Ethiopie-Erythrée : les dividendes de la paix
Publié le 17/01/2022
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éthiopiennes, lors du conflit, y a accéléré les mouvements de populations.
Aussi, les autorités érythréennes ont-elles réclamé uneaide humanitaire de 183 millions de dollars en juin 2000 et ont estimé à 800 millions de dollars leurs besoins pour reconstruireleur pays.
Pourtant, deux ans auparavant Asmara n'hésitait pas à dépenser pour s'armer : 90 millions de dollars en achats d'armes russeset au moins 150 millions de dollars pour des armes et munitions provenant d'autres pays d'Europe de l'Est.
Côté éthiopien, lesdépenses d'armement auraient dépassé les 500 millions de dollars.
La guerre a également chassé les réformes économiques libérales des préoccupations du gouvernement éthiopien.
Dans lemême temps, la famine due à la sécheresse a sévi dans le sud du pays.
Les termes du commerce extérieur ont connu une fortedégradation (baisse des prix du café et du volume de ses exportations, hausse des prix du pétrole importé), alors que lesfinancements des donateurs se raréfiaient.
Le déficit fiscal s'est donc mis à grimper, passant de 3,6 % du PIB en 1998 à 6,9 % en1999 et dépassant les 11 % l'an dernier, tandis que les réserves en devises sont tombées à deux mois d'importation.
Néanmoins, la croissance économique est demeurée à 4,6 % l'an dernier (contre une moyenne de 6 % par an entre 1992 et1999), « ironiquement », note un récent document interne de la Banque mondiale, « en résultat des dépenses militaires » et du faitde la croissance agricole dans les zones non affectées par la sécheresse.
TARIFS PORTUAIRES
Les liens économiques antérieurs entre l'Erythrée et l'Ethiopie, mais également les relations respectives que ces deux paysentretenaient avec leurs voisins, ont été durablement chamboulées.
Malgré la paix, l'heure n'est pas à la normalisation politique et économique entre Asmara et Addis-Abeba.
Les échangescommerciaux qui existaient entre ces deux pays avant 1998 ont cessé.
L'Erythrée a vu ses activités portuaires s'effondrer du faitde l'arrêt de l'utilisation du port d'Assab pour l'import-export éthiopien.
L'Ethiopie a réorienté tout son commerce sur le port de Djibouti, ce qui lui pose maintenant un sérieux problème.
La gestion dece port a été confiée, l'an dernier, à la société privée qui gère celui de Dubaï.
Par souci de rentabilité économique, cette dernièrea décidé d'augmenter les tarifs portuaires de Djibouti d'environ 30 %, en début d'année.
Se sentant étranglée par lesurenchérissement du coût de transit de son commerce, l'Ethiopie a refusé cette hausse, ce qui a jeté un froid dans ses relationsavec le gouvernement djiboutien.
Le gouvernement éthiopien cherche donc à diversifier ses corridors commerciaux.
Ainsi, Addis- Abeba s'est rapproché duKenya (avec l'idée d'utiliser éventuellement le port kenyan de Mombasa pour certains de ses approvisionnements) et desautorités du Somaliland (nord-ouest de la Somalie), dont l'indépendance autoproclamée n'est reconnue par aucun pays.
Unepartie des approvisionnements éthiopiens en vrac (notamment l'aide alimentaire) passe déjà par le port de Berbera, auSomaliland.
Devenu allié du Soudan pour mieux isoler l'Erythrée, l'Ethiopie envisage aussi d'utiliser Port-Soudan comme nouveaudébouché maritime ; par ailleurs, l'ambitieux projet d'une ligne de chemin de fer reliant ce port soudanais à Addis-Abeba est àl'étude.
FRANCIS SOLER Le Monde du 6 février 2001
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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