Gemayel, famille

Gemayel, famille, lignée d’hommes politiques libanais qui a notamment donné au pays deux présidents de la République.

Originaire de Bikfaya, la famille Gemayel, de confession catholique maronite, s’illustre dès l’époque de l’occupation ottomane et exerce diverses fonctions administratives dans le district de Metn. En 1936, Pierre Gemayel (1905-1984), opposé à la présence française au Liban, en application d’un mandat de la Société des Nations (SDN), et à l’influence croissante de la Syrie sur son pays, crée l’organisation paramilitaire des Phalanges libanaises (Kataëb), dont les thèmes et le fonctionnement s’inspirent des mouvements d’embrigadement de la jeunesse apparus dans les régimes autoritaires d’Europe.

Élu député en 1960, Pierre Gemayel siège à de nombreuses reprises au sein du gouvernement. Il est l’une des figures marquantes du Front libanais qui rassemble l’ensemble des forces de la droite chrétienne après le déclenchement de la guerre civile en 1975, marqué notamment par les nombreux accrochages entre les Phalanges et les Palestiniens. Adversaire du nationalisme arabe et opposé à la présence palestinienne au Liban, il approuve pourtant l’intervention de l’armée syrienne en 1976 avant de se rapprocher d’Israël à partir de 1978.

En juin 1976, Béchir Gemayel (1947-1982), le plus jeune fils de Pierre, prend le commandement militaire des Phalanges, imposant rapidement son autorité sur l’ensemble des milices chrétiennes, dès lors constituées en Forces libanaises. Basées à Beyrouth-Est et dans la région de la chaîne du Liban, traditionnellement dominée par les maronites, les Forces libanaises approuvent l’intervention militaire israélienne de juin 1982, qui permet à Béchir Gemayel d’accéder à la présidence de la République au mois d’août suivant. Il n’a pas le temps de prouver qu’il peut être, selon ses vœux, le « président de tous les Libanais « puisqu’il est tué le 14 septembre dans un attentat perpétré contre le quartier général des Phalanges.

Le 23 septembre, le Parlement choisit de nommer à la présidence son frère, Amine Gemayel (1942- ), qui bénéficie d’une image de modéré. En 1983, il conclut un accord avec Israël, abrogé l’année suivante. Il forme ensuite un gouvernement d’union nationale, dirigé par Rachid Karamé. À l’expiration de son mandat présidentiel en septembre 1988, Amine Gemayel, en désaccord avec l’expansionnisme syrien qui menace l’indépendance de son pays, prend le chemin de l’exil et trouve refuge en France.

Le fils d’Amine Gemayel, Pierre Gemayel, député de la majorité parlementaire antisyrienne, membre du bureau politique du parti des Phalanges et ministre de l’Industrie du gouvernement de Fouad Siniora, est assassiné le 21 novembre 2006, à l’âge de 34 ans. Dans un contexte marqué par le retrait de l’armée syrienne du Liban en avril 2005, et par la guerre menée par Israël contre le Hezbollah sur le sol libanais au cours de l’été 2006, cet assassinat ravive à nouveau les tensions entre prosyriens et antisyriens.