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Dissertation gratuite: Etre heureux, est-ce satisfaire tous ses désirs ?

Publié le 22/07/2010

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La question peut surprendre car nous avons tendance à associer naturellement le bonheur à la satisfaction de nos désirs. Qu’il s’agisse de l’enfant qui obtient le jouet qu’il a désiré ou l’homme mûr qui décroche la promotion qu’il convoitait, le bonheur semble passer par l’obtention de l’objet de nos désirs. Dans le cas contraire, nous éprouvons un sentiment de manque et de frustration. Mais lorsque nous lisons l’énoncé plus attentivement, une première difficulté apparaît. Il est en effet question non pas de la satisfaction des désirs, mais de tous les désirs. Or pouvons-nous en établir la liste ? A l’image de la « liste au Père Noël « que dresse un enfant, un désir vient toujours s’ajouter aux autres. Peut-être tient-on là une caractéristique essentielle du désir ? Ne s’épuisant jamais dans l’obtention de l’objet convoité, il renaîtrait sans cesse. Nous apercevons alors une seconde difficulté dans l’énoncé du sujet. Elle porte cette fois sur la notion de satisfaction. Doit-elle être pensée comme obtention de l’objet désiré, à l’image de l’homme rassasié qui n’éprouve plus la tension du désir. N’est-ce pas plutôt l’apparition de désirs toujours nouveaux qui nous rendrait heureux ? Le bonheur serait dans le mouvement plutôt que dans le repos. Mais peut-on vraiment parler de bonheur ? C’est la troisième difficulté que nous pouvons apercevoir dans ce sujet en songeant à Peau d’Ane qui n’a trouvé d’autre moyen d’échapper à une union avec le roi, son père, que de subordonner son consentement à la satisfaction de désirs apparemment impossibles (une robe couleur de soleil, etc…), et que malheureusement son père réussit chaque fois à satisfaire, la condamnant ainsi à la fuite. Ce conte ne suggère-t-il pas, entre autres, que loin de chercher sa satisfaction, le désir est peut-être une façon d’échapper à une forme de malheur. Mais ce « divertissement «, comme l’appelait Pascal, en créant un sentiment d’ennui et d’insatisfaction nous voue peut-être à un malheur encore plus grand. Etre heureux, est-ce donc satisfaire tous ses désirs, ou n’est-ce pas plutôt renoncer à ceux-ci ? Est-ce seulement possible ? L’enjeu de ce sujet consiste à analyser la nature du désir et à déterminer s’il est un moyen de parvenir au bonheur ou bien au contraire, ce qui nous en éloigne à jamais. I. Nous serions tentés de répondre que le bonheur consiste dans la satisfaction de tous nos désirs. A. Il y a en effet un lien entre les deux notions : 1. Tous les hommes désirent être heureux  (Aristote). Derrière tous nos désirs « particuliers « se cache donc le désir de bonheur.

2. Ce bonheur consisterait dans le plaisir. Thèse de l’hédoniste. Ce plaisir : un état de plénitude que connaît l’homme qui a réalisé ses désirs. Ex : l’homme qui contemple ses trois tonneaux remplis. Le bonheur ici se confond avec la satiété. 3. Présupposé : pour atteindre cet état de satiété, il faut être capable de distinguer différents types de désirs. On est donc amené à modifier notre hypothèse de départ: le bonheur ne réside pas dans la satisfaction de tous nos désirs, mais de certains désirs : les désirs nécessaires et naturels par exemple (Epicure). Quant aux autres, les désirs vains (désir d’immortalité par exemple), nous devons nous efforcer d’y renoncer. B. Mais cette idée ne va pas de soi : 1. notre volonté et notre raison sont-elles suffisamment fortes ? 2. Et surtout, ce bonheur pensé comme satiété n’est-elle plutôt synonyme d’ennui et de mort ? C’est ce qu’affirme Calliclès en opposant à l’image de l’homme qui contemple ses trois tonneaux celui qui ne cesse de les remplir quitte à ce qu’ils débordent. C. Le bonheur serait alors d’avoir tous les désirs et d’avoir le courage de les satisfaire au fur et à mesure qu’ils apparaissent. 1. Ici, il faudra insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’obtenir un à un les objets que nous convoitons, mais de sentir les désirs surgir. Le bonheur : se sentir vivant. 2. Conséquence : le bonheur n’est pas dans la satiété et la tranquillité, mais dans l’excès, le débordement. Transition : on a vu que, contrairement à la tranquillité que cherche à obtenir le sage par la maîtrise de ses désirs, on peut être tenté de définir le bonheur comme le fait d’avoir le maximum de désirs. Mais peut-on vraiment parler de bonheur ? a. Une telle attitude ne peut conduire qu’à la tyrannie et à la violence qui sont une forme de malheur. b. Ne se réduit-elle pas à une course vers une impossible satisfaction ? II. La nature du désir rend toute satisfaction impossible et nous éloigne du bonheur. A. Rôle de l’imagination dans le désir. 1. On peut établir une distinction entre le besoin (défini ; cyclique) et le désir (indéfini et indéterminé). Le désir est toujours désir d’autre chose car l’imagination est cette faculté qui nous permet de nous représenter des possibles (texte de Rousseau). Voir aussi la cristallisation. 2. Une conséquence ambiguë. a. Le désir, nourri d’imagination, nous permet d’échapper au désespoir. Rousseau : « malheur à qui n’a plus rien à désirer «. Le désir est synonyme d’attente, d’espoir. b. Mais le désir vise toujours autre chose que ce qu’on a obtenu, d’où une insatisfaction perpétuelle. Retour au sujet : le bonheur ne consiste pas dans la satisfaction des désirs. Ceux-ci nous permettent au mieux d’attendre le bonheur. B. Mais le désir, en nous empêchant de profiter de ce qu’on a, nous rend plutôt malheureux. 1. Toujours tournés vers l’avenir, nous ne vivons pas, nous attendons de vivre  (Pascal).

2. Un exemple : l’avare qui s’interdit de dépenser. Son désir de s’enrichir le conduit à vivre dans la pauvreté. C. Une solution : borner l’imagination ? 1. C’est-à-dire n’avoir que des désirs limités. Le bonheur consisterait ainsi à satisfaire ses besoins uniquement. Ex l’ascète. 2. Mais c’est impossible pour deux raisons. a. L’ascète éprouve encore un désir : celui de ne plus désirer. Il est donc impossible d’ « arracher « nos désirs. b. ¨Peut-on vraiment borner l’imagination ? 3. A supposer qu’elle soit possible, cette solution ne serait pas efficace car même la satisfaction des simples besoins ne peut engendre qu’un bonheur « négatif « dont on ne prend conscience que lorsque renaît le besoin et avec lui la sensation de manque. (voir Schopenhauer). Le cycle incessant du manque et de la satisfaction finit par engendrer l’ennui. Transition : insatisfaits ou satisfaits, les désirs ne peuvent nous rendre heureux. Le désir est toujours vécu comme un manque et notre vie oscille entre l’ennui et l’insatisfaction. Cependant, ne faut-il pas aussi une certaine force pour continuer à désirer ? C’est de cette force dont manque précisément l’avare qui accumule son or faute d’avoir la force de désirer un objet précis. III. La force du désir : une des conditions du bonheur.

A. Certes, on pourrait réduire le désir à un divertissement nous permettant d’oublier pendant un temps notre misère. Ex : la chasse. Voir Pascal et la notion de divertissement comme signe de notre misère et remède. B. Mais, on peut aussi y voir une force qui appartient à la nature même de l’homme. 1. Le désir comme « tendance à persévérer dans son être «  (Spinoza). Puissance, force. Le désir d’être heureux « malgré tout « en serait une des manifestations.

2. Présupposé : le désir n’est pas pensé ici relativement à un objet qu’on essaierait de posséder, mais en lui-même. La notion de « satisfaction « des désirs (de tous ou de quelques uns) n’est donc plus essentielle ici. 3. Conséquence : pour être heureux, il faudrait laisser libre cours à ses désirs sans pour autant se laisser déborder par eux. Le bonheur, ce serait être actif et non passif. Dès lors la question n’est plus : comment satisfaire nos désirs ? mais comment faire pour qu’un désir ne se transforme pas en passion (voir le sens étymologique : patior : souffrir). Peut-être en refusant de se crisper sur un (ou plusieurs) objets comme si sa possession était la condition de notre bonheur. Conclusion : on a vu que le bonheur ne pouvait se définir ni comme la satisfaction de tous nos désirs, ni comme celle de quelques uns car dans tous les cas, on pense le désir comme un manque, celui-ci renaissant sans cesse. Or le désir est aussi une puissance, et le bonheur ne peut être atteint que si nous parvenons à éviter que cette force ne se transforme en passion.

 

« 2.

Une conséquence ambiguë.a.

Le désir, nourri d'imagination, nous permet d'échapper au désespoir.

Rousseau : « malheur à qui n'a plus rien àdésirer ».

Le désir est synonyme d'attente, d'espoir.b.

Mais le désir vise toujours autre chose que ce qu'on a obtenu, d'où une insatisfaction perpétuelle. Retour au sujet : le bonheur ne consiste pas dans la satisfaction des désirs.

Ceux-ci nous permettent au mieuxd'attendre le bonheur. B.

Mais le désir, en nous empêchant de profiter de ce qu'on a, nous rend plutôt malheureux.1.

Toujours tournés vers l'avenir, nous ne vivons pas, nous attendons de vivre (Pascal). 2.

Un exemple : l'avare qui s'interdit de dépenser.

Son désir de s'enrichir le conduit à vivre dans la pauvreté. C.

Une solution : borner l'imagination ?1.

C'est-à-dire n'avoir que des désirs limités.

Le bonheur consisterait ainsi à satisfaire ses besoins uniquement.

Exl'ascète. 2.

Mais c'est impossible pour deux raisons.a.

L'ascète éprouve encore un désir : celui de ne plus désirer.

Il est donc impossible d' « arracher » nos désirs.b.

¨Peut-on vraiment borner l'imagination ? 3.

A supposer qu'elle soit possible, cette solution ne serait pas efficace car même la satisfaction des simples besoinsne peut engendre qu'un bonheur « négatif » dont on ne prend conscience que lorsque renaît le besoin et avec lui lasensation de manque.

(voir Schopenhauer).

Le cycle incessant du manque et de la satisfaction finit par engendrerl'ennui. Transition : insatisfaits ou satisfaits, les désirs ne peuvent nous rendre heureux.

Le désir est toujours vécu commeun manque et notre vie oscille entre l'ennui et l'insatisfaction.

Cependant, ne faut-il pas aussi une certaine forcepour continuer à désirer ? C'est de cette force dont manque précisément l'avare qui accumule son or faute d'avoir laforce de désirer un objet précis. III.

La force du désir : une des conditions du bonheur. A.

Certes, on pourrait réduire le désir à un divertissement nous permettant d'oublier pendant un temps notre misère.Ex : la chasse.

Voir Pascal et la notion de divertissement comme signe de notre misère et remède. B.

Mais, on peut aussi y voir une force qui appartient à la nature même de l'homme.1.

Le désir comme « tendance à persévérer dans son être » (Spinoza).

Puissance, force.

Le désir d'être heureux« malgré tout » en serait une des manifestations. 2.

Présupposé : le désir n'est pas pensé ici relativement à un objet qu'on essaierait de posséder, mais en lui-même.La notion de « satisfaction » des désirs (de tous ou de quelques uns) n'est donc plus essentielle ici. 3.

Conséquence : pour être heureux, il faudrait laisser libre cours à ses désirs sans pour autant se laisser déborderpar eux.

Le bonheur, ce serait être actif et non passif.

Dès lors la question n'est plus : comment satisfaire nosdésirs ? mais comment faire pour qu'un désir ne se transforme pas en passion (voir le sens étymologique : patior :souffrir).

Peut-être en refusant de se crisper sur un (ou plusieurs) objets comme si sa possession était la conditionde notre bonheur. Conclusion : on a vu que le bonheur ne pouvait se définir ni comme la satisfaction de tous nos désirs, ni commecelle de quelques uns car dans tous les cas, on pense le désir comme un manque, celui-ci renaissant sans cesse.

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