Corse : jacobins, ne tuez pas la paix !
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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- que l'on fit, en 1984, une découverte étrange.
Le président Giscard d'Estaing, vers 1976 ou 1977, avait pris la sage décisiond'assurer à la Corse la "continuité territoriale", c'est-à-dire la prise en charge par l'Etat de tout surcoût de transport lié à soninsularité.
Sept ou huit ans après - est-ce stupidité, manque de courage ou concussion ? -, l'administration avait assuré lacontinuité territoriale pour les transports de personnes et pour les transports de marchandises de l'Hexagone vers la Corse, maispas dans le sens inverse ! Les oranges corses continuaient d'arriver à Marseille avec des frais de transport plus élevés que cellesqui venaient d'Israël.
Pour les vins et la charcuterie, ce fut la mort économique.
- et qu'enfin la Corse, comme la Martinique et la Guadeloupe, a subi pendant bien des décennies un monopole de pavillonmaritime imposé par l'Etat, avec les conséquences asphyxiantes que l'on devine.
Certains ont voulu résumer tout cet ensemble de faits économiques par le concept de colonialisme.
Le débat sémantique estsans intérêt, car il est sans conclusion.
L'imbrication profonde de la population corse dans la population française et le très grandnombre de Corses qui ont magnifiquement servi la France comme hauts fonctionnaires, officiers ou ministres, dénie un telconcept.
Il suffit de savoir qu'une oppression particulière a gravement affaibli l'économie corse.
Lorsque l'Histoire a un tel visage,il faut soit beaucoup d'inconscience, soit beaucoup d'indécence pour dire seulement aux Corses : "Assez erré maintenant.
Soyezcalmes et respectez les lois de la République.
Vous bénéficierez alors pleinement de leur générosité." De cette applicationuniforme et loyale, les Corses n'ont guère vu trace dans leur longue histoire.
Certes, il y a la part corse dans ce gâchis.
Elle n'est pas mince : violence, clanisme, corruption.
Naturellement, il fautsanctionner, et on ne l'a pas assez fait.
Mais il faut tout autant comprendre comment le système se pérennise.
Ici, l'histoiredébouche sur la sociologie.
C'est une évidence mondiale que toute société autosuffisante est beaucoup plus résistante à lacorruption que toute société assistée.
Or la Corse l'est, largement par le fait de la France, depuis bien des décennies.
Il n'est dèslors pas surprenant que cette puissante institution méditerranéenne, la grande famille, la gens, soit devenue l'instrument presqueexclusif de la solidarité et de la défense collective.
Tout commence bien sûr par la terre.
En l'absence d'une véritable justicefoncière, c'est la violence qui est devenue l'instrument de défense des droits personnels, et la loi du silence, l'omerta, la traductioninévitable de la solidarité familiale devenue clanique.
On est vite passé de la terre à l'ensemble des activités sociales.
De plus, làcomme ailleurs en France, l'Etat distribue des subventions, puisque chez nous, au lieu d'être pour l'essentiel utilisés sur placecomme dans les Etats fédéraux, les produits de notre fiscalité remontent au centre avant d'en retomber pour attester la générositéde la République.
Dans un univers culturel où la légalité et l'équité étaient aussi peu apparentes, il n'est guère surprenant que lesclans se soient organisés, violence et loi du silence comprises, pour contrôler à tout prix les processus électoraux et les fluxfinanciers qu'ils induisent.
Voilà le gâchis dont il faut maintenant sortir.
Les trois quarts des Corses, qui n'en peuvent plus de la violence, s'appuientdésespérément sur l'Etat central malgré sa longue impéritie.
Un dernier quart, qui s'est décrit comme autonomiste il n'y a pas silongtemps - comme nationaliste aujourd'hui -, n'a pas renoncé à voir enfin traitées correctement les lourdes spécificités de lasituation corse.
Ils sont prêts à chercher des solutions négociées et le disent, comme à renoncer à la violence.
De ce fait, quelquescentaines de desperados les ont quittés pour sombrer dans la violence pure.
Ils n'obéissent plus à leur commandement.
Commenten vouloir aux représentants élus de ces mouvements ? C'est au contraire leur honneur, et la garantie de sérieux de leur choix.
Comment traiter alors cette nécessité pour la Corse de prendre une part plus grande à la maîtrise de ses affaires pour lesconduire en fonction de ses caractéristiques propres ? Le fait que l'on ait pu évoquer et citer dans le projet gouvernemental des"attributions législatives" a suffi à mettre le feu aux poudres.
Trois questions se posent à cet égard.
La première : a-t-on vraiment lu le texte ? Le projet dispose que (c'est moi qui souligne) : "Le Parlement pourrait ainsi autoriserl'Assemblée territoriale de Corse à adapter, par ses délibérations dans certains domaines précisément déterminés et dans lerespect des principes qu'il aura fixés, des dispositions législatives déjà en vigueur ou en cours d'examen.
Les délibérationsadoptées par l'Assemblée de Corse dans ces conditions seraient, sous réserve de l'exercice des voies de recours devant lajuridiction administrative, exécutoires.
De valeur réglementaire, elles..." Que voilà un "législatif corse" sérieusement encadré par lelégislatif national ! Et craint-on vraiment que le Conseil d'Etat ou les tribunaux administratifs ne laissent se faire le démantèlementde l'Etat ? Si au final la substance de ces nouvelles attributions était plus franchement législative, c'est alors la compétence duConseil constitutionnel qui serait de droit, autre garantie solide.
De quoi a-t-on peur ?
Deuxième question : a-t-on vraiment lu la Constitution elle-même ? C'est notre loi fondamentale dans sa sagesse, et notammentpar son article 34, qui entérine le problème et traite l'existence d'une vaste zone grise entre la majesté et la généralité de la loi, etles contingences du règlement.
Je le sais d'expérience : pour un gouvernant qui souhaite faire prendre une mesure importante, lechoix entre la loi et le décret est rarement évident.
Il existe même dans la Constitution (article 37) une procédure qui permet au.
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