Dumont, René
Publié le 08/04/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Dumont, René (1904-2001), agronome français, spécialiste de l’agriculture et de l’économie des pays du tiers-monde et premier candidat écologiste à une élection présidentielle française (1974).
2 | UNE CONSCIENCE ÉCOLOGISTE TARDIVE |
Né à Cambrai dans une famille d’origine paysanne (son grand-père est fermier, son père enseigne l’agriculture), René Dumont étudie l’agronomie. Après un premier poste en Indochine (1929), il rentre en France et enseigne à l’Institut national agronomique de Paris de 1933 à 1974, tout en menant des missions d’expert pour le compte de nombreux organismes internationaux. René Dumont est dans un premier temps un partisan de l’agriculture moderne, du remembrement et du drainage, de l’utilisation des fertilisants chimiques et du machinisme agricole.
Sa prise de conscience des dangers du productivisme et de la nécessité d’une pensée écologiste est tardive. Elle se base sur son expérience d’ingénieur agronome, acquise sur le terrain au cours des missions qu’il accomplit pour les agences spécialisées des Nations unies (FAO, Banque mondiale) ou des gouvernements locaux. L’œuvre qu’il bâtit tout au long de sa carrière dresse le constat alarmant des dégradations écologiques que les hommes font subir à la Terre et à l’environnement.
3 | LE PÈRE DE L’ÉCOLOGIE POLITIQUE FRANÇAISE |
René Dumont est âgé de soixante-dix ans et président d’honneur de l’association écologiste Les Amis de la Terre lorsqu’il se présente à l’élection présidentielle de 1974. Cette candidature fait de lui le premier écologiste à acquérir une visibilité sur l’échiquier politique français. Les écologistes français le considèrent en cela comme leur père spirituel. Son succès est limité, puisqu’il ne réunit que 1,32 p. 100 des suffrages, mais cette élection fait date et ouvre la voie de l’écologie politique à toute une génération qui, sur fond de choc pétrolier, prend conscience que les ressources planétaires sont limitées et qu’une croissance économique infinie est utopique. Son directeur de campagne est Brice Lalonde, qui sera lui-même candidat à l’élection présidentielle de 1981. Le style de sa campagne le démarque des autres candidats ; son pull-over rouge et ses cheveux blancs deviennent emblématiques. Alors que la France vit sa première campagne électorale « moderne « et que s’ouvre l’ère de la communication politique, René Dumont se contente d’une pomme et d’un verre d’eau qu’il montre devant les caméras de télévision en demandant aux Français de mesurer à quel point ces simples denrées sont précieuses. Au lendemain du scrutin, il refuse la proposition que lui font les différents acteurs de l’écologie française de diriger le mouvement écologiste naissant.
4 | UNE TRAVERSÉE DU XXE SIÈCLE |
La vie de René Dumont le confronte aux grandes lignes de rupture du xxe siècle : le nazisme, la décolonisation, l’émergence de la notion de tiers-monde, la mondialisation. Profondément pacifiste, il manifeste un refus de la guerre qui est la source d’une parenthèse sombre dans sa carrière. En effet, proche de la Ligue internationale des combattants pour la paix avant la Seconde Guerre mondiale, il s’oppose à la guerre contre l’Allemagne nazie, puis défend la Collaboration. Il publie des articles dans l’hebdomadaire pétainiste la Terre française, dans lesquels il approuve la politique du maréchal Pétain, fait de l’agriculture nazie un modèle et défend le corporatisme agricole.
Homme de gauche et militant anticolonialiste, il se bat par la suite en faveur du développement agricole du tiers-monde et contre le pillage par le Nord des ressources du Sud. Il met en évidence les effets négatifs du productivisme et contribue à forger le concept de « développement durable «.
René Dumont est également l’un des premiers à réfléchir aux conséquences de la mondialisation : explosion démographique, bidonvilles, productivisme, pollution, accroissement du fossé entre le Nord et le Sud de la planète.
Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, parmi lesquels la Culture du riz dans le delta du Tonkin (1935), l’Afrique noire est mal partie (1962), l’Utopie ou la mort (1973), l’Afrique étranglée (1980), Pour l’Afrique, j’accuse (1986), un Monde intolérable : le libéralisme en question (1988) et Démocratie pour l’Afrique (1991).
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