Elevage des mulets: ces poissons turbulents vivent par bancs dans la nature, en eau peu profonde, sur des fonds meubles et dotés de beaucoup de végétation ou dans les eaux bourbeuses et celles des ports

Les mulets (Mugil cephalus L., Mugil capito Val.) sont des poissons marins de la famille des Mugilidés; ils pénètrent dans les étangs littoraux pour effectuer leur croissance, mais frayent uniquement en mer; certains individus remontent parfois assez loin en eau douce dans le cours des fleuves ou des canaux. Les oeufs très petits, de 1 mm seulement de diamètre, sont flottants. Les alevins capturés dans les estuaires, lorsqu'ils mesurent une quinzaine de mm de long, sont alors progressivement acclimatés à une faible salinité. En Israël, où l'élevage des mulets est pratiqué d'une façon intensive, ces poissons sont associés dans les étangs à des carpes et à des tua-pies. L'élevage en France des mulets ne paraît guère avoir dépassé le stade expérimental. L'élevage peut se faire en utilisant soit un, soit deux étangs. Lorsqu'on ne dispose que d'un étang, on laisse les jeunes alevins pendant un ou deux ans jusqu'à ce qu'ils atteignent une taille marchande. Si l'on dispose de deux sortes d'étangs, on place les jeunes sujets, récoltés en mer, pendant quelques semaines dans des étangs d'alevinage, avant de les introduire dans des étangs de grossissement. La nourriture des jeunes, d'abord planctonique et benthique, est constituée plus tard par des algues et des détritus divers; si les sujets sont mélangés à des carpes et des tilapias, ils acceptent volontiers les aliments distribués. On peut alors introduire de 700 à 1000 alevins de la grosseur d'un doigt (fingerlings) par dixième d'hectare. La croissance qui est, en Israël, de 200 à 300 g pendant la première année peut être plus que doublée dans des piscicultures intensives. Complément sur la biologie des muges ou mulets dans la nature. — C'est leur euryhalinité qui leur permet l'accomplissement de ces migrations, de la mer aux lagunes et inversement. Euryhalin se dit d'un être vivant capable de supporter, dans le milieu aquatique où il vit, d'importantes variations de salinité. Ces migrations sont dites amphibiotiques. A titre indicatif, les espèces qui ne peuvent supporter, dans ce cas, que des variations minimes sont désignées comme sténohalines. Le régime des mulets est essentiellement limivore. Du fait qu'ils fréquentent surtout les eaux bourbeuses, ils avalent de la vase contenant des matières organiques. Ces poissons sont, en cela, bien adaptés; ils sont capables de tamiser ladite matière à l'aide de leur appareil filtrant branchio-pharyngien. Toute la substance nutritive est extraite avec leur gésier, ce qui est en réalité une transformation de la région pylorique de l'estomac.