Ehoud Barak, l'artisan du renouveau du Parti travailliste
Publié le 17/01/2022
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groupe qui, le 8 mai 1972, libère les otages retenus dans un avion de la Sabena , détourné par un groupe palestinien surl'aéroport de Tel-Aviv.
Benyamin Nétanyahou, alors jeune lieutenant au Sayeret Matkal, fait partie de l'opération, dans laquelle ilsera légèrement blessé.
Onze mois plus tard, le 9 avril 1973, nouvelle opération, à Beyrouth cette fois : il s'agit de faire sauter un immeuble du FDLP(Front démocratique de libération de la Palestine) et d'assassiner trois dirigeants de l'OLP tenus pour responsables de l'opérationqui a coûté la vie aux athlètes israéliens engagés dans les Jeux olympiques de Munich.
Ehoud Barak, jeune lieutenant-coloneldéguisé en femme blonde - "une blonde dont la poitrine faisait rêver", dira un témoin libanais, après l'opération -, commande l'undes groupes ; un autre est dirigé par le lieutenant-colonel des parachutistes Amnon Lipkin-Shahak, futur adjoint du chef d'état-major que deviendra Ehoud Barak, et futur fondateur, avec l'ex-général Itzhak Mordechaï, de ce Parti centriste qui avait pourambition de détrôner "Bibi".
Un autre officier, enfin, fait également partie du commando : Jonathan Nétanyahou, frère aîné deBenyamin.
(A lire sur le sujet : Paix ou guerres, les secrets des négociations israélo-arabes, 1917-1997, de Charles Enderlin, Ed.Stock, Paris 1997.)
Cette guerre secrète rapporte à Ehoud Barak, soldat le plus décoré de l'armée israélienne, quelques-unes de ses nombreusesmédailles.
Il est cependant l'un des rares à savoir - et il n'en parle pas - pour quelles opérations on les lui a données.
On ne peutdonc que spéculer ; rappeler qu'en 1976, au moment du coup de main d'Entebbe (Ouganda) , où tomba Jonathan Nétanyahou,qui dirigeait le commando venu délivrer les otages de l'Airbus d'Air France détourné par un groupe palestinien, il était, lui, auKenya voisin, à Nairobi, chargé de la logistique et d'une éventuelle opération de secours ; que douze ans plus tard, adjoint auchef d'état-major général, il prépara avec les Sayeret Matkal l'opération qui aboutit à l'assassinat, le 16 avril 1988, à son domicilede Tunis, d'Abou Jihad, le numéro deux de l'OLP.
Entre ces différentes opérations, Ehoud Barak, presque avec nonchalance, aura eu le temps de faire des études - il est licenciéde physique et de mathématiques de l'Université hébraïque de Jérusalem -, de grimper les échelons qui vont du simple soldat(1959) à celui de général de brigade (1979), de faire la guerre de six jours dans un peloton de reconnaissance, celle du Kippour(1973) , en tant que commandant un bataillon de chars, de se frotter à la direction des opérations et du renseignement au sein del'état- major général, de se marier et d'avoir trois enfants.
Lorsque, plus jeune général de division de Tsahal, il est nommé, en 1982, directeur de la planification au ministère de ladéfense, chacun a compris qu'il va falloir compter avec ce général-là.
Itzhak Rabin, qui l'aimait bien, avait déjà déclaré que siEhoud Barak ne devenait pas un jour chef d'état-major , c'est que quelque chose clochait dans l'armée d'Israël.
Quelques annéesauparavant, Moshe Dayan, à l'époque ministre de la défense, avait eu le même jugement, quoique avec un langage plus rugueux :"Qu'est-ce qui cloche avec ce type ?, avait-il demandé au supérieur de Barak.
Il me paraît trop bon pour être vrai.
Ce gars tentede nous baiser quelque part."
Chef du renseignement militaire en 1983, ce qui ne le mit pas à l'abri d'évaluations douteuses rapidement démenties sur leterrain, il devient, le 19 janvier 1986, commandant de la région Centre et des territoires occupés.
Un an plus tard, Itzhak Rabin,alors ministre de la défense, le propulse chef d'état-major adjoint, au milieu de pénibles polémiques sur les capacités respectivesdes divers postulants.
Le 1er avril 1991, il atteint le pinacle de la carrière : chef d'état -major général, avec le grade lié à lafonction - et qu'il est le seul à porter - de général de corps d'armée.
Il modernisera les troupes, faisant le choix d'une force dehaute technologie et mettant à la retraite anticipée des milliers d'officiers.
Le 1er janvier 1995 , il quitte le service actif, retraité de même pas cinquante-trois ans.
L'usage et l'intérêt sont, parmi ses pairs,de pantoufler dans une société nationale ou une grosse compagnie privée.
Tous ses camarades l'ont fait avant lui, le plus souventdans l'industrie de la défense ou dans l'électronique.
Par la grâce d'Itzhak Rabin, maintenant chef du gouvernement, lui devientministre de l'intérieur pour quelques mois ; en novembre 1995, lorsque Itzhak Rabin est assassiné, Shimon Pérès, qui le remplace,lui donne le portefeuille des affaires étrangères.
L'échec électoral de M.
Pérès, le 30 mai 1996, le met alors devant un choix : ilest encore jeune, vient d'être élu député, n'est plus ministre.
Après quelques mois de doutes - il fera un voyage en France pour s'en ouvrir à quelques amis du PS -, il s'inscrit formellementau Parti travailliste, pour le diriger bien sûr, et avec l'ambition affichée de remplacer un jour M.
Nétanyahou, qui vient de prendrela tête du pays.
La manoeuvre sera menée comme à l'exercice : en mai 1997, Shimon Pérès est écarté de la direction du Partitravailliste ; trois semaines plus tard, Ehoud Barak se fait plébisciter par la convention des militants.
Sa ligne politique sera à l'opposé de celle défendue par Shimon Pérès, moins visionnaire et plus sécuritaire, au point que sesnombreux ennemis au sein du parti le traiteront, exagérément, de "Bibi-compatible ", ou encore de "faucon déguisé en colombe".De fait, depuis que les choses sérieuses ont vraiment commencé, il s'est ingénié à se distancier de tout discours un peu.
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