Dissertation gratuite: Un être libre est-il un être imprévisible ?
Publié le 21/07/2010
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"J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée." nous dit Spinoza Lettre à Schuller (1674). Etre libre consisterait alors à ne pas être déterminé causalement. Mais est-ce vraiment le cas ? Un être libre est-il un être imprévisible ? Les éléments que nous pouvons prévoir sont des faits qui résultent de l'ordre des choses, par exemple il est possible de prévoir la trajectoire d'une comète parce qu'elle répond à un ensemble de lois physiques qui est un rapport nécessaire entre les phénomènes. Nous pouvons donc assimiler l'être libre à l'être imprévisible seulement lorsque nous considérons l'être libre comme spontané. Nous serions donc amenés à nous demander si la liberté est la spontanéité. La difficulté repose dans la contradiction qui existe entre notre conscience, qui nous dit que nous sommes libres et par conséquent responsables, et notre expérience de la vie, où nous nous orientons d'après le principe de causalité. Dans le domaine pratique, et spécialement dans la politique, nous tenons la liberté humaine comme quelque chose qui va de soi, et c'est sur elle que repose de nombreuses lois. Mais dans le domaine du théorique et du scientifique, au contraire, nous procédons d'après une autre vérité, celle du nihil ex nihilo (rien ne vient de rien), du nihil sine causa (rien n'est sans cause), c'est-à-dire que nos propres vies sont soumises à des causes. Dans un premier temps, nous verrons en quoi un être libre est imprévisible, puis dans un second temps, nous étudierons le fait qu'un être libre ne peut tout de même pas être absolument imprévisible, pour enfin dans un dernier temps, nous pencher sur la portée morale du déterminisme, en nous posant la question de savoir si nous avons vraiment le choix de croire ou ne pas croire en l'imprévisibilité. Nous allons donc essayer dans cette partie de cherchez en quoi un être libre est un être imprévisible. L'imprévisibilité est ce qui n'est pas régi par le principe du déterminisme, le déterminisme étant une philosophie selon laquelle tout est nécessairement déterminé par des causes naturelles. Autrement dit, un être imprévisible est un être qui, lors d'une situation donnée, agit d'une façon qui ne peut pas être annoncée à l'avance avec certitude, qu'aucun élément actuel ne peut déterminer. Or, n'est-ce pas le propre d'un être libre ? Un être est libre s'il agit spontanément, de sa propre initiative, si il a la capacité d'agir sans autres influences que le pouvoir de se déterminer par lui-même. On appelle libre-arbitre cette capacité, c'est-à-dire qu'il agit sans aucune contrainte. Tout homme est doté du libre-arbitre par nature. Il ne tient pas compte de ses pulsions, de ses passions. Donc les agissements d'un être libre par son libre-arbitre, sont du domaine du hasard absolu, donc non prévisibles. Dans ce sens, l'imprévisibilité semble bien essentielle à la liberté. La philosophie de Sartre sur la liberté repose sur la fameuse formule « l'existence précède l 'essence « d'où sa conséquence immédiate : « l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait «. Nous sommes libres de nous faire, de nous construire par nous-même. Aucune nature humaine ne nous dicte notre conduite, la liberté ici est l'absence de normes qui précèderaient nos actions. Or cette conscience de notre liberté nous amène à la conscience de notre responsabilité, ce qui peut provoquer une angoisse visant à nous dissimuler face à cette liberté, cette « mauvaise foi « qui nous amène à accuser le destin, les circonstances ou la pression des autres, c'est pourquoi « nous sommes condamnés à être libres «. Mais tout ceci présuppose que l'on ait saisi ce que signifiait « l'existence précède l'essence «. Tout objet fabriqué a d'abord été conçu. Pour reprendre l'exemple de Sartre, un coupe-papier est un objet fabriqué par un artisan, selon une idée préalable dont il déduit la façon de fabriquer l'objet. De plus, un sujet qui décide est un sujet temporel, il se construit et évolue dans dans le temps, il est changement. Comment peut-on donc dans ce cas prévoir à un certain moment le choix d'un homme qui ne sera plus le même à un autre moment ? Prévoir c'est savoir ce qui va arriver avec une forte certitude, ce qui s'appuie sur le présupposé d'une uniformité (le futur ressemblant au passé et au présent) et sur la connaissance d'une loi (ex : loi de chute des corps, si je lâche un objet, il tombe). Donc si l'on connait les causes et le contexte, on peut anticiper les effets et les conquéquences. Mais, si les sciences humaines se distinguent des autres sciences (subjectivité de l'observateur, complexité) c'est par son sujet d'étude : l'homme. En tant qu'être vivant, même s'il est soumis au déterminisme et en tant qu'être historique, même s'il est soumis à une histoire qui a ses propres lois, il est libre. Donc ses choix ne peuvent pas être mis en équation et ne sont donc pas prévisibles. En effet, la liberté s'oppose à l'idée du déterminisme qui sous-entend la nécessité. La nécessité, c'est ce qui ne peut pas ne pas être, telle cause va entrainer nécessairement tel effet, ce qui est naturellement opposé à l'idée de choix libre. C'est ce que Descartes appelle l'indifférence, et qu'il associe à la volonté, « le pouvoir des contraires «, c'est-à-dire de pouvoir contrarier toute prévision. Ce qui fait que l'homme aux choix libres est imprévisible. On pourrait donc être amené à penser que c'est en déjouant toute prévision que nous sommes libres. C'est le cas de l'acte gratuit perpétré par Lafcadio dans les caves du Vatican de Gide. Sans raison apparente, sans intention criminelle, il décide de jeter par la fenêtre du train son compagnon inconnu de voyage. Se rendre imprévisible, agir au gré de ses pulsions, de ses envies soudaines, voilà ce que nous penserions être la spontanéité et la liberté. Nous venons donc de démontrer dans cette partie qu'un être libre est un être imprévisible, étant donné qu'il est doté du libre-arbitre et qu'il est sujet temporel. Mais n'est-ce pas illusoire de croire que la liberté se distingue et s'affirme par son imprévisibilité ? N'est-ce pas irréfléchi d'associer liberté et indépendance ? Et pouvons-nous vraiment croire que l'Homme est le seul être qui ne soit pas déterminer causalement ? Ce qui nous ramène à notre problème qui était de savoir si l'on peut seulement définir la liberté par la spontanéité. Nous allons donc dans cette deuxième partie montrer qu'un être libre n'est pas absolument imprévisible. C'est donc dans ce second temps que nous allons voir qu'il est tout de même possible de prévoir les agissements d'un être libre. Si on prévoit les choses, c'est qu'elles obéissent à une certaine rationalité. L'être libre serait alors un fou, un capricieux soumis à ses pulsions, à ses passions. Certes, il ne dépend de rien en apparence, mais il ne dépend pas non plus que de lui. Il n'a pas le choix face à ce qui l'anime, il n'est pas le maître de ses actes et nous pouvons y voir plutôt servitude que réelle liberté. Donc même si l'acte est imprévisible, il n'est pas pour autant sans cause, et même si nous ne pouvons anticiper la « logique « de cette cause, cela n'empêche que ce qui arrive est son effet. Il ne s'agit pas pour être libre de changer de cap à chaque instant, mais de s'en donner un et d'en assurer la responsabilité. C'est ce que souligne Sartre en associant la liberté et la notion de projet. Un être libre n'est pas absolument imprévisible. Pour autant, une action imprévisible est-elle totalement arbitraire ? L'imprévisibilité n'est pas seulement ce qui est indeterminé, c'est aussi tout ce qui caractérise une conduite capricieuse, irréfléchie, sans raison. Descartes soulignait que la vraie liberté n'est pas issue d'une volonté hésitante, qui ne sait pas quel parti prendre et qui se détermine dans la pure indifférence. Un tel état de la volonté est dit-il, « le plus bas degré « de la liberté. Un être libre a au contraire une volonté issue d'une connaissance de cause. C'est donc l'entendement qui nous montre le choix le plus intelligent dans pareille situation, « d'une grande lumière de l'entendement suit une grande inclination de la volonté « (Descartes, Méditations métaphysiques). Donc, s'il n'y a d'authentique liberté qu'une liberté éclairée par la raison, ne peut-on pas anticiper le choix que je ferai raisonnablement ou que quelqu'un d'autre, sujet raisonnable, fera ? Un être libre n'a pas la possibilité de faire tout ce qui lui plait, de répondre à ses pulsions et d'agir sans aucune contrainte, ce serait réduire la notion de liberté. Etre libre, c'est parvenir à ses fins tout en restant limité par un cadre d'interdits (liberté des autres, lois juridiques, raison morale, valeurs, principes, culture, éducation ...). Il apparaît alors qu'un être, même libre, perd de sa spontanéité, un être est donc libre et prévisible, et nous pouvons prévoir son comportement car il est adapté et probable. Néanmoins, nous ne sommes pas tout à fait prévisibles, il nous reste une part de spontanéité, une certaine « marge « qui, même réduite, nous rend unique et par conséquent humain. Un être libre est un être qui s'affirme dans son originalité, son individualité, dans la singularité de sa personnalité. Si comme l'écrit Bergson (Essai sur les données immédiates de la conscience) « nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste «, ne peut-on pas anticiper avec une certaine approximation le choix d'un être libre ? Ne peut-on pas prévoir à l'avance les agissements d'un être libre dont nous sommes familier ? De plus, ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas prévoir un événement qu'il est en soi imprévisible, la limite de nos prévisions est la limite de nos capacités de compréhension et de connaissances. Nous pourrions penser, comme Laplace, qu'avec une connaissance plus globale et un esprit plus puissant pour établir une synthèse, nous sommes capables de tout prévoir. C'est ce qu'on apelle la thèse du déterminisme universel. En effet, en réalité l'ordre des choses nous échappe, on peut donc concilier imprévisibilité et fatalité. On ne sait pas ce que nous réserve le destin mais celui-ci est déjà écrit. Le déterminisme scientifique consiste à affirmer qu'il existe des relations entre certains types de facteurs relevant d'un ordre donné au sein de la Nature, par exemple le mouvement de la Lune avec les interactions des marées, ou les interactions des organes au sein d'un être vivant. La Nature en effet se comporte de la même manière dans le temps, et la science existe car elle parvient à y trouver des constantes sous forme de lois. Or la physique contemporaine a considérablement tempéré le principe du déterminisme. En thermodynamique, selon Ilya Prigogine, on admet que certains phénomènes à l'échelle macroscopique admettent une certaine part d'indétermination. A l'échelle microscopique, nous savons qu'il en est de même. A son niveau le plus fondamental, l'univers est fluctuant et il possède une part d'indétermintation irrécusable, comme l'a montré la théorie quantique. La trajectoire d'une particule élémentaire n'est pas prévisible, car précisement, elle n'est pas déterminée. Ainsi, nous ne pouvons plus tirer des sciences des arguments probants en faveur du déterminisme absolu. Comme l'avait vu Alain, le déterminisme scientifique accorde au monde une grand part d'indétermination, le déterminisme absolu n'est qu'un présupposé ou une croyance, il y a une part d'imprévisible dans tout. Nous venons donc que dans de nombreux cas, lorsque l'on connait le sujet, ou lorsque celui-ci utilise la raison, il est possible de prévoir ses actes. De plus, nous n'avons pas encore toutes les conaissances et un esprit assez puissant pour connaître le monde. Mais avons-nous vraiment le choix face une telle question ? Est-il seulement possible d'adhérer à la thèse du determinisme absolu tout en pronant les notions de bien et de mal ? Ce qui nous amène dans cette troisième partie à montrer qu'il faut postuler qu'un être libre est imprévisible pour une question de morale. En effet, nous ne pouvons pas démontrer l'existence de la liberté mais nous pouvons y croire, et surtout nous devons y croire, pour une question de morale. Si nous ne croyons pas à la liberté et donc à l'imprévisibilité, il n'est pas nécessaire de faire le bien plutôt que le mal. Pour Kant, la liberté doit être postulée, parce qu’elle est nécessaire à la reconnaissance de la dignité de la personne et à l'imputation morale. L’indépendance de la volonté à l’égard de toute autre loi que la loi morale est le fondement de la dignité humaine. La conscience morale désigne le sentiment intérieur d’une norme du bien et du mal qui nous dit comment apprécier la valeur des conduites humaines, qu’il s’agisse des nôtres ou de celles d’autrui. Du point de vue de cette conscience morale, si nos choix sont toujours libres (nous pouvions faire autrement), ils ne sont pas toujours éclairés (nous faisons souvent de mauvais choix). La liberté, comme l’explique Descartes, inclut la possibilité de préférer le mal tout en sachant que c’est le mal. Cependant, un tel degré de liberté est faible et Descartes admet aussi qu’un homme éclairé ne peut que vouloir le bien. Sur les quartes types de déterminisme, trois ne sont pas conciliables avec la morale. Le premier est le déterminisme populaire ou fatalisme, c'est la doctrine selon laquelle tout serait strictement prévisible dans la Nature, parce qu’implacablement déterminé. Le fataliste croit que de toute façon, on ne peut rien contre le cours des choses et que nous glissons lentement vers une mort certaine. Tout est donc prévisible, il n'y a que le temps qui passe, et donc pas de possibilité, pas de différence entre le passé et le futur, rien d'imprévu et d 'imprévisible. Du coup, nous ne sommes responsables de rien, puisque nous ne sommes qu'un pion dans la vaste horloge du temps, nous sommes excusés de tous nos choix car nous ne pouvions en avoir d'autres, si le monde part à la dérive, c'est qu'il ne fait que suivre son cours implacable. Le second est le déterminisme théologique, c'est la doctrine qui soutient que le cours des choses est gouverné par la volonté de Dieu. Le libre-arbitre n'est alors qu'un fantasme humain, tout ce qui arrive est aux mains de Dieu, et notre avenir est déjà tracé. Seul Dieu choisit et il est le seul à pouvoir le faire sans aucunes contraintes. Ainsi, Bossuet dans le Discours sur l’Histoire universelle nous explique que toutes les entreprises humaines ne sont que la mise en œuvre inconsciente des moyens par lesquels se réalisent les fins divines. Donc quoique l'on fasse, c'est la volonté de Dieu. Le troisième est le déterminisme métaphysique qui consiste à admettre que les événements se suivent dans la Nature, avec la même nécessité que s’enchaînent les liaisons de principe à conséquence en logique. Ce qui se produit ne pouvait se produire différemment et devait se produire. Nous trouvons cette position chez les stoïciens qui, sans être fatalistes, admettent cependant l'existence du destin. L’action nous appartient en ce monde. Nous devons tenir le gouvernail de la volonté, mais tout en acceptant que le cours des choses ne nous appartient jamais entièrement. Tous ces types de déterminisme sont incompatibles avec la morale, en effet dans ce cas là un meurtrier pourrait excuser son geste en expliquant simplement qu'il n'avait pas le choix, donc l'imprévisibilité est nécessaire pour pouvoir faire le bien ou le mal. Nous venons donc de démontrer qu'un être libre par définition est un être imprévisible, mais qu'en se basant sur un choix raisonnable ou en connaissant le sujet, il est possible de prévoir avec une certaine probabilité ces choix. Cependant, pour ce qui est du déterminisme absolu, il n'est pas possible d'y croire car nous devons prendre en compte la morale et postuler l'imprévisibilité pour tenter de faire le bien. C'est ce qui nous permet de répondre à notre problème qui était de savoir s'il était possible de prévoir les actes d'un être libre. Mais nous avons considéré dans cette dissertation qu'un être libre était un Homme, on pourrait donc se demander en quel sens peut-on dire que seule l’homme dans la nature dispose d’une liberté ?
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soit pas déterminer causalement ? Ce qui nous ramène à notre problème qui était de savoir si l'on peut seulement définir la libertépar la spontanéité.
Nous allons donc dans cette deuxième partie montrer qu'un être libre n'est pas absolument imprévisible.
C'est donc dans ce second temps que nous allons voir qu'il est tout de même possible de prévoir les agissements d'un être libre.Si on prévoit les choses, c'est qu'elles obéissent à une certaine rationalité.
L'être libre serait alors un fou, un capricieux soumis àses pulsions, à ses passions.
Certes, il ne dépend de rien en apparence, mais il ne dépend pas non plus que de lui.
Il n'a pas lechoix face à ce qui l'anime, il n'est pas le maître de ses actes et nous pouvons y voir plutôt servitude que réelle liberté.
Doncmême si l'acte est imprévisible, il n'est pas pour autant sans cause, et même si nous ne pouvons anticiper la « logique » de cettecause, cela n'empêche que ce qui arrive est son effet.
Il ne s'agit pas pour être libre de changer de cap à chaque instant, mais des'en donner un et d'en assurer la responsabilité.
C'est ce que souligne Sartre en associant la liberté et la notion de projet.
Un êtrelibre n'est pas absolument imprévisible.
Pour autant, une action imprévisible est-elle totalement arbitraire ? L'imprévisibilité n'estpas seulement ce qui est indeterminé, c'est aussi tout ce qui caractérise une conduite capricieuse, irréfléchie, sans raison.Descartes soulignait que la vraie liberté n'est pas issue d'une volonté hésitante, qui ne sait pas quel parti prendre et qui sedétermine dans la pure indifférence.
Un tel état de la volonté est dit-il, « le plus bas degré » de la liberté.
Un être libre a aucontraire une volonté issue d'une connaissance de cause.
C'est donc l'entendement qui nous montre le choix le plus intelligentdans pareille situation, « d'une grande lumière de l'entendement suit une grande inclination de la volonté » (Descartes, Méditationsmétaphysiques).
Donc, s'il n'y a d'authentique liberté qu'une liberté éclairée par la raison, ne peut-on pas anticiper le choix que jeferai raisonnablement ou que quelqu'un d'autre, sujet raisonnable, fera ?
Un être libre n'a pas la possibilité de faire tout ce qui lui plait, de répondre à ses pulsions et d'agir sans aucune contrainte, ceserait réduire la notion de liberté.
Etre libre, c'est parvenir à ses fins tout en restant limité par un cadre d'interdits (liberté desautres, lois juridiques, raison morale, valeurs, principes, culture, éducation ...).
Il apparaît alors qu'un être, même libre, perd de saspontanéité, un être est donc libre et prévisible, et nous pouvons prévoir son comportement car il est adapté et probable.Néanmoins, nous ne sommes pas tout à fait prévisibles, il nous reste une part de spontanéité, une certaine « marge » qui, mêmeréduite, nous rend unique et par conséquent humain.
Un être libre est un être qui s'affirme dans son originalité, son individualité,dans la singularité de sa personnalité.
Si comme l'écrit Bergson (Essai sur les données immédiates de la conscience) « noussommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils expriment, quand ils ont avec elle cetteindéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste », ne peut-on pas anticiper avec une certaineapproximation le choix d'un être libre ? Ne peut-on pas prévoir à l'avance les agissements d'un être libre dont nous sommesfamilier ?
De plus, ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas prévoir un événement qu'il est en soi imprévisible, la limite de nos prévisionsest la limite de nos capacités de compréhension et de connaissances.
Nous pourrions penser, comme Laplace, qu'avec uneconnaissance plus globale et un esprit plus puissant pour établir une synthèse, nous sommes capables de tout prévoir.
C'est cequ'on apelle la thèse du déterminisme universel.
En effet, en réalité l'ordre des choses nous échappe, on peut donc concilierimprévisibilité et fatalité.
On ne sait pas ce que nous réserve le destin mais celui-ci est déjà écrit.
Le déterminisme scientifiqueconsiste à affirmer qu'il existe des relations entre certains types de facteurs relevant d'un ordre donné au sein de la Nature, parexemple le mouvement de la Lune avec les interactions des marées, ou les interactions des organes au sein d'un être vivant.
LaNature en effet se comporte de la même manière dans le temps, et la science existe car elle parvient à y trouver des constantessous forme de lois.
Or la physique contemporaine a considérablement tempéré le principe du déterminisme.
Enthermodynamique, selon Ilya Prigogine, on admet que certains phénomènes à l'échelle macroscopique admettent une certaine partd'indétermination.
A l'échelle microscopique, nous savons qu'il en est de même.
A son niveau le plus fondamental, l'univers estfluctuant et il possède une part d'indétermintation irrécusable, comme l'a montré la théorie quantique.
La trajectoire d'uneparticule élémentaire n'est pas prévisible, car précisement, elle n'est pas déterminée.
Ainsi, nous ne pouvons plus tirer dessciences des arguments probants en faveur du déterminisme absolu.
Comme l'avait vu Alain, le déterminisme scientifique accordeau monde une grand part d'indétermination, le déterminisme absolu n'est qu'un présupposé ou une croyance, il y a une partd'imprévisible dans tout.
Nous venons donc que dans de nombreux cas, lorsque l'on connait le sujet, ou lorsque celui-ci utilise la raison, il est possible deprévoir ses actes.
De plus, nous n'avons pas encore toutes les conaissances et un esprit assez puissant pour connaître le monde.Mais avons-nous vraiment le choix face une telle question ? Est-il seulement possible d'adhérer à la thèse du determinisme absolutout en pronant les notions de bien et de mal ? Ce qui nous amène dans cette troisième partie à montrer qu'il faut postuler qu'unêtre libre est imprévisible pour une question de morale.
En effet, nous ne pouvons pas démontrer l'existence de la liberté mais nous pouvons y croire, et surtout nous devons y croire,.
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