Cours: LE BONHEUR (3/4)
Publié le 22/02/2012
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III) LE DESIR, PUISSANCE CREATRICE
- Les désirs semblent avoir, en effet, une origine beaucoup plus psychique, et non purement corporelle ou naturelle. Il convient donc, pour relancer la question du bonheur et comprendre quelles sont les voies qui permettraient de l’atteindre, de reprendre le problème de la valeur du désir, à partir d’un nouvel examen de sa nature.
A) LE DESIR, ESSENCE DE L’HOMME (Spinoza)
- A l’inverse de la tradition, la philosophie spinoziste ne poursuit pas la mort du désir, même sous la forme déguisée de sa rationalisation. Il s’agit de rechercher une connaissance vraie de la nature humaine. Ainsi, selon Spinoza, le désir traverse l’expérience humaine et la constitue comme telle : l’homme est un être de désir, mieux il est l’essence de l’homme, et non la marque de sa misère ou de sa finitude.
- Le désir est la puissance d'agir de l'individu; l'homme est un être concret et dynamique dont toute l'essence est de déployer activement un effort existentiel. “Chaque chose, autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans son être”. Point de corps, point d’idée, qui ne résiste à sa propre destruction. Point d’être qui ne soit puissance d’être, force, action, énergie. Nous ne voulons pas mourir. D’où l’effort perpétuel de vivre que Spinoza appelle Conatus, et qui est la vie elle-même, en tant qu’elle s’oppose à la mort (cf : Bichat , “la vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort”). Le désir est l’effort de vivre ou la force d’exister, la jouissance indéfinie de l’exister, si rien ne l’empêche. Le conatus ne se réduit pas à la simple survie biologique mais exprime l'essence d'une chose dans toute sa richesse et sa complexité.
- Le désir, selon Spinoza, est donc un mouvement d'affirmation et non souffrance de vivre ou de manquer. Il est l'effort constant pour déployer son existence, c'est-à-dire à la fois la conserver et l'accroître.
- Tous nos désirs particuliers ne sont que des modes d'expression et de réalisation de ce désir premier de persévérer dans son être. Tout désir est au fond désir de soi, de se réaliser. Cet obscur objet du désir, c'est moi-même. Aussi l’objet du désir est-il secondaire par rapport au désir lui-même.
- Dès lors, aucune chose n’est bonne ni mauvaise en soi. Le désir qui nous porte vers elle nous la fait trouver bonne. Nous ne désirons pas les choses parce qu’elles sont bonnes; elles nous semblent bonnes parce que nous les désirons. C'est le sujet lui-même comme désir qui est à la source de la définition des biens et le fondement des valeurs.
- Exemple de l'habitation : " Quand nous disons que l'habitation fut la cause finale de telle ou telle maison, nous voulons dire exactement ceci : un homme ayant imaginé les avantages de la vie domestique a eu le désir de construire une maison " (Ethique, quatrième partie, préface). C'est le désir de jouir des commodités d'un abri qui est cause première de l'habitation et non l'inverse. L'habitation n'est pas une fin en soi mais un moyen au service d'un désir de confort. Le désir est ici la cause efficiente, celle qui engendre l'effet escompté – la maison. Dit autrement : l'habitation ne constitue pas un bien en soi qui, en vertu de ses qualités propres, éveillerait nos appétits. C'est parce que nous désirons nous protéger efficacement que nous allons juger qu'elle est une bonne chose.
- Spinoza invalide donc la thèse d'une objectivité absolue des valeurs. Les choses ne sont pas bonnes en elles-mêmes mais relativement à notre désir et notre constitution. Comment se fait-il alors que les hommes intervertissent l'ordre et la connexion des choses et soient intimement persuadés que la représentation d'une fin jugée bonne – l'habitation, par exemple – est la cause première du désir. Il s'agit là d'une illusion due au fait que les hommes ignorent les causes de leurs désirs : "…il sont conscients de leurs actes et de leurs désirs, mais inconscients des causes qui déterminent ceux-ci " (ibid.).
- L'illusion en question est le fruit d'une conscience partielle qui se croit totale. Les hommes ont conscience de leurs désirs, car ils en ressentent les effets e eux et peuvent naïvement imaginer qu'ils sont produits par des objets extérieurs attrayants ou repoussants. Les causes réelles qui les déterminent ne sont pas directement perceptibles et ne se manifestent qu'à travers leurs effets. Elles peuvent donc être totalement occultées. Ainsi, comme j'ai bien conscience que je suis désireux d'habiter une maison, et comme j'ai bien conscience que j'agis dans ce but, je puis croire en toute bonne foi que l'habitation est la cause finale de mon désir. Je nourris de ce fait l'illusion qu'il existe un objet désirable en soi, qui préexiste à sa réalisation. En réalité, j'ignore la cause véritable qui détermine mes aspirations et mes actes : je suis en quelque sorte aveuglé par ce que je perçois consciemment, j'oublie que c'est le désir qui m'a poussé à concevoir l'habitation.
- D'où l'idée, au fondement de l'éthique spinoziste, que seule une connaissance vraie de la nature humaine permet de comprendre et régler la pratique de l’homme, au mieux de ses intérêts, c’est-à-dire en recherchant l’utile. Nécessité de comprendre la nécessité du désir et d’en déduire toutes les propriétés. L’attitude moraliste traditionnelle est irrecevable parce qu’elle oppose ce qui doit être à ce qui est. En voulant purifier la réalité des imperfections qu’elle recèle, elle indique que la réalité pourrait être ou devrait être autre qu’elle n’est, et elle imagine une nature plus conforme à ses exigences. Elle sépare le plan du droit de celui du fait, comme si le fait lui-même ne résultait d’aucune loi, d’aucune nécessité. Vouloir réformer l’humanité, c’est supposer qu’elle aurait pu être autre qu’elle n’est, que nulle nécessité ne préside à son existence actuelle et réelle. C’est réserver dans la nature, soumise à des lois strictes, une enclave de liberté où les hommes feraient leur loi. C’est supposer un empire dans un empire.
B) LA SUBLIMATION DU DESIR (Freud)
- Freud affirme que, si l’on excepte les désirs de destruction, presque tous les désirs humains, y compris ceux de l’enfant, sont d’ordre sexuel et constituent une unité, la libido, qui peut s’investir sur différents objets, et notamment s’élever vers des fins supérieures en un processus nommé sublimation.
- Le désir premier de l’enfant est le désir de nutrition car c’est un besoin biologique. Mais immédiatement ce appétit se double d’un désir de plaisir sensoriel, celui de l’action de téter. Freud désigne ce désir de plaisir sensoriel comme un désir sexuel. Ce premier désir obéit, selon lui, à la même structure que le futur désir sexuel adulte, et qu’il en est en quelque sorte l’ancêtre. L’enfant possède un second désir fondamental, celui de faire ses besoins ou plutôt du plaisir qu’il en éprouve. Un nouveau désir apparaît alors comme condition de la réalisation du désir de nutrition : le désir de la présence de la mère, probablement d’abord conçue comme un simple objet. Peu à peu, ce désir va s’enrichir, avec la découverte que la mère est une personne, c’est-à-dire qu’elle éprouve des émotions. Le désir de l’enfant va alors être le désir de l’amour de la mère, il va porter sur les sentiments d’autrui et non plus sur un plaisir ou un objet à posséder.
- Le processus éducatif s’enclenche alors, notamment par l’apprentissage de la propreté, dont le moteur est la crainte de susciter la colère de la mère, donc de perdre son amour. Le principe de l’éducation consiste à transformer les actions de l’enfant par une certaine répression de ses désirs. C’est notamment ce qui se passe pendant le complexe d’Oedipe que tout être humain traverse, selon Freud, entre l’âge de un et six ans. Le petit garçon est animé de plusieurs désirs antagonistes (il admire son père, il est amoureux de sa mère, il considère alors son père comme un obstacle à éliminer, l’enfant se culpabilise alors de tels sentiments à l’égard de son père et pense que celui-ci lui en veut). La solution que découvre l’esprit de l’enfant est le refoulement de ces désirs. Ils sont bannis, interdits de cité dans sa conscience, rejetés en dehors. Mais ils continuent de subsister dans son psychisme, constituant désormais une partie inconsciente, auprès de la partie consciente.
- D’une manière générale, comme la société ne tolère pas que l’on passe son temps à s’aimer, la sexualité subit, bien au-delà de la petite enfance, de multiples répressions, morales ou économiques. L’énergie désirante de l’individu s’investit alors sur d’autres buts, comme le travail, la réussite sociale, voire la création intellectuelle ou artistique. Tel est le phénomène de la sublimation des désirs. La répression permet d’orienter la libido vers des fins socialement reconnues comme plus élevées. Il s’agit d’un phénomène ambivalent, qui sacrifie certes les satisfactions naturelles immédiates de l’individu, mais qui semble bien être le moteur de l’évolution de l’humanité, sans lequel les hommes resteraient des animaux.
- Il faut donc retenir de Freud l’intéressante idée d’un processus d’élévation, de sublimation des désirs humains, à titre d’explication des méandres du désir. Mais la répression est-elle la seule source des désirs nouveaux ?
C) LE DESIR DE L’AUTRE (Hegel)
- La répression n’est pas la seule cause de nouveaux désirs. Il y a aussi une autre cause, beaucoup plus spontanée, qui est l’imitation des désirs d’autrui. Ce que l’autre désire, j’en viens à le désirer aussi. En effet, le désir de l’autre pour un objet me désigne cet objet comme ayant une valeur, comme étant digne de convoitise et agréable à posséder. Par exemple, il suffit à une jeune fille que les autres filles de son groupe trouvent un garçon “supergénial” pour qu’aussitôt elle ait envie de sortir avec lui. Tel est aussi le ressort des mouvements de mode : la valorisation soudaine et provisoire d’un produit.
- La première conséquence de ce mimétisme du désir humain, c’est qu’il place immédiatement les hommes en situation de concurrence. Si tous désirent les mêmes choses, qui sont bien souvent en nombre limité, il n’y en aura pas pour tout le monde. Cela pousse les hommes au conflit. En second lieu, les désirs ne sont pas par nature, de façon innée, en l’homme, mais ils sont sociaux et culturels, puisqu’ils s’acquièrent par l’imitation des autres. Ainsi, pour simplifier, l’amour s’apprend-il dans les livres, en ce sens que chez l’homme, à la différence de l’animal, le mode d’accouplement n’est pas l’objet d’un savoir instinctif.
- Quelle est la raison d’être de ce mimétisme du désir ? Pourquoi désirer ce qu’autrui désire ? En fait, si je désire posséder l’objet même dont il a envie, c’est pour qu’il m’admire, qu’il m’estime. Ce n’est que pour cela que je désire cet objet, et non pour lui-même, pour ses qualités propres. Mon vrai désir, c’est le désir de l’amour d’autrui. Presque tous les désirs humains ont en réalité cette fin.
- C’est ce qu’affirme Hegel dans La phénoménologie de l’esprit : le désir humain fondamental n’est pas le désir de consommation de l’objet, le désir de plaisir, de jouissance physique, qui est aussi bien celui de l’animal, mais c’est le désir de l’estime, de l’admiration, de l’amour d’autrui, le désir de reconnaissance, c’est-à-dire le désir du désir d’autrui, c’est-à-dire le désir d’être reconnu par autrui comme un être qui a une valeur (qui est donc lui-même désirable). Et cela médiatise le désir d’objet, objet dont la possession n’est qu’un moyen pour ramener sur soi l’envie qu’autrui lui porte : si je veux avoir de multiples objets, ce n’est pas pour le plaisir qu’ils m’apportent directement, mais c’est pour tenter de capter et de détourner au profit de mon être la valeur qu’autrui leur reconnaît.
- Si j’étais naufragé solitaire sur une île déserte, m’importerait-il encore d’avoir des vêtements élégants, de posséder une belle voiture, une belle maison ? Songeons d’ailleurs à cette rage qu’ont les hommes de se mesurer, de se comparer, afin d’être le meilleur, et qui s’exprime partout, dans les affaires, les études, les jeux, le sport. Je me soucie infiniment de ce qu’autrui pense de moi. Dans tous les cas, je suis inquiet du jugement que l’autre peut porter sur moi. Je suis seul dans un compartiment de chemin de fer ou dans la salle d’attente d’un médecin; je ne me soucie pas de mon attitude. Mais voici que quelqu’un entre; aussitôt, je rectifie ma posture, je me soucie de mon apparence. Mais pourquoi en va-t-il ainsi ? Pourquoi ai-je un tel souci du jugement d’autrui sur moi, une telle soif d’être reconnu, estimé, admiré, aimé ?
- Selon Sartre, cela provient du fait que je suis un être conscient et libre, donc indéterminé. Alors que les choses sont ce qu’elles sont (elles ne peuvent devenir autre chose, décider librement de changer), l’homme, comme être conscient, peut décider de modifier son être : il est libre. Ce que je suis dépend de ma décision, de mon effort personnel. La contrepartie de cette liberté, c’est une indétermination, une contingence : je ne suis pas définitivement, ni même réellement ce que je suis. Cette situation existentielle n’est pas sans générer une certaine angoisse : je voudrais “être quelque chose”, “être quelqu’un”. Je veux être rassuré sur mon identité et ma valeur. J’ai donc besoin de la confirmation de mon être que je trouve dans le jugement d’autrui. C’est l’opinion des autres qui me procure une identité, un caractère qui me font défaut par nature. Il me semble que je n’ai pas d’autre être que celui qui m’est accordé par autrui, que je ne suis que ce que je suis reconnu être. Mon être est tout entier relationnel.
- En somme, derrière tout désir de possession d’objet, de réussite, se cache notre désir fondamental, le désir de reconnaissance, qui n’est autre qu’un désir d’être, un désir ontologique. Telle est notre condition, le prix de notre liberté. Et c’est aussi le principe des efforts que font les hommes pour se dépasser eux-mêmes, pour briller aux yeux des autres, pour acquérir une valeur. Si les humains étaient des êtres-en-soi, ils se suffiraient à eux-mêmes, seraient satisfaits de leur personne et resteraient de paisibles animaux.
- Mes désirs de possession sont donc tout à fait superficiels, et me trompent en quelque sorte sur le véritable but à poursuivre. Car je crois que je veux posséder ceci et cela, que c’est ce qui me rendra heureux, alors qu’en fait tout ce que je veux profondément, c’est être aimé ou estimé.
- Il faut donc, plutôt qu’à amasser des biens, travailler à se perfectionner soi-même, afin de se rendre digne d’estime ou d’amour. Il faut tâcher d’être plutôt que d’avoir, et tâcher d’être quelqu’un de bien. Se déprendre du prestige trompeur des propriétés matérielles, avoir la force de ne pas masquer son désir d’autrui. Songer à établir des liens avec les autres, à être ouvert et accueillant, et choisir des êtres dont l’estime importe. Puisque par-dessus tout je veux être aimé, il faut que je sache moi aussi aimer et donner d’abord. Je dois, pour ce faire, parvenir à une certaine estime de moi, qui me mettra à l’abri des aléas de l’opinion d’autrui. Cela fera de moi un être fort, qui ne sera pas sous la dépendance permanente des autres, qui n’attendra pas tout d’autrui, mais qui sera un point solide, capable d’aider autrui, de donner de l’amour.
D) LE DESIR LIBERE (Spinoza, derechef)
1) La nature de la servitude
- Si l'homme est fondamentalement un être de désir, si ce désir est sans cesse travaillé par la culture et les impératifs de la vie sociale, si le désir humain n'est jamais solitaire mais solidaire d'une relation entre les consciences, comment comprendre l'expérience commune de la servitude et envisager, à partir d'elle, une libération en vue du bonheur? Les hommes sont-ils condamnés au conflit, à la haine, à la souffrance, au manque, c'est-à-dire, en termes spinozistes, à la tristesse ?
- Selon Spinoza, c'est la servitude issue des passions qu'il s'agit de comprendre en la comprenant d'abord et en connaissant les causes. Chez Spinoza, la liberté est la condition sine qua non du bonheur. En effet, la servitude est mauvaise car elle est source de souffrance. Quelle est alors la nature de la servitude ?
- C'est la passivité. La servitude est la passivité où nous nous trouvons lorsque nous n'agissons pas seulement par nous-même. C'est la dépendance à l'égard de causes internes ou externes qui n'entrent pas dans la constitution de notre nature. La servitude est reliée à la tristesse, c'est-à-dire à la réduction de cette puissance d'exister qu'est le conatus. Le désir s'accroît ou se réduit, entraînant soit la joie, soit la tristesse. La joie est l'authentique réalisation du désir puisqu'elle est l'affirmation et l'accroissement de notre être. C'est à ce titre que la joie est à poursuivre et la tristesse à combattre. Et c'est en tant que tristesse et souffrance (celle de la haine, de la jalousie, de l'ambition, de la culpabilité…) que la servitude est à combattre.
- La servitude passionnelle provient d'un usage erroné de l'imagination et d'une connaissance partielle, tronquée, obscure de notre désir. La passivité est le déploiement d'un désir qui n'est pas autonome. Elle est l'aliénation des actes qui ne dépendent pas de nous seuls mais d'une cause extérieure. La servitude ne dénote pas une faiblesse de la volonté, mais une confusion de notre connaissance. Notre malheur, comme notre bonheur, découle de la modalité de notre rapport à l'objet, de la nature de la connaissance que nous en avons. La servitude des passions n'est donc pas issue du désir en tant que tel, mais du manque de connaissance qui nous réduit à n'être que la cause partielle de nos actes. C'est notamment l'imagination qui est la principale source des idées mutilées et confuses, qui se fait l'auxiliaire erroné du désir (comme nous l'avons déjà expliqué, alors que le désir est le créateur véritable de la "désirabilité" des objets, l'imagination laisse croire que les biens, les qualités poursuivies dans l'objet appartiennent véritablement à cet objet.
2) Les conditions de la libération
- Pour parvenir à la joie, nécessité d'une libération dont le but est de parvenir à une véritable autonomie du sujet : vivre selon son être propre et la spécificité de sa propre essence individuelle.
- Lorsque nous connaissons nos sentiments clairement et distinctement, lorsque les idées que nous nous en faisons sont des idées totales et totalisantes, nous trouvons une satisfaction absolue dans le vrai et sommes ainsi délivrés des passions. Lorsque nous comprenons nos passions, lorsque nous intégrons l’objet de notre passion dans tout un système de choses, où il perd son individualité et son prestige, nous nous libérons, en même temps, de son pouvoir fascinant. En faisant de notre affectivité l’objet d’une connaissance vraie, la joie apaise les tourments qui peuvent en résulter. La connaissance vraie libère donc le désir des faux biens : elle ne le supprime pas mais transforme un désir ignorant, aliéné, passif, en un désir éclairé, autonome, actif.
- Le désir n’a pas à être refoulé; il doit, au contraire, s’épanouir et devenir lucide, c’est-à-dire se réfléchir lui-même. C’est dans la passion seulement que le désir est aveugle : l’homme passionné est aliéné, diminué, triste. La libération sera accroissement de puissance; toute connaissance vraie est joie, le désir étant d’autant plus fort que le savoir est plus vaste; elle résulte d’une connaissance et non d’un refoulement du désir.
- Ce que l'homme libre atteint, au bout du compte, c'est la joie permanente, la satisfaction de soi entendue comme amour de soi qui n'est ni égoïsme ni narcissisme. Il s'agit là de valeurs universelles, accessibles par tous, dès lors que les hommes sont conduits par la raison. Joie d'exister en agissant selon sa propre nature et ses propres normes, dans la perspective de la générosité et de l'amitié. L'homme libre et heureux est à la foi pleinement lui-même et toujours ouvert à autrui.
Conclusion :
- Nous en arrivons à l’idée qu’il ne faut pas tenter de satisfaire tous mes désirs tels que je les éprouve spontanément, mais qu’il me faut effectuer un effort sur moi-même pour les connaître et les métamorphoser en action et source d'épanouissement. Je ne dois pas éliminer tous mes désirs (bouddhisme) car je ne ferais qu’échapper au malheur, et non atteindre un bonheur positif; je paierais cela au prix d’un anéantissement de mon être. De plus, les continuelles privations, les constants efforts sur moi-même (stoïcisme) me semblent plutôt pénibles qu’agréables. Il me faut plutôt attendre de la culture et de la connaissance une certaine élévation et métamorphose de mes désirs (Freud, Spinoza). Le désir libéré, c'est-à-dire actif, joyeux, réfléchi, devient alors la condition du bonheur et nous commençons à percevoir que le bonheur, loin d'être un idéal lointain ou inaccessible de l'imagination, peut être l'objet d'une expérience vécue et authentique.
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