Hussein, la solitude d'un monarque
Publié le 17/01/2022
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en particulier, qui la rendaient quasi seule responsable de l'humiliation de 1948, et accusaient le royaume d'être un satellite de laGrande-Bretagne, le souverain décida, en 1956, de se débarrasser du général britannique Glubb, commandant de la Légionarabe (l'armée jordanienne).
J'ai voulu "jordaniser" mon armée, expliquera-t-il lui-même.
"Nous étions dominés par l'étranger.""J'étais déterminé à mettre sur pied une force armée puissante et bien équilibrée (...) et, tant que Glubb était parmi nous, c'étaitimpossible.
(...) Le Caire nous accusait d'être une puissance impérialiste", et le communisme s'infiltrait au Moyen-Orient.
"Il n'yavait pas d'autre alternative, Glubb devait partir."
Avril 1957 : Hussein de Jordanie déjoue de manière tout à fait singulière un complot tramé par le général Ali Abou Nawar,commandant en chef des forces armées.
Les conjurés, soutenus par l'Egypte, se recrutaient parmi ses serviteurs les plus proches.Le souverain se rendit en personne auprès des conjurés, et retourna la situation en sa faveur.
Par la suite, les conjurés ont tous étégraciés.
Car Hussein de Jordanie, c'était aussi cela.
Un chef d'Etat qui sait passer l'éponge et tenter de récupérer ses ennemis del'intérieur.
Ce ne fut pas la seule tentative de coup d'Etat ni de meurtre du souverain.
A ses propres yeux, la plus dramatique fut la prise enchasse de l'avion qui le conduisait en Suisse, en novembre 1958, par deux Mig syriens.
"Ils voulaient me supprimer, comme onavait supprimé mon cousin Fayçal d'Irak afin d'en finir avec les Hachémites", commentera-t- il.
Quelques mois plus tôt, le 14 juillet, Fayçal, était en effet assassiné, ainsi que toute sa famille lors d'un coup d'Etat.
PourHussein, "le président Nasser seul en portait l'entière responsabilité", parce qu'il ne supportait pas l'émergence de l'Union arabe,cette fédération entre l'Irak et la Jordanie que les deux Hachémites avait mise sur pied en février de la même année et qui visait àfaire contrepoids à la République arabe unie que l'Egypte et la Syrie avait scellée deux semaines auparavant.
Hussein de Jordanieappela à l'aide les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Les "marines" américains débarquèrent à Beyrouth, et des parachutistesbritanniques arrivèrent en Jordanie, le temps que la tempête s'apaise.
S'il est vrai que l'Egypte et la Syrie ne l'ont pas épargné - Nasser le traitait, entre autres noms d'oiseaux, de "nain de la CIA" -,c'est ce que l'on appelait alors la "question palestinienne" qui aura été son véritable chemin de croix.
Dès le milieu des années 60,les activités des fedayins à partir du territoire jordanien lui valaient des représailles israéliennes.
Son isolement était de plus en plusgrand au sein du monde arabe, malgré la sympathie de l'Arabie saoudite, elle aussi clouée au piloris comme étant un valet del'Occident.
Jusqu'à la guerre dite de six jours de juin 1967.
Les Israéliens l'avertirent qu'ils n'attaqueraient pas son royaume s'il se tenait àl'écart des combats.
Mais Hussein estima qu'il n'avait d'autre choix que de se tenir aux côtés des Arabes.
A l'humiliation de ladéfaite militaire, s'ajoutait l'infamie de l'occupation de toute la rive occidentale du Jourdain et de Jérusalem-Est.
Un désastre,militaire, politique et économique.
Hussein n'était pas au bout de ses peines.
La marmite des réfugiés palestiniens bouillait.
Actions anti-israéliennes et représaillesse succédaient.
Les organisations de fedayins firent d'Amman leur bastion.
La tension montait inexorablement.
Jusqu'à ce fameuxseptembre 1970.
"C'était nous ou eux.
Personne ne voulait faire de concessions, personne ne voulait faire marche arrière,l'affrontement était irrémédiable, hélas !", dira-t- il.
Et l'affrontement eut lieu.
Il fut terrible.
En août 1971, l'armée jordanienneavait terminé le grand nettoyage.
Ce "septembre noir" pour les Palestiniens devait donner naissance à l'organisation du mêmenom, responsable de plusieurs attentats, dont le premier fut le meurtre, en novembre 1971 au Caire, du premier ministrejordanien, Wasfi Tall.
Hussein avait ainsi restauré la paix à l'intérieur de la Jordanie, mais il y perdait son rôle de représentant des habitants de la riveoccidentale du Jourdain.
En 1974, un sommet arabe réuni à Rabat reconnut l'OLP comme "le seul et unique représentant dupeuple palestinien".
Des révélations du Washington Post, en 1977, selon lesquelles Hussein émargeait depuis une vingtained'années au budget de la CIA, ternirent davantage encore l'image du roi au sein des pays arabes.
Méfiants, informés des contacts discrets qu'il maintenait avec Israël, Anouar El Sadate et Hafez El Assad le tinrent à l'écart despréparatifs secrets de la guerre qu'ils préparaient pour octobre 1973.
Il n'apprécia guère et, lors d'une rencontre secrèteorganisée à sa demande, informa le premier ministre israélien, Golda Meïr, des intentions de ses "frères ennemis".
A la grandeindignation d'Hussein, elle ne le prit pas au sérieux.
La guerre dite du Kipour permit enfin aux Arabes de relever la tête.
Pour avoir refusé, en 1978, de se joindre aux accords israélo-égyptiens de Camp David, malgré de pressantes sollicitationsaméricaines, Hussein est "récompensé" par un sommet arabe réuni à Bagdad, qui alloue 1 milliard de dollars d'aide annuelle à laJordanie.
Il demeure en odeur de sainteté tout au long de la guerre qui a opposé l'Irak à l'Iran de 1980 à 1988, parce qu'il serange du "bon côté", c'est- à-dire de l'Irak, considéré alors comme le rempart contre l'islamisme iranien..
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