Histoire Des Relations Internationales Contemporaines (1949-1991) - Politique
Publié le 10/11/2012
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CHAPITRE 1 : DE LA 1ère DETENTE A LA CONFIRMATION DE LA DIVISION DE L’EUROPE – DE 1953 à 1962 Intro Mort de Staline, le 4 mars 1953. Mais la stratégie totale du Kremlin garde pour objectif final la victoire du communisme dans le monde. Il y avait les post-staliniens, et les anti-staliniens, les premiers ayant vaincu les seconds. L’URSS est entrée dans une phase post-autocratique : - Le parti a continué de commander à l’Etat - L’Etat a continué à commander à l’économie et à la société, sans qu’aucune opposition politique ni aucune société civile ne soit tolérée Le régime est donc resté totalitaire. Mais changements ( L’exercice du pouvoir au sommet du parti-Etat : le sommet est redevenu et restera collégial (ce n’est pas un chef, mais un collège, bien qu’il y ait un secrétaire général). La garantie de cette collégialité est l’un des outils de l’autocratie, le ministère de la sécurité de l’Etat (MGB) est réduit au rang de « comité de la sureté de l’Etat (KGB) qui est détaché du secrétariat du parti. D’autre part, l’air Kroutchev marque la fin de la répression massive, des exécutions sommaires et l’avènement de la « légalité socialiste «. Kroutchev a battu ses rivaux, mais il ne les a pas liquidé (ces derniers prendront leur revanche en 1964, sans tuer Kroutchev), dès mars 1953 les médecins du Kremlin sont réhabilités, fin 55 début 56 sont également réhabilités les communistes victimes des purges en 36-38, en janvier 57 sont réhabilitées les populations qui avaient été accusées de collaboration avec l’Allemagne, la plupart des détenus des camps de travail sont libérés, et enfin en décembre 58 la légalité
socialiste (les notions « d’ennemi du peuple « et de « crime contre révolutionnaire « disparaissent du code pénal). Le code pénal soviétique conserve cependant le « délit de propagande antisocialiste « et celui de « non dénonciation de propagande antisoviétique «). Même si on conserve ces 2 délits, ces délits sont punis simplement de réclusion, et non pas de peine capitale. Rapport secret lu par Kroutchev le 25 février 1956 devant le Congrès. A/ Déstalinisation 1 La déstalinisation a cependant rempli d’autres fonctions plus ambiguës, à savoir : - Imputer certains crimes du régime au seul Staline (notamment les grandes purges de 36-38, les déportations en 45), à l’exclusion donc des autres dirigeants du parti, Kroutchev compris. - Dénigrer ce qu’on a appelé la déviation Stalinienne (le communisme perverti) pour mieux exaltée le Léninisme. En contre-distinguant les deux personnages (Lénine-Staline) alors que depuis le décès de Lénine en 1924, la direction du PS t la plupart des communismes dans le monde entier ; n’avais cessé de souligner la continuité du Bolchevisme. - Assurer une amnistie de fait à la nomenklatura présente (les cadres du parti Etat, les premiers bénéficiaires des purges de 36-37), et donc amnistie (=forme juridique de l’amnésie) Le rapport lu par Kroutchev le 25 février 1957 a néanmoins porté un coup très dur au système communiste d’abord par la critique virulente du chef suprême, par la fracture qu’elle introduit dans le système communiste mondial (SCM) entre tout simplement les défenseurs (Mao et d’autres) et les accusateurs de Staline. Enfin, coup dur par la mise en cause de la doctrine ;
mais comment est-ce qu’un mouvement scientifique avait-il pu se tromper, et deuxièmement, comment est-ce qu’un mouvement progressiste avait-il pu commettre des crimes ? ( Cela va altérer « la foi « en la doctrine. Conclusion : Au plan intérieur, finalement la déstalinisation signifia donc qu’il n’y aurait plus d’Autocratie, qu’il n’y aurait plus de terreur dans le parti-Etat. Par conséquent, Kroutchev a débarrassé la nomenklatura de la peur des purges périodiques. Mais Kroutchev voulait favoriser quand même la rotation des cadres en faisant notamment réélire périodiquement les secrétaires des organisations du PCUS, notamment dans les Républiques fédérées et dans chaque région de la RSRRR. Kroutchev n’y est pas parvenu, et même allant trop loin dans les tentatives de réformes, il a fini par être mis en minorité au comité central du parti, et par être destitué du « Polid Bureau « (instance suprême) en octobre 1964. Brejnev poursuivra lui, de 1964 jusqu’à sa mort, une politique de « stabilité des cadres « ; cette politique a renforcée la cohésion du parti-Etat mais évidemment elle bloqua les voies de la promotion sociale et elle confirma donc l’écart entre l’idéal égalitaire et la réalité de la stratification sociale. En effet, les membres de la nomenklatura acquéraient une sécurité plénière, ils acquéraient la certitude qu’ils dérouleraient leur carrière toute leur vie avec une forte probabilité de leur succession par leurs propres enfants (s’en est fini de la circulation des élites en URSS, cette dernière s’était développé avant cela par Lénine et Staline par les purges environ tous les 10 ans). Au bout du compte,
une seule obligation subsiste pour la nomenklatura, à savoir ; atteindre des objectifs fixés dans le plan, et cette obligation entrainait des mensonges et des subterfuges, et l’absence de sanction éteignait l’ultime stimulant économique. Finalement, la politique de stabilisation des cadres de Brejnev ne sera remise en cause qu’à partir de 1985 ou Gorbatchev et son équipe vont dénoncer la stagnation de la politique de Brejnev. La nomenklatura résistera aux réformes de Gorbatchev, ce qui forcera ce dernier à faire appel à l’opinion de la population soviétique au-delà du parti, ce qu’on appellera la « Glasnost « ; d’où la perte de contrôle de la fameuse « perestroïka «. B/ Crise et rétablissement de l’ordre en Europe de l’Est, puis reconnaissance du polycentrisme : Déstalinisation 2 Les successeurs de Staline avaient hérité de « la conception centraliste « de Staline. La nouvelle politique impulsée au Kremlin devait être ce qui est décidé au Kremlin dans la capitale de l’URSS et de tout le camp du bloc soviétique, devait être la règle pour tous les partis communistes au pouvoir. Par conséquent, ce nouveau cours ne pouvait que heurter la position et susciter la résistance des Staliniens en place (après la soviétisation, il y avait eu une stalinisation en Europe de l’Est), et par conséquent ces derniers ont invoqués la voie nationale, comme Tito en 48. Mais ces dirigeants Staliniens durent se résigner petit à petit en s’adaptant ou en se retirant. La libéralisation en Europe de l’Est a entrainé une série de crises, à savoir : en Tchécoslovaquie, en Pologne, en Hongrie, et surtout RDA en 1953. Ces crises s’accompagnèrent
d’un débat au sein des PC locaux sur la légitimité de la conquête du pouvoir par des moyens antidémocratiques ; les révisionnistes ont été battus, les crises ne se terminèrent pas par l’effondrement du Bloc soviétique car le Kremlin s’appuyant sur les orthodoxes dans les partis locaux, a eu la volonté et la capacité de rétablir l’ordre face à des Occidentaux (Allemands exceptés) à la partition de l’Europe. Les crises en question ne mirent pas fin non plus à la première Détente (c’est la seconde crise de Berlin en 58 qui a mis fin à la première Détente Est/Ouest). Toutefois malgré tout, il est apparu qu’un relâchement de l’emprise des PC et de l’URSS conduirait tout simplement au risque de dissoudre l’URSS. En attendant, le Kremlin à cet égard a eu le soutien de l’ensemble du camp socialiste du MCI, Tito et Mao compris pour écraser l’insurrection hongroise malgré son impact désastreux pour l’opinion internationale. La Stalinisation (49-51) s’était accompagnée de la Satellisation, on avait cru donc que la déstalinisation s’accompagnerait de la désatellisation, mais en vérité on s’est contenté de la dissolution du Kominform et de la condamnation : théorie de la conception centraliste. Des équipes réformées arrivèrent au pouvoir en Pologne et en Hongrie, ouvrant donc une voie polonaise et hongroise (socialiste). Dans les rapports au sein du camp socialiste et MCI, on admet le polycentrisme. Ce dernier fut la solution Kroutchévienne à la diversité nationale du camp socialiste ; En Europe de l’Est, le polycentrisme avait pour limites l’intégration économique (AEM) et les traités bilatéraux militaires avec l’URSS qui pérennisent
la politique de bloc. Tels étaient les obstacles à l’influence de la Yougoslavie et la Chine populaire. C/ Déstalinisation 3 : La coexistence Pacifique et la Reconnaissance d’un troisième Monde (un Tiers Monde) Dans les rapports avec les Etats capitalistes, l’effet de la déstalinisation fut donc l’énonciation de la doctrine de la coexistence pacifique. Cette doctrine signifiait 2 choses, négativement et positivement : - Négativement : cette doctrine signifiait l’exclusion compte tenu du risque nucléaire du recours en premier à la force armée contre les Etats capitalistes sans que cesse la compétition avec ces derniers. - Positivement : cette doctrine signifiait la participation du camp socialiste au droit international général commun à tous les Etats, réserve faite de « l’opportunisme tactique « et du « DI particuliers aux Etats socialistes «. En conséquence, cette doctrine remettait en cause ou frappait de caducité, l’axiome du Marxisme-Léninisme, selon lequel la guerre serait l’instrument ou la matrice de la Révolution. Toutefois, pour tout le reste, la quintuple doctrine (doctrine de la lutte des classes + doctrine de la permanence de l’antagonisme entre capitalisme et socialisme + doctrine de la progression du socialisme + la doctrine de l’irréversibilité des conquêtes du socialisme + la doctrine de la solidarité socialiste) demeurait intangible ; L’idée d’un troisième Monde était admise au-delà du simple national neutralisme, et ce Tiers-Monde devait pencher du côté de l’un des dualistes, il était considéré comme une espèce de « prolétariat extérieur «. Ce prolétariat extérieur suppléait au prolétariat
intérieur occidental en voie d’embourgeoisement, ce Tiers Monde était donc vu comme un Allié potentiel du MCI et de l’URSS. Comme ces pays du Sud ne faisaient pas partie des Etats capitalistes, la lutte armée contre leurs gouvernements locaux accusés d’être néocolonialistes, demeurait admise, selon l’opportunité. De même, la révolution à l’intérieur des Etats capitalistes continuait d’être recherchée. Conclusion : La coexistence Pacifique semblait donc épouser les principes du Droit International général, mais cette doctrine demeurait un concept issu du Marxisme-Léninisme, ce n’est pas qu’un synonyme du non recours à la force armée. Cette doctrine ne signifiait pas par conséquent freiner le cours de l’Histoire, ni renoncer à la lutte des classes contre la bourgeoisie et contre l’impérialisme ; opportunément cette doctrine visait à tenir compte de l’Arme Nucléaire, à tenir compte du déplacement du mouvement révolutionnaire vers le Tiers Monde et tenir compte de l’intérêt de l’URSS à diluer la coalition occidentale. Cependant cette doctrine s’attira les critiques des radicaux au sein du SCM, du MCI… de Mao à Castro, c’est-à-dire les communistes qui continuaient de voir dans la guerre, la matrice, l’instrument de la Révolution. D/ La politique Allemande de l’URSS, la lutte autour du statut de l’Allemagne pour la dissolution de la coalition Occidentale La stratégie de la tension, de 1947 à 53, avait été une erreur, et avait favorisé la formation de la coalition occidentale. Ex = invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord, invasion survenue après le retrait des troupes soviétiques et américaines de la péninsule. Cette
invasion avait dissuadé les occidentaux d’accepter les propositions soviétiques d’évacuation conjointe de l’Allemagne. Par conséquent, plutôt qu’une stratégie de tension, Kroutchev misait sur une stratégie de la Détente, à partir de 53 jusqu’à 58, ce qui visât à rompre, à diluer, la coalition Occidentale. En 54-62, la grande bataille diplomatique autour du statut de l’Allemagne a vu donc l’utilisation des 2 types de stratégie. Ce but a déterminé la politique étrangère soviétique jusque 1984. Point central de ce conflit = l’Allemagne, de 1953 à 1984, grande bataille diplomatique autour du statut de l’Allemagne, avec des détentes, tensions… Pour l’URSS, l’objectif est : - la réunification-neutralisation de l’Allemagne, qui serait le levier de la dissolution de la coalition occidentale. Inconvénient = ça impliquait de sacrifier la RDA Avantages = ça aurait l’immense avantage de détacher la RFA de l’Occident - de faire cesser la présence militaire franco-anglo-américaine à l’Est du Rhin - préparer le retrait d’Europe continentale des troupes américaines, puis britanniques. Donc, la réunification de l’Allemagne précipiterait la neutralisation de l’Europe occidentale, puis du Japon. Et si l’OTAN disparaît, l’OPDV, créée en 1955, le CAEM seraient dissous, tout comme les communautés européennes. Mais l’OPDV ( pas tant important. Les alliances bilatérales sont nombreuses à l’Est, et plus importantes, et les régimes communistes subsisteraient, cependant qu’à l’Ouest, les politiques de 3ème force s’imposeraient à nouveau, avec l’appui de nouveaux fronts populaires (avec PS –PC). Donc l’URSS, avec la France
isolée, l’Allemagne neutre, les américains aux Etats-Unis, serait devenue la puissance hégémonique en Europe. Pour légitimer cette hégémonie, à l’Est comme à l’Ouest, on compterait sur l’URSS pour prévenir tout retour du nationalisme allemand, et pour prévenir toute remise en cause de la frontière Oder-Neisse. I/ Le plan Molotov (Ministre soviétique des affaires étrangères) 1954. Lors de la Conférence de Berlin du 25/01 au 18/02/1954, les 4 puissances discutèrent de la réunification de l’Allemagne. C’était leur discorde centrale, qui empêchait la conclusion de la paix. - comment procéder à cette réunification ? - quel serait le gouvernement allemand ? - l’Allemagne réunifiée serait-elle libre de ses alliances ? On retrouvait donc le dissensus. Pour le dépasser, et évincer les EU, dissoudre, à terme, l’alliance Atlantique, la direction soviétique est passée du quadripartisme au pan-européisme (= Europe + Russie), on propose une alliance pan-européenne, et la direction soviétique a proposé la conclusion d’un traité européen de sécurité collective, le plan Molotov. Ce plan consistait en un pacte général de non-agression de longue durée, ouvert à tous les Etats européens, sur une pied d’égalité (plus de distinction amis/ennemis de la 2nde guerre mondiale), y compris les 2 Allemagne, jusqu’à la création d’un futur Etat allemand unifié, pacifique et démocratique. Mais le plan a été refusé, les gouvernements Ouest-Européens confirmant l’orientation Atlantique, repoussèrent la proposition soviétique. Donc la Conférence de Moscou se déroulera uniquement entre les pays de l’Union Soviétique, ce qui conduira plus
tard au Pacte de Varsovie en Mai 65 (PDV : entre pays du bloc soviétique). II/ Le traité d’Etat autrichien, 1955 5 mai 1955, l’URSS et 3 puissances occidentales signèrent enfin la paix avec l’Autriche. L’Autriche redevenait pleinement indépendante, gardait son unité, récupérait les ex-biens allemands, cependant que les occidentaux retrouvaient leurs capitaux investis en Autriche, et l’URSS recevait des marchandises autrichiennes gratuitement pendant un certain temps, à titre de réparation. De plus, l’Autriche était dénucléarisée et neutralisée. Autrement dit, pas seulement interdite d’Anschluss (réunion de l’Allemagne et l’Autriche), mais aussi neutralisation, elle ne ferait partie d’aucune organisation économique, d’aucune alliance militaire. Elle pourrait cependant adhérer à l’ONU. Mais sa neutralisation constituait quand même, pour l’URSS, un grand succès diplomatique, militaire, pour plusieurs raisons : * le dispositif militaire soviétique demeurait intact de la mer Baltique à la Mer Noire, alors que le dispositif militaire occidental, (RFA, Autriche, Italie) se trouvait scindé entre la RFA d’un côté, et l’Italie de l’autre. * l’évacuation prévue des troupes soviétiques non seulement d’Autriche, mais aussi Hongrie, Roumanie, Bulgarie, à la suite du traité de paix avec l’Autriche, serait annulée par la création de l’OPDV (nouvelles troupes en Hongrie, Roumanie et Bulgarie). * la restauration de l’indépendance et de l’unité de l’Autriche par sa neutralisation devait être un exemple pour l’Allemagne. III/ L’intégration de la RFA dans l’OTAN et la riposte soviétique. Avec le traité d’Etat autrichien,
le Kremlin espérait séduire l’opinion Ouest-Allemande à travers le SPD et éviter l’intégration de la RFA dans l’OTAN, qui était prévue pour mai 1955, conformément aux accords de Paris d’octobre 1954, qui entérinaient le plan Eden (premier ministre anglais) de 1952 qui obligeait la RFA à renoncer à fabriquer des armes nucléaires sur son territoire. Moment décisif ( ratification des accords de Paris par les Parlements. Moscou avertissait que l’intégration de la RFA dans l’OTAN : - rendrait impossible la réunification de l’Allemagne - mettrait fin au pacte conclu avec la GB en mai 1942, et la France en décembre 1944. Là encore, les majorités parlementaires en place choisirent de ratifier, à Bonn, le 16/05/1955, à Londres et à Paris (287 voix pour, 250 voix contre) à 37 voix près, pas de RFA dans l’OTAN… A ce moment, la RFA, malgré le SPD, est devenue membre de l’Occident. La coalition mondiale anti-soviétique, à ce moment seulement, a été complètement réalisée. Cette coalition d’Etats souverains, en majorité démocratiques, en concurrence industrielle et commerciale, fut traversée par plusieurs crises, comme celle de Suez. (on ne parle pas de bloc occidental ou soviétique, mais de coalition). L’Alliance Atlantique, comparée au MST (Mutual Security Treaty), traité bilatéral Japon-Etats-Unis, formait une organisation multilatérale entre pays de civilisation commune, et était purement défensive, et surtout régionale. Autrement dit, la solidarité occidentale vis-à-vis de l’URSS ne jouait qu’en Europe, et pas dans le reste du monde, théâtre de maintes divergences euro-américaines. Jusqu’à la fin du conflit
Est/Ouest se posa la question de l’élargissement fonctionnel, et surtout la question de l’élargissement géographique de l’Alliance, tour à tour réclamé par les européens ou les américains. Cet élargissement n’a jamais été réalisé. Les différends politiques ou territoriaux entre Etats membres ne cessèrent de perturber l’Alliance Atlantique, notamment en Méditerranée orientale, avec la question Chypriote, entre la GB, la Grèce, et la Turquie. La tradition d’équilibrage des puissances conduisit la 5ème République française (avec de Gaulle) à vouloir réduire la prépondérance de l’allié le plus puissant, soit : - en créant, dans les 1958’s, un directoire franco-anglo-américain (échec) - après 1963, en se mettant en tête d’une Europe conçue comme un contrepoids à l’Amérique. France, Italie ( les maillons faibles de l’Alliance, avec un PC puissant. Après l’intégration de la RFA dans l’OTAN, la direction soviétique a : - dénoncé les pactes conclus avec la GB et la France pendant la 2nde guerre mondiale - créé l’OPDV, riposte à l’intégration de la RFA dans l’OTAN - résolu de consolider son propre Etat allemand, la RDA. Vis-à-vis de la RFA, la direction soviétique ne renonce pas à la stratégie de la détente, et a décidé de la reconnaître. En même temps, la direction soviétique a invité Adenauer à Moscou, et a mis fin à l’état de guerre avec l’Allemagne, en ce qui concerne le statut des ressortissants allemands, en septembre 1955. C’est ce qui a permis, concrètement, la libération des derniers prisonniers de guerre encore détenus en URSS, environ 300.000 Hommes. La reconnaissance de la RFA permettait de nouer
des relations diplomatiques directes avec Bonn, et donc de contourner les 3 puissances occidentales. Alors que celles-ci, de leur côté, conformément à la doctrine Hallstein (ministre ouest-allemand), ne reconnaissait pas la RDA. Doctrine qui invite à la non-reconnaissance occidentale de la RDA. Sur cette base, l’URSS a poursuivi son objectif de neutralisation-réunification ; et de dissolution de la coalition occidentale (avec le pacte de Varsovie, la 2nde crise de Berlin, d’autres propositions diplomatiques…). a/ Le Pacte de Varsovie et les propositions pan-européennes. OPDV = réunissait les Etats qui avaient déjà conclu des traités bilatéraux avec l’URSS. Le traité de Varsovie était très analogue au traité de Washington (Alliance Atlantique) mais il y avait en plus les alliances bilatérales. En revanche, l’organisation du pacte de Varsovie, instituée le même jour que la signature du traité (alors que pour celle de l’Atlantique Nord, il avait fallu 2 ans), connaissait un degré d’intégration des forces beaucoup plus poussé que celui de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord. Avantage de cette organisation : - URSS pouvait maintenir des troupes en Hongrie, Roumanie, et Bulgarie - elle permettait de faire jouer la clause de l’article 53 de la Charte des Nations-Unies, repris dans l’OPDV : TEXTE DE L'ARTICLE 53 : 1. Le Conseil de sécurité utilise, s'il y a lieu, les accords ou organismes régionaux pour l'application des mesures coercitives prises sous son autorité. Toutefois, aucune action coercitive ne sera entreprise en vertu d'accords régionaux ou par des organismes régionaux sans l'autorisation
du Conseil de sécurité; sont exceptées les mesures contre tout Etat ennemi au sens de la définition donnée au paragraphe 2 du présent Article, prévues en application de l'Article 107 ou dans les accords régionaux dirigés contre la reprise, par un tel Etat, d'une politique d'agression, jusqu'au moment où l'Organisation pourra, à la demande des gouvernements intéressés, être chargée de la tâche de prévenir toute nouvelle agression de la part d'un Etat. 2. Le terme "Etat ennemi", employé au paragraphe 1 du présent Article, s'applique à tout Etat qui, au cours de la seconde guerre mondiale, a été l'ennemi de l'un quelconque des signataires de la présente Charte. - l’OPDV ne contenait pas de clause de dénonciation (Washington, signé pour 20 ans), mais il énonçait une clause d’auto-dissolution « en cas de création d’un système européen de sécurité collective « dont l’URSS aurait évidemment été membre. Un tel système impliquait la disparition de l’OTAN comme de l’OPDV, mais à la différence des pays d’Europe de l’Ouest qui n’avaient pas conclu de traités bilatéraux avec Washington, les pays d’Europe de l’Est avaient conclu des traités bilatéraux avec l’URSS. Dans les propositions pan-européennes, depuis les Conférences de Genève de juillet et Novembre 1955, jusqu’au plan Rapacki (= gouvernement polonais propose une zone dénucléarisée en Europe Centrale) (1955) et jusqu’aux propositions Boulganine (octobre 1958), en passant par les offres soviétiques de non-agression, entre URSS et EU, GB, France, Allemagne d’autre part, on retrouve la politique visant la réunification-neutralisation allemande, le découplage Amérique du Nord/
Europe de l’Ouest, visant la dissolution de la construction euro-Atlantique. b/ La crise de Berlin et la pérennisation du statut quo, 1958-61 La RDA pouvait servir de monnaie d’échange à la réunification-neutralisation de l’Allemagne. Mais d’un autre côté, la RDA était aussi la clé de voûte de l’Empire soviétique en Europe centrale. * La présence de l’Armée Rouge sur l’Elbe (en RDA) faisait peser une menace militaire directe sur l’Europe Occidentale. * Cette présence de l’Armée Rouge impliquait l’alignement de la Pologne et de la Tchécoslovaquie. * La RDA était la 1ère puissance économique du bloc soviétique, mais avait pour point faible l’enclave Ouest de Berlin, toujours administrée par les puissances occidentales, d’où les ressortissants de l’Est pouvaient passer, empêchant ainsi, par conséquent, la fermeture complète du pays, et même mettant en danger sa situation démographique. De 1949 à 1961 ( 2.500.000 personnes ont quitté le pays. Dès novembre 1958, on veut consolider l’Etat Est-allemand, l’URSS a tenté d’obtenir le départ des occidentaux, pour ériger Berlin-Ouest en ville-libre, ou Cité-Etat neutralisée, ou qu’elle soit rattachée à la RDA. A défaut, les autorités soviéto-ouest-allemandes ont coupé les communications terrestres entre l’enclave et la RFA. La diplomatie soviétique a alterné entre discours menaçant et proposition de dénucléarisation, démilitarisation, retrait des troupes étrangères, de pacte de non-agression, autrement dit, les propositions de l’OTAN et de l’OPDV. Berlin-Ouest : - point faible de la RDA, par conséquent, la politique soviétique y avait un aspect défensif - en même
temps, aux plans tactique et juridique, Berlin-Ouest représentait un levier offensif pour l’URSS : * plan tactique = le rapport de force local était très favorable à la RDA, à l’URSS, au cas où elles auraient voulu s’emparer manu militari de la ville, alors que pour défendre la ville, la RFA et les occidentaux n’auraient pu éviter l’escalade. * plan juridique = la formule « Berlin-Ouest : ville libre « ; plutôt que « ville occupée « par effet de domino, pouvait remettre en cause la coalition occidentale, autrement dit si les occidentaux cédaient, ou se divisaient, la RFA n’aurait plus confiance dans les occidentaux, et l’édifice euro-Atlantique serait menacé. Les 3 occidentaux ne pouvaient pas se désolidariser, ni de l’intérêt de la RFA pour Berlin-Ouest, ni de l’aspiration de la réunification, sans risquer de rejeter Bonn du côté de Moscou. C’est pourquoi les occidentaux firent bloc sur la question de Berlin-Ouest, et continuèrent à proclamer (sincèrement pour les américains, hypocritement pour la France, la GB) une Allemagne réunifiée, libre de ses alliances. Plus encore, le SPD, en 1959, renonça officiellement au marxisme, et a accepté l’orientation à l’Ouest, la « west-orientirum «. Construction du mur de Berlin : 13/08/1961 La perception de la division de l’Allemagne a changé, et fut désormais considérée comme durable, voire même définitive, et non plus provisoire. Plus généralement, la construction du mur de Berlin confirma le statut quo des frontières, des régimes, des alliances, autrement dit la séparation de l’Europe de l’Est vis-à-vis du reste de l’Europe. « Est séparé du reste «. La division du
germanisme se trouvait consommée, il y avait autant de statuts que d’Etats germaniques. On avait une RFA occidentale, une RDA orientale, et une Autriche neutre neutralisée. La réaction du SPD fut d’envisager, dès 1961, l’Ost-Politik, avec Willy Brandt à sa tête, puis la mettre en œuvre, une fois au pouvoir, en 1969. Elle mettra fin à la doctrine Hallstein (= décision de politique extérieure prise en 1955 selon laquelle la RFA prononcerait la rupture de ses relations diplomatiques avec tout État qui reconnaîtrait la RDA), la RFA conclura des traités de paix avec l’URSS (mais pas pour l’Allemagne entière, juste la RFA) avec la Pologne, la Tchécoslovaquie, et la RDA (plus un traité de reconnaissance). L’objectif de ce traité de coopération de la RDA était de surmonter la division nationale en renouant les contacts inter-sociétaux entre les 2 Allemagne, et afin de maintenir la conscience de l’unité nationale par-delà la division en 2 Etats. A terme, une fraction au moins du SPD n’excluait pas une réunification-neutralisation. CHAPITRE 2/ LA COMPETITION NUCLEAIRE SOVIETO-AMERICAINE ET SES REPERCUSSIONS (cf FDV) CHAPITRE 3/ LE CONFLIT EST/OUEST AU SUD Intro Le conflit Est/ouest a commencé, et s’est terminé en Europe. Mais entre les 2, c’est en Afrique, Asie, et Amérique latine, que le conflit s’est aussi, et surtout, déroulé. L’essentiel se joua autour de la question de savoir si la libération nationale pouvait être séparée ou non de l’orientation socialiste. Pour les soviétiques = non A/ La décolonisation (cf FDV) B/ L’URSS et le Tiers-monde La réaffirmation du bloc soviétique en Europe,
avec l’OPDV, la consolidation de la RDA, l’intervention en Hongrie… a coïncidé avec le tournant vers le Tiers-monde, en 1955-56, avec le soutien à l’Egypte de Nasser, lors de la crise de Suez. L’URSS ne pouvait, en effet, développer son action dans la périphérie que si, dans le même temps, elle maintenait ses positions au centre. Concomitance de la réaffirmation du bloc/ du tournant vers le Tiers-monde. Après 1955, l’URSS stimulée par la concurrence chinoise, et le soutien Indien, a renoué avec l’esprit de Bakou (1921) et par conséquent, par la même occasion, l’URSS a renoncé au seul bloc eurasiatique pour, finalement, une progression du socialisme véritablement mondiale. Par conséquent, la puissance continentale devait se tourner vers la Mer, et ce tournant vers l’outremer fut atteint sous Khrouchtchev. Malgré tout, toujours 2 manques à l’URSS : - la géographie, facilité d’accès aux grands larges - le ressort commercial, en Occident ( commerce maritime, donc flotte marchande et flotte militaire. Pour l’URSS ( surtout une grosse flotte militaire, mais à l’aspect artificiel. 1/ La concurrence sino-soviétique La concurrence stimule plus qu’elle ne paralyse. Entre la RPC et les EU, l’URSS avait le choix entre la poursuite de la Révolution, avec la RPC, mais contre les EU, ou bien « l’orientation vers le condominium «, avec les EU, mais contre la RPC. En ce sens, l’URSS occupait le sommet du triangle mondial Washington/Moscou/Pékin. Autrement dit, tant qu’il n’y a pas eu de réels rapprochements sino-américains (pas avant 1978, amorcé en 1971) la rivalité sino-soviétique ne rapporta pas de bénéfices à l’Occident
(pour le MCI, pour le camp socialiste). En effet, cette rivalité : - dédoublait l’ennemi communiste - empêchait l’URSS d’approfondir la détente. 4/03 Soviétiques et chinois recherchaient des alliés dans le camp socialiste, et le Mouvement Communiste International (MCI). Or, les enjeux révolutionnaires s’étant déplacés de l’Europe vers le Tiers-monde, c’est dans le Tiers-monde qu’il fallait être présent. Dans la rivalité du tiers-mondisme, c’est le Parti-Etat soviétique qui a gardé l’avantage sur le Parti-Etat chinois, pour 3 raisons : - militaire = grande puissance nucléaire, l’Union soviétique était en mesure de dissuader les EU - économico-militaire = grande puissance industrielle, l’URSS pouvait fournir des armements lourds à ses alliés. Ex : Mao aurait voulu aider Nasser, en 1956, au Proche-Orient, mais furent effectuées des livraisons d’armes soviétiques, ou de conseillers soviétiques, qui permirent aux pays arabes (dont l’Egypte), de lutter contre Israël, qui entretinrent un état de tension éminemment préjudiciable aux intérêts énergétiques occidentaux, très profitable à la balance soviétique. - diplomatie = les alliés de l’URSS (l’Egypte jusque 1972) et l’Inde, jusque 1971, étaient précisément les leaders des Mouvements des Non-Alignés. La Chine populaire pouvait s’appuyer sur 2 choses : - ses fournitures agricoles - ses productions théoriques (non négligeables dans un univers idéocratique). Après 1964, Mao a élaboré la « théorie des 3 Mondes « : * les 2 puissances dominantes politiquement et économiquement ( le 1er monde (EU, URSS) ; * les Etats dominant économiquement, mais dominés
politiquement ( le 2ème monde (Europe de l’Ouest, de l’Est) ; * les Etats dominés politiquement et économiquement ( le 3ème monde (Asie, Afrique, Amérique latine). Par conséquent : - la Chine populaire se trouvait solidaire de l’ensemble des PVD - l’Europe était appelée à une alliance avec le 3ème monde - l’URSS se trouvait rejetée du côté des EU Néanmoins, l’URSS a gardé sa prépondérance dans le tiers-mondisme anti-occidental. Preuve = transformation du droit des peuples à l’auto-détermination, en obligation de décoloniser, suivant la « théorie de l’eau salée «, la séparation maritime entre l’Etat à décoloniser et l’Etat administrant. L’évolution du droit international, à cet égard, continuait de bénéficier à l’URSS, et se retournait contre les puissances ouest-européennes. 2/ L’évolution de la position soviétique, de la dualité capitalisme/soviétique à la cooptation du tiers afro-asiatique. De 1953 à 1956, le Kremlin est passé de l’abandon de la doctrine Jdanov à l’acceptation du polycentrisme et à la cooptation du « non-alignement «. Doctrine Jdanov (= vision manichéenne, seul le Bien et le Mal existent) = il n’existe que 2 camps ( le socialisme/ le capitalisme. Conséquence = les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, non dirigés par des PC, étaient « objectivement « des alliés du capitalisme, même si on y soutenait le « national-neutralisme «. De 1953 à 1956, la direction soviétique se mit à considérer les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, comme étant objectivement des alliés du socialisme, du fait de leur potentiel révolutionnaire. Février 1956 = le 20ème Congrès
du PCUS proclame le soutien au MLN (Mouvement de Libération Nationale) et au MNA, pour 2 objectifs : - rompre l’encerclement occidental (aspect défensif) - accélérer la progression du socialisme (aspect offensif). Ce dernier aspect justifiait l’acceptation du polycentrisme. Khrouchtchev : « il est normal que les formes de passage des pays au socialisme soient de plus en plus variées «. Il n’était plus question de diviser le monde en 2, au contraire, l’URSS, le camp socialiste, le MCI, devaient s’appuyer sur les non-alignés, pour grossir le SCM de nouveaux alliés. Le non-alignement signifiait le refus, au moins déclaratoire, de toute alliance militaire, avec les EU, ou avec l’URSS, quel que soit le régime politique du pays non-aligné. Du côté soviétique, le non-alignement n’a pas été analysé comme une tierce position entre l’Est et l’Ouest, ça a été analysé comme une 2nde façon de combattre l’Occident (le communisme était la 1ère façon). Le tiers-mondisme était un sous-produit du marxisme. Géopolitiquement, le tiers-mondisme fut un allié du camp socialiste : - la décolonisation - le renversement de monarchie - l’avènement de Républiques se tournant vers la réforme agraire et la nationalisation - la constitution du MNA - l’élargissement de l’ONU et sa transformation en tribune anti-occidentale - la contestation des bases militaires étrangères - l’invocation de la souveraineté sur les ressources naturelles - la multiplication des économies mixtes - la revendication d’un NOEI = Nouvel Ordre Economique International Tout cela a : * affaibli les positions ouest-européennes et nord-américaines *
mis l’Occident sur la défensive * renouvelé les tentations neutralistes du Japon. Conclusion/ Comment expliquer que l’URSS ait pu séduire le tiers-mondisme ? Fondamentalement, au-delà des contrepoids diplomatiques, si elle a pu se déployer dans le tiers-monde, sortir de l’Eurasie, c’est parce que le communisme a su s’allier « au nationalisme de libération «, et a su séduire grâce à ça. La condition de cette combinaison explosive, entre le communisme (athée) et le nationalisme, c’était que le nationalisme demeure laïc. Si la condition était remplie, le communisme représentait : - une promesse d’émancipation politique - une promesse de développement économique - une promesse d’égalité sociale A cela s’ajoutait l’aide matérielle soviétique. Si l’URSS vendait à l’étranger, contre paiement en $, en revanche, elle n’allouait de crédit qu’en roubles, or, le rouble était une monnaie inconvertible, par conséquent, les roubles ne pouvaient être employés que pour des commandes passées aux pays de l’URSS. L’URSS offrait aussi un soutien diplomatico-stratégique à ses amis du Tiers-monde. Mais le contrepoids, à la fois par prudence et pour ne pas froisser les nationalismes locaux, l’URSS ne projeta jamais de troupes classiques pour des opérations de guerre, elle se limita à envoyer des instructeurs ou des conseillers militaires, et à organiser le transport aérien ou naval de troupes cubaines. En revanche, jusque 1979, pas de troupes soviétiques, et c’est en Afghanistan, en 1979, que l’URSS a dérogé à cette règle, pour la 1ère et la dernière fois, alors même que l’URSS se trouvait confrontée à un nationalisme religieux. 3/
Les 2 aspects classiques et révolutionnaires de la politique soviétique dans le Tiers-monde Politique soviétique ( dimensions classique ; révolutionnaire, en liaison avec Cuba. - Diplomatie classique générale d’un Etat au centre d’un système international bipolaire. Autrement dit, l’URSS offrait un contrepoids à l’hégémonie américaine. - Diplomatie révolutionnaire d’un parti-Etat au centre du SCM (Société Communiste Mondiale). L’URSS appuyait le changement international et intérieur contre les gouvernements « inféodés « à l’Occident. Parallèlement, la politique soviétique se scindait géographiquement : - en Europe la stabilisation politico-sociale et le face-à-face nucléaire imposait donc la stratégie de la détente - en revanche, dans le tiers-monde, l’instabilité politico-sociale et la relative liberté d’action militaire, permettaient la stratégie de la tension, en liaison avec le nationalisme de libération. Classiquement, l’URSS fournirait un soutien diplomatico-stratégique au MLN, puis l’URSS nouerait des relations avec les jeunes Etats du Tiers-monde, fondées sur les fameux 5 principes indo-sino-soviétiques, les « Panch Shila « : - le respect de l’indépendance politique - la non-agression mutuelle - la non-ingérence mutuelle - l’égalité et l’avantage mutuel - la coexistence pacifique Des relations fondées sur les standards, sans référence aux droits de l’Homme, ni aux élections libres. Révolutionnairement, l’URSS élargirait les concepts d’indépendance politique et de libération nationale. L’indépendance politique devrait aboutir à l’indépendance militaire contre toute base étrangère. Or,
les EU avaient besoin de telle base, pour leur politique trans-océanique. L’indépendance politique devrait également aboutir à l’indépendance économique, se traduisant par la nationalisation des entreprises privées étrangères. Or, l’absence, ou l’insuffisance d’indemnisation, provoquerait inévitablement des conflits avec l’Occident. On retrouvait donc, à chaque fois, la nécessité de s’appuyer sur l’URSS. Quant à la libération nationale, elle impliquerait la modernisation politique et sociale (un plancher, un plafond), c'est-à-dire au minimum le renversement des monarchies, et au maximum, la révolution socialiste. a/ La 1ère théorie de la Révolution dans le Tiers-monde, et ses limites 1956-62 ( Question = Comment des pays arriérés pourraient-ils devenir socialistes, sans passer par le stade du capitalisme ? Lénine avait déjà fourni la réponse = Si la Russie avait pu devenir socialiste, après 1917, pourquoi pas les autres pays ? On y retrouvait les mêmes facteurs qu’en Russie en 1917 : - contestation sociale - des revendications agraires - le nationalisme anti-occidental Facteurs qu’un parti révolutionnaire discipliné saurait exploiter, et notamment dans le cadre d’un front national, ou dans le cadre d’une stratégie de renversement de la monarchie en place. Analyse soviétique = - l’arriération était due à « l’impérialisme «, qui avait, pour alliés locaux, les régimes locaux - une bourgeoisie et une classe ouvrière nationales, laïques, s’étaient formées - cette bourgeoisie voudrait s’imposer, vis-à-vis des intérêts étrangers, occidentaux, et vis-à-vis des institutions traditionnelles
- il faudrait, à cette bourgeoisie, collaborer avec la classe ouvrière, pour instaurer une République dans le cas de fronts nationaux, et dans la perspective d’une économie mixte. Par conséquent, les pays du tiers-monde pouvaient progresser vers le nationalisme sans avoir à passer par une base prolongée de développement de capitalisme, à condition de mettre en place, d’une part, des institutions républicaines, et d’autre part, des coalitions sociales et des coalitions diplomatiques, permettant de contrer une éventuelle intervention occidentale. La lutte se déroulerait à l’échelon international, et surtout à l’échelon national, c'est-à-dire dans le cadre d’un Etat, sans remise en cause des frontières. Finalement, il importait de créer, dans chaque pays, un parti-marxiste léniniste capable de rallier la classe ouvrière, la paysannerie sans terre, capable de passer, le cas échéant, à la lutte armée, mais surtout, capable de nouer des alliances et de soutenir des réformes. 2ème point, économique = il s’agirait ensuite de créer un fort secteur public à coups de nationalisation. La conséquence = ces nationalisations mettraient les secteurs clés de l’économie entre les mains de l’Etat, et créeraient un secteur public qui freinerait tout retour éventuel au libéralisme économique. Ces nationalisations susciteraient une logique de conflit avec les puissances occidentales et obligeraient donc les gouvernements en place à s’appuyer sur le PC local, et sur l’URSS. - les limites de cette théorie soviétique : Théorie remise en cause par 3 séries d’évènements : - monde arabe. Dès 1959, l’étouffement du PC en
Irak montre aux soviétiqueS que leurs partenaires gouvernementaux pouvaient être « contre-révolutionnaires « en politique intérieure, même s’ils étaient « progressistes « en politique étrangère et en politique économique. - en 1960-64, les conflits armés dans l’ancien Congo-Belge ont rappelé aux soviétiques leurs faiblesses aéro-navales, autrement dit, leurs capacités limitées de soutien militaire à leurs alliés révolutionnaires locaux. - en 1965, l’Indonésie, le putsch de Suharto, suivi de l’écrasement du PC indonésien, révéla aux soviétiques la fragilité des régimes radicaux du Tiers-monde. Par la suite, il arriva que l’URSS dût choisir entre « gouvernements progressistes « et PC locaux. Au Proche-Orient, c’est la question qui s’est posée, après la rupture égypto-soviétique de juillet 1972, avec Sadat, (il renvoie 20.000 conseillers militaires soviétiques, car l’URSS ne lui a pas fourni les armes pour combattre Israël) l’URSS se concentra sur la Syrie, et sur l’Irak. Or, les 2 régimes baasistes réprimaient les PC locaux, alors même que les soviétiques recommandaient aux communistes syriens et irakiens de constituer un front uni avec le Ba’as (baas). De fait, l’URSS préféra souvent les gouvernements « progressistes « aux PC locaux. Malgré tout, le choc Sadat a montré que toute alliance d’Etat, qui n’était précédée, ou accompagnée, ou suivie, de la monopolisation communiste du pouvoir, ne donnait aucune garantie d’irréversibilité diplomatique. b/ La 2nde théorie de la révolution dans le Tiers-monde, et ses limites. De 1969 à 1977. - conjoncture favorable pour l’URSS, avec la stagnation des EU au Vietnam. -
Rapprochement superficiel sino-américain en 1971, l’URSS apparaissait comme la seule puissance capable de défier l’Occident. - l’URSS avait développé ses capacités militaires, balistico-nucléaire, pour dissuader les EU, et des capacités aéro-navales pour la projection de force, de matériel soviétique, et de troupes cubaines. Les soviéto-cubains pouvaient aider leurs alliés. Dans ce contexte, une 2nde théorie de la Révolution dans le Tiers-monde a été élaborée, articulant 3 concepts : - l’anti-impérialisme - l’alliance entre nationalisme de libération et communisme - (nouveau concept) la contribution militaire extérieure, soviéto-cubaine, pour la Révolution. Grâce à l’URSS, fournissant des armes, un pays pouvait passer de statut colonial, ou néo-colonial, à la libération nationale, puis passer à l’orientation nationaliste soit par la lutte armée, soit par l’arrivée au pouvoir d’une coalition de gauche, suivie d’un coup d’état. Les 2 pays où la « Contribution militaire « soviéto-cubaine s’avéra décisive furent l’Angola, en 1975, et l’Ethiopie, en 1977. Dans les 2 cas, la capacité d’action collective de la communauté socialiste, URSS, Cuba, Tanzanie,…, se trouva démontrée, ainsi que la capacité de l’URSS d’intervenir en tous points du globe, pour permettre la consolidation de régime marxiste-léniniste. - les limites L’URSS apportait aux différents partis au pouvoir son modèle, son assistance, son expérience, en matière de construction du socialisme. Concrètement : - construction du parti - construction de l’Etat - construction du Parti-Etat Organisation de la collectivisation et de la planification. A
cet égard, l’Ethiopie (le plus vieil Etat africain) et sa révolution, fut la plus importante expérience marxiste-léniniste en Afrique, en matière de construction socialiste. Cette expérience devait démontrer la validité du modèle soviétique, modèle de gestion des nationalités, modèle d’édification de l’Etat, modèle de développement, qui serait la vitrine du socialisme en Afrique. Mais tout ça a sombré dans la famine, dans le désastre. Faillite de l’expérience, on a voulu collectiviser l’agriculture. On a sombré dans la guerre civile. Cela démontra la faillite du modèle soviétique pour l’Afrique. 11/03 C/ Les Etats-Unis et le Tiers-monde Ambivalence de la part de la politique américaine : - satisfaction de voir les empires européens être démantelés, car cela va dans le sens de la conception et des valeurs américaines, cela permet la liberté économique, et cela permettait de voir les européens se concentrer sur l’Europe continentale. Enfin, cela enlève à l’URSS un instrument de propagande. - crainte que la libération nationale ne soit suivie de la révolution sociale, et finalement on savait qu’en général, le groupe qui combattait contre la Métropole emportait le pouvoir (règle de la majorité). Les américains étaient donc déchirés entre leur anti-colonialisme et leur alliance avec des puissances coloniales. Ensuite, les américains en sont venus à s’appuyer sur des régimes monarchiques (Arabie Saoudite, Iran, Ethiopie, Thaïlande) tout comme la Grande-Bretagne. L’URSS réussissait à assembler nationalisme de libération et communisme, les américains, incapables de les dissocier, ont donné une orientation
de moins en moins libérale, et de plus en plus conservatrice, à leur double doctrine du containment et d’aide aux pays pauvres. Grand tournant : 1977-79-81 Sous Carter, puis sous Reagan (dès 1981) C’est à cette période que les EU ont renoué avec une position offensive, et plus seulement réactive, dans le contexte favorable créé par l’intervention soviétique en Afghanistan. 1/ La crise anglo-iranienne, la prépondérance des EU au Moyen-Orient et l’orientation contre-révolutionnaire de la politique américaine. (CF FDV pour la crise anglo-iranienne) La position contre-révolutionnaire intervient dès 1953, à l’issue de la crise anglo-iranienne, sur la nationalisation, sans indemnisation, de l’anglo-Iranian Oil Company (= AIOC). Occident ( chanceux que l’URSS ne soit pas intervenue, cela étant dû à la mort de Staline. Les EU poursuivaient, de 1942 à 1956, avec succès, leur rivalité avec la GB au Moyen-Orient. Rivalité qu’ils achevèrent victorieusement en 1956, à l’issue de la fameuse crise de Nasser. Du côté américain, après avoir empêché les britanniques de recourir à la force contre le gouvernement Mossadegh (1951-1953), ils ont condamné l’intervention militaire franco-britannique contre Nasser et obligèrent les franco-britanniques à rembarquer. Il est apparu que les puissances ouest-européennes ne pouvaient plus (et ne pourraient plus) recourir à la force armée sans l’accord des EU. Par conséquent, les EU devinrent clairement, en 1956, la puissance prépondérante au Moyen-Orient, grâce à leurs positions pétrolières et à leur alliance avec l’Arabie Saoudite. 1963 = 60% de la production mondiale pétrolière
détenus par les EU avec Téhéran. Au contraire, les britanniques ont perdu leur allié hachémite en Irak, après leur coup d’Etat militaire en 1958, et ont entamé, dès 1961, leur retrait politique du Golfe Persique, avec l’indépendance du Koweït en 1961, et l’indépendance des autres Emirats en 1971. Il apparaît aussi que les EU s’opposaient à toute politique de nationalisation des biens étrangers sans indemnisation. C’est ainsi que l’administration Eisenhower appuya la répression du parti Tudeh (en Iran) et le renversement de Mossadegh, par l’armée et par le Shah d’Iran. Répression et renversement facilités par l’inertie soviétique, due à la succession stalinienne (mort début mars). En assimilant au communisme toute politique de nationalisation des biens étrangers, sans indemnisation, les EU passaient par conséquent de l’endiguement de l’URSS, à la défense de la propriété privée étrangère. Les EU promouvaient ainsi le développement des pays du Tiers-Monde par les IDE (Investissements Directs à l’Etranger). Mais par conséquent, avec cette doctrine là des IDE, fondamentalement, les EU se heurtaient au, et heurtaient, (le) nationalisme économique du Tiers-monde. 2/ De la doctrine Eisenhower à la doctrine Kennedy Parallèlement à la substitution de la GB, au Moyen-Orient, à l’orientation contre-révolutionnaire, fut proclamée la doctrine Eisenhower, qui militarisait la doctrine Truman (une offre d'assistance militaire et financière de la part des États-Unis, s'adressant aux pays décidés à s'opposer aux pressions communistes). Les EU offraient aux gouvernements du Moyen-Orient qui le souhaitaient leur assistance
économique et militaire, pouvant aller jusqu’à l’envoi de forces armées, y compris par des opérations de guerre, ainsi au Liban en 1988. Doctrine Kennedy, à partir de 1961, l’administration Kennedy (démocrate) voulut à la fois 2 choses : - démilitariser - rendre un aspect démocratique à la politique américaine L’administration Kennedy a institué 2 choses : - le corps de la paix, Peace Corps, pour l’assistance administrative aux pays, - et l’administration a proposé aux gouvernements d’Amérique latine « l’alliance pour le progrès « (développement économique, culturel, social, éducatif…) Finalement, le tout s’est combiné dans une double-théorie étayant l’endiguement et l’aide, celle de : - la modernisation économique, puis politique (avec l’idée de passer à un régime démocratique). - l’intervention limitée, civile d’abord, militaire le cas échéant, suivant une gamme, un éventail, allant de l’aide financière pour l’achat d’armement ou de la livraison d’armes, jusqu’à l’envoi de forces spéciales, ou même de forces classiques, pour des opérations de guerre. En conclusion, la doctrine Eisenhower, révisée par Kennedy, (appliquée plus ou moins par Johnson) se transforma en doctrine de la sécurité nationale en Amérique latine. L’aide des EU se concentra sur les forces policières et militaires locales. Cette doctrine a rencontré 2 graves échecs : - 1959, Cuba, où la doctrine ne fut pas appliquée, car Battista ne reçut pas d’aide - Vietnam, doctrine appliquée, mais en tout cas inefficacement, sans succès sur le long terme pour Saigon. (Sud-Vietnam ( 10 fois plus d’aide que le Nord aidé par la Chine
Populaire et l’URSS). 3/ La doctrine Nixon = les gendarmes régionaux (attention pour l’oral) L’échec de l’engagement militaire américain au Vietnam a amené l’administration Nixon à élaborer la doctrine des gendarmes régionaux, au moment même où la GB annonçait son « retrait à l’Est de Suez «. La doctrine Nixon = comme les soviétiques, les américains ont voulu éviter d’envoyer des forces faire la guerre outre-mer. Tout en réduisant leur présence militaire en Eurasie. A Guam, le 25/07/1969, Nixon a déclaré que les EU : - respecteraient leurs engagements - à l’exception d’une menace exercée par une grande puissance, leur assistance serait indirecte, et non plus directe. Les américains n’enverraient plus de force faire la guerre. L’URSS s’appuyait sur Cuba, les EU tentèrent de s’appuyer sur des puissances régionales afin de contrer les menaces communistes locales, à savoir les gendarmes régionaux : - l’Afrique du Sud, en Afrique Australe - l’Iran, au Moyen-Orient, face à l’Irak baasiste - le Brésil en Amérique du Sud - l’Indonésie en Asie du Sud-est, face au Nord-Vietnam - le Japon en Asie du Nord-Est Sauf l’Afrique du Sud (régime d’Apartheid) et le Japon, tous ces pays avaient des gouvernements issus de coup d’état, plus ou moins fomentés par les services américains. - le Shah, coup d’état de 1963 - Général Branco, au Brésil, coup d’état de 1964 - Général Suharto, en Indonésie, coup d’état de 1965 Les « gendarmes régionaux « n’empêchèrent pas : - l’Afrique australe-portugaise de basculer du côté de l’URSS - le Nord-Vietnam de l’emporter en Indochine en 1975 - l’Iran, avec un régime qui
a fait barrage à l’Irak, et à la Syrie, en les empêchant d’intervenir en Jordanie en 1970, de participer, comme l’Arabie Saoudite, autre alignée des EU, aux chocs pétroliers de 1973 (solidaires aux autres pays pétroliers). Le régime iranien s’est effondré en 1978. 4/ L’Amérique face aux nationalismes du Sud La politique américaine au Sud se heurta au nationalisme dans les pays du Tiers-monde, alors même que pendant ce temps, l’URSS et le MCI réussissaient à radicaliser ce nationalisme. 3 facteurs : * un facteur interne, américain ( la ségrégation raciale, dans les 1950’s, des Etats du Sud des EU d’Amérique, qui produisait un effet désastreux sur les opinions publiques afro-soviétiques. Effet aggravé par l’ambigüité des EU vis-à-vis de l’Afrique du Sud : - d’un côté les américains proclamaient le principe que la majorité devait exercer le pouvoir - de l’autre, réticence à toute sanction contre l’Afrique du Sud, et crainte de la déstabilisation. * un facteur international, à l’ONU, l’arrivée des nouveaux Etats issus de la décolonisation substitua l’anti-communisme à l’anti-impérialisme, comme idéologie dominante. * l’Amérique remplaçant les Etats ouest-européens, comme puissance occidentale hégémonique, elle devenait la cible des nationalismes de libération afro-asiatique. a/ Les difficultés des EU au Moyen-Orient Combinaison politique étrangère, politique intérieure. Au Moyen-Orient ( problème ( le soutien des EU à Israël (d’ordre culturel). Ce soutien mettait l’Amérique en conflit avec le nationalisme arabe laïc (au sens séculier), il engendrait 3 inconvénients : - il plaçait les pays
arabes modérés proches des EU en contradiction avec leur opinion publique ; - il heurtait les intérêts économiques, pétroliers, des pays ouest-européens, et du Japon - ce soutien permettait à l’URSS de développer une influence politique même en-dehors de tout mouvement communiste local. De fait, le fondement de la position soviétique dans le monde arabe n’était pas socio-idéologique, autrement dit il ne reposait pas sur des PC forts. Ce fondement était diplomatico-stratégique, autrement dit il reposait sur l’antagonisme israélo-arabe. Donc, tant que : * les Etats arabes ne seraient pas prêts à conclure la paix avec Israël * les pays arabes radicaux, ou mouvements radicaux, feraient pression sur les pays arabes modérés pour empêcher la conclusion de la paix ; * Israël n’aurait pas l’intention de restituer les territoires occupés depuis 1967 : ( le principal facteur (antagonisme israélo-arabe) d’instabilité régionale perdurerait, et par conséquent, perdurerait la solidarité de l’URSS avec les pays arabes radicaux. L’Amérique a donc remplacé l’Angleterre, et son soutien à Israël (pour des raisons métaphysiques, culturelles, religieuses) avantage l’URSS. b/ L’Amérique Latine L’objectif de Washington était d’empêcher tout nouveau succès communiste après celui de Castro (Cuba). Castro s’était d’abord placé sous le drapeau de la Libération Nationale, tout comme auparavant Arbenz (Jacobo), au Guatemala, et plus tard comme Ortega au Nicaragua en 1979. Mais le problème, dès les 1945-47’s, le gouvernement des EU se méfiait fondamentalement de ce type d’alliances entre nationalisme de libération et le communisme. Les
méthodes utilisées contre Arbenz au Guatemala en 1954 ne l’avaient pas été contre Castro en 1961. Elles le furent, en revanche, contre Goulart au Brésil en 1964, puis contre Allende au Chili en 1973. Le cas chilien a été très important, arrivée d’Allende en 1970, pour la raison suivante : - pour les partisans, les tenants, au sein du MCI de la stratégie légaliste, de la prise de pouvoir par la voie légale, électorale, car pour la première fois dans le 20ème siècle, selon André Fontaine : « Allende = un marxiste léniniste « accédait au pouvoir par des élections libres. Mais la révolution légale a été stoppée par un coup d’état militaire (du Général Pinochet, soutenu par les EU ?), un putsch, suivi par une stabilisation politique autoritaire et d’un développement économique libéral dans le cas de la doctrine de la sécurité nationale. (1800 morts, entre 3 et 4.000 détenus). On a retrouvé, en Uruguay et en Argentine, à partir de 1970’s, la subversion des démocraties locales, socialement très inégalitaires, par des mouvements révolutionnaires puissants, puis l’intervention de l’armée et la dictature de junte militaire. 5/ Les doctrines Carter et Reagan = des Droits de l’Homme aux combattants de la liberté (1977-1981) Juste cause pour mobiliser leurs forces = posture qui n’est pas seulement réactive ( c’est le but. Il fallait donc élargir la défense de la propriété étrangère, en promotion des libertés individuelles. Les EU trouvèrent cette juste cause avec Carter, dans la doctrine des Droits de l’Homme, puis avec Reagan dans la doctrine des combattants de la liberté. Carter = moraliste (un peu idiot
politiquement) Il critiquait essentiellement les régimes sud-africains et iraniens (le Shah), censés être ses alliés. Reagan = idéaliste Il se concentra sur les régimes pro-soviétiques. Les EU soutiendraient donc financièrement, logistiquement, les guérillas en lutte contre les régimes communistes locaux au Nicaragua, les contras, en Angola, l’Unita, au Mozambique, le Reninbau en Ethiopie, l’Erythrée, et l’Afghanistan avec les moudjahidin. Avec ce soutien logistique, la guerre irrégulière ne serait plus le monopole du marxisme-léniniste. Cependant, il était significatif que ce programme de subversion fût réalisé par l’administration Reagan, à l’insu du Congrès. Précisément, le financement de l’aide militaire à la plupart des combattants de la liberté, fut assuré clandestinement, illégalement, par le produit des ventes d’armes à l’Iran, via Israël, dont l’argent était donc injecté auprès des contras… (puis ce fut dévoilé, et Irangate). L’intervention soviétique en Afghanistan, en 1979, a permis de renverser la situation dans le Tiers-monde, et à l’ONU, où l’intervention soviétique a été massivement condamnée à l’Assemblée Générale. En Asie et en Afrique, seule la religion et la force de la religion pouvaient s’opposer efficacement aux pouvoirs, au gouvernement de type marxiste, de type léniniste, progressiste… car une grande partie de la population avait conservé une mentalité traditionnelle. C’est pourquoi les EU ont choisi de soutenir très précisément l’islamisme, avec ce paradoxe qu’une telle alliance stratégique ouvrait une divergence idéologique beaucoup plus grande qu’avec les modernités au pouvoir. Par
conséquent, lorsque le nationalisme de libération a pris une couleur religieuse, il a cessé de s’aligner avec le communisme. CHAPITRE 4 : LA 2ème DETENTE NON-INTERROMPUE ET L’EXPANSION ULTRA-MARINE DE L’URSS = 1963 à 1979 Elle s’est confondue avec la dilution, l’affaiblissement du conflit Est/Ouest au sens ou l’antagonisme entre les 2 super-puissances apparut moins visible. 4 raisons : - multipolarisation du monde capitaliste avec 2 phénomènes : * le déclin relatif économique de la GB et des EU (crise de la £, du $) * la montée économique de la France, de la RFA et du Japon - émergence de la RPC et de l’Inde - émergence économique des pays exportateurs de pétrole, notamment ceux du Golfe Persique, qui bénéficièrent, après 1973, d’un énorme transfert financier - la crise des alliances Atlantiques et sino-soviétiques - le dialogue stratégique américano-soviétique et les accords de limitation des armements 18/03 A/ Le changement dans la perception occidentale de l’URSS * En Europe Dans les 1964-1976’s, l’image de l’ennemi a été modifiée, le climat est favorable à la critique de l’Occident. On a cru de plus en plus :- à la convergence des sociétés industrielles capitalistes et socialistes - à l’autonomie des Etats européens du bloc soviétique - à la transformation de l’URSS en un Etat normal, tant au point de vue intérieur qu’extérieur. L’URSS n’était plus dénoncée comme un Etat totalitaire, comme un Etat révolutionnaire. Ce changement de perception a rendu possible 3 choses : - en France, jusque 1968, la politique gaullienne de détente/ entente
et coopération avec l’Est. Slogan de de Gaulle, en 64-68 = « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural «, formule pan-européenne (utopique à ce moment, preuve en est ( le printemps de Prague). - En Allemagne, Ostpolitik du gouvernement Brandt, relayant la politique française à l’Est, après les crises de 1968 en France et en Tchécoslovaquie avec le coup de Prague et l’intervention de l’OPDV - en Europe, le processus de la CSCE, d’Helsinki (cf FDV) * du côté américain (1969-76) Fin 1960-1970’s, les administrations Nixon-Kissinger, puis Ford-Kissinger, se trouvèrent principalement occupées par 3 affaires : - le retrait du Vietnam, de 1969-70 - le conflit israélo-arabe, de 1970-73 - la crise angolaise, de 1974 – 76 Ces administrations en restèrent à une politique de containment, visant la modification de la politique étrangère de l’URSS, autrement dit, ces administrations n’espéraient plus de « regime change «, en raison : - de la politique brejnevienne, dite de « stabilité des cadres « en URSS, nomenklatura plus forte que jamais - du « rétablissement de l’ordre « en Tchécoslovaquie, en 1968 (coup de Prague) - du risque de guerre nucléaire C’est pourquoi ces administrations n’accordèrent guère d’importance à la partie « Droits de l’Homme « de la CSCE. De même, elles récusèrent le lien entre l’accroissement des échanges commerciaux et l’augmentation de l’émigration des juifs soviétiques, car ce « linkage « aurait porté ici sur la politique intérieure de l’URSS. L’administration Nixon, puis Ford, se sont orientées vers la construction d’un ordre international stable, axiologiquement neutre, pas nécessairement
démocratique au pouvoir, qui reposerait sur l’équilibre des puissances = Amérique/ Europe/ Japon/ Chine Populaire/ URSS. Kissinger pensait que l’URSS n’était plus une puissance révolutionnaire, qu’il fallait : - exploiter la rivalité entre Pékin et Moscou - encourager les régimes communistes d’Europe et d’Asie, à devenir indépendants de l’URSS - qu’on pouvait échanger, par le linkage, la détente en Europe ou entre les 2 super-puissances, contre la stabilité dans le Tiers-Monde, et notamment : * en Indochine * au Proche-Orient (arrêt de vente d’armes à la Syrie) * ou en Afrique Australe (fin de soutien en Angola, par exemple) Idée = lier tous les problèmes Est/Ouest de manière à ce que la détente ne soit pas limitée au centre mais étendue à la périphérie. Finalement, une coopération générale était donc possible avec une URSS désidéologisée, conservatrice et isolée, par rapport aux autres puissances (Américain, Europe de l’Ouest, Japon, Chine Populaire). Cette vision occidentale des choses dans les 1964-68-76’s de l’URSS était contestable, mais pour 2 raisons, elle négligeait l’identité soviétique et la logique émulatrice sino-soviétique. L’URSS n’était pas un Etat ordinaire, c’était un Parti-Etat au centre d’une idéocratie internationale, à savoir le SCM, Système Communiste Mondial. Par conséquent, la rivalité avec la RPC obligeait l’Union soviétique à maintenir une dynamique révolutionnaire, 3 preuves : - l’implication constante de l’URSS dans le soutien au Nord-Vietnam, à l’Angola et au Proche-Orient. Du point de vue de l’URSS, la coexistence pacifique ne signifiait pas l’entente Est/Ouest, mais
la poursuite de la lutte sans recours en 1er à la force armée contre les Etats capitalistes, dont les pays du Tiers-monde ne faisaient pas partie. C’est dans le cadre de cette détente, qui ne signifiait pas entente, que l’URSS a connu sa plus grande expansion, ultra-marine, et plus seulement eurasienne. B/ Les succès soviétiques et la doctrine Brejnev a/ Les succès soviétiques D’environ 1964 à 1978, l’URSS parut jouer et gagner sur tous les tableaux. * Accès à la parité nucléaire avec les EU (et donc effets sur la pertinence de la dissuasion des EU) - Adhésion du Japon et de la RFA au TNP, les 2 plus grandes puissances économiques montantes désarmées * désengagement américain, doctrine Nixon et le retrait britannique à l’Est de Suez * l’érosion de la coalition occidentale - l’expansion dans le Tiers-Monde * 1970’s, la démonstration de la supériorité de l’alliance soviétique sur l’alliance américaine, avec, d’une part, la victoire de l’Inde sur le Pakistan, et la victoire de la République du Vietnam en Indochine, avec pour conséquences : - la réunification du Vietnam - l’orientation neutraliste de l’ASEAN (de 1971 à 78) - la dissolution de l’OTASE en 1977 - le départ des troupes américaines de Thaïlande * la reconnaissance occidentale des frontières et des régimes en Europe de l’Est à Helsinki * le maintien de la prépondérance soviétique dans le MCI et dans le camp socialiste avec notamment le renouvellement des traités bilatéraux conclus entre l’URSS et les pays d’Europe de l’Ouest (avec la solidarité socialiste). b/ La doctrine Brejnev La différence de traitement réservée en 1968 à
la Tchécoslovaquie de Dubcek et la Roumanie de Ceausescu a confirmé : - les conditions du polycentrisme en Europe de l’Est, - le maintien du rôle dirigeant du PC - le maintien de l’alliance avec l’Union soviétique L’intervention soviétique a été motivée par la doctrine Brejnev, en Tchécoslovaquie en août 1968. Selon cette doctrine, le régime politique, économique et social des Etats socialistes se trouve garanti par la communauté socialiste toute entière, et concrètement par le droit d’intervention de l’URSS dans les affaires intérieures et extérieures des Etats socialistes en cas de remise en cause des acquis socialistes. Brejnev ( « défense des acquis du socialisme dans chaque pays socialiste = cause commune de tous les Etats socialistes «. Du fait de cette doctrine Brejnev, le principe de non-intervention s’effaçait lorsqu’était en cause l’intégrité du camp socialiste, dont l’URSS était la gardienne. DI Général contre Lex Specialis. Cette doctrine, très critiquée par la Chine Populaire, qualifiée à l’Ouest de souveraineté limitée des Etats du bloc soviétique, était appelée double responsabilité des Etats socialistes, responsabilité pour chacun d’eux et vis-à-vis de l’ensemble, puisque tout changement de régime local porterait atteinte à l’intégrité de la communauté socialiste global. C/ L’érosion de la coalition occidentale Dès 1977, nouvelle Constitution de l’URSS, qui a énoncé 3 choses : - le rôle dirigeant du parti dans l’Etat et la société - l’internationalisme socialisme - la coexistence pacifique (entre Etats à régimes sociaux différents) Elle a surtout énoncé la victoire du socialisme
sur le capitalisme. Comment expliquer cette proclamation à Moscou, cette assurance ? 3 raisons : - le sens de l’Histoire, capitalisme( socialisme( communisme - le niveau militaire, la supériorité conventionnelle et nucléaire de l’OPDV sur l’OTAN - le niveau économique = depuis la crise du $ et la crise de l’énergie dans les 1971-73’s, augmentant le coût des matières premières, les dirigeants soviétiques ont pensé que le capitalisme allait s’effondrer, alors même que l’URSS, gros exportateur d’hydrocarbures, bénéficiait d’un afflux de pétro-$. * du côté américain L’administration Nixon avait voulu que le retrait américain du Vietnam ne mette pas en cause la fiabilité de l’engagement diplomatico-militaire américain en Eurasie. Néanmoins, cette fiabilité fut profondément atteinte par tout ce qui se passe aux EU dans les 1970’s, atteinte par la paralysie croissante de la Maison-Blanche, due : - au fameux syndrome vietnamien dans l’opinion - au Watergate - à l’opposition du Congrès - (cf 273 à 301 des Mémoires de Kissinger) procès des communautés des renseignements de 1975-76 - à la critique générale de l’engagement diplomatico-militaire en Eurasie. 1970’s ( fin du consensus de guerre froide. Guerre indo-pakistanaise de 1971 (enjeu, intégrité du Pakistan), qui fut, à cet égard, hautement révélatrice. Les EU ne purent assister leur allié pakistanais, attaqué par l’Inde (qui avait conclu alliance avec l’URSS en 1971), car le Congrès s’y est opposé. En 1975, les EU ne purent intervenir en Angola pour aider le FLNA (Front de Libération Nationale Angolais) et l’UNITA car le Congrès s’y est opposé, alors que
l’URSS de son côté transportait des troupes cubaines, pour consolider le pouvoir du MPNA (Mouvement Populaire Nationaliste Angolais). Au sein du camp impérialiste, la GB et les EU étaient entrés en déclin économique relatif, et au contraire, la RFA et le Japon étaient en ascension. Or, ces 2 pays (Japon-RFA) évidemment n’avaient pas l’arme nucléaire et n’avaient pas de politique de défense capable de relayer les anglo-américains, et pouvaient être attirés par le neutralisme (tendances importantes à gauche), et donc, sortir de la coalition antisoviétique. La coalition occidentale était mise à mal – dans les 1960’s d’abord, par « la politique d’indépendance « de la France gaullienne : _ dans les 1970’s, par l’Ostpolitik du gouvernement Brandt, par la crise chypriote entre la Grèce et la Turquie et par la déstabilisation politique de l’Italie (de 69 à 79 années de plomb, terrorisme et contre-terrorisme). D’autre part, les querelles transatlantiques portaient sur : - le nucléaire, est-ce-que la dissuasion américaine élargie est crédible ? - le partage du fardeau du budget de la défense = « burden-sharing « de la défense - les querelles transatlantiques, $, pétrole, portant sur le statut du $ monnaie mondiale, et la politique à suivre au Proche-Orient. De Gaulle voulait que l’or remplace le $. Les économies ouest-européennes et japonaises étaient beaucoup plus dépendantes du pétrole arabe que l’économie nord-américaine. Elles étaient aussi devenues les concurrentes de l’économie américaine, déterminant par conséquent un rééquilibrage commercial et monétaire. Mais problème = que l’or, dont
les producteurs sont l’Afrique du Sud et l’URSS, vienne à remplacer le $, ou que le $ perde son statut, les conséquences pèseraient sur les EU, avec un problème de financement de sa politique de défense, et donc, un problème de financement de la défense occidentale, et à nouveau la coalition occidentale vacillait. Cette coalition a encore plus vacillé au moment de la guerre du Kippour, fin 1973. En usant de l’arme du pétrole, les pays arabes ont fait éclater la coalition occidentale, à savoir les européens de l’ouest et même les japonais se ralliant aux positions arabes avec les soviétiques, et les américains (avec les Néerlandais) continuant seuls à soutenir Israël. Par conséquent, la crise au Moyen-Orient a mis en évidence le problème fondamental de l’alliance Atlantique, et au-delà, le problème de toute alliance ; - comment des alliés doivent-ils se conduire lorsqu’ils sont en désaccord sur des sujets d’intérêts vitaux ? (pas de « bloc «). S’ouvraient aussi des changements de perspective politique en Europe de l’Ouest, vers 1974, surtout tant que la dépréciation liée aux chocs pétroliers aggravaient les conflits sociaux. * Italie = puissance du PC en Italie, seul parti d’opposition important face à la démocratie chrétienne. Il semblait même probable que le centre droit allait laisser la place au PC (donc possible sorti de l’Otan) * la signature en France, du programme commun de 1972 entre le PS et le PC (PC qui sortait de sa quarantaine depuis 1947). * les crises chypriotes, grecques, portugaises, et espagnoles, de succession, en 1974-76. – la chute de la junte à Athènes ; la révolution des œillets au Portugal… Tout
ceci ouvrait de vastes opportunités à l’eurocommunisme, c’est-à-dire sinon la prise de pouvoir par le Parti Communiste, du moins sa participation à des gouvernements de gauche, hostiles à l’OTAN et favorables à des politiques de 3ème force. Dans les colonies portugaises (Sao Tomé, Guinée Bissau, Cap Vert, Angola) la décolonisation portugaise laissait le pouvoir à des partis se réclamant du marxisme-léninisme, soutenus par Cuba et par l’URSS (Les EUA paralysés ne bougent pas). Donc pourquoi pas au Portugal. E/ L’URSS puissance mondiale, ultra-marine, et pas seulement eurasiatique, et ses 1ères limites La politique transocéanique des EU reposait sur 3 fondements : - leur richesse économique - le statut du $ - leur maitrise des mers Or, le déficit de la balance des paiements commence (à l’époque, tout nouveau), la crise du $, la percée navale soviétique, mettait en cause ce triple fondement. Dans le Tiers-monde (carte), l’expansion soviétique se déploya sur 2 axes, sur la transversale : - Sud de l’Asie, du Moyen-Orient jusqu’à l’Asie du Sud-Est - Ouest de l’océan Indien jusqu’à l’Afrique Australe Autrement dit, la zone de faiblesse du containment, due aux interférences avec la décolonisation et faiblesse aggravée par le désengagement américain depuis la doctrine Nixon et par le retrait britannique à l’Est de Suez. a/ La route des hydrocarbures et des minerais L’URSS s’installait sur la route des hydrocarbures et des minerais tant vers l’Europe que vers l’Asie ou l’Amérique. Golfe Persique (le plus important centre pétrolier du monde) et Afrique du Sud/Afrique Australe (le plus important
centre minéralier du monde) = 2 cibles pour son expansion. Or, ces deux points-clés de l’économie mondiale étaient des points faibles, instables, le 1er (Golfe Persique), en raison de la proximité géographique de l’URSS, des rivalités régionales entre l’Irak, l’Iran, et l’Arabie Saoudite ; du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien, et du nationalisme anti-occidental. L’Afrique du Sud, instable en raison de la contestation interne, régionale et mondiale du régime d’Apartheid, attaqué par des mouvements révolutionnaires soutenus par les Etats de « la ligne de front « (Mozambique…) et soutenus par Cuba et l’URSS. Le principal mouvement révolutionnaire, l’ANC de Mandela (1er allié de l’URSS dans la zone) était noyauté par le PC sud-africain, et était le principal allié de l’URSS en Afrique australe, et avait inscrit dans son programme la construction du socialisme au-delà de la libération nationale. Après le succès de l’OPEP (Organisation Pétrolière des Exportateurs de Pétrole) en 1973, les exportateurs d’autres produits de base étudièrent la possibilité de créer leur propre cartel, de les rattacher à l’OPEP et de soumettre la vente des produits de base à des conditions politiques. A cet égard, les projets rencontraient l’opposition résolue des EU, mais aussi la solidarité complète de l’Union Soviétique. Depuis 1964, le camp socialiste et le MCI avaient contribué, avec le monde arabe, à faire de la cause palestinienne l’une des grandes causes du Mouvement Révolutionnaire International. L’OMP et les mouvements palestiniens en général, étaient résolus à détruire 2 amis des EU, Israël, puis le royaume Hachémite
de Jordanie. Les mouvements palestiniens représentaient un facteur de déstabilisation régionale. Ainsi donc, en Jordanie, puis au Liban, les palestiniens formèrent un Etat dans l’Etat afin de poursuivre la lutte contre Israël et jusqu’en Septembre 1970, date à laquelle, chassés manu militari de Jordanie, ils s’installèrent manu militari au Liban (jusque 1982). Les Républiques Arabes Radicales _ L’URSS avait conclu des traités d’amitié et de coopération, comportant une clause d’assistance militaire avec les républiques arabes radicales, l’Egypte jusque juillet 1972 (expulsion des 20000 conseillers militaires soviétiques par Sadat), et l’Algérie, la Libye, la Syrie, l’Irak, et aussi le sud-Yémen, qui était une démocratie populaire. Les monarchies non-arabes _ Celles de la région, proches des EU, 2 régimes se sont effondrés : - 1974, l’empire du Neyhus en Ethiopie - 1978, le régime du Shah en Iran, qui s’effondre Certes, la révolution iranienne se retournera contre l’URSS, mais dans l’immédiat, cette révolution eut deux conséquences favorables à l’URSS : - la rupture de l’encerclement occidental du Japon à la Norvège - le 2ème choc pétrolier b/ la percée aéro-navale La percée géopolitique de l’URSS s’associait à une percée géostratégique ( l’édification d’une puissante marine et d’une puissante aviation. Certes, la prépondérance sur mer continuait d’appartenir aux EU et à l’Occident, néanmoins, l’Union soviétique devenait capable de menacer les approvisionnements ouest-européens et japonais, en matières premières, ou plus simplement capable de menacer les communications transatlantiques et transpacifiques
sur lesquelles reposaient la coalition mondiale anti-soviétique au plan commercial et militaire. ( contribution militaire soviétique à la crise pétrolière. Percée aéro-navale = - les ponts aériens et navals vers la Syrie en 1973 (Iran opposé, pas la Turquie). - le pont aérien et naval vers l’Angola en 1975, et l’Ethiopie, en 1977 Ils démontrèrent les capacités stratégiques mondiales de l’URSS. La grande puissance eurasiatique était devenue non seulement une grande puissance balistico-nucléaire, et aéro-spatiale, mais encore, une grande puissance océanique et aérienne, capable de déployer des forces dans le monde entier, aux risques, évidemment, de froisser, des nationalismes locaux. c/ Les 1ères limites internationales à la puissance soviétique _ la fin du règlement pacifique des différends entre Etats socialistes Une limite importante = le rapprochement sino-américain, de 1971 à 1972 (Nixon à Pékin) avait-il porté un coup à l’URSS ? Non, ça n’a pas été le cas. Mais ce rapprochement concernait 2 pays intérieurement affaiblis et divisés : * l’un, la Chine, par la lutte de la succession de Mao, de 1971 à 1978 (Mao mort en 1976) * l’autre, les EU, affaiblis par la contestation de Nixon Ce rapprochement sino-américain avait permis la reconnaissance diplomatique du communisme chinois conformément au polycentrisme. Surtout, ce rapprochement n’avait pas abouti à une coopération stratégique entre Pékin et Washington. Cela a mis un terme aux ambitions du PC chinois dans le MCI. En 1978 sont survenus les 1ers graves évènements pour l’URSS, plus idéologiques que géopolitiques : - le conflit
armé entre l’Ethiopie et la Somalie - le tournant de la Chine populaire vers une diplomatie prioritairement anti-soviétique et anti-vietnamienne, en 1979. - le conflit armé entre le Vietnam et le Cambodge, puis la Chine Populaire. Ont en commun ces 3 évènements = la fin du principe du règlement pacifique des différends entre Etats socialistes. L’URSS n’était pas parvenue à imposer son arbitrage à ces pays socialistes, mais par son appui, l’URSS a permis à l’Ethiopie et au Vietnam de l’emporter sur leurs adversaires, dans la Corne de l’Afrique et en Indochine. - 1979-90 = le dénouement du conflit Est/Ouest. PARTIE V = RETROSPECTIVES SUR LE COMMUNISME CHINOIS ET SUR LE CONFLIT CONTRE L’URSS C’est à l’URSS que le PC Chinois doit sa naissance, sa prise de pouvoir (cf FDV), son acquisition de la bombe atomique. Staline n’a pas fait qu’édifier un empire en Europe Centrale, mais a aussi aidé le PC chinois à conquérir la Chine après la défaite du Japon, 1945-47 (cf FDV). 1920’s – 1949 ( naissance du PC chinois, guerre civile chinoise… (cf FDV). CHAPITRE 7 = LA FONDATION DE LA RPC ET L’ALLIANCE AVEC L’URSS Le 1er octobre 1949 = Mao proclame la 2nde Révolution chinoise (la 1ère avait eu lieu en 1912), et l’avènement de la République Populaire de Chine. ( une nouvelle Constitution a été promulguée, imitant celle de l’URSS, et un nouvel Etat fut institué, répudiant l’ancien Etat (la République de Chine) et les engagements internationaux conclus par cet ancien Etat. (donc, gros problèmes de succession d’Etat). Le transfert de pouvoir se fit ainsi : - la justice et la presse furent rapidement
mises au pas - la plupart des fonctionnaires furent maintenus à leur poste sous l’autorité du PC chinois. On a retrouvé le système du double-pouvoir, c'est-à-dire la direction politique au Parti Unique, l’exécution administrative à la fonction publique, d’abord soumise par des révocations au sommet, et plus tard (15-20 ans après) remplacée par de nouveaux cadres issus de la scolarisation socialiste (dans la fonction publique). Au plan économique, ne furent nationalisés que les transports, le commerce extérieur, le crédit et l’industrie lourde mandchoue. Tout le reste, l’agriculture, l’artisanat, le commerce, continuèrent d’appartenir au secteur privé, jusqu’en 1954-58. Entre temps, on entreprit de démanteler les derniers foyers du Kumintang (KMT) de Tchang-Kai-Tchek – parallèlement à la réforme agraire, redistribution simple des terres, et parallèlement au contrôle centralisé de la circulation de la main d’œuvre, et enfin parallèlement à la constitution d’un système de camp de travail (le Laogaï). La Chine s’est coupée du monde, à l’exception du bloc soviétique et des quelques autres pays qui la reconnaissaient (Israël, GB, pays scandinaves). La République Populaire a demandé, mais n’a pas obtenu, le siège de la Chine (c’était Taïpeh) à l’ONU. - Union Postale Universelle = UPU ( la Chine Populaire s’en est fait exclure en 1951 - la plupart des étrangers furent expulsés et expropriés sans indemnisation - on a fermé la plupart des ambassades et consulats occidentaux. Mao (N°1), en tant que communiste chinois, jamais autocrate, aura toujours une position qui entrainera des perturbations internationales, et
avait des ambitions internationales. Mais d’un autre côté, il continuait à être l’obligé de Staline, et attendait beaucoup de lui, que l’URSS aide la Chine Populaire à devenir une puissance industrielle et militaire. C’est pourquoi Mao a dénoncé le titisme, et a entrepris de couper entièrement la Chine de l’Occident. Conséquences : - cela accroitrait la dépendance de la RPC envers l’URSS - cette fermeture était nécessaire à la consolidation du régime chinois - Mao ne chercha donc pas à être reconnu par les puissances occidentales, pour 2 raisons : - tenir le pays, bien le contrôler - montrer que la RPC appartenait totalement et exclusivement au camp socialiste. Par conséquent, la GB, mis à part les pays scandinaves et Israël, fut le seul pays occidental qui a établi des relations diplomatiques avec Pékin, et avec lequel Pékin a accepté d’établir des relations diplomatiques (6/01/1950). La raison en était de part et d’autre le cas de Hong-Kong (et Macao), que les britanniques voulaient garder, et que Mao choisit de respecter, pour 2 raisons : - Hong-Kong représentait la principale source de devises internationales dont disposait la RPC grâce aux ventes d’eau et de nourriture payées en £ ; - les britanniques se trouvaient en contradiction avec les américains, ce qui empêchait ad initio toute coalition occidentale anti-chinoise. D’autre part, l’URSS et la Chine Populaire cherchaient à délimiter leur zone d’influence respective, avec le projet d’un Kominform asiatique qui serait le pendant du Kominform européen. Mi-décembre 1949= Mao s’est rendu à Moscou, pour « rendre hommage « à Staline, à l’occasion de son
70ème anniversaire (tous les chefs communistes y sont, sauf Tito). La Chine Populaire n’adhéra pas au KM (= Kominform, créé de 1947 à 1956, « Bureau d’information des PC «, dont le but est de contrôler étroitement l’évolution idéologique et politique des Etats ou PC participants), ni, plus tard, à l’OPDV. Elle a donc fait partie du camp socialiste, mais pas du bloc soviétique. Dépendance, mais pas satellisation. 3 série d’accords furent signés le 14/02/1950 : - un traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle - des conventions économiques prévoyant la création de sociétés mixtes sino-soviétiques - une aide militaire secrète * Un traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle - conclu pour une durée de 30 ans, l’URSS et la Chine Populaire concluaient une alliance défensive contre le Japon, ou contre tout Etat qui s’allierait avec le Japon dans un but d’agression. - l’URSS et la RPC s’engageaient à ne conclure aucune alliance qui serait dirigée contre l’autre partie. - Elles s’engageaient aussi : - à se consulter sur tout problème international - à œuvrer pour la conclusion d’un traité de paix avec le Japon. Parallèlement, dans un protocole annexe, l’URSS dénonçait le traité de septembre 1945 et par conséquent l’URSS remettrait Port Arthur, Baïhren, et remettrait le transmandchourien (chemin de fer) à la RPC. L’URSS accorderait un prêt à la RPC remboursable à partir de 1954, par des livraisons de matières premières (étain…). De son côté, la RPC reconnaissait l’indépendance de la Mongolie extérieure. Il n’y avait pas d’autre clause territoriale/frontalière. * Les conventions économiques 27/03/1950
= 3 compagnies mixtes sont créées, - 2 au Sinqiang (à l’Ouest), pour les exportations des hydrocarbures et métaux non ferreux. - 1 pour l’exploitation des lignes aériennes entre Pékin et les principales villes de Sibérie. * l’aide militaire secrète Elle serait payée par des livraisons de denrées alimentaires. Au plan international, Staline a refusé la création d’un Kominform asiatique, mais en échange, il revenait à Mao de diriger la lutte contre l’impérialisme en Asie du Nord-est et en Asie du Sud-est. En Asie du Sud-est, la Chine Populaire a soutenu les guérillas révolutionnaires en Birmanie, en Malaisie, au Vietnam et aux Philippines. A la différence des communistes malaisiens et philippins finalement vaincus, les communistes vietnamiens, eux, ont bénéficié du sanctuaire chinois (Chine comme base-arrière), aussi bien pendant la lutte contre les français, que lors de celle contre les américains. La Birmanie, redoutant une intervention militaire chinoise, a reconnu aussitôt la RPC et sa politique étrangère est passée assez rapidement du neutralisme au suivisme de la Chine Populaire. En Asie du Nord-est, la Chine Populaire, à peine née, s’engagea dans une guerre régulière, celle de Corée, avec le soutien de l’URSS. (cf FDV). CHAPITRE 8 = GUERRE DE COREE _ 1950-1953 (cf FDV) CHAPITRE 9 : 1954-57 = LA DESTALINISATION EN URSS ET SES EFFETS SUR LES RELATIONS SINO-SOVIETIQUES Mao a décidé de lancer un programme d’industrialisation sous la forme d’un plan quadriennal, accompagné de la collectivisation de l’agriculture, de l’artisanat et du commerce. Il s’agissait donc
à la fois de construire le socialisme et de transformer la RPC en super-puissance selon le modèle stalinien. Ambition de Mao = il aspirait à devenir le leader du MCI et du camp socialiste. Depuis la mort de Staline, Mao était sans doute le plus prestigieux chef communiste. Un évènement significatif = les dirigeants soviétiques se rendirent eux-mêmes à Pékin, le 1er/10/1954, pour célébrer le 5ème anniversaire de la fondation de la RPC. 8 accords ont été conclus : - une déclaration commune sur les relations mutuelles entre les 2 Etats similaires aux 5 principes sino-indiens (cf FDV) - une déclaration sur le Japon - un accord complet sur la rétrocession effective de Port-Arthur, transmandchourien et Baïhren - 2 accords sur les liaisons ferroviaires sino-soviétiques à travers le Sinqiang et la Mongolie extérieure - 2 accords sur l’ouverture de crédits soviétiques et la réalisation de grands projets industriels en RPC - (le plus important) un accord de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire. Avec cette déclaration commune, et la fin des concessions soviétiques en Mandchourie, on peut le dire, la RPC et l’URSS étaient sur un pied d’égalité juridique. Mais cela ne suffisait pas à Mao, il fallait que la RPC devienne un vrai Etat socialiste, avec une société socialiste, si elle voulait acquérir le leadership au sein du SCM. Le paradoxe, c’était que la Chine Populaire abandonnait la « NEP « (sans investissements étrangers) au moment même où l’URSS s’orientait vers la ligne Khrouchtchévienne ( une ligne qui maintient la propriété collective de l’économie, mais qui souhaitait privilégier dans le plan
l’agriculture et les biens de consommation. Pour s’industrialiser, la Chine Populaire avait besoin d’acheter des équipements à l’URSS, ces achats seraient financés par la vente de denrées à l’URSS, d’où la nécessité de minimiser la consommation intérieure (par le rationnement), afin de maximiser l’exportation. Cela n’était possible que dans une économie collectivisée et planifiée dans laquelle l’Etat serait propriétaire des moyens de production, y compris la terre et ses produits, et où l’Etat serait donc aussi maître de la répartition des biens. Par conséquent, avec ce système, le bloc soviétique y a trouvé son auto-suffisance, l’URSS et les pays d’Europe de l’Est se sont procuré des denrées en échange d’équipements, denrées qu’ils ne pouvaient acheter sur le marché mondial, faute de devises. D’autre part, le rationnement de la paysannerie chinoise s’expliquait aussi par les énormes dons en nature que le gouvernement chinois distribuait pour étayer sa diplomatie dans le camp socialiste, et plus tard dans le MNA (Mouvement des Non-Alignés). Aide au développement, limite raisonnable, environ 0,7% du budget des dépenses publiques. Chine Populaire, dans les 1970’s ( 7% du budget des dépenses publiques pour l’aide au développement. Début 1956 = Mao s’est heurté à une résistance du Politburo, emmené par Liu Shaoshi (Président), et Chou Hen laï (sorte de Premier Ministre). Cette opposition s’expliquait par la déstalinisation en URSS. Le 24/02/1956, au 20ème Congrès du PCUS, Khrouchtchev avait dénoncé à huis-clos les crimes de Staline, la terreur à l’encontre des partis, et le coût humain de l’industrialisation à
marche forcée. Les collègues de Mao, forts de cet exemple, commencèrent à critiquer le stalinisme dans les échelons supérieurs du PC Chinois, et donc Mao est visé. Par conséquent, la déstalinisation entreprise par Khrouchtchev avait pour effet de déstabiliser l’hégémonie de Mao dans le PC Chinois. A partir de ce moment, Mao a du compter avec « une ligne khrouchtchévienne «, désireuse de : - réduire la coercition - privilégier la paysannerie et les biens de consommation plutôt que l’industrialisation forcée - promouvoir la détente au plan international. 01/03/12 C’est ainsi que l’histoire du PC chinois a été marquée par le long conflit entre « staliniens « et « khrouchtchéviens « (( qui se tourneront plus tard vers la NEP, et dès 1979, seront anti-soviétiques). Mao, en 1956, ne pouvait pas encore se permettre de s’opposer ouvertement à Khrouchtchev, pour 2 raisons : - la RPC dépendait de l’URSS - il était inconcevable que la Chine Populaire se tourne vers les EU. Quid ? Khrouchtchev allait-il s’en prendre au chef stalinien du camp socialiste ? - en 1956, Khrouchtchev venait de provoquer la chute de Rakozy (chef du PC hongrois), stalinien convaincu - certains éléments du PC nord-coréen ont tenté d’évincer Kim-il-Sung - au Nord-Vietnam, la ligue pro-chinoise Truong Chinh avait été battue par la ligne soviétique Hô-Chi-Minh. Donc, Mao serait-il destitué par ses collègues du PC chinois, alors que le Congrès du PC Chinois devait se tenir en novembre 1956 ? Novembre 1956, en Europe de l’Est, la déstalinisation a déstabilisé très vite les régimes communistes, et Mao y a trouvé l’opportunité
de maintenir son hégémonie dans le PC chinois, de remettre en cause la déstalinisation, et de se hisser au rang de rival de Khrouchtchev. En Pologne, les contestataires voulaient obtenir plus d’indépendance à l’égard de Moscou, et Mao ne voulait pas d’intervention soviétique. En Hongrie, en revanche, les contestataires voulaient renverser le régime, et Mao approuva l’intervention soviétique. Mao a compris que sans la présence militaire, ou menace d’une intervention militaire, il serait impossible de maintenir les régimes communistes en Europe de l’Est. Par conséquent, la solution qu’il proposerait, pour consolider ces régimes et les affranchir de la tutelle soviétique, était qu’ils devaient se d’ôter d’un appareil préventif et répressif efficace, leur permettant de se passer de l’armée soviétique, il offrait donc 2 choses : - un modèle de coercition (celui de la RPC) - des denrées gratuites et à bas prix (arme alimentaire) essentiellement transportés par les chemins de fer soviétique il est vrai Mao promouvait également l’égalité entre Etats soviétiques. Grâce à la rivalité sino-soviétique, les pays d’Europe de l’est sont parvenus à faire entendre leur voix nationale. La RPC n’arriva cependant pas à supplanter l’URSS, pour des raisons géographiques, mais aussi, selon Mao, en raison de la faiblesse économique de la RPC par rapport à l’URSS. En même temps, avait éclaté la crise de Suez 56, et dans l’immédiat, Nasser préféra se tourner vers l’URSS, plutôt que vers la RPC, car l’URSS seule était en mesure de fournir des armements lourds, la RPC ne fabriquant que des armes légères. L’échec en Europe de l’Est, et
celui immédiat en Egypte, redoublèrent la volonté de Mao d’industrialiser la Chine. Or, pour cela, Mao avait besoin de l’URSS, et les évènements à Moscou donnèrent l’occasion à Mao de se réconcilier à Khrouchtchev ( en juin 1957, Khrouchtchev essuya une tentative de destitution par les staliniens du Politburo, qu’il déjoua, mais il voulut obtenir les soutiens explicites des PC des autres pays, dont celui de Mao. Mao a accepté cette proclamation de soutien car cette demande correspondait précisément à sa conception des rapports au sein du camp socialiste (se retrouve à égalité), en échange de la fourniture de technologies nucléaires payées par des denrées alimentaires. Mao/Tito, tous deux condamnait l’hégémonisme soviétique, le chauvinisme de grandes puissances. Pour Tito, le polycentrisme signifiait que la politique étrangère de la RSFY puisse être menée indépendamment de la politique URSS. Pour Mao, le polycentrisme signifiait que la politique étrangère de la RPC devait être menée en concertation avec l’URSS pour codiriger le camp socialiste. On va arriver à l’apparence provisoire d’une codirection mais l’URSS restera toujours plus forte que la RPC car RPC non industrialisé. Finalement, les retrouvailles entre Mao et Khrouchtchev furent célébrées à l’occasion de 2 conférences successives à Moscou : - la conférence des 12 PC au pouvoir, du 14 au 16/11/1957 - la conférence des 64 PC du Monde, du 16 au 19/11/1957 La délégation chinoise dirigée par Mao fut la seule à participer aux côtés de la délégation soviétique, à la rédaction de la déclaration finale, le 20/11, qui confirmait à la fois : - la direction par l’URSS
du camp socialiste - le polycentrisme, le PC chinois et le PC soviétique se trouvaient sur un pied d’égalité. - les 5 principes indo sino soviétique. CHAPITRE 10 = DE LA COOPERATION NUCLEAIRE A LA RIVALITE REVOLUTIONNAIRE SINO-SOVIETIQUE (1954-1964) Depuis 1953 = Mao Tse Toung réclamait l’aide soviétique pour acquérir la bombe atomique. A/ Les crises du détroit de Formose Mao a déclenché la 1ère crise du détroit de Formose, octobre 1954- avril 1955, au moment de la création de l’OTASE et au moment de la création de Bandung. Au contraire de Khrouchtchev qui s’orientait vers la coexistence pacifique, Mao trouvait intérêt à relancer la guerre froide après la fin des conflits armées en Corée et en Indochine, ne serait-ce que pour justifier le programme d’industrialisation lourde, et à cet égard, pour alimenter les tensions internationales en Asie, Mao avait 5 instruments : - Mao avait installé près de la frontière du Laos un gouvernement dît de « la Thaïlande libre « - l’absence de traité de paix avec le Japon, qui n’avait pas reconnu la RPC ; - la contestation du tracé des frontières chinoises, héritées des fameux traités inégaux du 19ème siècle - la présence de parti communiste et de communauté chinoise en Asie du Sud-Est - la question de Formose A cela s’ajoutait 3 facteurs régionaux d’instabilité : - la tension inter-coréenne - l’expansionnisme nord-vietnamien - l’expansionnisme javanais 1954-55 = Mao ne visait pas à s’emparer de l’île de Formose, protégée par la 7ème flotte américaine, mais voulait pousser les EU au bord de l’escalade nucléaire, de sorte que l’URSS protègerait
la RPC en cas de crise avec les EU. Le 1er Octobre 54, Khroutchev annonce que l’URSS protégerait la RPC en cas d’attaque des EUA. Malgré tout, il finit par accepter d’aider les chinois à construire un réacteur nucléaire. Peu après le départ des dirigeants soviétiques, Mao déclenche la crise, et ordonne que la marine chinoise se tienne prête à s’emparer des îles côtières, Quemoy et Matsu. Eisenhower réagit, veut protéger Taiwan, et signe un traité de défense mutuelle avec Taïpeh le 2/12/1954. Ce traité ne couvrait pas les îles côtières, car le gouvernement américain refusait de soutenir Tchang-Kaï-Tchek dans une éventuelle opération contre le continent. Au début, par conséquent, le gouvernement des EU était plutôt enclin à abandonner Quemoy et Matsu, mais les a ensuite considérées comme liées à la défense de Formose. Par conséquent, après des manœuvres navales de la RPC, les dirigeants américains déclarèrent en mars 1955 qu’ils pourraient avoir recours aux armes nucléaires en certaines circonstances. Conséquence = cette menace n’était pas dissuasive, c’était au contraire ce que cherchait Mao pour inciter Moscou à leur transmettre de quoi fabriquer la bombe atomique. Par conséquent, Khrouchtchev souhaitait maintenir « la solidarité socialiste «, sans être entrainé dans un conflit nucléaire avec les EU. Par conséquent, en avril 1955, il accepta que les scientifiques chinois soient formés en URSS. En décembre 1955, Khrouchtchev accepta que des ingénieurs soviétiques participent à la construction d’installations nucléaires en RPC. Septembre 1957 = 2ème crise du détroit de Formose, en raison du déploiement des
missiles nucléaires américains en Corée du Sud et à Formose. Donc = nouvel accord sino-soviétique, conclu le 15/10/1957, qui prévoyait des transferts de technologies nucléaires à la RPC. Août 1958 = 3ème crise, qui ressemble à la 1ère, gesticulation navale encore, mais cette fois suivie d’un bombardement des îles Matsu et Quemoy. Les américains crurent que Formose était menacée, et menacèrent de frapper la Chine continentale. ( Mao avait alerté les soviétiques, pour acquérir des armes balistiques, sous-marines et aérospatiales. Donc, 5ème accord du 4/02/1959 = marque le point culminant de l’assistance technique soviétique. Il était question de fournir à la Chine Populaire des moyens de SLNE (Sous-Marins Nucléaires Lanceurs d’Engin), contre la livraison de tonnes d’aliments (alors que sévit une famine en Chine). 1/04 B/ Les divergences sur la guerre à l’ère nucléaire et la scission du SCM Juin 1959 = Khrouchtchev dénonce tous les accords nucléaires précédemment conclus. Septembre 1959 à juin 1961 = sommet de Vienne, avec Kennedy - Khrouchtchev s’oriente vers l’Arms Control Nuclear, plus ou moins contradictoire avec son implication dans les crises de Berlin et Cuba (dont Mao est content). Khrouchtchev a préféré la non-prolifération avec Washington à la coopération nucléaire avec la Corée du Nord, et avec l’Inde, rompant donc la solidarité socialiste au nom de la peur de l’escalade nucléaire. Rapprochement soviéto-américain ( Mao y voit l’occasion de se poser en champion des révolutionnaires, de tous ceux qui verraient dans la détente une pérennisation du statut quo au profit des puissances conservatrices
dont l’URSS ferait désormais partie. Mao, fort opportunément, a vu l’occasion de devenir le leader du mouvement révolutionnaire mondiale, en se posant en champion des pauvres, en champion de tous ceux qui verraient dans la détente une pérennisation des statuts quo, or l’URSS ne pouvait pas se permettre de perdre son statut révolutionnaire, car il fondait la légitimité de l’Etat soviétique. C’est ainsi que la concurrence de la RPC a empêché l’URSS d’aller trop loin dans la détente. ( aiguillon de l’URSS. La concurrence (pas antagonisme !) sino-soviétique, en 1959, s’accrut considérablement, plusieurs éléments : - aide économique aux pays communistes ou du tiers-monde, qui s’accroit - l’envoi de fonds, ou d’armes s’est accru, au FLN algérien, au gouvernement de Castro, au Nord-Vietnam, au gouvernement de Lumumba au Congo, et au MLN d’Afrique Australe. En 1958, l’intervention américaine au Liban et celle de la GB en Jordanie, avaient fait craindre à l’URSS et à la RPC une intervention anglo-américaine contre les révolutionnaires irakiens. La position des 2 pays : - Khrouchtchev = a saisi l’ONU - Mao = a proposé d’envoyer des volontaires chinois auprès des révolutionnaires irakiens. En octobre 1958 = Mao avait accepté de retirer les troupes chinoises de Corée du Nord, car : - c’était à la demande du gouvernement de Pyong-Yang - c’était pour que les Nations-Unies (concrètement les EU), évacuent leurs propres troupes de Corée du Sud. Avril 1960 _ (90ème anniversaire de Lénine), Mao a publié un manifeste intitulé précisément « Vive le léninisme «, dans lequel on lisait qu’il était inacceptable de prôner
une voie pacifique vers le socialisme, c’était du révisionnisme. En Europe comme dans le Tiers-Monde, les PC ne pourraient accéder au pouvoir qu’en recourant à la lutte armée. A commencé, à partir de là, la compétition sino-soviétique au sein du SCM. Mao a rallié les PC d’Extrême-Orient, qui n’étaient pas au pouvoir, et le PC albanais. Les PC nord-coréens et nord-vietnamiens ne renonçaient pas à la lutte armée, mais s’ils récusaient la coexistence pacifique, ils n’ont pas pour autant rompu avec l’URSS (qui avait les armements lourds). S’amorçait, néanmoins, une coupure entre le communisme européen et asiatique, le 1er mais pas le 2nd semblant reléguer l’axiome de la guerre comme instrument de matrice de la révolution. 2 grandes réunions : - la réunion de la Fédération mondiale des syndicats, à Pékin, du 5 au 9/06/1960, la thèse chinoise a obtenu un grand succès auprès des délégations soviétiques. Khrouchtchev a résolu de riposter, du 24 au 26 juin, à Bucarest, réunion secrète avec 51 représentants de PC. - 6 mois plus tard, du 10 au 25/11 à Moscou, réunion publique avec 81 représentants de PC. Les positions de Mao ont été critiquées, en soulignant que la voie pacifique vers le socialisme était tout à fait possible, et que l’appel à la guerre à l’ère nucléaire était une folie. « il n’est pas de tâche plus urgente que de sauvegarder l’humanité du désastre nucléaire «. Donc, Mao critique la thèse de la coexistence pacifique ; les soviétiques sont pour la coexistence pacifique ( le fond de la divergence sino-soviétique était une divergence stratégique, une divergence sur Clausewitz, sur la rationalité de la
guerre. La guerre, à l’ère nucléaire, continuait-elle d’être un moyen de la politique, une voie pour le socialisme ? Mao acceptait la rationalité d’une guerre nucléaire. Pour les soviétiques, tout devait être mis en œuvre pour l’éviter. Pour nuancer = dispute _ cette phase, de juin à novembre 1960, n’empêcha pas l’URSS et la RPC de coopérer sur la question laotienne, en septembre 1960. (Chinois qui ont laissé les forces aériennes soviétiques traverser le pays, pour aider le PC du Laos). Puis, phase de trêve, jusqu’octobre 1961. Dispute relancée à l’occasion du 22ème Congrès du PCUS, à Moscou, 2ème quinzaine d’octobre 1961, lorsque Khrouchtchev a développé une critique publique du stalinisme. (La délégation chinoise quitte alors la réunion, et dépose une gerbe sur la tombe de Staline). Fin 1961 – début 1962 _ Mao essaye d’empêcher les accords de Genève sur le Laos, en soutenant le Pahtek Lao (PC Laotien) ; Khrouchtchev, lui, acceptait la neutralisation du Laos. 23/06/1962 = 4ème crise de Formose, par Mao, en ordonnant de masser des troupes au Fukien. En face, Kennedy a brandi la menace d’une riposte américaine. 2/07/1962 = Khrouchtchev a déclaré que quiconque oserait attaquer la RPC, se heurterait à une réaction immédiate de l’Union soviétique, et de tout le camp socialiste. On a retrouvé à nouveau la divergence sino-soviétique aggravée lors des 2 crises internationales de l’automne 1962 : crise des fusées à Cuba, guerre sino-indienne (d’octobre 1962). Mao était favorable à la relance de la guerre froide. Par conséquent, il a soutenu Khrouchtchev lors de la crise des fusées. De son côté, Khrouchtchev
à promis à Mao son soutien en cas de guerre sino-indienne, puis il s’est rétracté, une fois la crise des missiles calmée. Il s’est posé comme médiateur entre la Chine Populaire et l’Inde, il a mis en avant les 5 principes, plutôt que la solidarité socialiste. Fin 1962-début 1963 = il s’est orienté vers l’Arms Control balistico-nucléaire, tout en assurant la RPC que l’armement soviétique nucléaire contribuait à la sécurité de la RPC, comme à celle de tous les autres Etats socialistes. Mais pas suffisant, TIPEN signé avec les EU, la GB, Traité sur l’Interdiction Partielle des Essais Nucléaires, le 5/08/1963. Mao attaque alors Khrouchtchev, nommément, pour révisionnisme. Septembre 1963 = Khrouchtchev a demandé aux PC français et portugais de proposer la tenue d’une Conférence Mondiale des PC, pour résoudre enfin le différend sino-soviétique. Mais la Conférence, prévue pour le 15/12/1964 à Moscou, fait elle-même l’objet d’un dissensus, si bien qu’elle n’a jamais pu se réunir. La 1ère bombe atomique chinoise avait explosé le 16/10/1964. A cette date, la rupture était consommée, entre l’URSS et la RPC, la RPC se sentant désormais en sécurité pour la politique étrangère révolutionnaire. La RPC ne cessa pas d’appartenir au camp socialiste (pas soviétique), ni même, jusque 1971 voire 1978, de privilégier l’hostilité envers l’Occident. La concurrence jusqu’à la rupture a mis 5 ans. Malgré le ralliement d’une partie du MCI, la position chinoise demeura minoritaire au sein du camp socialiste, et donc au sein du MCM. Les soviétiques y gardaient l’hégémonie, et les chinois ont alors fait récession du SCM soviéto-centré,
gardant 2 choses cependant = - le fondement commun du marxisme-léninisme (avec une interprétation) - demeurant conscients que la puissance soviétique était un contrepoids indispensable à la puissance américaine. Les chinois s’efforcèrent de rallier des Etats socialistes (ou à orientation socialiste), de créer des partis marxistes, afin que la RPC acquiert la capacité de susciter une allégeance transnationale, afin que le PC chinois devienne le centre d’un nouveau SCM. ( les chinois rencontreront peu de succès. Parallèlement, Mao a ranimé le différend territorial avec l’URSS, en dénonçant les traités inégaux du 19ème siècle (mais déterminé par et subordonné à la concurrence idéologique). But = plutôt relancer les tensions. La RPC a réussi à retracer ses frontières avec : - la Birmanie (octobre 1960) - le Népal (octobre 1961) - la Mongolie extérieure (décembre 1962) - le Pakistan (mars 1963) - l’Afghanistan (novembre 1963) Mais pas avec l’URSS, ni avec l’Inde. CHAPITRE 11 = LE GRAND BOND EN AVANT (1957-62) - Evènements intérieurs au sein de la RPC. Les rivaux de Mao au PC chinois = difficultés en Europe de l’Est qui arrivaient, parce que les dirigeants locaux s’étaient trop concentrés sur l’industrie lourde et avaient négligé le niveau de vie des populations. Mao = « le fond du problème c’est que les dirigeants locaux n’ont pas éliminé tous leurs contre-révolutionnaires «. Donc, position de Mao : - veut reprendre l’initiative de la RPC - n’était pas en mesure de lancer une purge du PC chinois, et par conséquent s’est tourné vers les cadres
moyens du parti, et vers les étudiants, en les invitant, le 27/02/1957, à exprimer leurs critiques à l’égard de la direction du Parti. C’est ce qu’on a appelé les « cent-fleurs «. Il invitait en fait les gens à parler franchement, pour connaître les opposants, pour ensuite pouvoir les neutraliser. ( flot de critiques, qui ne parvint jamais au grand public, pour 2 raisons : - la presse demeurait controlée - l’université des étudiants ( fréquentée que par les enfants de l’élite. La critique est demeurée confinée. Le 6/06 ( Mao a rappelé qu’il était interdit de s’opposer au parti. A ce signal là, l’appareil répressif est entré en action, pour une campagne « anti-droitiste « - 500.000 personnes arrêtées, 10% de tuées environ. Les hauts membres du Politburo, comme Liu Shaoshi (Président de la République), ont du faire leurs auto-critiques devant les secrétaires provinciaux du Parti, cependant que Lin Biao (bras droit militaire), chef d’Etat-Major des Armées, devenait vice-Président du Politburo. Mao, par conséquent, a réaffirmé son hégémonie (mais pas d’autocratie), au sein du PC chinois, et a pu lancer son programme quadriennal d’industrialisation et de collectivisation, assorti de grands travaux publics « le grand bond en avant «, l’équivalent du grand plan quinquennal en 1929-34. Pour la masse de la population paysanne, le « grand bond en avant « s’est identifié par l’augmentation de la réquisition des produits agricoles, et au regroupement des 740.000 coopératives de production agricole, en 23.000 communes populaires. Résultat = fiasco, famine de 1958 à 1961, estimation de 38 millions de morts,
inconnu du monde au moment des faits, car le pays était très fermé. Au sein du Politburo, le Ministre de la Défense, Peng de Huaï, s’opposa à Mao en 1959, mais, par l’intermédiaire de Lin Biao, Mao maitrisait l’armée. Cependant, Peng de Huaï a envisagé un coup de force, et s’est tourné vers l’URSS. Mais c’est durant les 1958-1961’s que les importations soviétiques de denrées chinoises ont les été les plus élevées, en contrepartie de la fourniture d’équipements. Donc Peng de Huaï n’a reçu aucun soutien à Moscou. Mao Tse Toung en a profité pour obtenir, en juin 1959, la destitution de Peng de Huaï, remplacé alors par Lin Biao, et pour lancer une nouvelle campagne d’épuration au sein du parti, et pour briser les résistances aux réquisitions dans la paysannerie. = 10.000.000 de personnes arrêtées, environ 10% de tuées. Fin 1961, la famine a entrainé la montée de l’opposition contre Mao au sein du Politburo, au moment même où Khrouchtchev développait publiquement la critique générale du communisme. Il était prévu que le Congrès du PC Chinois se tiendrait en Novembre 1961, par conséquent Mao risquait d’être mis en minorité et d’être destitué, et il a alors décidé de ne pas convoquer le Congrès, mais de réunir une Conférence plus large, comprenant les cadres supérieurs des ministères, provinces, régions, grandes villes, districts, complexes industriels… Mais cette Conférence ne serait toutefois pas habilitée à voter, à prendre des décisions. Par conséquent, en juillet 1962, 7000 personnes (la Conférence des 7000) sont arrivées à Pékin, pour le plus vaste rassemblement de l’Histoire du PC chinois. Mais le 27/01/1962,
Liu Shaoshi a prononcé un discours différent de celui qu’il était censé lire = par conséquent, devant le vaste auditoire, il a critiqué la politique de Mao, et « le grand bond en avant «, et il a été applaudi. Mais en face, Mao eut le soutien de Lin Biao, si bien que sa politique, au bout du compte, ne fut pas expressément condamnée. On redoutait évidemment qu’une démaoïsation explicite ait pour conséquence une déstabilisation du parti. Cependant, les rivaux de Mao (Chen Yun (son ex-femme), Liu Shaoshi, Shou Hen Leï) réussirent à infléchir la politique économique et sociale dans un sens khrouchtchévien, à savoir : - diminution des dépenses militaires (armement conventionnel) - diminution de l’aide à l’étranger (aux non-alignés…) - priorité à l’agriculture et aux biens de consommation - restitution aux paysans d’un statut de fermier (même si la terre reste la propriété de l’Etat) - droit aux lopins privés On a réhabilité les victimes des épurations de 1957 à 1959, et on assisté à une « semi-démaoïsation implicite «, alors même que Mao restait chef du Parti. On aboutit au partage du pouvoir suivant : La ligne khroutchévienne avait la haute main sur la politique intérieure, la ligne Maoïste sur la politique extérieure 1962 = lien entre interne/externe. C’est dans ce contexte interne, périlleux pour Mao qu’il s’est tourné majoritairement vers l’extérieur, et a relancé les crises internationales dans sa politique des affaires étrangères, pour réaffirmer son autorité, et faire réadmettre la priorité au complexe militaro-industriel. (Position instable du chef qui nourrit l’instabilité
internationale). CHAPITRE 12 = LA REVOLUTION CULTURELLE, 1963-69’s Dès 1963, Mao a voulu reprendre le pouvoir à l’intérieur, et pour cela, il devait à la fois relancer la communisation, mais cette fois : - par le biais de l’action culturelle - en jouant de l’accusation de révisionnisme ou de collusion avec l’URSS En 1964, après la destitution de Khrouchtchev (2 jours avant le premier essai nucléaire chinois), Mao a espéré que les nouveaux dirigeants soviétiques rétabliraient la coopération technologique avec la RPC. - espoir du retour à la coopération technologique, militaire… Pour marquer cette réconciliation espérée sino-soviétique, Mao a demandé que le PCUS désavoue la coexistence pacifique avec l’Ouest. (Qu’il s’aligne sur les positions de Mao). ( Alignement inacceptable pour la nouvelle direction soviétique, et au contraire même Lors de la visite de Shou En-Laï à Moscou, les dirigeants soviétiques lui ont demandé s’il n’y avait pas la possibilité que le PC chinois destitue Mao Tse Toung. Mao soupçonnait l’existence d’un complot entre la « ligne khrouchtchévienne « au sein du PC chinois et la nouvelle direction. Il ne noua donc aucun lien avec la nouvelle direction soviétique, ce qui aboutit à une quasi-suspension des relations diplomatiques entre la RPC et l’URSS. Même si, il est vrai, que les échanges économiques continuaient, même si de manière moins soutenue, d’où, par conséquent, la tentative en URSS de réforme de l’agriculture soviétique, « réforme Liebermann « en deuxième moitié des années 60 (Mini crise du ravitaillement). -Mars 1966 = le Kremlin invita des délégués
du PC chinois à assister au Congrès du PCUS (dont Liu Shaoshi, qui a sympathisé avec Brejnev). - Depuis janvier 1966 = nouveau traité bilatéral entre Mongolie extérieure et l’URSS, resserrant leur alliance militaire, et des unités soviétiques stationnaient ainsi à 500 km de Pékin. -Le maire de Pékin, Peng-Chen, était lui-même un ami et proche de Liu Shaoshi. - début 1966 = les ambitions internationales de Mao avaient toutes échouées, ex : - Lors de la guerre indo-pakistanaise, d’août/ septembre 1965, Mao n’a pas eu le temps d’intervenir contre l’Inde, au côté du Pakistan, car celui-ci a accepté l’appel au cessez-le-feu de l’ONU et la médiation soviétique. (En 65, c’est Taipei qui siège au CS, pas la Chine populaire) - Septembre 1965 = Indonésie, guerre entre Indonésie et Malaisie, tentative de prise de pouvoir par le PC indonésien, 3 millions 5 de membres, qui a échoué. (PC indonésien très proche du PC Chinois). Suivi par un coup d’état militaire (du général Suharto), par la liquidation du PC indonésien (500.000 tués), chute de Soe Karno, et arrivée de Suharto. Il fallait donc que Mao reprenne le pouvoir à l’intérieur (subissant des échecs à l’extérieur) tout en relançant la communisation en Chine. Quels outils possibles ? - l’armée Grâce à Lin Biao ( soutien de l’armée, mais il ne pouvait pas l’utiliser pour opérer la purge, car l’armée ne devait pas se mêler des conflits au sommet du pouvoir, pour qu’elle ne devienne pas la tutrice du pouvoir. - la police politique Dirigée par Kang Sheng, autre allié de Mao, c’était le 2nd instrument possible, mais ça n’a pas fonctionné, insuffisant. Là encore,
la police politique ne suffirait pas au bouleversement culturel que Mao désirait. Ainsi, en mai 1966, pour lancer la Révolution culturelle, Mao crée un organisme spécial (le futur organe directeur de la RPC pendant 3 ans, jusque 1969 : le « groupe restreint de la Révolution Culturelle «, supervisé par Mao, et 4 autres : - l’épouse de Mao, Jiang Qing, quatrième épouse - Lin Biao, - Kang Sheng - et Shu Hen leï. Comme il ne maitrisait pas l’appareil du Parti, qu’il voulait purger, il a choisi de déchaîner les masses, et d’avoir une nouvelle vague de révolutionnaires. Appel en juin 1966 = aux lycéens et étudiants, bientôt constitués en « gardes rouges «, et lancés contre les autorités (donc la politique interne, tenue par la ligne Khrouchtchévienne). La jeunesse mobilisée fut envoyée depuis Pékin et les grandes villes, aux 4 coins du pays, afin d’attaquer les révisionnistes ( donc la ligne khrouchtchévienne, dénoncée comme étant les tenants de la voie capitaliste. La Jeunesse a été incitée à attaquer la culture traditionnelle, la religion, les autorités, tous ceux qui n’étaient pas ouvriers ou paysans. Destruction d’une immense partie de l’héritage culturel chinois. Une fraction du pouvoir a déchainé l’anarchie (pas d’intervention de la police, ni de l’armée), pour battre la fraction rivale et récupérer la totalité du pouvoir. 100 millions de chinois touchés par les violences, 10% tués, et 50 millions « rééduqués «. En décembre 1966, Mao demanda aux gardes rouges, érigés en police auxiliaire, d’arrêter les cadres du parti, et demanda à la police politique d’enquêter sur chaque arrêté. Ainsi, Liu ShaoShi,
Peng-Chen, Teng Hsiao Ping (Secrétaire Général du Parti) et Peng De haï (Ministre de la Défense) ont été arrêtés, et tués par la suite. Pour remplacer les cadres révoqués, Mao a fait appel, pour l’essentiel, aux officiers de l’Armée. En 1968, Mao l’emporte, et les programmes d’industrialisation et d’armements redeviennent prioritaires dans le plan. Conséquence = la « Grande Révolution Culturelle prolétarienne « a parachevé la militarisation populaire. L’armée resterait-elle fidèle à Mao ? Désormais, Mao dépend de l’Armée. Donc, il lui est impossible de purger le parti. Il n’a plus la possibilité de s’aliéner ceux qui constitueraient la principale base de son pouvoir. Il lui est nécessaire de s’appuyer sur son n°2, Lin Biao. Mais il a ensuite limité sa dépendance, en transformant une partie des gardes rouges en milices armées. Les gardes rouges, en proie à l’anarchie, poussèrent finalement Mao, sous la pression de la hiérarchie militaire officielle, à dissoudre les organisations culturelles d’étudiants et de lycéens, les milices armées formés sur la base des gardes rouges. 15 millions de jeunes furent envoyés dans les campagnes, travailler la terre. 9 avril 1969 = 9ème Congrès du PC Chinois, le comité central du PC comptait 80% de nouveaux membres, dont la moitié d’entre eux appartenait à l’armée APL. Août 1968 = les dirigeants chinois dénoncent âprement l’intervention de l’OPDV en Tchécoslovaquie ( « agression fasciste « (pour Nixon = « erreur de parcours «). 1969 = incidents armés, provoqués par la Chine Populaire, qui se sont multipliés sur les 12000 km de frontières entre l’URSS et la Chine Populaire,
notamment le long du fleuve Oussouri. La guerre, cependant, n’a pas éclaté entre l’Union Soviétique et la Chine = concurrents, pas antagonistes (qui avaient comme alliés communs la Corée du Nord, et le Nord-Vietnam). En effet, Mao n’avait pas les moyens militaires d’aller trop loin avec l’URSS. En septembre 1969, Mao accepta de recevoir un dirigeant soviétique, le n°2 Kossiginh, pour entamer notamment des négociations frontalières. Objectif = pas de modifier les limites territoriales, mais de faire admettre par l’URSS le caractère « inégal « des anciens traités frontaliers, et de les remplacer par un nouveau traité inter-étatique. On a alors pu croire à la préservation in extremis du principe de règlement pacifique des différends entre Etats socialistes. Par conséquent, les relations diplomatiques ont été renouées (alors qu’elles étaient quasiment suspendues depuis novembre 1964, elles sont renouées en mai 1970). Calmer le jeu pour ne pas aller trop loin dans la militarisation. CHAPITRE 13 : LA RUPTURE LIN BIAO – MAO, rapprochement sino-américain Pendant la Révolution culturelle, une fraction de la ligne khrouchtchévienne, réfugiée en URSS, avait envisagé d’établir un coup d’état contre Mao. Le projet existait, même s’il n’a pas eu de suite. ( doctrine Brejnev, selon laquelle l’URSS décidait des interventions indispensables ou non à la cohésion du camp socialiste = elle faisait peser une menace sur Mao-Tse Toung. Or, précisément, l’idée d’un putsch contre Mao a rebondi, lorsque Lin Biao est entré en désaccord avec Mao en août 1970. Lin Biao, n°1 de l’armée, réclamait la présidence de la République
chinoise, fonction que Mao, chef du parti (qui préside l’Etat) voulait abolir. Mao ne pouvait pas se permettre de heurter de front Lin Biao (la moitié des cadres de l’appareil du parti étant composée d’officiers). Lin Biao aurait envisagé un coup de force contre Mao Tse Toung, et aurait chargé son fils de le préparer. Mais la fille de Lin Biao aurait livré les plans à Zhu Enlai, et aurait contraint son père à s’enfuir en URSS. Lin Biao, quittant Pékin pour l’URSS, l’avion s’est « écrasé « en Mongolie extérieure, le 13/09/1970. Par conséquent, le comité central du PC chinois a dénoncé l’existence d’un complot entre le N°1 de l’APL (Armée Populaire de Libération) et la Direction Soviétique. Pour ne plus trop dépendre de l’armée, Mao a du réhabiliter progressivement une grande partie de l’ancien encadrement civil khrouchtchévien. Par conséquent, l’emprise du régime se relâcha peu à peu, et la rupture avec Lin Biao obligeait à une démilitarisation du PC chinois, avec toutes les conséquences : - politique = la victoire, au moins, partielle, de la ligne khrouchtchévienne - économique = la priorité à l’agriculture, et aux biens de consommation, plutôt qu’au complexe militaro-industriel - diplomatico-stratégique = la « double-détente «, avec l’URSS et avec les EU. En pleine Révolution culturelle, le programme balistico-militaire chinois avait progressé. -Octobre 1964 = 1ère explosion atomique chinoise - octobre 1966 = la RPC avait testé son 1er missile balistique (avec une portée de 800km) - juin 1967 = la RPC avait testé sa 1ère bombe H Ses progrès contrastaient avec le déclin de ses capacités conventionnelles
de l’APL (armée chinoise), dû à la rupture des fournitures soviétiques. Mao avait réaffirmé la volonté que la RPC soit le centre de la Révolution mondiale. En effet dans la tradition de cette volonté, parallèlement à la livraison d’armes, la RPC avait ouvert des camps militaires secrets pour tous les apprentis-guérilléros du monde. Conséquence = la RPC était brouillée avec la quasi-totalité des 48 Etats qui entretenaient, malgré tout, des relations diplomatiques avec elle. Une succession d’échecs ont aussi dirigé Mao vers les EU. Aucun parti maoïste n’avait percé dans le monde, excepté en 1980 (Mao est mort en 1976), avec la création du « sentier lumineux « au Pérou et la Zanu de Mougabé en Rhodésie. Un seul succès en Asie du Sud-Est, la formation, à Pékin, d’un gouvernement de coalition neutraliste-communiste cambodgien, en mars 1970, par Sihanouk. Victoire, en 1975, des Khmers Rouges, au Cambodge = « succès « maoïste, les Khmers rouges ont toutefois été chassés par l’invasion vietnamienne, fin 1978. - génocide cambodgien, qui a mis fin à l’aura du maoïsme (parti maoïste au pouvoir qui fait un génocide) Le Nord-Vietnam, de son côté, s’était rangé du côté de l’URSS, mais alors pourquoi Mao soutenait-il le Nord-Vietnam ? ( Simple, idéologique, mais pas géopolitique, Mao se voulait le champion des peuples révolutionnaire et ne pouvait se permettre de ne jouer aucun rôle dans le principal conflit de l’Europe. La Corée du Nord et même la Birmanie, ménageaient à la fois Moscou et Pékin. Tout ceci était une impasse, la RPC s’était enfermée dans une double logique révolutionnaire « anti-impérialiste « et « antirévisionniste «,
qui l’obligeait donc à rivaliser avec le « révisionnisme soviétique «, par un anti-impérialisme toujours plus militant. Finalement, Mao ne pouvait que constater : - l’isolement international de la RPC ; - le sous-développement de la RPC faute d’aide soviétique ou occidentale - l’échec de la RPC à remplacer l’URSS dans le SCM. Mao a rebondi une dernière fois, en septembre 1970, il a eu l’idée d’inviter, à Pékin, le Président des EU. (alors même que la RPC continuait à soutenir le Nord-Vietnam jusque 1974). Donc, le champion de l’anti-communisme rencontrerait le champion de l’anti-impérialisme. Objectif de Mao : - ça n’était pas de s’allier avec les EU, mais de revenir en force sur la scène internationale, et aussi en imposer à la ligne khrouchtchévienne - Mao craignait aussi que la détente Est/Ouest soviéto-américaine ne permette à l’URSS de concentrer ses forces du côté de la RPC, pour une éventuelle intervention - il entendait obtenir la reconnaissance diplomatique de la RPC, tout en poursuivant l’appel à la Révolution mondiale, de manière, par conséquent, à poursuivre la compétition avec l’URSS sur un pied d’égalité en droit international, avec l’obtention du siège permanent au Conseil de Sécurité (en 1971). En face, du côté américain, réponse favorable, et Nixon et Kissinger voulaient : - dépasser les divergences idéologiques - jouer la division URSS/ RPC - mettre fin à la guerre du Vietnam, en privant Hanoï du soutien soviétique et chinois. Mais au final, les résultats ont été très modestes. Du côté chinois, les dirigeants ne pouvaient qu’observer le contraste entre
les EU, qui réduisaient leurs forces en Asie-Pacifique (désengagement du Sud-Vietnam, doctrine Nixon = réduction) et l’URSS, qui accroit ses propres forces. Mao a opté pour le rapprochement avec Washington. Résultats concrets : En 1971-72, les résultats de ce rapprochement, il fut convenu que : * les EU : - reconnaitraient à terme la RPC à la place de la RDC (Taiwan) - refuseraient l’idée de l’existence de 2 Chines, ou bien d’une Chine et d’un Taïwan - livreraient des renseignements sur les mouvements de troupes soviétiques en Extrême Orient * les 2 Etats : - normaliseraient leurs relations sur la base des 5 principes (qui ne font pas référence aux élections libres, démocratie, ni droits de l’Homme…) - refuseraient toute hégémonie en Asie (surtout de l’URSS) * les forces américaines : - se retireraient du Sud-Vietnam (Mao continue de soutenir le Nord Vietnam), mais aussi de Formose (= Taïwan), « lorsque la tension diminuera dans la région «. Après les EU, d’autres pays ont entrepris de normaliser leurs rapports avec la Chine Populaire (la France, depuis 1964). Le communisme chinois a donc été reconnu comme l’avait été autrefois le communisme russe, pas mauvais pour l’Urss. Ceci dit, le rapprochement sino-américain n’a pas été très performant. Les EUA n’ouvrirent des relations diplomatiques avec la RPC qu’en 1979. Même l’admission de la RPC aux Nations-Unies, à la place de la République de Chine, n’a pas été déterminée par le tournant américain. En 1971, les EU étaient favorables à une double représentation de la Chine à l’ONU (l’Urss avait par exemple 3 sièges, URSS, Ukraine, Bielorussie): -
la RPC au Conseil de Sécurité - la RDC (= République De Chine) à l’Assemblée Générale Mais du côté chinois, on ne voulait qu’une seule Chine. C’est l’Albanie qui a proposé d’admettre la RPC, et d’exclure la RDC, proposition adoptée. Le rapprochement sino-américain se heurtait à 2 séries d’obstacles qui limitaient très sensiblement ce rapprochement: - Les 2 pays étaient en proie à une grave crise intérieure : * montée des luttes intestines autour de la succession de Mao * Watergate Donc, de 1972 à 1978 ( graves crises politiques intérieures. - Les 2 pays continuaient et continueront à s’opposer à propos de Taïwan que la RPC considérait comme partie intégrante du territoire national mais que les EU s’étaient engagés à défendre, même s’ils avaient reconnu l’existence d’une seule Chine. Les pays font par exemple des traités avec Taiwan et non des accords. Puis communique commun Nixon/ Mao, du 28/02/1972 = les 2 puissances déclarent : - qu’elles renonçaient à l’emploi de la force pour régler leurs différends - quelles ne participeraient à aucune alliance dirigée contre l’autre - qu’elles s’opposeraient à toute hégémonie exercée par une tierce puissance - qu’elles appuyaient le cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan (en guerre depuis 1971) Mais, divergence = la RPC avait réaffirmé son soutien à: - la révolution en Indochine - la réunification de la Corée - la neutralisation du Japon. Cependant que les EU avaient, eux, réaffirmé leur soutien à : - la République du Vietnam (Sud-Vietnam) - la République de Corée (Corée du Sud) - l’alliance avec le Japon. Le différend
sur Taïwan avait également été mentionné. La conséquence de ce rapprochement, même incertain, fait que la Parti communiste Chinois perdit son image révolutionnaire dans le SCM en général, et en particulier au sein du communisme asiatique. L’Albanie en est même venue à rompre avec Pékin. Ensuite, les EU et la RPC avaient un ami commun = le Pakistan, or, à l’été 1971, le gouvernement chinois déclara aux EU qu’il était prêt à aider le Pakistan contre l’Inde. Mais le gouvernement américain, barré par le Congrès, fut incapable d’aider le Pakistan, et l’Inde a remporté la victoire. Pour Mao, à côté de l’ONU, l’intérêt supérieur des relations avec les EU était d’obtenir des transferts de technologies militaires, or, ces transferts furent rendus impossibles : - par l’opposition du Congrès américain - par les turbulences liées par la succession de Mao, qui reviennent au sommet du Parti-Etat. 1973, le rapprochement sino-américain s’est donc arrêté, et n’a repris qu’à partir de 1978 avec le passage à la NEP (à Pékin) et à une diplomatie prioritaire anti-soviétique. (traité sino-soviétique de 1950, dénoncé le 8/09/1978). La principale conséquence du rapprochement sino-américain, de 1972, fut la normalisation amorcée sino-japonaise. Le traité de paix entre les 2 pays, nippo-chinois, ne fut signé qu’en 1978. fdv CHAPITRE 14 : VERS LA DEMAOISATION SILENCIEUSE – 1973-78 Dès 1973 commence la lutte pour la succession de Mao qui vieillit, est malade. Comme toujours, l’opposition à ligne maoïste, incarnée par « la bande des 4 «, « pinyin «, se forma autour de Jiang Qing (ex-femme de Mao), contre Hua Guofeng,
et Deng Xiao Ping limogé début 1966, mais réintégré fin 1972 (avec d’autres anciens cadres civils). Mao meurt le 9/09/1976, la ligne maoïste l’a emportée avec Hua Guofeng. Celle-ci, au pouvoir pendant 2 ans, a soutenu le camp putschéa démocratique (au Cambodge des Khmers Rouges) face au Vietnam et au Laos devenus clairement pro-soviétiques. Dès mars 1974, la RPC avait voulu limiter la domination nord-vietnamienne en Indochine : - d’une part en soutenant la faction radicale des Khmers rouges - d’autre part en soulevant le différend sur la délimitation de la frontière maritime sino-vietnamienne dans le Golfe du Tonkin. Mais le Vietnam, soutenu par l’URSS, a envahi le Cambodge fin 1978, et a chassé les Khmers rouges, établissant ainsi son hégémonie sur toute l’Indochine. Par conséquent, début 1978, la ligne maoïste a du s’effacer à Pékin, au profit de la ligne Deng Xiaoping, passant du khrouchtchévien à la NEP (Nouvelle Politique Economique), sans modifier l’idéologie politique. La lutte des classes à l’extérieur a été remplacée par la fin de la paupérisation à l’intérieur. Une fois au pouvoir, Deng Xiaoping s’est employé à démaoïser la Chine, qui fut implicite en Chine Populaire. Averti des remous causés par la déstalinisation en URSS après 1956, Deng Xiaoping a veillé à ce que Mao ne fasse jamais l’objet d’attaques ad nominem. A l’extérieur, la RPC a renoncé à la ligne révolutionnaire anti-impérialiste, et antirévisionniste. Passant de la théorie des 3 Mondes, à la coalition antisoviétique, la Chine Populaire se rapprocha effectivement des EU, du Japon et de l’Europe : - d’une part, pour réussir son développement,
la NEP, par la semi ouverture économique du monde capitaliste, notamment ouverture aux IDE (victoire du capitalisme américain, eu détriment de la classe ouvrière américaine) - d’autre part, parce que la RPC s’estimait menacée et encerclée par l’URSS et ses alliés (Mongolie, Inde, Vietnam). Autrement dit, la RPC dénonçait à la fois l’hégémonisme soviétique en Asie, et l’hégémonisme vietnamien en Indochine. C’est pourquoi, pour des raisons géopolitiques, la RPC a continué à soutenir les Khmers Rouges au Cambodge et lança une offensive militaire sur la frontière du Vietnam en Fév. 79. Sur la question de Taïwan, le modus vivendi (accord tacite) sino-américain fut : 16/12/1978, * que les EU admettaient que Taïwan faisait partie intégrante de la RPC * que la RPC - refusait d’exclure le recours à la force (pour eux, affaire intérieure ne regardant pas l’ONU) - acceptait que le traité de sécurité entre Washington et Taipeh ne soit pas abrogé. PARTIE 6 = LE DENOUEMENT DU CONFLIT EST/ OUEST, LA VICTOIRE FROIDE DE L’OUEST SUR L’EST (1979-1990) Sentiment que l’Occident était en proie à une double-déstabilisation, intérieure et extérieure. Mais un point conjoncturel = le jeu et le gain soviétique, sur tous les tableaux, n’étaient possibles que tant que les EU seraient paralysés par : - le syndrome vietnamien - le watergate - l’opposition du Congrès à la Présidence A partir de 1979 s’opère le retournement, qui verra le déclin de l’URSS puis sa disparition pure et simple. CHAPITRE 1 = LES REVERS SOVIETIQUES _ 1979-1984 Encore d’ultimes succès, au Nicaragua, en Rhodésie, en 1979. Mais
les revers s’accumulent, menaçant par conséquent : - la progression du socialisme - voire, l’irréversibilité des conquêtes du socialisme 1979 ( - guerres civiles dans de nombreux pays à orientation socialiste, ce qui augmente le coût économique de la solidarité socialiste - l’Afghanistan, intervention soviétique défensive, pour soutenir un régime socialiste menacé par un soulèvement populaire : * retournement de l’Assemblée Générale des Nations Unies * retournement du droit des peuples à l’auto-détermination, contre l’URSS - en Iran, élimination du Parti Tudeh - montée de l’islamisme, et affaiblissement du socialisme, dans les Républiques arabes - en Europe : * Pologne, avec l’apparition en 1980, du syndicat Solidarnosc (avec Lech Walesa), appuyé par une église catholique ayant à sa tête un pape polonais ( retournement de la contestation ouvrière contre une démocratie populaire, contrainte d’instaurer l’état de siège, et de cogérer le pays avec l’Eglise * déclin des classes ouvrières, numérique, et des PC dans le monde occidental ( échec de l’euro-communitarisme, avec : - la réussite des transitions grecques, portugaises et espagnoles vers la démocratie libérale - le maintien du PC dans l’opposition en Italie - en France, le ralliement de la gauche socialiste à la 5ème République (en 1980) et au Marché, en 1983. Enfin, tous ces pays (européens) restant dans l’Alliance Atlantique et communautés européennes, ou y adhérant. - 1982, Espagne dans l’OTAN - 1986, Espagne et Portugal dans la CE, Communauté Européenne En Asie, 1970-80’s ( spectaculaire croissance des pays capitalistes
d’Asie, contribuant à saper la confiance envers la voie socialiste. Chine Populaire = victoire de la ligne Deng Xiaoping, qui privilégie la diplomatie NEP et la disponibilité des capitaux étrangers, et vers la diplomatie anti-soviétique. Dans le Tiers-Monde, crise de la dette dans de nombreux pays, surtout dans ceux s’orientant vers des voies semi-socialistes. 1980’s = passage des économies mixtes à « l’ajustement structurel «, c'est-à-dire : - la privatisation des moyens de production - l’ouverture aux investissements étrangers - la libéralisation des échanges Tout ceci prépare le « triomphe de la mondialisation libérale «. L’URSS ( sur-expansion stratégique et surcharge aéronavale de l’URSS, où l’on assiste à un coût excessif de la course aux armements et de politique étrangère. Tout cela mène à la délégitimation internationale croissante de l’URSS. CHAPITRE 2 : LA CRISE SOVIETIQUE DE DELEGITIMATION Dès 1977, avec Carter, l’Amérique a renoué avec les perceptions idéologiques, la prise en compte des idéologies, pour s’engager à la fois dans la lutte contre le communisme, et dans l’affirmation d’un ordre international fondé sur les valeurs occidentales. Notamment Carter, puis Reagan, ont mis en avant les Droits de l’Homme, comme instrument contre l’URSS. Mais Carter critiquait autant, sinon plus, les alliés des EU, l’Afrique du Sud et l’Iran du Shah. Alors que Reagan se concentrait sur les régimes pro-soviétiques. Question des droits de l’Homme qui sera instrumentalisée. L’URSS cessera d’être un modèle. 15/04 L’évolution du DI n’a plus bénéficié à l’URSS, avec le tournant vers les
droits de l’Homme. D’autant plus que les 5 principes (standards sino-soviétiques) ne faisaient plus référence ni aux droits de l’Homme, ni à la démocratie, et semblaient aussi désuets que les articles 53 et 107 des Nations Unies (qui eux, faisaient référence aux « Etats ennemis « de la 2nde guerre mondiale). 5 principes = panch shilas (formule pour les anciens principes bouddhistes, reprise par Nehru, pour englober les 5 principes entre les pays du MNA et l’URSS). L’orientation de la CSCE (Conférence sur la Sécurité et la Coopération) en Europe, par les administrations Carter et Reagan, a été résolument significative. Washington a donc résolu d’exploiter le potentiel subversif de la 3ème Corbeille de la CSCE : - liberté de l’information - droits de l’Homme - liberté religieuse. Fin 1970, l’URSS a cessé d’être un modèle, elle a perdu son attractivité dans le pays même, les courants dissidents s’affirment en URSS et trouvent en Soljenitsyne une figure de proue au cadre international. En Occident, l’hédonisme des mœurs, qui s’alliaient auparavant avec le caractère révolutionnaire du communisme, a fini par entrer en conflit avec son côté autoritaire, et même pénurique. L’épuisement économique du système soviétique devenait patent, or, l’économie était le fondement et l’horizon du socialisme léninisme. Nul ne croit plus que l’URSS incarne « le sens de l’Histoire «, or la philosophie de l’Histoire était l’autre fondement du marxisme léninisme. Nul ne croit plus que le socialisme soviétique puisse être la voie pour le rattrapage de l’Occident, ni même pour le développement des pays pauvres. A l’inverse,
la nouvelle voie chinoise séduisait certains dirigeants radicaux du Tiers-Monde, commençant à considérer qu’ils pourraient ouvrir leur économie, tout en conservant leur monopole politique. Par conséquent, il devenait envisageable que l’hégémonie au sein du SCM passe au PC (Parti Communiste) chinois. En conclusion, l’URSS perdait sa fonction révolutionnaire dans le Système international. Ne lui restait, par conséquent, que la fonction diplomatique d’équilibre des pouvoirs, à savoir éviter : - l’unipolarité américaine, de plus en plus difficile avec les difficultés économiques de l’URSS. CHAPITRE 3 = LA REACTION OCCIDENTALE ET LA POLITIQUE DE REAGAN 1980 = la perception occidentale de l’URSS change, l’URSS est à nouveau dénoncée comme un Etat totalitaire. - le non-alignement ne faisait plus illusion - la détente était considérée comme un jeu de dupes, sorte de grande escroquerie intellectuelle et stratégique, alors qu’elle avait été : - pour l’Occident, un moyen de peu à peu dépasser la guerre froide - pour l’URSS, un moyen de livrer la guerre froide, et de la gagner peu à peu. A partir de ces 3 considérations, il y a eu une triple réaction occidentale, au début des 1980’s : - une réaction économique, avec le néo-libéralisme - une réaction d’ordre diplomatique, avec le resserrement de la coalition mondiale anti-soviétique - une réaction d’ordre stratégique, avec la « nouvelle guerre froide « (politique de Reagan. * réaction d’ordre économique ( réaffirme le libéralisme contre l’Etat providence et écarte l’idée d’une convergence entre les sociétés industrielles, capitalistes et socialistes. En
même temps, cette réaffirmation renouvelait le clivage tranché libéralisme/ communisme. * réaction d’ordre diplomatique Derrière Reagan, et avec Thatcher, Mitterrand, Kohl, et Nakasoné (dirigeant japonais), la coalition mondiale anti-soviétique s’est reconstituée, avec le renfort même de la RPC. La crise de l’énergie, fin 1973, avait permis à l’Occident de se dôter de nouvelles institutions, qui furent surtout utiles dans les 1980’s : - l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) regroupant les grands pays consommateurs. - le G7, regroupant les grandes démocraties capitalistes, soit un « directoire « mondial, qui contrebalançait le Conseil de Sécurité des Nation Unies. * réaction d’ordre stratégique « la nouvelle guerre froide « L’administration Reagan a mis fin à la paralysie politique aux EU (jusque 1986 au moins). Cette administration a entrepris la plus grande réorganisation de la défense américaine depuis 1947 : - renforcement de l’Etat-Major Général - institution de commandement militaire unifié - renouvellement complet de la politique étrangère de guerre froide. Il n’était plus question de dialoguer avec l’URSS, ni même de « l’endiguer «, on faisait retour au NSC du 25/11/1948 (cf 1er semestre), qui avait mis en adéquation des moyens aux buts. But = réduire (et pas juste endiguer) « l’Empire du Mal «, à travers une offensive à tous les niveaux : - idéologie, avec les Droits de l’Homme, le Marché - économique, embargos/ boycotts - technologique _ IDS, Initiative de Défense Stratégique, grande défense anti-missiles, « guerre des Etoiles «. - informatique - militaire, avec la course
aux armements, qui est relancée. – doctrine « air-land battle «, sur tous les théâtres : - dans les airs, bombardiers, nouveaux missiles, intercontinentaux - sur mer - en Europe, déploiement de missiles aéro-terrestres - dans l’OTAN, concept de « défense de l’avant «, contre-attaque en profondeur. - en Asie du Nord-Est, déploiement de missiles aéro-naval, et concept d’escalade horizontale - au Moyen-Orient, renforcement du soutien à Israël et à l’Arabie Saoudite - dans le Tiers-monde, en général, interventions à la grenade des américains, et soutien aux « combattants de la liberté «, guérilléros du Nicaragua, à l’Afghanistan. Autre tournant, la guerre irrégulière n’était donc plus le monopole du communisme. A cet égard, l’administration Reagan a utilisé le radicalisme islamique, et en a bénéficié. Conclusion/ L’Administration Reagan était très critiquée en Europe, et au Japon, par une grande partie de l’opinion, à gauche notamment, qui redoutait la fin de la détente, et le bellicisme américain. Mais cette administration avait malgré tout « la foi «, et surtout un programme cohérent = battre le communisme russe. Elle voulait passer de la modification de la politique étrangère soviétique au « roll-back «, voire au « regime change « au moins dans les pays communistes du Tiers-monde, et d’Europe de l’Est. Grâce au $, monnaie mondiale, l’administration Reagan pouvait accepter un déficit massif de la balance des paiements. Cependant, l’administration savait que la politique de force devait s’accompagner d’un renouveau de la négociation, une fois la suprématie américaine restaurée,
afin d’éviter une guerre. L’objectif de l’administration Reagan était de remporter une victoire froide globale. CHAPITRE 4 = L’ALLIANCE AMERICANO-ISLAMISTE ET LES EFFETS Alliance qui est plus ancienne que les 1980’s, doublant les anciennes alliances américano-sahoudiennes et américano-pakistanaises. Cette alliance a été à la fois paradoxale, mais aussi décisive. Initialement, la Révolution islamique iranienne était dirigée contre l’Amérique, et elle portait atteinte aux positions américaines, en détruisant un gendarme régional (le Shah), et en accroissant la puissance relative d’un allié local de l’URSS = l’Irak Baassiste. Même l’intervention soviétique en Afghanistan, en 1979, paraît être un succès comparé au fiasco de l’opération hélico-portée, visant à libérer les otages à Téhéran. Mais en 1980, la persistance du soulèvement afghan, l’invasion de l’Iran par l’Irak en septembre 1980 et l’échec irakien en 1981, changeaient la donne. Les EU, à ce moment-là, retrouvaient l’offensive alors que l’URSS était mise sur la défensive. Plus encore, l’URSS devenait désormais l’ennemi n°1 du désormais principal courant révolutionnaire du Tiers-monde ( l’islamisme, après le communisme. A/ Du défi à l’Amérique, au défi à l’URSS Révolution en Iran = 1978-79, dissidence du clergé chiite, avec Khomeiny à sa tête, qui s’est emparé du pouvoir. Le Tudeh, même sans pouvoir, est là. Nonobstant la fondation d’une République islamique, révèle l’apparition d’un autre foyer d’opposition à l’Amérique ( l’islamisme, en plus du communisme. Autrement dit, la Révolution iranienne (= Téhéran) apparaissait comme
un défi aux EU, bien davantage qu’à l’URSS, symbole = ambassade des EU qui était occupée. En effet : - cette Révolution a eu pour conséquence la dissolution immédiate du CENTO (organisation du Traité Central, « OTAN « local) - Khomeiny prenait soin d’éviter tout conflit avec Moscou - l’URSS misait sur la formation d’un front régional anti-impérialiste (URSS/ Irak/ Iran), et au plan interne, sur la formation d’une alliance entre le néo-clergé et le Tudeh. D’autant plus qu’avec l’industrialisation menée par le Shah, s’était constituée une classe ouvrière. Cet espoir a été ruiné par l’impuissance du Kremlin : - à empêcher Saddam Hussein d’attaquer l’Iran - ce qui a contraint l’Iran à la défensive. La Révolution iranienne signifiait que le communisme n’était plus la seule idéologie révolutionnaire, ou en tout cas, la seule capable de contester l’hégémonie américaine. La gauche, marxiste-léniniste, voulait voir, dans l’émergence de l’islamisme, un mouvement « objectivement allié «. Mais le soulèvement afghan et l’intervention soviétique, puis le soutien américain aux Mudjahidin, et plus encore, celui aux partis islamistes contre les partis socialistes, dans beaucoup de pays arabes, tout ceci a renforcé la perspective que l’islamisme était objectivement un allié de l’Occident. Par conséquent, à sa frontière Sud, l’URSS se trouvait donc face à un double défi : le défi américain, et celui islamiste. B/ La Guerre d’Afghanistan Depuis 1921 = l’Afghanistan était allié à Moscou, et depuis 1953, le pays était contrôlé par l’URSS (allié, et même aligné diplomatiquement). C’est en avril 1978 que le PC afghan
a pris le pouvoir, par un coup d’Etat. Par conséquent, de graves troubles ont éclaté, jusqu’à un soulèvement populaire, notamment contre les « mesures modernisatrices « : égalité homme/ femme par exemple. A ce moment, l’administration Carter a décidé que l’Afghanistan pouvait, et même devait, être « transformé « en un Vietnam soviétique. Par conséquent, la directive NSC du 3/07/1979 accorda une aide secrète, à la fois financière et matérielle, à l’opposition islamique afghane, afin d’obliger les soviétiques à intervenir, conformément : - à leur doctrine de l’irréversibilité des conquêtes du socialisme, - au traité d’amitié soviéto-afghan - à l’appel du gouvernement de Kaboul (qui a lancé 18 appels à Moscou). Finalement, les soviétiques ont décidé d’intervenir, le 24/12/1979. En Angola et Ethiopie (en 1975 et 1977), l’URSS, avec Cuba, avait apporté sa contribution militaire extérieure aux Révolutions locales. Cependant, l’URSS n’avait pas envisagé de troupes classiques pour mener des opérations de guerre. En Afghanistan, au contraire, de telles troupes soviétiques ont été envoyées, car le gouvernement de Kaboul ne pouvait gagner seul la guerre civile, compte tenu de l’ampleur de la rébellion. L’URSS commettait donc la même erreur que les EU au Vietnam = croire qu’une puissance étrangère pouvait assurer la survie d’un régime impopulaire. Fin 1979, le gouvernement soviétique pensait à un simple rétablissement de l’ordre, or, il s’avéra rapidement que les forces soviétiques, presque composée intégralement de conscrits, devraient combattre une guérilla. Or, la guérilla afghane disposait d’un sanctuaire
au Pakistan, que l’URSS ne pouvait pas bombarder par voie aérienne, car Washington aurait solennellement rappelé la validité de l’alliance américano-pakistanaise. Le Pakistan avait été affaibli après 1971, il fut renforcé après 1979. Outre le soutien logistique du Pakistan, la guérilla afghane bénéficia également : - du recrutement international de volontaires - de l’aide militaire de la Chine Populaire - de l’aide militaire, surtout, des EU - et un peu de l’aide militaire d’Egypte. Les EU ont annoncé leur non-participation aux JO de Moscou, en 1981. Ils ont créé une force de déploiement rapide au Moyen-Orient, au nom de la menace (ou prétendue menace), que faisait peser l’URSS sur le Golfe Persique. De 1980 à 1984 même, les EU s’intéressèrent plus aux Contras (= contre-révolutionnaires) au Nicaragua, qu’aux Moudjahidin. Puis, l’administration Reagan a fait de l’Afghanistan le centre de politique d’aide aux Moudjahidin : - en resserrant la coalition anti-soviétique avec le Pakistan/ l’Egypte/ l’Arabie Saoudite et la RPC. - en demandant à l’ISI _ services secrets pakistanais, d’organiser des raids afghans en territoire soviétique - en décidant de fournir des « stinger «, missiles sol-air légers, portables à dos d’Homme Cette fourniture de Stinger a été tardive, en raison d’une triple crainte du côté américain : * celle d’une escalade militaire * que les soviétiques copient les missiles après les avoir capturés * que des radicaux musulmans s’emparent de ces missiles, pour les retourner contre l’Occident Reagan (81-89), après Carter (77-81), avait résolu d’enliser l’URSS, non pas la contraindre
à se retirer au plus tôt. Par conséquent, la livraison des armes décisives n’a eu lieu, via l’ISI, qu’à l’automne 1986, c'est-à-dire au moment où éclatait le scandale d’Irangate (livraisons d’armes à l’Iran par la voie d’Israël, sans l’accord du Congrès), qui allait mettre fin à l’aide clandestine aux combattants de la liberté, aux contras. Par voie de conséquence, les Stinger ont fini par remettre en cause la maitrise soviétique du ciel afghan. Tout ceci a obligé Gorbatchev, dès novembre 1986, à envisager le retrait soviétique. En février 1989, le départ de l’armée soviétique d’Afghanistan est devenu le symbole universel de l’échec de la politique soviétique dans le Tiers-monde. En fait, il faut corriger cette vision des choses, ce retrait concrétisait l’afghanisation de la guerre avec soutien arrière de l’URSS, qui ne renonçait donc pas à l’irréversibilité des conquêtes du socialisme. Le régime de Kaboul ne s’effondra qu’après la disparition de l’URSS, en avril 1992. Ce régime avait su : - rallier une partie de la population, grâce aux réformes de Najibullah - mener la contre-guérilla - profiter des dissensions au sein de la rébellion Malgré tout, la guerre d’Afghanistan avait mis fin à la « progression du socialisme «. Cet arrêt, conjugué avec la rupture sino-soviétique, a tendu à ramener l’URSS à une position de puissance eurasiatique, et non plus de puissance mondiale. C’est en Europe que se concentra la politique gorbatchévienne, et c’est là qu’elle a échoué. CHAPITRE 5 = LA CRISE DES EUROS-MISSILES, L’EQUIPE GORBATCHEV ET LA STRATEGIE DE DESARMEMENT _ 1979-83 L’URSS
n’est pas parvenue : - à priver l’OTAN des capacités nucléaires de frapper le territoire soviétique - à découpler militairement l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord Et ceci malgré l’ampleur des manifestations anti-nucléaires et anti-américaines. En 1982, la CDU l’a emportée en RFA (et pas la SPD). Le souhait de la SPD était le remplacement de l’OTAN par un système de sécurité pan-européen avec l’URSS. 1983 = France, Mitterrand a soutenu le gouvernement Kohl, l’OTAN et le déploiement des euro-missiles, tout en maintenant l’Alliance Atlantique et les Communautés Européennes. Il avait pourtant été élu avec un programme de rupture avec le capitalisme. Le PC et une fraction du PS voulaient sortir des Communautés Européennes. Autrement dit, si une certaine gauche l’avait emportée (SPD allemand, gauche communiste française), au début des 1980’s, la construction euro-Atlantique aurait volé en éclats. L’URSS aurait atteint son objectif de dissolution de la coalition anti-soviétique. Après l’échec stratégique, il y a eu la paralysie politique. A la même époque que la mort de Brejnev, en 1982, vieux et malade, à l’arrivée de Gorbatchev en 1985, l’URSS a subi une crise de successions au sommet du Parti-Etat. Il y a, enfin, le plus dramatique : l’impasse économique. Les EU ont enfermé l’URSS dans une tenaille fatale : - d’un côté, une course aux armements, que l’URSS était incapable de soutenir, sauf à ruiner son économie civile, entrée en crise structurelle - de l’autre, contrechoc pétrolier, la chute des cours du pétrole et du gaz, dû à l’afflux de brut saoudien, tarissant par conséquent les ressources
en devises de l’URSS, ressources que tiraient l’URSS, à 80%, du pétrole et du gaz avec lesquelles elle payait ses importations. L’URSS, pour continuer ses importations, a commencé à s’endetter auprès de l’Occident, et notamment de la RFA (endettement déjà commencé par beaucoup de pays de l’Europe de l’Est, sous l’effet de la Ost-Politik). 29/04 Pas possible de rationner la population, l’URSS s’est remise à une certaine facilité de marché, donc pas possible de renouer avec la coercition. Par conséquent, l’équipe Gorbatchev a bien compris qu’elle ne pourrait résoudre les problèmes économiques de l’URSS que s’il était mis fin à la course aux armements, qui absorbait 20% du PIB de l’URSS. Le retrait des euro-missiles privait l’OTAN de frapper le territoire soviétique de manière nucléaire, et de favoriser le découplage de l’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord. Gorbatchev a proposé, puis utilisé, la limitation et réduction des armements, nucléaires (FNI) et des armements conventionnels (FCE, Forces Conventionnelles en Europe). A cet égard, une première série de négociations sur les FNI, s’était déroulée vainement à Genève de novembre 1981 à novembre 1983. C’était l’époque où l’URSS traversait une grave crise de successions. Mais du 12 mars 1985 au 8 décembre 1987, la 2ème série de négociations se plaçait dans un tout autre contexte. Cette série se déroula parallèlement à la 1ère phase de la CDE, janvier 1984, septembre 1986, et au sommet de Reykjavik, entre Reagan et Gorbatchev le 11-12 octobre 1986. Dans ce contexte, il était clair que la direction soviétique ressentait évidemment le poids du redressement
américain, notamment la compétition en matière de technologie et d’armements (l’IDS). Sommet de Reykjavik : 11-12 octobre 1986 = amorce d’un bouleversement des conditions de l’équilibre nucléaire. La course aux armements nucléaires a été inversée en une course au désarmement, les 2 dirigeants rivalisant de propositions radicales pour gagner l’opinion publique. Concrètement, les 2 dirigeants ont promis de diminuer de moitié les arsenaux centraux américains et soviétiques, et ont même parlé de l’abolition de l’arme nucléaire. Gorbatchev avait repris le thème de la dénucléarisation, lancé par Reagan lui-même en mars 1983 avec l’IDS. Or, en Europe, la réaction chez Mitterrand, Thatcher… a été l’effroi. Les gouvernements ouest-européens estimaient que les EU seraient incapables de défendre l’Europe de l’Ouest sans l’arme nucléaire, compte tenu de la supériorité conventionnelle de l’OPDV. Autrement dit, la dénucléarisation favoriserait le découplage Europe/ Amérique, en rendant inutile l’OTAN. Entrée en vigueur du traité FNI, en 1988, appelé « Accord double zéro «, signé le 8 décembre 1987, qui a porté sur les missiles sol-sol (terrestres), OTAN/OPDV, de 500 à 1000 km de portée, et les missiles sol/sol de 1000 à 5500km de portée. Après cet accord FNI, la dissuasion nucléaire en Europe ne reposa plus que sur l’arsenal central des EU, les forces aériennes et navales de l’OTAN, les forces terrestres à très courte portée, moins de 500 km, basés en RFA, du côté de l’OTAN. Or, si ces forces terrestres à très courte portée disparaissaient, avec un « possible accord triple zéro «, la conséquence est que les troupes US
se retireraient, conformément au principe « No-nukes, No-troups «. A travers la stratégie de désarmement, l’URSS n’était donc, à nouveau, pas loin, de réaliser son objectif de découpler militairement l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord. CHAPITRE 6 : LA NOUVELLE PENSEE SOVIETIQUE, 1988, nouvelle orientation politique en politique étrangère La politique gorbatchévienne a commencé par la critique de, et la renonciation à, la politique brejnévienne d’expansion en Asie, en Afrique, en Amérique latine. Le PCUS a révisé sa théorie de la Révolution dans le Tiers-Monde. Il apparaissait qu’au lieu de promouvoir des transformations sociales, les parties d’avant-garde (DERG,le PDPA…, en Ethiopie, Afghanistan, Angola…) bloquaient le développement économique, car leur manque d’assises sociales, ou leur manque d’alliés politiques les obligeaient à entrer en lutte (donc guerre civile), contre de larges fractions de la population. Solution proposée = Pour Gorbatchev, d’un côté « il restait dans la nature des choses, qu’un pays du Tiers-monde recherche d’abord son indépendance politique, puis s’efforce d’obtenir le contrôle de ses ressources et de son travail «. Mais le passage au socialisme, dans le cadre de fronts nationaux (on veut des alliés dans le pays), devait s’effectuer après une phase de développement capitaliste façon NEP. Donc solution recommandée façon Deng Xiaoping. (Avec Gorbatchev, on revient toujours à l’Europe). La critique de l’expansion soviétique dans le Tiers-monde n’était qu’une étape dans le retour de l’URSS à l’européocentrisme. L’évolution de la politique soviétique dans le tiers-monde
devait servir les intérêts de la politique soviétique en Europe. L’URSS de Gorbatchev a tenté de relever le défi de l’Occident, sur le terrain des droits de l’Homme, dans le cadre des Suites de la CSCE. Par conséquent, l’URSS privilégiait le décalogue soviéto-occidental (voir chap FDV, CSCE), aux 5 principes indo-sino-soviétiques (les panch shilas). La nouvelle direction soviétique s’engagea dans la réforme à l’intérieur même de l’URSS, la Pérestroïka (= la Réforme), et la Glasnost (= la Transparence), y compris en 1988, la suppression du brouillage des émissions radiophoniques occidentales. Une nouvelle orientation a été donnée à la politique étrangère = « la nouvelle pensée «, 1988. Le 9 mai 1985, Gorbatchev a célébré la grande Alliance de la 2nde guerre mondiale (40ème anniversaire de la capitulation allemande). En 1986, au 27ème Congrès du PCUS, à Moscou, Gorbatchev a souligné que : - la Guerre à l’ère nucléaire ne pouvait plus être un instrument de la politique étrangère - la prévention de la guerre nucléaire était l’intérêt commun des 2 systèmes sociaux - la coexistence pacifique ne pouvait plus être considérée comme une forme spécifique de la lutte des classes. C’était donc la fin de la doctrine de la permanence de l’antagonisme entre capitalisme et socialisme. Fin 1987, Gorbatchev proclama la primauté du droit international de l’ONU et de la CIJ (Cour Internationale de Justice), dans le règlement des différends. Il a insisté pour faire de l’Assemblée Générale des Nations-Unies la tribune mondiale, et pour faire du Conseil de Sécurité, le directoire mondial. (et non plus le G7). En 1988,
le 8 février, à Moscou, Gorbatchev a déclaré que l’URSS était prête à retirer d’ici 1 an ses troupes d’Afghanistan. (le gouvernement Nagibulah a renoué des alliances….) Cette déclaration pouvait être perçue comme la fin de la doctrine de l’irréversibilité des conquêtes du socialisme. En Mars 1988, à Belgrade, Gorbatchev se prononça cette fois-ci pour l’indépendance des PC dans leur politique intérieure, sinon extérieure. Autrement dit, c’était donc la fin, au moins partielle, de « la souveraineté limitée «, en Europe de l’Est, mais tout de même, les PC gardaient leur monopole politique dans les Etats d’Europe de l’Est, et les Etats de l’Europe de l’Est demeuraient alliés de l’URSS. Juillet 1988 = à Varsovie, Gorbatchev déclara que le Parti Ouvrier Unifié polonais, le POUP, ne pourrait pas gouverner sans l’appui de Solidarnosc. Cette fois, c’était la reconnaissance de l’existence légale d’une opposition politique, c’était par conséquent la fin des monopoles politiques des PC. Les PC, malgré tout, demeuraient au pouvoir, qu’ils partageaient quand même. C’est comme si l’idée de la dictature du prolétariat se trouvait abolie. Décembre 1988 = à New York, à l’ONU, Gorbatchev a invoqué « les valeurs humaines universelles «, renonçant implicitement à la primauté de la lutte des classes, en politique internationale, et même en politique intérieure. CONCLUSION Avec la nouvelle pensée (1985 à 1988) l’URSS passait donc de la compétition avec l’Ouest à la coopération avec l’Ouest. Mais coopération = plus d’ennemi ? Pourtant les PC sont des partis de lutte… Le monde soviétique avait besoin d’une détente prolongée, approfondie,
pour se réformer, se moderniser, économiquement et technologiquement. D’autant plus que : - le retard économique et technologique sur l’Occident s’aggravait, que - le PIB du Japon avait dépassé celui de l’URSS depuis 1980, et que - la RPC était en pleine croissance. Gorbatchev a annoncé une réduction unilatérale de 500.000 hommes de l’Armée soviétique, à l’Ouest de l’Oural. Parallèlement, le haut commandement de l’OPDV a adopté une posture militaire strictement défensive. Suivant une stratégie de retrait, 1987-88, l’URSS a négocié, dans le cadre de l’ONU, la fin d’anciens conflits régionaux ou locaux (Afrique Australe, corne de l’Afrique, Cambodge…) afin de transformer son désengagement du Tiers-monde en un rapprochement avec les occidentaux. En avril 1988, Gorbatchev, recevant Yasser Arafat, a invité l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) à reconnaitre Israël. Avec la RPC, on pouvait parler de réconciliation au printemps 1989 en tout cas, l’équipe gorbatchévienne avait satisfait toutes les demandes de l’équipe Deng Xiaoping : - le retrait d’Afghanistan - le retrait vietnamien du Cambodge - la diminution des forces soviétiques, non seulement à l’Est, mais aussi à l’Ouest de l’Oural - évolution de la Mongolie extérieure, d’un Etat satellite vers un Etat tampon entre l’URSS et la RPC - le ralliement à la réforme économique chinoise Avec cette réconciliation, on aurait pu assister à une nouvelle alliance sino-soviétique, à l’ombre de la NEP. En même temps, par sa nouvelle orientation, le PCUS pouvait espérer maintenir son hégémonie, au sein du SCM. CHAPITRE
7 = LA MAISON COMMUNE EUROPEENNE (grande thématique de Gorbatchev) Plutôt que vers la RPC, la nouvelle URSS privilégiait l’orientation vers l’Europe occidentale, donc les gouvernements d’une part, mais aussi certains secteurs de la société civile d’autre part. Il importait donc de nouer, ou resserrer les liens avec les pacifistes, avec les socialistes, qui avaient toujours été très critiques, vis-à-vis de l’Alliance Atlantique, comme vis-à-vis de l’arme nucléaire. L’URSS approfondissait les relations avec l’Occident, dans le cadre des Suites de la CSCE, il relançait également le pan-européisme. Gorbatchev a misé sur : - la gauche ouest-européenne - Des politiques de 3ème force - sur un convergencisme socialo-démocrate avancé Tout ceci qui aboutirait à la création d’un système pan-européen de sécurité et de coopération. Par là-même, l’URSS bénéficierait ainsi de la coopération financière et technologique ouest-européenne, en échange de matières premières soviétiques, tout ceci sans craindre la pression stratégique des EU, que l’on voulait expulser d’Europe. La traduction de tout ceci a été la « maison commune européenne «, projet lancé par Gorbatchev dans un discours très fameux, devant le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, le 6 juillet 1989. Ce projet a été le couronnement de la nouvelle pensée soviétique, et le renouveau du pan-européisme lancé déjà par le plan Molotov (plan d’aide pour la reconstruction des pays en Europe de l’Est, sur fond d’appartenance au communisme socialiste). Projet = envisageait un système continental de sécurité et de coopération avec : - désarmement, - dénucléarisation,
- départ des troupes US et soviétiques, - suppression de l’OTAN et de l’OPDV Autrement dit, avec ce projet, il suffisait donc d’étendre l’influence de l’URSS vers l’Europe Occidentale tout en excluant les EU et en maintenant un contrôle relâché sur l’Europe Orientale. Il n’était donc pas question, le 6 juillet 1989, de succomber à l’aimant occidental, mais il était question de dissoudre la coalition occidentale anti-soviétique pour la remplacer par une communauté russo-européenne. La justification idéologique est que cette substitution se ferait dans le contexte idéologique de la convergence entre communisme réformé à l’Est de l’Europe, et la sociale-démocratie avancée à l’Ouest. Dans ce projet, la RFA, et plus précisément le SPD (Parti Social Démocrate allemand) tenait, pour Gorbatchev, une place essentielle. De fait, le SPD depuis 1982 (date du retour du SPD dans l’opposition), la gauche Ouest-allemande envisageait la suppression des 2 alliances militaires (OTAN/ OPDV) et leur remplacement par un système de sécurité pan-européen, sans les EU, mais avec l’URSS. Ce système de sécurité serait donc la condition de la dénucléarisation de l’Europe, et de la réunification ultérieure de l’Allemagne. Le raisonnement de la gauche ouest-allemande était que la division de l’Allemagne et de l’Europe n’était pas due à l’empire soviétique, mais était due à la présence hégémonique des 2 super-puissances (mythe gaullien de Yalta, avec partage de l’Europe entre les 2 grands). (Prof = pense que ce partage n’existe pas, qu’il n’a pas eu lieu). En France, Mitterrand, réélu en 1988, tenant compte des discours et actes
de Gorbatchev, était tenté d’approuver (au contraire de son attitude en 1983, totalement pro-OTAN) cette convergence SPD/URSS. Même si en même temps il redoutait une réunification allemande. CHAPITRE 8 = LA FIN INATTENDUE DU CONFLIT EST/OUEST Eté 1989 = nul ne pensait, en Europe de l’Ouest en tout cas, qu’en 2 ans : - l’Allemagne serait réunifiée dans les CE et dans l’OTAN, - que le bloc soviétique, la RFSY, l’URSS elle-même, auraient disparu On croyait à une « libéralisation « des régimes communistes, à un développement des contacts inter-allemands, à une 3ème et définitive détente, avec désarmement massif. On pensait : - que l’équipe Gorbatchev tenait le parti-Etat, - que Gorbatchev étant jeune (50 ans) il allait rester longtemps, - que le parti-Etat tenait la société, que l’équipe Gorbatchev était en train de procéder à des changements importants et qu’elle parviendrait ainsi à modifier l’atmostphère soviétique, - et qu’on pouvait espérer/redouter, la fondation d’un nouveau système pan-européen, qui parviendrait à la fois à résoudre le conflit Est/Ouest et à remplacer la communauté Atlantique par l’Europe de l’Oural à l’Atlantique. Or, de l’automne 1989 à l’automne 1991, la guerre froide a été terminée, non par le convergencisme, ni une super-détente, mais par la victoire froide de l’Ouest, et la défaite froide de l’Est. A/ L’enchainement des faits Depuis 1987, l’URSS de Gorbatchev avait avancé dans la réforme politique, avec la Pérestroïka et la Glasnost, alors que les régimes d’Europe de l’Est étaient demeurés immobiles et très réticents. Or,
Gorbatchev voulait voir évoluer ces pays, parallèlement à l’URSS. Mais Gorbatchev ne rencontra de succès qu’en Pologne, et en Hongrie. Les autres gouvernements, en revanche, RDA, Bulgarie, Tchécoslovaquie… refusant de suivre le Kremlin. Par conséquent, Gorbatchev a du s’appuyer sur les groupes d’opposition liés à la 3ème corbeille (droits de l’Homme) du processus de la CSCE (à lire, fait partie de l’exam !!!). La conséquence est que ça n’était pas seulement l’immobilisme des gouvernements qui était secoué, c’était des régimes qui se trouvaient déstabilisés par la collusion du centre avec des éléments (RDA, Tchécoslovaquie, Roumanie, Pologne) de la société civile politique locale qui a ressurgi. Ensuite l’étape décisive dans cet enchainement des faits, le 8 juillet 1989, fut la proclamation par l’OPDV (= initiales à connaitre) du refus du recours à la force, dans le cadre de la non-ingérence au sein du camp socialiste. Ce fut l’abandon de la doctrine Brejnev. L’accomplissement d’août à décembre fut la chute des gouvernements en Europe de l’Est, en Pologne (parti non communiste qui est élu…). On aurait pu croire qu’il ne s’agissait que de changements d’équipe, c'est-à-dire que d’un alignement gorbatchévien des régimes communistes propices à leur réforme, détente… Ou bien, on pouvait croire qu’il ne s’agissait que d’un partage du pouvoir sur la base de négociations entre communistes et opposants. Il s’agissait, en réalité, d’une révolution, d’un changement de régime, pas un simple changement d’équipe. Cette révolution, après l’ouverture de la frontière austro-hongroise, le 2 mai 1989, a commencé en Pologne et
en Hongrie, s’est étendue à la RDA, ouverture des frontières austro-hongroises aux ressortissants est-allemands le 10 septembre, et aux autres pays de l’Est, Tchécoslovaquie, Roumanie… au fur et à mesure que les populations constataient l’absence de réaction coercitive de l’URSS et des régimes locaux. 1990 = tout au long de cette année s’enchainèrent la réunification allemande, le transfert du pouvoir, et la décommunisation (gouvernement de coalition, élection législative…) et la dépolitisation politique puis économique en Europe de l’Est. On passe à la privatisation des moyens de production. En même temps, le « boomerang « de la Révolution est revenu en URSS avec la reconnaissance du pluralisme des partis, et la renonciation du PCUS à son rôle dirigeant. Cependant que les 3 pays baltes proclamaient leur souveraineté. En 1991, ce fut l’année de la dissolution, non pas de la coalition occidentale, mais des institutions internationalistes, de janvier à décembre 1991 disparaissent successivement: - le CAEM, Conseil d’Aide… - l’OPDV - les alliances bilatérales avec l’URSS - la RFSY, République Fédérale socialiste Yougoslave - le PCUS - l’URSS en dernier temps. B/ Les raisons immédiates et les raisons de fonds Seule l’équipe au pouvoir à Washington, « les néo-cons «, imaginaient une victoire de l’Occident et du libéralisme sur toute la ligne, politique, idéologique, économique, sociale, diplomatique, militaire, comme dénouement du conflit E/O. En Europe occidentale, on pensait très majoritairement à 3 autres scénarii : - soit la poursuite indéfinie du conflit E/O, avec, au bout du compte,
la victoire de l’URSS - soit la convergence progressive des 2 systèmes, sous l’effet de réformes libérales à l’Est, et de réformes « socialistes « à l’Ouest - soit le retour à des politiques de 3ème force En Europe orientale, la majorité des dissidents (groupes d’oppositions réapparus à la faveur des suites de la CSCE) voulaient renouveler le socialisme (Dubcek = socialisme à visage humain) et non pas le capitalisme. A cette victoire de l’Occident libéral, il y a 3 raisons conjoncturelles (du moins important au plus important) : - la politique offensive de Reagan, puis Bush père - la renonciation gorbatchévienne à l’emploi de la force en Europe de l’Est, alors que l’Empire reposait sur cette éventualité - la perte de contrôle, par l’équipe Gorbatchev, du processus de réforme en URSS, transformé en critique du régime et suivi par des proclamations de souveraineté des républiques fédérales (et pays baltes, sud-Caucase, mais pas l’Asie centrale). Sans que le Kremlin se résolve à l’emploi de la force. Une raison structurelle interne = l’épuisement économique du système, sur fond de bureaucratisation, de corruption, alors même que renaissait des sociétés civiles politiques. Au bout du compte, l’épuisement économique a fini par se retourner contre le socialisme, en excluant la propriété privée des moyens de production le socialisme s’est privé des ressources de l’initiative privée. Socialisme = bien pour lancer un processus économique, mais ensuite bloque son développement, la stérilise, avec un seul entrepreneur, l’Etat. C/ La politique de Bush, la réunification allemande, et la victoire
occidentale Perception du côté américain : pour l’administration Bush (père) le système soviétique était entré dans sa crise finale à l’automne 1989. La question était de savoir comment faire accepter par le Kremlin les changements estimés inévitables à/par Washington : - la réunification d’une Allemagne libre de ses alliances - la décommunisation de l’Europe de l’Est Tout ceci sans risque de guerre réelle. Par conséquent, pour arriver à ses fins, le gouvernement US s’attacha à renouveler le traité de Washington, qui a fondé l’Alliance Atlantique en 1949 (renouvelé tous les 20 ans), à revigorer l’Alliance Atlantique, et à écarter le thème de la « maison commune européenne «. Occident ou la pan-Europe ? L’issue de cette alternative dépendait du choix du gouvernement de Bonn, du gouvernement CDU de Kohl, à nouveau au centre du jeu. Gorbatchev avait offert à Kohl le dépassement de la division de l’Europe, en juin 1980. Bush offrit à Kohl un soutien, à fond, sur la réunification sans neutralisation. L’administration Bush continuant à négocier en position de force avec l’URSS dont la paralysie économique croissante augmentait la dépendance à l’égard du ravitaillement et des crédits occidentaux, notamment ouest-allemands. Dans cette position de force, l’administration Bush demandait donc : - le retrait des forces soviétiques des pays d’Europe de l’Est - l’auto-détermination des peuples est-européens, donc désatellisation, élection libre (thème proclamé à Yalta et Postdam en 1945) - la démocratisation de l’Union Soviétique Par conséquent, à l’automne 1989, la question de l’Europe orientale était posée
par les dirigeants US en termes plus radicaux que par les dirigeants ouest-européens. Les républicains envisageaient la « libération « des peuples d’Europe de l’est, en revanche, les seconds, qui craignaient le risque de guerre à leurs portes, se contentant de la détente, n’envisageaient qu’une « libéralisation « des régimes, à un état plus souple. L’ultime période se déroula de l’automne 1989 à l’automne 1990 dont l’enjeu était la réunification allemande, avec ou sans neutralisation. Si l’Allemagne quittait l’Alliance Atlantique, 2 conséquences en résulteraient : - L’une certaine, l’OTAN ne s’étendrait pas au PECO, Pays d’Europe Centrale et Orientale, si bien que l’URSS aurait devant elle des pays sans lien militaire avec les EU - L’autre probable, l’OTAN disparaitrait, si bien que l’URSS atteindrait son vieil objectif de neutralisation de l’Europe. Donc à la veille de son effondrement, l’URSS pouvait encore ne pas perdre la guerre froide. Là encore, l’administration Bush a remporté cette épreuve de force, d’une part en profitant de l’affaiblissement intérieur du gouvernement politique du régime, et d’autre part en s’appuyant sur les accords de 1945 (Yalta/ Postdam) et de 1975 (Helsinki/ CSCE), qui maintenaient les liens juridiques avec l’URSS. Ces accords prévoyaient 3 choses : - Le quadripartisme dans le règlement de la question allemande (EU/ France/ GB/ URSS) - La démocratie comme norme politique - La possibilité d’une révision pacifique des frontières (D’Helsinki) Précisément, ces accords de 1945 et 1975 ont trouvé à s’appliquer en 1990, et la réunification allemande s’opéra pacifiquement
par : o des élections libres en RDA, o le traité 2 (RFA/RDA) + 4 o les élections libres dans l’ensemble de l’Allemagne Tout cela rendu possible par la fin du véto soviétique, moyennant de nouveaux crédits ouest-allemands. Septembre 1990, rencontre entre Kohl et Gorbatchev, dans le Caucase, avec prêt d’argent. Par ailleurs, l’ensemble du processus s’effectua en ménageant aux dirigeants communistes une amnistie de fait, autrement dit l’assurance qu’il n’y aurait pas de condamnation officielle des régimes, ni de procès du communisme. Côté URSS En 1990-91 = crise et guerre du Golfe. Août 1990 = invasion du Koweït par l’Irak, crise du Golfe qui pouvait renouveler l’importance diplomatico-stratégique de l’URSS, l’URSS pouvait mettre son veto à des sanctions économiques et militaires contre Bagdad, en mettant son veto à l’ONU, ou en menaçant de réagir fortement en cas d’attaque contre l’Irak, qui était son allié. En réalité, la crise du Golfe a révélé l’impuissance, ou bien le ralliement de Moscou aux positions occidentales, en demandant la restauration manu militari du Koweït, dans l’ONU, et moyennant des crédits de l’Arabie Saoudite, qui a payé le soutien de l’URSS. Conclusion/ L’URSS, au bout du compte, soutenant l’Occident dans l’ONU contre l’Irak (allié), donc économiquement épuisée, idéologiquement déprimée, politiquement battue, était passée de la coopération avec l’Ouest à l’attraction occidentale.
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