Discuter, en l'appliquant à la tragédie du XVII, siècle, cette opinion de Corneille dans une lettre à Saint-Evremond : « L'amour est une passion trop chargée de faiblesse pour être la dominante dans une pièce héroïque; j'aime qu'elle y serve d'ornement, mais non pas de corps.»
Publié le 22/02/2012
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Des élèves se trompent, sans excuse, sur les mots dominante et corps. Les mots veulent dire évidemment la passion 'qui domine, qui joue le principal rôle et qui fait le fond de la pièce. Mais ils se trompent aussi, d'une façon plus excusable, sur l'expression pièce héroïque. Certains croient que ces mots ne peuvent désigner que les tragédies où le personnage principal se conduit en héros, comme dans les tragédies de Corneille; et non pas des tragédies ,comme celles de Racine où les personnages principaux sont souvent lâches ou criminels. Il n'en est rien. L'une des règles de la tragédie de XVIIe siècle est qu'il ne faut mettre à la scène que de grands personnages, rois, princes ayant des destinées singulières (par leurs vertus ou par leurs crimes) ; ces sortes de personnages sont tous considérés comme « héroïques » , aussi bien l'Attila de Corneille ou sa Cléopâtre, qui tue ou veut tuer ses enfants, que Rodrigue ou Polyeucte. Il faut donc prendre « pièce héroïque » comme synonyme de tragédie.
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- Corneille a écrit de la tragédie : « Sa dignité demande quelque grand intérêt d'Etat ou quelque passion plus noble et plus mâle que l'amour, telles que sont l'ambition ou la vengeance, et veut donner à craindre des malheurs plus grands que la perte d'une maîtresse. » Expliquer et discuter cette opinion. ?
- Fénelon écrit dans la« Lettre à l'Académie » :« Le bon historien n’est d’aucun temps ni d'aucun pays. Quoiqu’il aime sa patrie, il ne la flatte jamais en rien. L’historien français doit se rendre neutre entre la France et l’Angleterre.... » Expliquer et discuter cette théorie. Par ce que vous connaissez des historiens du XIXe siècle, vous direz si elle vous semble avoir été appliquée par eux et dans quelle mesure.
- Saint-Evremond définissait ainsi son idéal de la tragédie : « Il ne nous faut rien que de grand mais d'humain et dans l'humain éviter le médiocre et dans le grand le fabuleux. » Dans quelle mesure son idéal était-il réalisé par la tragédie de Corneille, à laquelle il songeait ?
- George Sand a écrit, en 1860, un roman : Jean de la Roche, où l'héroïne, bien quelle l'aime secrètement, ne consent à épouser Jean de la Roche que lorsqu'elle le voit guéri d'un romantisme inquiet et fiévreux, lorsque sa passion exaltée est devenue un amour profond et sûr. Vous montrerez, à votre choix, soit comment un pareil roman symbolise l'évolution de George Sand, soit comment il reflète toute une évolution de la littérature et de l'opinion entre 1830 et 1860.
- Saint-Evremond écrivait de Corneille : « Il fait mieux parler les Grecs que les Grecs, les Humains que les Romains, les Carthaginois que les citoyens de Carthage ne parlaient eux-mêmes. » Dans sa pensée c'est un éloge. Seriez-vous de son avis ?