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Dissertation gratuite: Peut-on justifier une opinion ?

Publié le 22/07/2010

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Définition de l’opinion :

L’opinion est un jugement subjectif sur quelque chose, qui s’accompagne de certitude. Mais c’est un jugement qui n’est pas tiré de façon nécessaire d’une connaissance antérieure. C’est à peu près un syllogisme dont la conclusion serait donnée mais pas les prémisses (majeure, mineure). Au contraire, une connaissance valable pour tous (objective), se donne avec un raisonnement qui tire de connaissances vraies des conséquences nécessaires. Justifier une opinion, ce serait alors remonter aux prémisses, les retrouver, afin de démontrer par un raisonnement que la conclusion est effectivement juste. Juste signifie ici vrai, valide ou sensé. Problématique : L’opinion se donne comme un jugement qui n’est qu’une conclusion. C’ est, dira Bachelard, une conclusion qui est « donnée «. Elle n’est donc pas autosuffisante, c’est-à-dire vraie par elle-même. Elle est une conclusion boiteuse qui exige la béquille du raisonnement pour être justifiée. Elle ne se donne pas avec son raisonnement. L’opinion est donc une affirmation qui prétend, d’emblée, se passer de raisonnement. Est-ce parce qu’un raisonnement la prouverait fausse, parce qu’elle est par essence injustifiable, parce qu’elle n’est pas du domaine de la vérité ? Dans ce cas est-il encore nécessaire de justifier une opinion ? I Il est toujours possible de justifier une opinion En effet, si c’est une conclusion, pourquoi ne pourrait-on pas remonter aux prémisses et prouver de ce fait sa validité ou sa fausseté, selon que ces prémisses sont des connaissances vraies ou douteuses, et que le raisonnement est cohérent ou non ? Pb : Si l’opinion fait appel à un raisonnement extérieur à elle-même, qui doit la justifier, ne risque-t-on pas d’avoir pour but la conservation à tout prix de l’opinion, en essayant de la rendre convaincante, et non la recherche de la vérité. Pour celui qui a une opinion, l’important serait de convaincre les autres, non de la prouver. Dans ce cas, l’on se heurte au problème de la mauvaise foi : on va pour justifier une opinion « faire feu de tout bois « , utiliser tous les arguments, de tous les sophismes possibles. Il devient impossible de montrer la justesse d’une opinion, car on quitte le domaine de la recherche de vérité. II L’opinion a toujours tort. D’où viennent alors les opinions ? L’on peut être pris d’un soupçon : ce ne serait pas un hasard si l’opinion se donne comme une conclusion subjective. L’opinion comme tournure d’esprit n’est pas recherche de la vérité, mais traduction en idées des besoins de l’homme. Ex : un tel est raciste parce qu’il bien pratique de se sentir d’emblée supérieur à toute une catégorie de gens, sans avoir aucun mérite. Le besoin de supériorité se traduit par une thèse : il y a des races de différentes valeurs. Mais si l’on demande à cette personne de justifier son opinion, elle ne dira jamais « c’est parce qu’ainsi, je me sens supérieur «. Elle utilisera d’autres arguments. Aussi l’opinion ne peut jamais se comparer à la connaissance objective. Elle ne peut jamais devenir connaissance objective. « L’opinion  «, écrit Bachelard dans La formation de l’esprit scientifique , « a en droit toujours tort. L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissance «. La connaissance scientifique, en revanche, peut être une connaissance objective, valide, justifiée, parce qu’elle est rigoureuse et construite et parce qu’elle est recherche active de la vérité, un questionnement : « Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit «. Chassée du domaine de la connaissance vraie, l’opinion est-elle par essence injustifiable ? III Nous devons tenter de justifier nos opinions Au livre VII de La République, Platon nous apprend, grâce à l’allégorie ou mythe de la caverne, que l’opinion (doxa) nous gouverne en ce monde. Nous en sommes prisonniers, pendant que la vérité règne dans un autre monde, celui des Idées. Désirons-nous chercher la vérité ? Alors il faut nous détourner de ce monde. Mais il se trouve que nous vivons dans ce monde. L’opinion ne peut-elle pas avoir une valeur relative, une valeur dans ce monde ? Oui, répond Platon, au livre VI de La République, l’opinion a une valeur relative. Elle est un milieu entre l’ignorance et le savoir. Elle est à la science ce que l’image est à l’original. Et de même, l’illusion est à l’opinion ce que l’image est à l’original. En conclusion 1) l’opinion vaut mieux que l’illusion. 2) Le monde où nous vivons, le monde des objets matériels et sensibles, qui n’est jamais fixe, toujours changeant, multiple, n’est pas susceptible, au contraire du monde des Idées, de science. Il n’y a que l’opinion qui puisse connaître le monde où nous vivons, monde changeant et multiple. Peut-être pourrions nous appliquer cette leçon que nous donne Platon au monde de la politique. En effet, la démocratie ne se base-t-elle pas sur l’opinion ? Et le monde présent, que gouverne les politiques, n’échappe-t-il pas à la connaissance vraie, étant imprévisible, comme le sont toujours en partie les conséquences des actes humains ? La connaissance objective est toujours ou connaissance du passé, ou connaissance du nécessaire (lois scientifiques). Il est vrai que Platon était anti-démocrate, et qu’il considérait qu’il fallait confier le gouvernement aux philosophes, à ceux qui avaient vu les Idées, le Bien véritable. Il reste cependant que l’on peut dire, avec Merleau-Ponty, (Signes), que la démocratie en tant que régime basé sur l’opinion, est un régime bien fondé s’il est vrai que « il y a au moins un domaine sur lesquels les autres sont souverains juge, leur sort, leur bonheur ou leur malheur «, autrement dit leurs besoins vitaux, que se charge d’exprimer l’opinion. Mais dans ce cas, il est de notre plus grand devoir de tâcher de justifier notre opinion, aux autres et à nous mêmes (car je peux tenter de fonder une opinion pour en éprouver sa justesse, en un dialogue intérieur). En effet, le jeu des démagogues n’est-il pas de faire oublier aux citoyens leurs besoins ou leurs intérêts réels, pour leur proposer des intérêts illusoires ? L’homme est prompt à la colère aux généralisations abusives. Flatter ses mauvais penchants, ou l’armer, peut le perdre. Quand au contraire on lui laisse le temps de juger par lui-même, il sait voir son intérêt réel, il fait preuve de « bon sens «, il cherche par la discussion, l’expérience ou le dialogue intérieur, à vérifier ses opinions. Conclusion :

Dans le cadre de la connaissance objective, l’opinion a toujours tort, car elle ne recherche pas la vérité. Dans le cadre de la politique, ou chacun est appelé à exprimer ces opinions, c’est-à-dire l’avis qu’il a sur les moyens d’accéder au bonheur, à la liberté, ou à la paix, il y a de bonnes opinions et de mauvaises opinions (des illusions). Par exemple, si le racisme correspond à un intérêt profond d’une telle personne, il sera difficile de lui faire admettre une opinion contraire. Ici, les opinions se heurtent, car les intérêts se heurtent. Lui faire changer d’opinion, ce serait le faire changer d’intérêt. En revanche, on peut essayer de démontrer par des arguments que l’opinion selon laquelle un pays ira mieux quand il sera débarrassé de tout élément étranger, n’est qu’une illusion, qu’elle n’est fondée sur rien de solide.

 

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