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Dissertation de philosophie: Etre conscient de soi, est-ce être maître de soi ?

Publié le 21/07/2010

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philosophie

Dans la société actuelle, on a souvent tendance à dire que tout homme sain est maître de lui, de ses pensées, de ses actes, et même jusqu’à maître de son destin. Mais n’existe-t-il pas des situations où l’homme peut perdre la maîtrise de lui-même, non seulement dans le sens où il n’est plus en mesure de contrôler ses actes, mais également dans le sens où il n’est plus l’unique auteur de sa volonté, tout en étant conscient de lui ? Ainsi est-il légitime de se poser la question : être conscient de soi, est-ce être maître de soi ? Indéniablement, le fait d’être conscient de soi apporte à l’individu la possibilité de s’identifier, de se connaître lui, ses faiblesses, des situations de son passé, par un travail d’auto-analyse ; ainsi que la possibilité de ne pas s’ancrer dans des rouages mécaniques où la volonté n’exerce plus. Mais ces possibilités qu’offre la conscience de soi sont-elles suffisantes pour être maître de soi constamment ? N’existe-t-il pas en effet une partie obscure au sujet, ainsi que des états émotifs, des situations inenvisageables dues à la spontanéité de la vie qui nous rendent incontrôlables ? Douter d’une maîtrise de soi permanente reviendrait alors à accepter la mise à l’épreuve temporaire de notre propre volonté qui ne serait plus indépendante, soit de notre liberté. Cette observation mènerait alors à la volonté d’y remédier, et ainsi pourquoi pas à devenir un sujet conscient et maître de lui même de façon presque perpétuelle.    La conscience de soi, par les différentes connaissances qu’elle offre au sujet conscient d’étudier, représente une condition nécessaire pour être maître de soi.    Tout d’abord, être conscient de moi, c’est savoir que j’existe : je peux me penser pensant les choses. Mais c’est également une capacité de l’individu conscient de pouvoir se dédoubler, c’est à dire se considérer en même temps sujet et objet. Dès lors, la conscience de soi permet de diminuer la distance qui se trouve entre ce que l’on est et ce que l’on a conscience d’être, car elle donne la possibilité à l’individu de s’étudier, de se connaître : « La conscience est la connaissance plus ou moins claire qu’un sujet possède de ses états, de ses pensées, et de lui même « (Lalande). Or, une connaissance de soi-même n’est-elle pas source d’une meilleure maîtrise de soi ? En effet, si je connais mes pensées, je suis plus apte à les maîtriser, et donc plus apte à maîtriser mes actes. L’homme qui connaît assez précisément ce qu’il veut sera de ce fait plus en mesure de l’appliquer que celui qui n’en n’a qu’une vague idée, le premier sera par conséquent plus maître de lui que le second. Avoir la possibilité de s’étudier revient donc à avoir la possibilité d’être maître de soi. Le projet de se connaître soi-même est d’ailleurs depuis ses origines l’ambition de la philosophie. Ainsi Socrate s’était-il approprié la formule de l’oracle de Delphes : « Connais-toi toi-même «. C’est donc bien dans un premier temps à travers un travail d’apprentissage sur soi, un cheminement jusqu'à une connaissance de son identité suffisante (qui serait impossible sans la conscience de soi) qu’un individu pourra commencer à être maître de lui, ce qui signifie donc ici la capacité à appliquer sa volonté : je suis maître de moi si ce que je fais est ce que je voulais faire.    Ensuite, afin d’être un individu maître de soi, il semble indispensable de pouvoir se servir de situations passées, d’avoir comme on dit communément « du vécu «. En effet, prendre son passé comme un référence peut permettre d’aider le sujet à savoir quelle attitude adoptée face à certaines situations récurrentes de la vie, des situations qu’il peut avoir déjà traversées et auxquelles il est désormais capable de faire face, sans se laisser dépasser par les évènements. Et c’est bien la conscience de soi qui permet de faire le lien entre le passé, le présent et l’avenir, du fait de l’esprit de synthèse qu’elle apporte. Selon les propos de Bergson, la conscience est « un pont jeté entre l’avenir et le passé «. C’est donc grâce à elle que l’homme pourra, à chaque instant de sa vie, se replonger dans son passé afin d’enrichir son présent, et affronter une situation en restant maître de soi. Et paradoxalement, le fait de pouvoir se remémorer son passé permet à l’homme de mieux s’en détacher. En effet, si l’on fait la comparaison avec les animaux, dépourvus de conscience, ces derniers vivent une succession de sensations déclenchant des réactions spécifiques pour chacune d’elles. A la suite d’une situation, l’animal enregistre donc une attitude correspondant, et se soumettra à celle-ci dès lors qu’il rencontrera une situation similaire. L’homme a quant à lui, comme on l’a vu grâce à la conscience, la capacité de se représenter ses différents états au cours du temps comme un seul et même sujet, ce qui lui permet certes d’agir sous une certaine influence de son passé, mais aussi de s’en détacher, d’en être indépendant : tandis que l’animal réagit, l’homme agit. Ainsi, non seulement il est maître de lui dans le sens où son expérience lui confère une certaine emprise sur lui-même, mais il l’est également dans le sens où il n’est pas esclave de mécanismes hérités de son passé, tout ceci étant permis pas la conscience de soi.    Si un homme est maître de lui, cela signifie aussi qu’une partie de lui décide d’agir d’une certaine façon, et que par conséquent il agit de cette façon : sa volonté est exécutée. Mais si une décision est prise, alors c’est que forcément différentes façons d’agir se présentaient au préalable : la capacité pour un individu de se rendre compte de ces alternatives qui s’offrent à lui est permis pas la conscience de soi. En effet, comme le dit Bergson dans ses propos, plus la conscience est présente, plus cela signifie que différents choix sont possibles : « Les variations d’intensité de notre conscience semble donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix «. En effet, dans le cas d’une habitude par exemple, l’individu n’a plus de choix à faire, son action n’est plus le résultat d’une volonté : la conscience n’est donc plus présente. Ainsi, le fait d’avoir la possibilité de faire des choix, grâce à la conscience, indique que l’homme a la possibilité de prendre une décision : chaque individu peut alors faire ses propres choix, et de cette manière se constituer sa propre existence. Comme le remarque Engels dans Dialectique de la nature, « Avec l’homme nous entrons dans l’histoire «. Effectivement, l’apparition de la conscience permet à l’homme, à la différence des animaux, d’avoir son centre de décisions, de faire ses choix qui vont mener à constituer une existence à chacun et une histoire collective. La conscience rend donc possible la diversité des expériences vécues, chacun étant ainsi maître de lui-même.    Cette première partie présente donc une forte corrélation entre le fait d’être conscient de soi et celui d’être maître de soi. Apportant différentes connaissances indispensables, la conscience de soi est une condition nécessaire pour être maître de soi. Mais est-ce une condition suffisante ? En effet, il existe des limites internes et externes au sujet qui peuvent remettre en question la maîtrise de soi.    « Qui pourrait, même lorsque tu n’es pas malade, estimer tout ce qui se meut dans ton âme dont tu ne sais rien ou sur quoi tu es faussement renseigné ? «, écrit Freud dans ses Essais de psychanalyse appliquée. Selon la théorie freudienne, le sujet ne peut tout connaître de son intériorité, la conscience ne permet pas d’expliquer tous les actes d’un individu d’où l’hypothèse de l’inconscient. L’homme s’illusionne donc lorsqu’il croit avoir une pensée toujours consciente, il ne peut être totalement transparent à lui même car une part du psychisme demeure inaccessible pour la conscience. De ce fait, le sujet ne peut avoir la maîtrise absolue de lui-même : le « moi «, écrit-il, « n’est pas maître dans sa propre maison «. Les lapsus, les actes manqués, les rêves chez l’homme sain ou les symptômes psychiques chez le malade constituent plusieurs illustrations des mécanismes de l’inconscient où l’homme n’est plus maître de lui-même. Le sens véritable des motifs qui le pousse à agir lui échappe parfois, son inconscient le détermine donc à son insu : ses actions ne résultent alors pas de sa volonté. Le sujet conscient se retrouve donc dépossédé de sa souveraineté sur son propre soi. Outres une part inconsciente, pour un individu conscient, avoir conscience de soi n’est pas lire en soi comme dans un livre ouvert : savoir que j’existe n’est pas savoir qui je suis, je peux en l’occurrence me tromper sur mon propre compte, par cause de mauvaise foi par exemple. Celui qui se croyait courageux peut s’avérer n’être qu’un lâche. Dans ce cas, la conscience de soi n’apporte pas à l’individu une connaissance de lui-même, il n’est donc pas plus apte à être maître de lui même.    Le fait d’être maître de soi est donc d’abord remis en question par une limite interne au sujet : une face cachée, difficile à déchiffrer. Ensuite, la maîtrise de soi acquise par un individu grâce à sa simple conscience de lui reste très théorique et abstraite : elle doit être confrontée à la réalité, exposée à des facteurs externes qui peuvent la menacer. Ce n’est pas parce que je sais qui je suis qu’il n’y a pas à un moment donné des situations qui me dépassent, que je ne peux prévoir, face à la spontanéité de la vie. Dès lors, est-ce que l’on reste maître de soi-même ? La colère par exemple est une émotion forte, et bien que l’on ait conscience d’être en colère, le propre de cet état est de se retrouver plus ou moins incontrôlable : on peut donc perdre l’emprise sur soi-même tout en en ayant conscience. Les émotions, qui peuvent se définir comme des réactions affectives se déclenchant face à une situation à l’insu du sujet conscient, renvoient à une certaine passivité ; de façon immédiate, on ne maîtrise pas ses émotions, on les vit. L’homme n’est pas maître de lui-même lorsqu’il est soumis à des torrents de joie, de désespoir, de jalousie… On est donc parfois aveuglé par le caractère passionnel d’une situation, on n’est plus maître ni de ses paroles, ni de ses actes. N’est-ce pas d’ailleurs ce que l’on sous-entend en disant à quelqu’un que nos paroles ont dépassé nos pensées, ou lorsque l’on parle d’un crime passionnel ? Dans ces deux cas, l’individu conscient de lui a pourtant bien momentanément perdu la maîtrise de lui.    Le fait d’être maître de soi est en rapport avec la volonté de l’individu, comme on l’a vu, on est maître de soi lorsque notre action résulte de notre volonté, c’est à dire lorsque celle-ci ne dépend que de soi-même, indépendante de tout déterminisme extérieur au sujet, et surtout lorsqu’elle est exécutée. Mais que se passe-t-il lorsque la volonté d’un individu est en réalité influencée voire totalement déterminée pas son milieu social, sa religion, son éducation ? L’individu se retrouve alors conditionné, sa volonté n’est absolument pas libre, elle est au contraire prédéterminée. Se croire maître de soi n’est dans ce cas qu’une illusion. Comme le soutient Montaigne dans De l’inconstance de nos actions, « Nous n’allons pas, on nous emporte «, ce qui signifie que l’homme n’est pas maître de lui-même dans la mesure où il n’est pas le seul à décider de son comportement. Même s’il est conscient, l’homme voit toujours à un moment ou à un autre sa volonté être dépendante d’autres choses que de lui-même : dès son enfance, il est soumis à l’autorité parentale, l’action de l’enfant n’est pas à tout moment le fruit de sa volonté, mais de celle de ses parents. A l’âge adulte, les influences extérieures sont encore nombreuses : un jeune adulte peut se voir persuader par son éducation, sa religion, son entourage qu’il veut se marier, fonder une famille et devenir un archétype du conformisme social, alors qu’en réalité sa volonté initiale aurait été de voyager, ou de s’abandonner à une de ses passions. Sa vie entière a de ce fait complètement été planifiée ! Le sujet peut être conscient de ces déterminismes qui module sa volonté comme ne pas s’en rendre compte, quoi qu’il en soit certaines de ses volontés sont en fait non-voulues par le sujet lui-même, il est donc impossible de dire qu’un tel sujet est maître de lui : « Nous somme maniés comme des pantins de bois par des fils étrangers « (Horace dans Satire).    Qu’un individu puisse être totalement maître de lui-même apparaît donc comme illusoire, après l’étude de l’intériorité de l’être humain (présence d’une part obscure qui est source d’actes non voulus) et d’une confrontation à la réalité (dimension affective et conditionnement par l’environnement). A partir de ces observations, l’individu peut soit les nier et se considérer à tord comme le seul maître de lui-même, soit grâce à sa conscience les accepter pour pouvoir remédier à cette sorte de mise à l’épreuve de la liberté de sa propre volonté.    Avant toute chose, l’issue est d’abord d’accepter le fait que même si je suis un être conscient je ne pourrais jamais être entièrement maître de moi-même, ce qui revient à dire que la maîtrise totale est une illusion. Les termes de maîtrise de soi implique d’ailleurs une idée d’absoluité : soit je maîtrise quelque chose, soit je ne le maîtrise pas. Un artiste, qu’il soit pianiste, écrivain ou peintre, maîtrise son art ou ne le maîtrise pas, et si tel est le cas alors il n’est pas un artiste : la maîtrise initialement n’accepte pas de nuance. Dire qu’un sujet est maître de lui même n’a donc aucun sens, puisqu’il ne peut l’être constamment, or le verbe maîtriser sous-entend cette idée de constance. Ainsi, l’individu conscient possède plus une sorte de contrôle sur lui-même, c’est à dire qu’il possède une emprise sur lui qui serait non permanente. Etre conscient de soi n’est donc pas être maître de soi dans l’absolu, mais de pouvoir exercer un contrôle régulier sur soi-même, un contrôle interrompu soit par des phases inconscientes, soit pas des phases émotionnellement trop forte, ou encore soit par des phases où notre volonté est soumise à des facteurs extérieurs donc. Autrement dit, le contrôle de soi est une maîtrise de soi qui est ponctuelle, et le fait de prendre conscience de ce caractère non permanent peut permettre à l’individu qui en est conscient de pouvoir devenir au fur et à mesure un individu exerçant de plus en plus de contrôle sur lui-même.    L’homme peut tout au long de sa vie, grâce à sa conscience de lui-même, se redéfinir à chaque instant et se libérer des déterminismes auxquels il est soumis, après bien sûr avoir pris conscience comme on l’a vu qu’il ne peut être maître de lui de façon permanente, et également après avoir décelé ces déterminismes par un travail d’auto-analyse. La conscience de soi donne la possibilité d’agir sur soi, de se transformer. L’homme est donc toujours libre de devenir autre qu’il n’est déjà. Que ce soit sa profession, son milieu social, son enfance, il a toujours la possibilité d’agir en fonction d’une nouvelle détermination qu’il se fixe. Ses passions, quelles que soient leurs causes, ne constituent pas un motif suffisant pour l’empêcher d’être différemment, ni les différents facteurs extérieurs qui le conditionnent. Quelle belle preuve de mauvaise foi d’entendre dire « Ce n’est pas ma faute, je suis comme ça « ou encore « Ce n’est pas moi qui veux ça, je fais comme les autres «. En réalité, on ne naît pas lâche ou héros, on le devient, et l’homme sera maître de lui-même lorsqu’il sera capable de moduler sa propre identité pour correspondre à ce qu’il veut réellement être. Etre maître de soi, c’est être non seulement conscient de soi, mais également conscient que l’on reste à chaque instant responsable de soi, c’est à dire d’abord capable de se reconnaître comme le seul auteur de ses actes, puis capable d’anticiper leurs conséquences. Ainsi, le fait d’être conscient de soi doit mener à la responsabilité. C’est en se libérant des causes qui conditionnent sa volonté que l’homme devient maître de lui, sa volonté n’étant au fur et à mesure issue que de lui-même. Et c’est en prenant compte de sa responsabilité, ce à quoi doit aboutir la conscience de soi, que l’homme peut parvenir à cette libéralisation progressive, et donc pour ainsi dire devenir maître de lui. Ce travail sur soi peut aussi concerner ses émotions (apprendre donc à les gérer, les contrôler) et ses pensées inconscientes (les rechercher et les analyser), le tout avec toujours le même but d’en devenir indépendant et donc maître de soi.    En conclusion, si la conscience de soi rapproche l’individu d’un état où il est maître de lui-même grâce aux connaissances qu’elle donne la possibilité d’avoir, il demeure une part inconsciente et des états émotionnels où l’individu conscient n’est plus maître de lui, ainsi que des domaines où sa volonté est modulée par des facteurs externes. L’issu est de s’employer à un travail de libéralisation de ses influences extérieures, de ses émotions envahissantes et de sa partie obscure : mais ce travail ne sera jamais achevé, il faut par conséquent accepter que se considérer comme maître absolu de soi est tout simplement utopique. Dans une société où la notion de responsabilité prend tout son sens, il est vrai que les hommes, probablement pour se rassurer, recherchent de plus en plus non seulement à pouvoir tout maîtriser, mais également à pouvoir tout expliquer : mais à tout problème rencontré, existe-t-il pour autant constamment un coupable à condamner ?

philosophie

« grâce à la conscience, indique que l'homme a la possibilité de prendre une décision : chaque individu peut alors faire ses propreschoix, et de cette manière se constituer sa propre existence.

Comme le remarque Engels dans Dialectique de la nature, « Avecl'homme nous entrons dans l'histoire ».

Effectivement, l'apparition de la conscience permet à l'homme, à la différence desanimaux, d'avoir son centre de décisions, de faire ses choix qui vont mener à constituer une existence à chacun et une histoirecollective.

La conscience rend donc possible la diversité des expériences vécues, chacun étant ainsi maître de lui-même. Cette première partie présente donc une forte corrélation entre le fait d'être conscient de soi et celui d'être maître de soi.Apportant différentes connaissances indispensables, la conscience de soi est une condition nécessaire pour être maître de soi.Mais est-ce une condition suffisante ? En effet, il existe des limites internes et externes au sujet qui peuvent remettre en question lamaîtrise de soi. « Qui pourrait, même lorsque tu n'es pas malade, estimer tout ce qui se meut dans ton âme dont tu ne sais rien ou sur quoi tu esfaussement renseigné ? », écrit Freud dans ses Essais de psychanalyse appliquée.

Selon la théorie freudienne, le sujet ne peut toutconnaître de son intériorité, la conscience ne permet pas d'expliquer tous les actes d'un individu d'où l'hypothèse de l'inconscient.L'homme s'illusionne donc lorsqu'il croit avoir une pensée toujours consciente, il ne peut être totalement transparent à lui mêmecar une part du psychisme demeure inaccessible pour la conscience.

De ce fait, le sujet ne peut avoir la maîtrise absolue de lui-même : le « moi », écrit-il, « n'est pas maître dans sa propre maison ».

Les lapsus, les actes manqués, les rêves chez l'homme sainou les symptômes psychiques chez le malade constituent plusieurs illustrations des mécanismes de l'inconscient où l'homme n'estplus maître de lui-même.

Le sens véritable des motifs qui le pousse à agir lui échappe parfois, son inconscient le détermine donc àson insu : ses actions ne résultent alors pas de sa volonté.

Le sujet conscient se retrouve donc dépossédé de sa souveraineté surson propre soi.

Outres une part inconsciente, pour un individu conscient, avoir conscience de soi n'est pas lire en soi comme dansun livre ouvert : savoir que j'existe n'est pas savoir qui je suis, je peux en l'occurrence me tromper sur mon propre compte, parcause de mauvaise foi par exemple.

Celui qui se croyait courageux peut s'avérer n'être qu'un lâche.

Dans ce cas, la conscience desoi n'apporte pas à l'individu une connaissance de lui-même, il n'est donc pas plus apte à être maître de lui même. Le fait d'être maître de soi est donc d'abord remis en question par une limite interne au sujet : une face cachée, difficile àdéchiffrer.

Ensuite, la maîtrise de soi acquise par un individu grâce à sa simple conscience de lui reste très théorique et abstraite :elle doit être confrontée à la réalité, exposée à des facteurs externes qui peuvent la menacer.

Ce n'est pas parce que je sais qui jesuis qu'il n'y a pas à un moment donné des situations qui me dépassent, que je ne peux prévoir, face à la spontanéité de la vie.Dès lors, est-ce que l'on reste maître de soi-même ? La colère par exemple est une émotion forte, et bien que l'on ait conscienced'être en colère, le propre de cet état est de se retrouver plus ou moins incontrôlable : on peut donc perdre l'emprise sur soi-même tout en en ayant conscience.

Les émotions, qui peuvent se définir comme des réactions affectives se déclenchant face à unesituation à l'insu du sujet conscient, renvoient à une certaine passivité ; de façon immédiate, on ne maîtrise pas ses émotions, onles vit.

L'homme n'est pas maître de lui-même lorsqu'il est soumis à des torrents de joie, de désespoir, de jalousie… On est doncparfois aveuglé par le caractère passionnel d'une situation, on n'est plus maître ni de ses paroles, ni de ses actes.

N'est-ce pasd'ailleurs ce que l'on sous-entend en disant à quelqu'un que nos paroles ont dépassé nos pensées, ou lorsque l'on parle d'un crimepassionnel ? Dans ces deux cas, l'individu conscient de lui a pourtant bien momentanément perdu la maîtrise de lui. Le fait d'être maître de soi est en rapport avec la volonté de l'individu, comme on l'a vu, on est maître de soi lorsque notre actionrésulte de notre volonté, c'est à dire lorsque celle-ci ne dépend que de soi-même, indépendante de tout déterminisme extérieur ausujet, et surtout lorsqu'elle est exécutée.

Mais que se passe-t-il lorsque la volonté d'un individu est en réalité influencée voiretotalement déterminée pas son milieu social, sa religion, son éducation ? L'individu se retrouve alors conditionné, sa volonté n'estabsolument pas libre, elle est au contraire prédéterminée.

Se croire maître de soi n'est dans ce cas qu'une illusion.

Comme lesoutient Montaigne dans De l'inconstance de nos actions, « Nous n'allons pas, on nous emporte », ce qui signifie que l'hommen'est pas maître de lui-même dans la mesure où il n'est pas le seul à décider de son comportement.

Même s'il est conscient,l'homme voit toujours à un moment ou à un autre sa volonté être dépendante d'autres choses que de lui-même : dès son enfance,il est soumis à l'autorité parentale, l'action de l'enfant n'est pas à tout moment le fruit de sa volonté, mais de celle de ses parents.A l'âge adulte, les influences extérieures sont encore nombreuses : un jeune adulte peut se voir persuader par son éducation, sareligion, son entourage qu'il veut se marier, fonder une famille et devenir un archétype du conformisme social, alors qu'en réalitésa volonté initiale aurait été de voyager, ou de s'abandonner à une de ses passions.

Sa vie entière a de ce fait complètement étéplanifiée ! Le sujet peut être conscient de ces déterminismes qui module sa volonté comme ne pas s'en rendre compte, quoi qu'ilen soit certaines de ses volontés sont en fait non-voulues par le sujet lui-même, il est donc impossible de dire qu'un tel sujet estmaître de lui : « Nous somme maniés comme des pantins de bois par des fils étrangers » (Horace dans Satire). Qu'un individu puisse être totalement maître de lui-même apparaît donc comme illusoire, après l'étude de l'intériorité de l'être. »

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