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Dom Helder Camara, voix des sans-voix

Publié le 17/01/2022

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27 août 1999 Qui se souvient encore de Dom Helder Camara qui vient de mourir, à Recife, dans le nord-est du Brésil, à l'âge de quatre-vingt dix ans ? Dom Helder a été un personnage célébré et controversé au Brésil dès les années 30, en Amérique latine dès les années 50, dans l'Eglise dès les années 60 et dans le monde dès les années 70. Sa petite silhouette et ses grands gestes ont été longtemps sur le devant de la scène. Il était la voix des sans-voix. Puis il avait été forcé au silence en 1985, et avait accepté ce sort. Ce retrait depuis près de quinze ans ne peut toutefois faire oublier le temps des grandes espérances qu'il a animées et qui, jusqu'à il y a peu, ont aidé à vivre tant de pauvres dans le monde et de croyants dans l'Eglise. Frère des hommes, homme d'Eglise, fils de Dieu, Dom Helder Camara a été un grand témoin de l'Evangile libéré et libérateur. Il aurait pu être honoré, mais il a été diffamé et suspecté. Né le 7 février 1909 dans une famille modeste de Fortaleza, capitale du Ceara, dans le nord-est du Brésil, Helder Camara apprend très tôt de sa mère institutrice à comprendre la faiblesse humaine - ce qui l'aidera plus tard à ne jamais juger personne - et de son père franc- maçon que l'Eglise n'a pas le monopole des valeurs humaines - ce qui lui donnera plus tard un esprit naturellement oecuménique, au sens le plus large du mot. Plus tard, il lui faut d'abord purger une nature peu disposée à la compréhension ni au dialogue. Tout jeune prêtre, en 1931, il s'engage dans la Légion d'octobre, puis dans l'Intégralisme de Plinio Salgado. C'est l'heure de Mussolini, de Salazar, de Hitler : "J'avais l'idée que le monde allait se diviser en deux, la gauche et la droite, le communisme et le fascisme." Il opte pour le fascisme, pendant deux ans. Nouvelle expérience politique en 1934 : à la demande de son évêque, il fait campagne pour une liste soutenue par la Ligue électorale du cardinal Leme. Il se révèle être un efficace agent électoral : la liste entière est élue. Ce qui lui vaut d'être nommé secrétaire pour l'éducation dans l'Etat du Ceara. Refusant de se laisser entraîner dans des combinaisons partisanes, il quitte deux ans plus tard Fortaleza pour Rio. Là, il est membre de l'Institut de recherche de l'éducation et du Conseil supérieur de l'enseignement. Il a l'étoffe d'un homme de gestion, d'un homme de gouvernement, peut-être même d'un homme d'Etat. Kubitschek le sollicite pour la mairie de Rio, puis pour le ministère de l'éducation nationale. Janio Quadros ira jusqu'à lui proposer la vice-présidence du pays... Mais Dom Helder est depuis longtemps vacciné contre la tentation de la politique. Peut- être parce qu'il était particulièrement tenté par cette dernière. Il a très tôt décidé de refuser de se poser comme le leader du mouvement non-violent qu'il s'est acharné à susciter et qui n'arrivera jamais à exister vraiment, faute, peut-être, de s'être trouvé un chef. L'homme d'Eglise connaît une carrière active et brillante. A peine ordonné prêtre, il est chargé de la pastorale des intellectuels à Fortaleza. Quand il arrive à Rio, le cardinal Leme le charge de la direction de l'enseignement religieux. Mais sa pastorale personnelle va déborder de beaucoup le cadre de son mandat officiel. Ses émissions de radio en font très vite un des personnages les plus populaires de la capitale fédérale. La confiance du nonce Chiarlo l'amène, dans les années 40, à jouer le rôle de conseiller officieux pour les affaires de l'Eglise, et notamment pour les nominations épiscopales. En 1950, il est à Rome. Il plaide en faveur d'une idée absolument originale alors : l'organisation des évêques du Brésil, qui sont plus de deux cents, en conférence épiscopale. Sa cause est entendue deux ans plus tard et, en 1952, Rome le nomme secrétaire de cette conférence nationale des évêques. Il occupera ce poste-clé douze ans de suite. Ce qui lui permettra de jouer un rôle décisif, d'une part dans l'évolution de l'Eglise du Brésil, d'autre part dans la création et la reconnaissance par Rome du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM). Evêque auxiliaire de Rio en 1952, il est promu archevêque auxiliaire en 1955, à la faveur du Congrès eucharistique international qu'il avait magistralement préparé. Si magistralement que le cardinal Gerlier, en l'en félicitant, lui avait suggéré de mettre ses dons d'organisateur au service des pauvres qui peuplent les favelas de la capitale. La suggestion tombe dans une oreille bien préparée à l'entendre. Partout répandue par les magazines, la radio, la télévision, l'image de l' "évêque des favelas" double rapidement celle du secrétaire de l'épiscopat et de l'aumônier national de l'Action catholique. Dom Helder est en quelque sorte l'abbé Pierre de l'Amérique latine. Il fonde une efficace et prospère organisation d'assistance et de promotion humaine : la Banque de la Providence. Le combat de Dom Helder pour la justice sociale commence. Nous sommes au seuil des années 60. Castro est au pouvoir à Cuba. L'Amérique latine tout entière s'engage dans un processus de radicalisation et de violence. Au Brésil comme ailleurs, les chrétiens sont divisés. Face à Dom Helder, à quelques autres évêques, à l'Action catholique, au mouvement d'éducation de base, les forces conservatrices s'organisent autour de quelques autres évêques, des congrégations mariales, du mouvement "Tradition, famille, propriété". Il devient très suspect de soutenir que le communisme n'est pas le plus grand péril de l'heure. Le cardinal de Rio fait bientôt comprendre à son auxiliaire qu'il vaut mieux qu'ils se séparent. A Rome, c'est le concile. Dom Helder ne prend pas une seule fois la parole dans l'aula. Il se méfie de la "vedettarisation". Ce qui l'intéresse, c'est que l'ensemble du corps ecclésial bouge, se convertisse, s'engage. Il s'y emploie dans les couloirs, dans les petits groupes. Une fois ou l'autre, une lettre circulaire, ou une conférence de presse, donne l'idée de la vigoureuse liberté de sa théologie : "Nous, les Excellentissimes, nous avons besoin d'une excellentissisme réforme ! C'en est assez d'une Eglise qui veut être servie ; qui exige d'être toujours la première ; qui n'a pas le réalisme et l'humilité d'accepter la condition du pluralisme religieux ; qui crie qu'elle a le monopole de la vérité..." Dom Helder n'hésitait pas à dire que Lénine et ses disciples avaient eu historiquement raison de voir dans la religion un opium du peuple. Il se refusait à croire que Dieu, qui a fait l'homme libre et co-créateur, puisse se satisfaire d'un culte d'hommes- esclaves, d' "hommes-cactus", d'hommes couchés dans la résignation. Il a profondément souffert de tout ce qui faisait du christianisme une "religion aliénée et aliénante" : le chrétien doit être libre, et le christianisme libérateur. Quand, après le concile, le vent de la contestation s'est levé sur l'Eglise, Dom Helder ne s'est cependant pas révélé comme le leader de cette contestation. Cela ne l'a pas empêché de déployer, dans son diocèse, un style apostolique très librement post-conciliaire. Mais il s'est comporté comme si, pour lui, le combat primordial qu'il avait engagé contre l'injustice nécessitait le maximum de solidarité ecclésiale : on ne peut pas se battre sur deux fronts à la fois. A quoi s'ajoutait un souci, poussé jusqu'au scrupule, de ne rien faire ni dire qui puisse jeter ne serait-ce qu'une ombre sur sa communion avec l'évêque de Rome. Dom Helder est nommé archevêque de Recife au moment même où l'armée chasse Joao Goulart du pouvoir, et s'y installe à sa place. Va-t-il, comme nombre d'évêques brésiliens, baisser d'un ton sa prédication sociale et, se mettant au goût politique du jour, rejoindre le gros du troupeau dans une lecture plus traditionnellement conservatrice de l'Evangile ? Le 12 avril 1964, il se présente à ses nouveaux diocésains : "Que personne ne se scandalise de me voir fréquenter des gens que l'on considère comme indignes et pécheurs. Qui donc n'est pas pécheur ?" Et il présente le Christ qu'il veut servir : "Bien que, pour certains, cela puisse paraître étrange, j'affirme que, dans le Nord-Est, le Christ s'appelle José, Antonio ou Severino... Ecce homo ! Voici le Christ, voici l'homme ! L'homme qui a besoin de la justice, qui a droit à la justice, qui mérite la justice !" C'est l'heure - qui va durer des mois - où tous ceux que le pouvoir d'ordre moral considère comme "subversifs" sont systématiquement poursuivis, arrêtés, expulsés, déchus de leurs droits civils. Usant de ses relations, de son savoir-faire politique, de ses privilèges cléricaux aussi, Dom Helder se dresse comme un paratonnerre au-dessus du Nordeste, protégeant qui il peut, comme il peut. Dans d'innombrables conférences, il met en évidence les injustices les plus criantes . De toutes les tribunes qui s'offrent à lui, il tente d'ouvrir les yeux sur les formes multiples de l'esclavage, entretenues par le colonialisme interne comme par le colonialisme externe. Chiffres en mains, il dénonce l'exploitation locale, nationale, continentale, internationale des pauvres, qui ne cessent d'être plus pauvres, par les riches, qui ne cessent d'être plus riches. Il reconnaît aux pauvres, étouffés par "la guerre subversive de l'argent", le droit de légitime défense. Le pittoresque "évêque des favelas" est devenu l' "évêque rouge", "subversif", "communiste", dénoncé par certains de ses pairs. En mai 1968, un attentat crapuleux est ourdi contre lui... Dom Helder cherche le moyen de passer de la parole aux actes. Au Brésil comme dans les pays voisins, les jeunes sont de plus en plus tentés par l'insurrection violente. Le prêtre colombien Camilo Torres fait des disciples. Dom Helder les comprend, et il ne s'en cache pas. Mais il ne les suit pas. Son option pour la non-violence ne s'appuie pas seulement sur sa lecture de l'Evangile. Elle est aussi, pour lui, la seule politique réaliste. Avant de rêver de révolution, il faut pour l'archevêque de Recife, commencer par "faire de la masse un peuple". C'est le but des "opérations Espérance" par lesquelles il s'efforce de "conscientiser" des petites communautés de quartier et de leur donner l'idée et les moyens de prendre dans leurs propres mains leur propre destin. C'est le sens aussi du mouvement Action, justice et paix que, conjointement avec d'autres évêques, il lance en octobre 1968. Ce devait être un mouvement de non- violence active, de "pression morale libératrice", inspiré des exemples de Gandhi et de Martin Luther King. Il en avait soigneusement élaboré les principes, le programme et les méthodes. Ce devait être, mais cela n'a pas été. En décembre 1968, l'armée renforce ses pouvoirs en édictant l'Acte institutionnel numéro 5. Il n'y a plus de place ni pour l'action non violente, qui exige, pour être efficace, un minimum de liberté politique, ni pour la guérilla, qui va bientôt être liquidée en la personne de ses chefs Marighela et Lamarca. La terreur et la torture s'installent dans le pays. Dans la nuit du 26 au 27 mai 1969, un coup décisif est porté à Dom Helder quand un de ses plus proches amis et collaborateurs, le prêtre Enrique Pereira Neto, est odieusement assassiné. Dom Helder comprend que c'en est fini pour lui de jouer le rôle de paratonnerre protecteur : bien plutôt, chacune de ses paroles, chacun des risques qu'il accepterait de prendre pour lui peut désormais attirer la foudre sur n'importe lequel des "otages" qu'une police officielle ou parallèle a choisi de faire payer à sa place. Le vide se fait autour de lui : "Ce qui est terrible, c'est que les petits aussi s'écartent. Ils se laissent intimider...". Réduit au silence et à l'impuissance chez lui, Dom Helder prend son bâton de pèlerin. Convaincu que la cause de la justice est indivisible, que le sort du tiers-monde dépend d'une réforme radicale des rapports politiques et économiques entre pays riches et pays pauvres, il a des choses à dire aux "superpuissances" capitalistes et socialistes, aux trusts internationaux, aux gouvernements et aux peuples d'Amérique du Nord et d'Europe. En mars 1970, il signera un appel commun avec Ralph Abernathy, le successeur de Martin Luther King : "Pour faire face au danger constant d'une guerre mondiale, nous devons avoir un mouvement mondial pour la paix. Pour faire face au problème de la pauvreté, nous devons instituer un combat mondial contre la misère et l'injuste répartition des richesses..." Le rapport avec Rome s'avère difficile, puis pesant. Dom Helder est d'autre part assez lucide pour se rendre compte que, si sa parole a touché des coeurs, elle n'est pas parvenue à mobiliser efficacement les volontés. Il avait misé sur les institutions : universités, Eglises et groupes religieux, mouvements et organisations publiques et privées de toutes sortes. Il s'était trompé : les institutions, finit-il par constater, sont impuissantes à accomplir des actes courageux et décisifs. En 1984, Dom Helder a soixante -quinze ans. Jean Paul II qui, quatre ans plus tôt, l'a publiquement honoré d'un chaleureux "abraço" ( "Dom Helder, frère des hommes et mon frère !") accepte sa démission et nomme en 1985 son contraire pour lui succéder, Dom José Cardoso. Commence alors, à grands coups de droit canonique, la démolition systématique de la pastorale diocésaine et régionale développée par Dom Helder pendant vingt ans dans l'esprit du Concile. Dom Helder est sommé de se taire. C'est sa dernière et longue épreuve. Mais il reste actif par les initiatives de promotion sociale regroupées dans les Obras de Frei Francisco, et par la campagne "An 2000 sans misère", par les groupes et disciples - laïcs, prêtres et même évêques - qu'il a fait naître à la liberté créatrice, solidaire et responsable. Le désert dans lequel Dom Helder aura fini sa vie n'a pas été pour lui le cimetière de l'espérance. Déjà , en 1971, il donnait ce beau titre à son petit livre sur les "minorités abrahamiques" : Le Désert est fertile. JOSE DE BROUCKER Le Monde du 30 août 1999

« le communisme n'est pas le plus grand péril de l'heure.

Le cardinal de Rio fait bientôt comprendre à son auxiliaire qu'il vaut mieuxqu'ils se séparent. A Rome, c'est le concile.

Dom Helder ne prend pas une seule fois la parole dans l'aula.

Il se méfie de la "vedettarisation".

Cequi l'intéresse, c'est que l'ensemble du corps ecclésial bouge, se convertisse, s'engage.

Il s'y emploie dans les couloirs, dans lespetits groupes.

Une fois ou l'autre, une lettre circulaire, ou une conférence de presse, donne l'idée de la vigoureuse liberté de sathéologie : "Nous, les Excellentissimes, nous avons besoin d'une excellentissisme réforme ! C'en est assez d'une Eglise qui veutêtre servie ; qui exige d'être toujours la première ; qui n'a pas le réalisme et l'humilité d'accepter la condition du pluralismereligieux ; qui crie qu'elle a le monopole de la vérité..." Dom Helder n'hésitait pas à dire que Lénine et ses disciples avaient eu historiquement raison de voir dans la religion un opiumdu peuple.

Il se refusait à croire que Dieu, qui a fait l'homme libre et co-créateur, puisse se satisfaire d'un culte d'hommes-esclaves, d' "hommes-cactus", d'hommes couchés dans la résignation.

Il a profondément souffert de tout ce qui faisait duchristianisme une "religion aliénée et aliénante" : le chrétien doit être libre, et le christianisme libérateur. Quand, après le concile, le vent de la contestation s'est levé sur l'Eglise, Dom Helder ne s'est cependant pas révélé comme leleader de cette contestation.

Cela ne l'a pas empêché de déployer, dans son diocèse, un style apostolique très librement post-conciliaire.

Mais il s'est comporté comme si, pour lui, le combat primordial qu'il avait engagé contre l'injustice nécessitait lemaximum de solidarité ecclésiale : on ne peut pas se battre sur deux fronts à la fois.

A quoi s'ajoutait un souci, poussé jusqu'auscrupule, de ne rien faire ni dire qui puisse jeter ne serait-ce qu'une ombre sur sa communion avec l'évêque de Rome. Dom Helder est nommé archevêque de Recife au moment même où l'armée chasse Joao Goulart du pouvoir, et s'y installe à saplace.

Va-t-il, comme nombre d'évêques brésiliens, baisser d'un ton sa prédication sociale et, se mettant au goût politique dujour, rejoindre le gros du troupeau dans une lecture plus traditionnellement conservatrice de l'Evangile ? Le 12 avril 1964, il se présente à ses nouveaux diocésains : "Que personne ne se scandalise de me voir fréquenter des gens quel'on considère comme indignes et pécheurs.

Qui donc n'est pas pécheur ?" Et il présente le Christ qu'il veut servir : "Bien que,pour certains, cela puisse paraître étrange, j'affirme que, dans le Nord-Est, le Christ s'appelle José, Antonio ou Severino...

Eccehomo ! Voici le Christ, voici l'homme ! L'homme qui a besoin de la justice, qui a droit à la justice, qui mérite la justice !" C'est l'heure - qui va durer des mois - où tous ceux que le pouvoir d'ordre moral considère comme "subversifs" sontsystématiquement poursuivis, arrêtés, expulsés, déchus de leurs droits civils.

Usant de ses relations, de son savoir-faire politique,de ses privilèges cléricaux aussi, Dom Helder se dresse comme un paratonnerre au-dessus du Nordeste, protégeant qui il peut,comme il peut. Dans d'innombrables conférences, il met en évidence les injustices les plus criantes .

De toutes les tribunes qui s'offrent à lui, iltente d'ouvrir les yeux sur les formes multiples de l'esclavage, entretenues par le colonialisme interne comme par le colonialismeexterne.

Chiffres en mains, il dénonce l'exploitation locale, nationale, continentale, internationale des pauvres, qui ne cessent d'êtreplus pauvres, par les riches, qui ne cessent d'être plus riches.

Il reconnaît aux pauvres, étouffés par "la guerre subversive del'argent", le droit de légitime défense.

Le pittoresque "évêque des favelas" est devenu l' "évêque rouge", "subversif", "communiste",dénoncé par certains de ses pairs.

En mai 1968, un attentat crapuleux est ourdi contre lui... Dom Helder cherche le moyen de passer de la parole aux actes.

Au Brésil comme dans les pays voisins, les jeunes sont de plusen plus tentés par l'insurrection violente.

Le prêtre colombien Camilo Torres fait des disciples.

Dom Helder les comprend, et il nes'en cache pas.

Mais il ne les suit pas.

Son option pour la non-violence ne s'appuie pas seulement sur sa lecture de l'Evangile.

Elleest aussi, pour lui, la seule politique réaliste. Avant de rêver de révolution, il faut pour l'archevêque de Recife, commencer par "faire de la masse un peuple".

C'est le but des"opérations Espérance" par lesquelles il s'efforce de "conscientiser" des petites communautés de quartier et de leur donner l'idéeet les moyens de prendre dans leurs propres mains leur propre destin.

C'est le sens aussi du mouvement Action, justice et paixque, conjointement avec d'autres évêques, il lance en octobre 1968.

Ce devait être un mouvement de non- violence active, de"pression morale libératrice", inspiré des exemples de Gandhi et de Martin Luther King.

Il en avait soigneusement élaboré lesprincipes, le programme et les méthodes. Ce devait être, mais cela n'a pas été.

En décembre 1968, l'armée renforce ses pouvoirs en édictant l'Acte institutionnel numéro5.

Il n'y a plus de place ni pour l'action non violente, qui exige, pour être efficace, un minimum de liberté politique, ni pour laguérilla, qui va bientôt être liquidée en la personne de ses chefs Marighela et Lamarca.

La terreur et la torture s'installent dans lepays.. »

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