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Gbagbo, Laurent

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Gbagbo, Laurent (1945- ), homme politique ivoirien, devenu président de la Côte d’Ivoire en 2000.

2   UN INTELLECTUEL BÉTÉ

Né à Mama, près de Gagnoa, dans le centre-ouest forestier et vallonné de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo est issu d’une famille pauvre. Élevé par sa mère après le divorce de ses parents en 1948, il entre en 1958 au petit séminaire catholique de Gagnoa, puis obtient une licence d’histoire à Abidjan en 1969. Enseignant à l’université, il devient un syndicaliste actif et conteste le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), parti unique du président Félix Houphouët-Boigny. Son militantisme lui vaut deux années de prison dans un camp militaire (1971-1973).

L’opposant reproche notamment à Félix Houphouët-Boigny de privilégier son clan, les Baoulé, au détriment de l’ethnie bété, minoritaire, dont il est issu. Après l’indépendance, en 1960, alors que se produit le « miracle ivoirien «, la population bété reste de fait pendant longtemps exclue du pouvoir économique — détenu majoritairement par l’autre grand groupe ethnique du pays, les Dioula, originaires du Nord — ainsi que du jeu politique, dominé par les Baoulé.

3   UN OPPOSANT HISTORIQUE

Réintégré à l’université comme chercheur, Laurent Gbagbo passe une thèse sur « Les ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne : 1940-1960 «. Devenu directeur de l’Institut d’histoire, d’art et d’archéologie africaine (IHAAA) en 1980, il renoue avec l’activité clandestine et fonde le noyau du futur Front populaire ivoirien (FPI), d’orientation socialiste.

Considéré comme le principal artisan des manifestations de 1982, il échappe à la répression du « complot des enseignants « en trouvant asile en France, où il obtient le statut de réfugié politique. C’est à cette époque qu’il prend contact avec des militants de l’aile gauche du Parti socialiste. Jusqu’en 1988, les gouvernements de gauche puis de droite tentent de modérer leurs critiques envers le régime ivoirien, pilier de la politique française en Afrique.

4   LE LEADER DE L’OPPOSITION

En 1988, Félix Houphouët-Boigny négocie le retour de Laurent Gbagbo à Abidjan en minorant l’action de cet opposant pugnace, mais pas suffisamment puissant pour lui faire de l’ombre (pour le « vieux « président ivoirien, « l’arbre ne se fâche pas contre l’oiseau «). Après l’instauration du multipartisme, le leader du FPI est l’unique adversaire de Félix Houphouët-Boigny à l’élection présidentielle de 1990. Recueillant 18,3 p. 100 des suffrages, il s’impose comme le leader de l’opposition dans un pays qui n’a pas encore trouvé de véritable remplaçant au père de la nation, et commence à être courtisé par les responsables français et le monde politique africain, en particulier le président burkinabé Blaise Compaoré.

Alors que le pays est présidé par Henri Konan Bédié depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, en 1993, Laurent Gbagbo boycotte le scrutin présidentiel de 1995 pour protester contre une réforme du Code électoral basé sur une définition restrictive de la nationalité ivoirienne et excluant de l’élection le principal rival du président sortant, Alassane Ouattara. Après s’être allié avec ce dernier contre le PDCI au pouvoir, il rompt cette alliance de circonstance dès 1998.

5   L’ACCESSION À LA MAGISTRATURE SUPRÊME

Après le coup d’État du général Gueï et la chute d’Henri Konan Bédié, en décembre 1999, Laurent Gbagbo reprend à son compte le concept d’« ivoirité « introduit par l’ancien président Bédié. Dans un pays qui a fait appel pendant les décennies du « miracle économique « à des centaines de milliers de travailleurs immigrés (Maliens et Burkinabés notamment) y ayant fait souche, la crise économique crée un grave sentiment de rejet des étrangers et des descendants d’immigrés qu’exploite la classe politique. La candidature d’Alassane Ouattara ayant de nouveau été rejetée par la Cour suprême pour nationalité douteuse, c’est seul que Laurent Gbagbo affronte le général putschiste lors de l’élection présidentielle d’octobre 2000. Quand, à l’issue du scrutin, le général Gueï lui refuse le verdict des urnes, Laurent Gbagbo, en militant politique, fait appel au peuple, en particulier aux « jeunes patriotes « des quartiers populaires de la capitale. Il est finalement proclamé président le 26 octobre 2000.

Contestée par les partisans d’Alassane Ouattara, pour la plupart originaires du Nord musulman, cette élection donne lieu à des affrontements ethnico-religieux : les « nordistes « sont l’objet d’une sanglante répression. À la suite de la tentative de coup d’État perpétré en septembre 2002 par des soldats rebelles, le pays plonge dans une crise proche de la guerre civile. Si, tout au long des négociations avec les rebelles, Laurent Gbagbo présente à la communauté internationale et à la France une image de conciliateur, il réduit sur le terrain la portée des accords conclus (comme ceux de Marcoussis de janvier 2003). De lourdes ambiguïtés pèsent sur son rôle et ses positions dans la dérive xénophobe (en particulier anti-française) à laquelle se livrent les ultras de son parti. Selon certains analystes de la crise ivoirienne, la femme de Laurent Gbagbo serait responsable de la rigidité politique du pouvoir. Issue de l’ethnie akan, qui appartient au groupe majoritaire des Baoulé, elle contribue à la mobilisation des partisans du président dans la capitale, et son influence serait importante dans les milieux politiques — entourée de prêcheurs évangélistes, elle parvient, par exemple, à imposer la prière à l’Assemblée nationale.

Face à la persistance de la crise, Laurent Gbagbo voit le 30 octobre 2005 son mandat prorogé d’un an maximum par le Conseil de sécurité de l’ONU (résolution 1633 du 21 octobre 2005).

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