec le passé. C'est pour pouvoir avancer dans la vie que nous devons tuer le passé, tuer la mort. La mort évoquant le passé, il faut la tuer.    Desnoyers ne fait pas une généralité, il dit qu'il y a des mort que l'on doit tuer! Donc il faut éliminer, chasser uniquement ce qui pourrait entraver la vie.    En conclusion, je pense que ce que cette phrase veut dire, il faut savoir tirer un trait sur ce qu'il s'est passé afin qu'il puisse se passer quelque chose de nouveau, car c'est en ce qui vit que la mort continue à vivre, c'est donc aux vivants d'y mettre un terme.    La mort n'est donc pas une fin, c'est au vivant que revient la responsabilité de tuer la mort, car c'est en lui qu'elle continue à vivre. Une fois qu'il aura accompli ceci, il pourra commencer à vivre réellement sans contraintes.    Exemple 2    D'après Monsieur Desnoyer, certaines personnalités adulées de leur vivant laissent après leur mort un souvenir qu'on devrait détruire. Mais cette citation est en elle-même un paradoxe : "...des morts qu'on devrait tuer". Il ne s'agit pas uniquement de morts au sens physique du terme, mais de l'image qu'ils ont laissé au monde vivant, et c'est celle-là même qu'il faut tuer!    L'enjeu est bien plus difficile à accomplir que de tuer quelqu'un d'une balle dans la tête!    Monsieur Desnoyer prend cette idée comme une nécessité puisqu'il emploie un impératif avec le verbe "...il faut".    Plusieurs idéologies sont appliquées actuellement et puisent leurs sources dans le passé. Le monde continue d'avancer, mais on garde la vision d'antan. Cela pose des problèmes de natures différentes : est-il possible d'appliquer des idéaux fonctionnant peut-être avant, maintenant que le monde a changé, que les mentalités se sont transformées, que les techniques se sont développées ?    Monsieur Desnoyer soulève un problème de grande actualité, qui me permet d'entrer en matière avec l'exemple de A. Hitler et son idéologie : le Nazisme!    Sa personne, tout comme sa pensée (politique et "sociale") sont louées actuellement dans bon nombre de pays dit "développés" notamment. En Allemagne par exemple, les néo-nazis prônent exactement les mêmes valeurs que ce que proposait le dictateur au milieu du XXe siècle, c'est-à-dire : antisémitisme, xénophobie, pureté de la race aryenne. En clair, extermination de "l'impur", laquelle a été appliquée par la construction de camps de concentration et d'extermination : la solution finale! Pourtant, quel bénéfice cette politique a-t-elle apporté, si ce n'est l'un des plus grands génocides de l'histoire moderne de l'humanité ?    Ces néo-nazis consacrent un véritable culte à leur héros et reconstituent la situation politique des années 30-40, d'après l'image de quelqu'un qu'ils n'ont jamais vu ni connu, mais à qui ils vouent tout!    C'est de cette image dont Monsieur Desnoyer parle. Ce culte du souvenir est dangereux, parce qu'il nous fait croire à la possibilité de ressusciter notre idéal, en omettant de prendre en compte la situation du monde où l'on vit, et bon nombre de ses mauvais côtés. Comme on peut le constater maintenant, de nombreux attentats néo-nazis sont commis en Allemagne et aux Etats-Unis, le Front National s'inspirant de doctrines xénophobes grimpe dans les suffrages en France, et cela pour n'en citer que quelques exemples! Serait-il possible d'anéantir le passé? Parce que c'est bien de cela dont il s'agit. Si ils s'agissait d'anéantir le passé, de ne pas regarder derrière soi ce que les autres peuples ont fait, comment pourrait-on avancer?    Le passé nous sert de tremplin vers l'avenir, non seulement pour éviter de refaire les mêmes erreurs, mais aussi pour prendre exemple.    Ceci me permet d'introduire un nouveau point : il est possible de retourner la phrase de Monsieur Desnoyer :"Il est des morts dont il faut se souvenir."    Cette nouvelle tournure est en contraste direct avec la citation initiale et ne permet pas le paradoxe souligné au début du texte, mais: "des morts dont il faut se souvenir".    Par ailleurs, il s'agit toujours de l'image que certaines personnalités ont gravé dans bien des mémoires, et dont on a le devoir de se souvenir. Afin d'illustrer mon propos, je vais prendre l'exemple de Martin-Luther King, pasteur noir américain, ayant vécu du début du XXe siècle jusqu'aux environs de 1968, où il fut assassiné, pour avoir mené toute sa vie un combat contre la ségrégation raciale et l'injustice promulguée par un gouvernement anciennement esclavagiste!    Il ne s'agit pas ici de retracer sa biographie, mais de prendre l'exemple de quelqu'un qui a marqué les mémoires de manière noble et courageuse, et qui n'a fait que défendre ces droits et ceux de "son peuple".    Comment une telle image pourrait-elle nous nuire ? Pourquoi faudrait-il la tuer, alors qu'elle nous montre l'exemple que chacun devrait suivre? Ce n'est pas ce que Monsieur Desnoyer nous propose de faire puisque son propos : "Il est des morts..." exprime bien qu'il ne s'agit pas là de les oublier tous, mais de choisir celui en qui on croit !    Monsieur Desnoyer propose plusieurs enjeux :  En premier lieu, celui du choix de la personne humaine, qui par nature a totale liberté de pensée en théorie. On ne peut forcer quelqu'un à oublier une personnalité qu'il admire, parce que soi-même on estime que cela n'en vaut pas la peine.  Dans un deuxième temps, comment faire pour tuer une image ?  Ensuite, peut-on éviter que d'ignobles idéologies réapparaissent et ne prôner que celle qui le mérite ?    On retombe toujours sur le même problème qui est celui de la liberté individuelle de pensée! Tuer une image, c'est atteindre la liberté de l'autre!    Le permettre, c'est peut-être laisser un nouveau danger s'établir!

« que proposait le dictateur au milieu du XXe siècle, c'est-à-dire : antisémitisme, xénophobie, pureté de la racearyenne.

En clair, extermination de "l'impur", laquelle a été appliquée par la construction de camps de concentrationet d'extermination : la solution finale! Pourtant, quel bénéfice cette politique a-t-elle apporté, si ce n'est l'un desplus grands génocides de l'histoire moderne de l'humanité ? Ces néo-nazis consacrent un véritable culte à leur héros et reconstituent la situation politique des années 30-40,d'après l'image de quelqu'un qu'ils n'ont jamais vu ni connu, mais à qui ils vouent tout! C'est de cette image dont Monsieur Desnoyer parle.

Ce culte du souvenir est dangereux, parce qu'il nous fait croireà la possibilité de ressusciter notre idéal, en omettant de prendre en compte la situation du monde où l'on vit, etbon nombre de ses mauvais côtés.

Comme on peut le constater maintenant, de nombreux attentats néo-nazis sontcommis en Allemagne et aux Etats-Unis, le Front National s'inspirant de doctrines xénophobes grimpe dans lessuffrages en France, et cela pour n'en citer que quelques exemples! Serait-il possible d'anéantir le passé? Parce quec'est bien de cela dont il s'agit.

Si ils s'agissait d'anéantir le passé, de ne pas regarder derrière soi ce que les autrespeuples ont fait, comment pourrait-on avancer? Le passé nous sert de tremplin vers l'avenir, non seulement pour éviter de refaire les mêmes erreurs, mais aussi pourprendre exemple. Ceci me permet d'introduire un nouveau point : il est possible de retourner la phrase de Monsieur Desnoyer :"Il estdes morts dont il faut se souvenir." Cette nouvelle tournure est en contraste direct avec la citation initiale et ne permet pas le paradoxe souligné audébut du texte, mais: "des morts dont il faut se souvenir". Par ailleurs, il s'agit toujours de l'image que certaines personnalités ont gravé dans bien des mémoires, et dont on ale devoir de se souvenir.

Afin d'illustrer mon propos, je vais prendre l'exemple de Martin-Luther King, pasteur noiraméricain, ayant vécu du début du XXe siècle jusqu'aux environs de 1968, où il fut assassiné, pour avoir mené toutesa vie un combat contre la ségrégation raciale et l'injustice promulguée par un gouvernement anciennementesclavagiste! Il ne s'agit pas ici de retracer sa biographie, mais de prendre l'exemple de quelqu'un qui a marqué les mémoires demanière noble et courageuse, et qui n'a fait que défendre ces droits et ceux de "son peuple". Comment une telle image pourrait-elle nous nuire ? Pourquoi faudrait-il la tuer, alors qu'elle nous montre l'exempleque chacun devrait suivre? Ce n'est pas ce que Monsieur Desnoyer nous propose de faire puisque son propos : "Ilest des morts..." exprime bien qu'il ne s'agit pas là de les oublier tous, mais de choisir celui en qui on croit ! Monsieur Desnoyer propose plusieurs enjeux :En premier lieu, celui du choix de la personne humaine, qui par nature a totale liberté de pensée en théorie.

On nepeut forcer quelqu'un à oublier une personnalité qu'il admire, parce que soi-même on estime que cela n'en vaut pasla peine.Dans un deuxième temps, comment faire pour tuer une image ?Ensuite, peut-on éviter que d'ignobles idéologies réapparaissent et ne prôner que celle qui le mérite ? On retombe toujours sur le même problème qui est celui de la liberté individuelle de pensée! Tuer une image, c'estatteindre la liberté de l'autre! Le permettre, c'est peut-être laisser un nouveau danger s'établir!. »

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