Friedrich Nietzsche: LE CHANT DE DANSE DU MISTRAL
Publié le 16/03/2010
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Venteux Mistral, chasseur de nuages, tueur des tourments, balai du ciel, grande voix beuglante, oh ! que je t'aime ! Ne sommes-nous point tous deux la première accouchaille, les premiers-nés d'un même sein ? l'accordaille éternelle d'un même destin ? Ici, aux sentes glissantes des roches, je cours et danse à ta rencontre, une danse comme toi tu siffles et tu chantes, toi qui, sans rames ni navire, frère de la liberté, son frère le plus libre, bondis par-dessus le déchaînement des mers ! J'ouvrais à peine les yeux quand m'est venu ton appel : j'ai dévalé jusqu'aux degrés du roc, jusqu'au mur d'ocre au bord de la mer. Salut ! Déjà, comme les rapides du fleuve, qui charrient les diamants, tu venais clair et victorieux des monts ! Aux aires lisses du ciel j'ai vu galoper tes chevaux, j'ai vu le char qui te porte, j'ai vu ta main crispée abattre au dos des bêtes lancées le fouet comme l'éclair ! Je t'ai vu bondir de ton siège pour foncer plus vite, je t'ai vu plus rien qu'une flèche plonger droit à l'abîme, comme un rayon qui darde au cOeur des premières roses de l'aurore ! Danse à présent de dos en dos, au dos des vagues, des vagues malignes, il est sauvé, qui sait danses nouvelles ! Dansons en mille guises ; que notre art, on le dise "libre", et "gai" notre savoir ! Arrachons à chaque fleur sa fleur pour notre gloire, puis deux feuilles encore pour faire notre couronne ! Dansons comme les troubadours, entre les saints et les catins, entre le monde et Dieu, notre danse ! Qui ne sait danser dans les chaînes, qui s'empaquette de bandages, qui se ficelle en vieux stropiat, qui se fait le frère des Tartufes, des bonnets benêts, des oies de vertu, tout ça n'a pas de place en notre paradis ! Faisons voler la poussière des routes à en boucher le nez des malades ! sus aux suppôts d'infirmerie, et délivrons la côte toute du souffle des poitrines plates et des yeux sans courage ! Chassons les trouble-ciel, les noircisseurs de mondes, les pousse-moi les verrous, pousse-moi les nuages, et faisons la lumière au royaume des cieux ! Dans notre rumeur, âme des libres âmes, dans notre rumeur à deux, ma joie a le retentissement de l'orage. Et pour donner l'éternité au souvenir d'une telle joie, prends sa suprême offrande : prends ma couronne, emporte-la, jette-la plus haut, plus loin, plus loin encore, grimpe d'assaut aux échelles du ciel et l'accroche aux étoiles ! AN DEN MISTRAL (Ein Tanzlied) Mistral-Wind, du Wolken-Jäger, Trübsal-Mörder, Himmels-Feger, brausender, wie lieb ich dich ! Sind wir zwei nicht Eines Scholßes Erstlingsgabe, Eines Loses Vorbestimmte ewiglich ? Hier auf glatten Felsenwegen lauf ich tanzend dir entgegen, tanzend, wie du pfeifst und singst : der du ohne Schiff und Ruder als der Freiheit freister Bruder über wilde Meere springst. Kaum erwacht, hört ich dein Rufen, stürmte zu den Felsenstufen, hin zur gelben Wand am Meer. Heil ! da kamst du schon gleich hellen diamantnen Stromesschnellen sieghaft von den Bergen her. Auf den ebnen Himmels-Tennen sah ich deine Rosse rennen, sah den Wagen, der dich trägt, sah die Hand dir selber zücken, wenn sie auf der Rosse Rücken blitzesgleich die Geißel schlägt. Sah dich aus dem Wagen springen, schneller dich hinabzuschwingen, sah dich wie zum Pfeil verkürzt senkrecht in die Tiefe stoßen, wie ein Goldstrahl durch die Rosen erster Morgenröten stürzt. Tanze nun auf tausend Rücken, Wellen-Rücken, Wellen-Tücken Heil, wer neue Tänze schafft ! Tanzen wir in tausend Weisen, frei sei unsre Kunst geheißen, fröhlich unsre Wissenschaft ! Raffen wir von jeder Blume eine Blüte uns zum Ruhme und zwei Blätter noch zum Kranz ! Tanzen wir gleich Troubadouren zwischen Heiligen und Huren, zwischen Gott und Welt den Tanz ! Wer nicht tanzen kann mit Winden, wer sich wickeln muß mit Binden, angebunden, Krüppel-Greis, wer da gleicht den Heuchel-Hänsen, Ehren-Tölpeln, Tugend-Gänsen, fort aus unsrem Paradeis ! Wirbeln wir den Staub der Straßen allen Kranken in die Nasen, scheuchen wir die Kranken-Brut ! Lösen wir die ganze Küste von dem Odem dürrer Büste, von den Augen ohne Mut ! Jagen wie dir Himmels-Trüber, Welten-Schwärzer, Wolken-Schieber, hellen wir das Himmelreich ! Brausen wir... o aller freien Geister Geist, mit dir zu zweien braust mein Glück dem Sturme gleich. Und daß ewig das Gedächtnis solchen Glücks, nimm sein Vermächtnis, nimm den Kranz hier mit hinauf ! Wirf ihn höher, ferner, weiter, stürm empor die Himmelsleiter, häng ihn an den Sternen auf !
« les pousse-moi les verrous, pousse-moi les nuages,et faisons la lumière au royaume des cieux !Dans notre rumeur, âme des libres âmes,dans notre rumeur à deux,ma joie a le retentissement de l'orage. Et pour donner l'éternitéau souvenir d'une telle joie,prends sa suprême offrande :prends ma couronne, emporte-la,jette-la plus haut, plus loin, plus loin encore,grimpe d'assaut aux échelles du cielet l'accroche aux étoiles ! AN DEN MISTRAL (Ein Tanzlied) Mistral-Wind, du Wolken-Jäger,Trübsal-Mörder, Himmels-Feger,brausender, wie lieb ich dich !Sind wir zwei nicht Eines ScholßesErstlingsgabe, Eines LosesVorbestimmte ewiglich ?Hier auf glatten Felsenwegenlauf ich tanzend dir entgegen,tanzend, wie du pfeifst und singst :der du ohne Schiff und Ruderals der Freiheit freister Bruderüber wilde Meere springst. Kaum erwacht, hört ich dein Rufen,stürmte zu den Felsenstufen,hin zur gelben Wand am Meer.Heil ! da kamst du schon gleich hellendiamantnen Stromesschnellensieghaft von den Bergen her.Auf den ebnen Himmels-Tennensah ich deine Rosse rennen,sah den Wagen, der dich trägt,sah die Hand dir selber zücken,wenn sie auf der Rosse Rückenblitzesgleich die Geißel schlägt. Sah dich aus dem Wagen springen,schneller dich hinabzuschwingen,sah dich wie zum Pfeil verkürztsenkrecht in die Tiefe stoßen,wie ein Goldstrahl durch die Rosenerster Morgenröten stürzt. Tanze nun auf tausend Rücken,Wellen-Rücken, Wellen-TückenHeil, wer neue Tänze schafft !Tanzen wir in tausend Weisen,frei sei unsre Kunst geheißen,fröhlich unsre Wissenschaft ! Raffen wir von jeder Blumeeine Blüte uns zum Ruhmeund zwei Blätter noch zum Kranz !Tanzen wir gleich Troubadourenzwischen Heiligen und Huren,zwischen Gott und Welt den Tanz ! Wer nicht tanzen kann mit Winden,wer sich wickeln muß mit Binden,angebunden, Krüppel-Greis,. »
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- Ma joie de donner est morte, à force de donner; ma vertu s'est lassée d'elle-même dans sa surabondance. Le Chant de la nuit Nietzsche, Friedrich Wilhelm. Commentez cette citation.
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