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Deák, sur la condition des nationalités

Publié le 19/02/2013

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En 1867, peu après l’établissement du Compromis austro-hongrois (qui inaugure le royaume de Hongrie), Ferenc Deák, chef de file des nationalistes hongrois, refuse la charge de Premier ministre du nouvel État. Il n’en cesse pas moins de militer pour que les diverses nationalités réunies en Hongrie apprennent à vivre en bonne intelligence. En 1868, à l’occasion de l’inauguration d’un gymnase serbe dans le district de Novi-Sad, il aborde cette question en évoquant la question cruciale du respect des identités linguistiques et du rapport des minorités nationales à la langue dominante, le magyar.

La condition des nationalités hongroises selon Ferenc Deák

 

[…] « Souvenons-nous seulement combien, dans notre enfance, nous avons dû lutter contre les difficultés de l’instruction dans une langue étrangère, dans une langue morte, et voyons combien nos enfants ont plus de facilité à apprendre, parce qu’ils apprennent en magyar. Il n’en est pas autrement pour les langues de toutes les autres nationalités. Si on veut exercer sur elles une contrainte, si leurs enfants, qui ignorent entièrement ou à peu près la langue magyare — puisque dans les écoles primaires on les instruit surtout dans leur langue nationale — doivent recevoir partout et en tout l’enseignement en magyar, alors, dans ces gymnases, le progrès des élèves sera impossible, c’est en vain que les parents sacrifieront leur argent, c’est en vain que les enfants sacrifieront leur temps. Du reste, si nous voulons conquérir les nationalités, ce n’en est pas le moyen que de les magyariser à tout prix, mais au contraire de leur faire aimer la vie hongroise. Car deux choses, pour moi, sont sûres : vouloir les détruire serait une barbarie impie, même si elles n’étaient pas, comme elles sont, assez nombreuses pour que ce soit impossible ; nous en faire des ennemis n’est pas dans notre intérêt. Elles sont dans la même condition que nous. Si elles pouvaient se séparer de nous et former une grande nation, je comprendrais qu’elles fissent des efforts dans ce sens ; mais, dans la situation de l’Europe, elles ne le peuvent. Il nous faut donc des deux côtés travailler à vivre ensemble et côte à côte dans la meilleure entente que nous pourrons. «

 

 

Source : Eisermann (Louis), le Compromis austro-hongrois de 1867, Paris, Société nouvelle de librairie et d'édition, 1904.

 

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