Édith Piaf
Publié le 17/01/2022
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« Si je ne brûlais pas, crois-tu que je pourrais chanter? «
« Un moineau, en argot, c'est un piaf. Tu es une enfant de l'argot. Tu seras la môme Piaf « lui déclare Louis Leplée lorsqu'il la découvre un après-midi en train de chanter sur le pavé parisien. Envoûté par le charme étonnant de cette voix lyrique et violente à la fois, il l'engage sur-le-champ et, quelques jours plus tard, le public du Gernys fait un triomphe à cette drôle de petite bonne femme, pâlotte et maigrichonne, dont le chant envoûte et subjugue, comme un reflet de sa propre vie, elle qui a déjà connu tant de misères depuis sa naissance à Belleville en 1915 : l'abandon de sa mère dont elle ne recevra pour tout héritage que sa voix d'or, les taudis et autres établissements « un peu particuliers « de ses grand-mères, la pauvreté et la faim avec son père, Louis Gassion, dont elle partagera jusqu'à quinze ans la vie errante, la bohème aux carrefours de Clichy et Pigalle, ainsi que la mort d'une petite fille à peine âgée de deux ans.
Mais pour elle qui chante si bien la vie et ses errances, l'amour et ses blessures, rien n'est impossible. Malgré les désordres, les ruptures, les scandales — celui de l'assassinat de Leplée en 1936 — à force de travail et de ténacité, elle s'impose enfin. Au printemps 1937, à l'ABC, elle offre au Tout-Paris sa voix unique et si magnifiquement tragique. On frissonne en l'écoutant chanter Mon légionnaire (1936).
Puis les tournées s'enchaînent, entrecoupées d'apparitions au cinéma, en France et en Europe, en compagnie d'autres talents qu'elle contribue ainsi à faire découvrir : Yves Montand, les Compagnons de la Chanson notamment. Elle ira jusqu'à New York conquérir le cœur des foules avec la Vie en rose (1945) et surtout celui du boxeur Marcel Cerdan. Sans doute sa plus grande histoire d'amour, brutalement interrompue par l'accident d'avion de Marcel en octobre 1949.
La fatalité l'a rattrapée et elle ne la quittera plus. Mais l'alcool, la drogue, les maladies et la déchéance ne l'empêcheront jamais de chanter, jusqu'à la fin, ses refrains d'amour et de douleur. Les Amants d'un jour (1956), la Foule (1957), Milord (1959). « Non, je ne regrette rien «, clame-t-elle encore en 1962 du haut de la tour Eiffel, avant de s'éteindre le 11 octobre de l'année suivante. Elle est escortée dans sa dernière demeure par une foule en larmes, elle qui avait si bien su la faire pleurer.
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