Dans une de ses lettres de jeunesse, Maurice de Guérin, vantant le plaisir et l'utilité de la lecture, écrivait à son père : « Comment peuvent-ils vivre, ceux qui ne s'entretiennent qu'avec eux-mêmes et qui ne pourront jamais converser avec les hommes des temps passés, c'est-à-dire puiser dans les trésors de la littérature, remonter dans les siècles, se faire les contemporains des grands hommes qui ne sont plus et qui n'existent que dans leurs ouvrages? » Vous apprécierez et vous comme
Publié le 22/02/2012
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Ce sujet pose le problème de la lecture des écrivains du passé. L'utilité de cette lecture se démontre par des exemples, chaque exemple suggérant une ou plusieurs sortes d'utilités. Mais, si vous vous contentez d'énumérer les exemples, vous aboutirez à une poussière de cas particuliers qui ne sera pas une dissertation. Il faut, en groupant des cas particuliers, arriver à découvrir quels sont les services les plus généraux, les plus constants, que peut nous rendre cette lecture des oeuvres du passé. L'un de ces services est que ce voyage dans le passé est un voyage : il nous met en contact avec des façons de penser et de vivre qui sont, plus ou moins, différentes des nôtres et par là même nous amènent à réfléchir sur ce que nous sommes; les sociétés peintes par Balzac, par Voltaire, par Molière, par Rabelais, etc., ne ressemblent pas à la nôtre et elles ne se ressemblent pas entre elles. Rousseau, Voltaire, Racine, Corneille ne se font pas de l'homme la même idée, etc. D'autre part, le recul du temps a trié les oeuvres; nous ne risquons pas de prendre des oeuvres médiocres pour des chefs-d'oeuvre, comme il arrive lorsque nous lisons les oeuvres de nos contemporains; nous n'entrons en contact qu'avec de grands esprits. Enfin, malgré le sentiment utile de la diversité et du changement que nous donne le voyage dans le passé, nous pouvons y trouver des permanences et des continuités; nous y prenons plus nettement conscience de traditions fortes et généreuses, traditions de race ou traditions humaines; nous pouvons nous rattacher plus aisément à ce qui est stable et fécond.
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