ÉMILE VERHAEREN (1855-1916). Le vent
Publié le 21/05/2011
Extrait du document

Émile Verhaeren, né à Saint-Amand, près d'Anvers, mort à Rouen, en 1916, est le poète des Flandres. Ses principaux ouvrages sont : les Moines (1885), les Soirs (1887), les Flambeaux noirs (1890), les Apparus dans mon chemin (1891), les Campagnes hallucinées (1893), les Villes tentaculaires (1895), les Villages illusoires (1895), les Heures claires (1896), les Forces tumultueuses (1902), la Multiple Splendeur (1906), Toute la Flandre : les Héros (1908), les Blés mouvants (1913), la Belgique sanglante (1915), les Ailes rouges de la Guerre (1916).
L'oeuvre de Verhaeren est inégale, mais toujours vigoureuse, sincère, animée d'un lyrisme à la lois farouche et élevé. Par l'inspiration comme par la forme, elle est vraiment d'une originalité toute moderne.
Le vent (1893).
Sur la bruyère longue infiniment, Voici le vent cornant Novembre, Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre, En souffles lourds battant les bourgs, Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre. Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent. Aux citernes des fermes, Les seaux et les poulies Grincent et crient Toute la mort dans leurs mélancolies. Le vent rafle, le long de l'eau, Les feuilles vertes des bouleaux, Le vent sauvage de Novembre; Le vend mord, dans les branches, Des nids d'oiseaux ; Le vent râpe du fer, Et peigne au loin les avalanches, — Rageusement — du vieil hiver, Rageusement, le vent, Le vent sauvage de Novembre. Dans les étables lamentables, Les lucarnes rapiécées Ballottent leurs loques falotes De vitres de papier. — Le vent sauvage de Novembre! Sur sa butte de gazon bistre, Du bas en haut, à travers airs, Du haut en bas, à coups d'éclairs, Le moulin noir fauche, sinistre, Le moulin noir fauche le vent, Le vent, Le vent sauvage de Novembre. Les vieux chaumes à cropetons, Autour de leurs clochers d'églises, Sont soulevés sur leurs bâtons; Les vieux chaumes et leurs auvents Claquent au vent, Au vent sauvage de Novembre. Les croix du cimetière étroit, Les bras des morts que sont ces croix, Tombent comme un grand vol, Rabattu, noir, contre le sol. Le vent sauvage de Novembre, Le vent, L'avez-vous rencontré, le vent, Au carrefour des trois cents routes; L'avez-vous rencontré, le vent, Celui des peurs et des déroutes; L'avez-vous vu cette nuit-là, Quand il jeta la lune à bas. Et que n'en pouvant plus, Tous les villages vermoulus Criaient comme des bêtes Sous la tempête? Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent hurlant, Voici le vent cornant Novembre.
Les Villages illusoires, Édition du Mercure de France.
QUESTIONS D'EXAMEN
I. — L'ensemble. — Poésie qui évoque d'une manière saisissante le bruit assourdissant et la terrible violence du vent. — De quel vent s'agit-il, ici? (D'un vent sauvage de novembre, — et soufflant dans la plaine des Flandres); 20 Essayez de dégager l'impression que laisse en vous la lecture de cette poésie; Par quels moyens le poète vous semble-t-il produire une telle impression? (Par sa fougueuse inspiration, — par l'emploi de mots très expressifs, ayant une grande puissance d'évocation : le vent cornant novembre, le vent hurlant..., — par un rythme extrêmement varié, s'adaptant à la traduction des bruits du dehors...) ; On a dit de Verhaeren qu' « il est un poète du vent « : essayez de justifier cette expression. (Rappeler que l'on trouve dans les oeuvres du poète belge deux autres poésies sur le vent : Novembre (les Vignes de ma muraille), A la gloire du vent (La Multiple Splendeur).
II.—L'analyse de la poésie. — On considère généralement Verhaeren comme « le poète de la fougue, au rythme haletant et tourmenté « : montrez que, cependant, il est possible de suivre un plan, dans le poème du Vent. — a) Le vent corne sur la bruyère; — s'arrêter sur le mot infiniment, qui traduit si bien l'immense étendue de la bruyère, — sur le mot cornant, si expressif et si juste; — b) Le vent fait grincer et pleurer les seaux et poulies des puits; — c) Le vent mord, dans les branches, des nids, d'oiseaux, — et peigne au loin les avalanches de l'hiver, — rageusement, insister sur ce dernier mot, qui, répété, marque avec force la sauvagerie du vent ; — d) Le vent fait ballotter (agite, secoue, fait remuer) les lucarnes des étables; — e) Sur sa hutte, le moulin résiste au vent ; de ses ailes qui tournent éperdument, il fauche le vent; — Le vent soulève les vieux chaumes, et fait claquer leurs auvents; — g) Question brusque et inattendue du poète : L'avez-vous rencontré, le vent...; — h) La conclusion du poème, — dans laquelle sont répétés ces trois termes si caractéristiques : infiniment, — hurlant, — cornant); — Quelles impressions évoque surtout en nous cette poésie? (Des impressions auditives; — (Quelques exemples); N'évoque-t-elle pas aussi des impressions visuelles ? (Le vent qui peigne au loin les avalanches de l'hiver, — c'est-à-dire les fortes ondées; — le moulin noir qui fauche le vent...).
III. — Le style. — te Indiquez les caractères distinctifs du style, dans cette poésie : a) la vigueur : ...et peigne au loin les avalanches, — rageusement — du vieil hiver... ; — l'avez-vous rencontré, le vent...? l'avez-vous vu...? — Cette vigueur semble animer le style de Verhaeren d'un lyrisme farouche; — b) le relief : rappeler ici des mots très expressifs, qui frappent l'esprit... ; le poète a le goût de l'énorme; — c) l'originalité : langue pleine de ressources, — à laquelle on pourrait parfois reprocher une certaine exagération verbale; — poésie d'une grande diversité rythmique, de laquelle le poète tire de riches effets. — On a pu dire, avec exactitude, que « Verhaeren a annexé à la langue française l'expression verbale des Flandres «.
IV. — La grammaire. — Citez deux composés et deux dérivés du mot vent; — Indiquez l'étymologie et la signification du mot carrefour; Distinguez et analysez les propositions contenues dans les trois derniers vers de l'avant-dernière strophe. (Tous les villages vermoulus....)
Rédaction. — Vos impressions, alors que souffle, à la fin de l'automne, un vent violent.

«
Et que n'en pouvant plus,Tous les villages vermoulusCriaient comme des bêtesSous la tempête?Sur la bruyère, infiniment,Voici le vent hurlant,Voici le vent cornant Novembre.
Les Villages illusoires, Édition du Mercure de France.
QUESTIONS D'EXAMEN
I.
— L'ensemble.
— Poésie qui évoque d'une manière saisissante le bruit assourdissant et la terrible violence du vent.— De quel vent s'agit-il, ici? (D'un vent sauvage de novembre, — et soufflant dans la plaine des Flandres); 20Essayez de dégager l'impression que laisse en vous la lecture de cette poésie; Par quels moyens le poète voussemble-t-il produire une telle impression? (Par sa fougueuse inspiration, — par l'emploi de mots très expressifs, ayantune grande puissance d'évocation : le vent cornant novembre, le vent hurlant..., — par un rythme extrêmementvarié, s'adaptant à la traduction des bruits du dehors...) ; On a dit de Verhaeren qu' « il est un poète du vent » :essayez de justifier cette expression.
(Rappeler que l'on trouve dans les oeuvres du poète belge deux autres poésiessur le vent : Novembre (les Vignes de ma muraille), A la gloire du vent (La Multiple Splendeur).
II.—L'analyse de la poésie.
— On considère généralement Verhaeren comme « le poète de la fougue, au rythmehaletant et tourmenté » : montrez que, cependant, il est possible de suivre un plan, dans le poème du Vent.
— a)Le vent corne sur la bruyère; — s'arrêter sur le mot infiniment, qui traduit si bien l'immense étendue de la bruyère,— sur le mot cornant, si expressif et si juste; — b) Le vent fait grincer et pleurer les seaux et poulies des puits; —c) Le vent mord, dans les branches, des nids, d'oiseaux, — et peigne au loin les avalanches de l'hiver, —rageusement, insister sur ce dernier mot, qui, répété, marque avec force la sauvagerie du vent ; — d) Le vent faitballotter (agite, secoue, fait remuer) les lucarnes des étables; — e) Sur sa hutte, le moulin résiste au vent ; de sesailes qui tournent éperdument, il fauche le vent; — Le vent soulève les vieux chaumes, et fait claquer leursauvents; — g) Question brusque et inattendue du poète : L'avez-vous rencontré, le vent...; — h) La conclusion dupoème, — dans laquelle sont répétés ces trois termes si caractéristiques : infiniment, — hurlant, — cornant); —Quelles impressions évoque surtout en nous cette poésie? (Des impressions auditives; — (Quelques exemples);N'évoque-t-elle pas aussi des impressions visuelles ? (Le vent qui peigne au loin les avalanches de l'hiver, — c'est-à-dire les fortes ondées; — le moulin noir qui fauche le vent...).
III.
— Le style.
— te Indiquez les caractères distinctifs du style, dans cette poésie : a) la vigueur : ...et peigne auloin les avalanches, — rageusement — du vieil hiver...
; — l'avez-vous rencontré, le vent...? l'avez-vous vu...? —Cette vigueur semble animer le style de Verhaeren d'un lyrisme farouche; — b) le relief : rappeler ici des mots trèsexpressifs, qui frappent l'esprit...
; le poète a le goût de l'énorme; — c) l'originalité : langue pleine de ressources, —à laquelle on pourrait parfois reprocher une certaine exagération verbale; — poésie d'une grande diversité rythmique,de laquelle le poète tire de riches effets.
— On a pu dire, avec exactitude, que « Verhaeren a annexé à la languefrançaise l'expression verbale des Flandres ».
IV.
— La grammaire.
— Citez deux composés et deux dérivés du mot vent; — Indiquez l'étymologie et la significationdu mot carrefour; Distinguez et analysez les propositions contenues dans les trois derniers vers de l'avant-dernièrestrophe.
(Tous les villages vermoulus....)
Rédaction.
— Vos impressions, alors que souffle, à la fin de l'automne, un vent violent..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Verhaeren Émile, 1855-1916, né à Saint-Amand, écrivain belge d'expression française.
- Émile VERHAEREN (1855-1916). « Le Moulin ». (Les Soirs.)
- VILLES TENTACULAIRES (les) d'Émile Verhaeren (résumé & analyse)
- VILLES TENTACULAIRES (les) d'Émile Verhaeren
- VILLES TENTACULAIRES (Les) d'Émile Verhaeren : Fiche de lecture