Garde nationale
Publié le 12/02/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Garde nationale, corps militaire citoyen français à vocation de défense urbaine, créé en 1789 à la faveur de la Révolution et dissous en 1871 par l’Assemblée nationale de la IIIe République naissante.
2 | ÉMERGENCE D’UNE MILICE RÉVOLUTIONNAIRE |
Affamée par une disette, la population parisienne se soulève, le 13 juillet 1789, et entame le pillage des boutiques et des armureries. La municipalité de Paris, craignant un débordement trop populaire, saisit l’occasion de cette mobilisation pour canaliser la tension montante en créant une Garde parisienne. Parce que de nombreux volontaires issus des couches les plus aisés de la citoyenneté s’y agrègent spontanément, cette milice bourgeoise joue un rôle déterminant dans la journée du lendemain, lors de la prise la Bastille. Le 15 juillet, le roi Louis XVI reconnaît le marquis de La Fayette comme commandant en chef de la Garde parisienne.
Le mouvement de Grande Peur qui affole les campagnes et de nombreuses villes dans les jours suivants suscite la formation de milices sur le modèle parisien dans tout le pays. La Garde devient bientôt nationale lorsque, à la suite de l’abolition des privilèges durant la nuit du 4 août 1789 et de la promulgation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août suivant, les milices se fédèrent à la nation, c’est-à-dire prononcent le serment de la défendre.
3 | RECRUTEMENT DES GARDES NATIONAUX |
Le 12 juin 1790, un décret fixe le mode de fonctionnement de la Garde nationale, tentant d’en restreindre le recrutement aux seuls citoyens actifs — c’est-à-dire aux citoyens bénéficiant du droit de vote. Mais l’enthousiasme initial a drainé trop de citoyens pour que le décret soit appliqué ; le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération montre avec éclat que la Garde nationale représente effectivement la nation nouvelle en armes. Les décrets du 29 septembre et du 6 décembre suivants permettent l’ouverture officielle de la Garde nationale aux citoyens passifs.
Les officiers sont élus pour un an : les unités sont les bataillons qui, par huit ou dix, constituent une légion. À partir de 1791, la Garde nationale est partiellement incorporée dans l’armée réduite par l’émigration massive des nobles (voir émigrés).
4 | POUVOIR ET CONTRE-POUVOIR DE LA GARDE NATIONALE |
La même année 1791 marque la rupture entre la Garde nationale et le mouvement révolutionnaire : le 17 juillet sur le Champ-de-Mars, le marquis de La Fayette intime à ses troupes l’ordre de tirer sur les pétitionnaires républicains (voir fusillade du Champ-de-Mars). Pour leur part, les bataillons de la Garde nationale de l’est parisien sont à la pointe du combat révolutionnaire : ils participent activement à la journée du 10 août 1792 qui voit la chute de la monarchie, ainsi qu’aux journées des 31 mai-2 juin 1793 au terme desquelles sont proscrits les Girondins.
Pour le pouvoir politique, le problème est donc de contrôler une force armée dont l’origine est révolutionnaire et la fonction constitutionnelle. Ni les Montagnards ni les thermidoriens ne parviennent à discipliner la Garde nationale parisienne partagée entre les bataillons révolutionnaires et les bataillons contre-révolutionnaires contre lesquels Napoléon Bonaparte est appelé à intervenir (octobre 1795). De la même façon, en Vendée, nombre de bataillons de la Garde nationale deviennent l’âme de la contre-révolution.
5 | LE CORPS MILITAIRE DES RÉGIMES SUCCESSIFS |
Révélatrice des opinions publiques locales durant la Révolution, la Garde nationale est ensuite préservée par les Constitutions du Consulat (1799-1804) et du premier Empire napoléonien (1804-1814). De même, les chartes de 1814 et 1830 — armatures constitutionnelles de la Restauration monarchique (1814-1830) et de la monarchie de Juillet (1830-1848) —, la Constitution de la IIe République (1848-1852) et celle du second Empire (1852-1870) pérennisent l’institution.
Cette permanence inscrit la Garde nationale, dont le rôle militaire et politique est largement contrôlé par les pouvoirs successifs, dans une symbolique et continue fonction du peuple en armes défendant la nation constituée. Mais cette continuité est aussi celle de l’ambiguïté propre à l’institution : en juillet 1830 (les « Trois Glorieuses « journées insurrectionnelles ayant engendré la Révolution de 1830), en février 1848 (le refus de réprimer les insurgés de la Révolution de 1848) comme en mars 1871 (avec les barricades de la Commune insurrectionnelle de Paris), la Garde nationale est l’âme des révolutions ; inversement, en juin 1832 ou en juin 1848, elle constitue l’arme de la répression contre les républicains.
Malgré l’ironie de Stendhal qui y voit le symbole même de la vanité, la Garde nationale est ainsi l’une des institutions qui a marqué la continuité révolutionnaire, dans toute sa contradiction, durant le XIXe siècle.
Liens utiles
- Garde nationale.
- MARCEAU, François Séverin Marceau-Desgraviers, dit (1er mars 1769-21 septembre 1796) Général Entré en 1789 dans la Garde nationale, il en est très vite le lieutenant-colonel.
- 1827 La dissolution de la garde nationale.
- MARCEAU, François Séverin Marceau-Desgraviers, dit (1er mars 1769-21 septembre 1796) Général Entré en 1789 dans la Garde nationale, il en est très vite le lieutenant-colonel.
- HULIN, Pierre Augustin, comte (1758-1841) Capitaine de la garde nationale de Paris, il s'illustre lors de la prise de la Bastille, mais est emprisonné sous la Terreur pour modérantisme.