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Delescluze, « Au peuple de Paris et à la Garde nationale »

Publié le 19/02/2013

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Delescluze, « Au peuple de Paris et à la Garde nationale « (1871)

Depuis le 18 mars 1871, un gouvernement insurrectionnel est instauré dans la capitale pour contrer les directives de la nouvelle République installée à Versailles. Adolphe Thiers, chef du gouvernement, prépare ses troupes à écraser la Commune irrégulière. Au soir du 21 mai, les « versaillais « entrent par surprise dans le territoire des « communards « et commencent à écraser méthodiquement les insurgés. Membre du conseil de la Commune, Charles Delescluze lance le 22 mai un dernier appel à la résistance des forces parisiennes. Ayant anticipé l’échec des communards, le révolutionnaire romantique choisit de mourir sur une barricade trois jours plus tard.

« Au peuple de Paris et à la Garde nationale « de Charles Delescluze

 

Citoyens

 

 

Assez de militarisme, plus d’états-majors galonnés et dorés sur toutes les coutures ! Place au Peuple, aux combattants aux bras nus ! l’heure de la guerre révolutionnaire a sonné. Le peuple ne connaît rien aux manœuvres savantes ; mais quand il a un fusil à la main, du pavé sous les pieds, il ne craint pas du tout les stratégistes de l’école monarchiste. Aux armes, citoyens ! aux armes ! Il s’agit, vous le savez, de vaincre ou de tomber dans les mains impitoyables des réactionnaires et des cléricaux de Versailles, de ces misérables qui ont, de parti pris, livré la France aux Prussiens, et qui nous font payer la rançon de leur trahison !

 

 

Si vous voulez que le sang généreux, qui a coulé comme de l’eau depuis six semaines, ne soit pas infécond ; si vous voulez vivre libres dans la France libre et égalitaire ; si vous voulez épargner à vos enfants et vos douleurs et vos misères, vous vous lèverez comme un seul homme, et, devant votre formidable résistance, l’ennemi, qui se flatte de vous remettre au joug en sera pour sa honte des crimes inutiles dont il s’est souillé depuis deux mois.

 

 

Citoyens, vos mandataires combattront et mourront avec vous s’il le faut, mais, au nom de cette glorieuse France, mère de toutes les révolutions populaires, foyer permanent des idées de justice et de solidarité qui doivent être et seront les lois du monde, marchez à l’ennemi, et que votre énergie révolutionnaire lui montre qu’on peut vendre Paris, mais qu’on ne peut ni le livrer ni le vaincre.

 

 

La Commune compte sur vous, comptez sur la Commune !

 

 

Source : cité par Rougerie (J.), Paris libre, 1871, Seuil, 1971.

 

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