Grande Peste
Publié le 07/02/2013
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1 PRÉSENTATION Grande Peste, épidémie qui a ravagé l’Europe à partir de 1348, et a ressurgi à plusieurs reprises jusqu’à la fin du XIVe siècle.
Apparue en Asie centrale, elle atteint le port de Marseille en 1347 et se répand dans presque tout le continent au cours des quatre années suivantes, décimant près d’un tiers de la population selon ses contemporains (Jean Froissart).
2 LES DIFFÉRENTES ÉPIDÉMIES DE PESTE L’Europe a déjà subi deux grandes vagues d’épidémies, dans l’Antiquité et pendant le haut Moyen Âge (peste d’Athènes, entre 430 et 427 av. J.-C., et peste de Constantinople, qui débute en 542 apr. J.-C.). Par la suite, l’Occident médiéval est à plusieurs reprises victime d’épidémies, notamment de lèpre, mais, par sa propagation et sa répétition, la Grande Peste constitue un phénomène d’une ampleur inconnue jusqu’alors.
À la fin du XIVe siècle, après une longue phase de croissance démographique, la population européenne entre dans une phase de stagnation. Comme lors des épidémies précédentes, la sous-alimentation, la disette et la famine fournissent un terrain favorable à la propagation de la maladie ; le surpeuplement et les conditions de vie et d’hygiène (en particulier dans les zones urbaines) ne font qu’aggraver la situation : la peste bubonique (mortelle dans 80 p. 100 des cas, transmise à l’homme par la puce du rat) et la peste pulmonaire (mortelle dans presque tous les cas, contagieuse entre humains) font d’énormes ravages.
3 UNE ÉPIDÉMIE VENUE D’ORIENT Partie d’Asie centrale dans les années 1330, la Grande Peste ou Peste noire se répand bientôt en Chine et en Inde, suivant les voies commerciales. À la fin de 1347, les rats contaminés infectant les cales des navires marchands, la maladie gagne Marseille et, rapidement, Avignon, cité des Papes depuis 1309 et centre du monde chrétien (voir Papauté en Avignon). L’année suivante, la totalité du territoire français, l’Espagne, le sud de l’Angleterre, l’Italie, les Balkans puis, en 1349, le reste de l’Europe (à l’exception de la Bohême, de la Hongrie et de poches importantes en Pologne, dans le Béarn et en Flandre) sont atteints.
Les groupes de population fortement concentrés, les armées, les monastères et les villes sont particulièrement touchés, tandis que certaines cités, comme Milan et Nuremberg, sont miraculeusement épargnées. En outre, la peste éprouve très inégalement les différentes catégories de population. Le prolétariat urbain, déjà affaibli par la misère et la disette, paie un lourd tribut. L’aristocratie et la bourgeoisie, qui sont mieux alimentées et qui disposent de meilleures conditions sanitaires, sont privilégiées face à ce fléau. Elles ont, de surcroît, la possibilité de fuir devant la progression de l’épidémie. Les zones moins densément peuplées, en particulier les campagnes, sont aussi davantage épargnées.
La population de l’époque voit dans l’épidémie une manifestation de la colère divine. En l’absence de remède médical, elle est gagnée par un regain de ferveur chrétienne. Un vaste mouvement d’expiation et de flagellants se développe dans toute l’Europe. Certaines communautés servent de boucs émissaires, comme les juifs. Accusés d’empoisonnement, ils subissent des pogroms, notamment en Espagne et en Allemagne (2 000 exécutions à Strasbourg, en février 1349).
4 ÉPIDÉMIE ENDÉMIQUE Près de 25 millions de personnes auraient péri de la peste, la proportion de décès atteignant près de la moitié de la population dans certains pays, comme la France. À long terme, l’épidémie a sensiblement accéléré le déclin démographique entamé au début du siècle, principalement en raison de sa récurrence (1360, 1369, 1375, etc.) et de son impact dans les catégories les plus jeunes de la population. La maladie reste endémique jusqu’au XVIIIe siècle : la dernière grande manifestation occidentale de la Peste noire date de 1720-1722 et reste connue sous le nom de « peste de Marseille «.
Du point de vue économique, la Grande Peste fait entrer l’Europe médiévale dans une période de récession, en raison de la pénurie de main-d’œuvre, de la baisse de consommation et du retour en friche de vastes espaces jusqu’alors cultivés.
Ces temps troublés ont également une influence dans le domaine artistique : la peinture s’oriente vers des thèmes plus lugubres, empreints de surnaturel.
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