Corruption De La Monarchie, Extrait De L'Esprit Des Lois, 1748, Montesquieu
Publié le 20/07/2010
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Introduction :
Le XVIIIe siècle dit des « Lumières «, est le siècle de tous les extrêmes. La France de l’Ancien Régime va connaître le plus profond bouleversement de son histoire. Certains hommes, aux idéaux d’éducation et d’égalité, font entendre leurs voix contre le despotisme. Montesquieu, philosophe et moraliste de cette époque, est l’un d’eux ; il s’intéresse à la séparation des pouvoirs et cherche à diffuser ses idées par l’écriture. Dans ce texte tiré de « l’Esprit des Lois «, Montesquieu s’intéresse à la monarchie et dénonce ses abus. A l’époque où le monarque est absolu et où la censure sévit, critiquer la corruption de la monarchie est exercice osé. Nous nous demanderons par quel objectif s’assigne Montesquieu en analysant les procédés rhétoriques avant de nous pencher sur les solutions qu’il propose. I. Les techniques d’écritures pour dénoncer
L’anaphore : ex : « la monarchie se perd. « (l.1-6-9) La comparaison : ex : « monarque « / « despote « (l.10-11) Accumulation : « lorsque « (l.1-2) Question rhétorique : « N’est-ce pas « (l. 30-31) Oxymore : « infamie et dignité « (l.18) Temps : présent de vérité général Montesquieu dans cet essai évoque les corruptions de la monarchie qui peuvent la perdre. Il se place tout d’abord en observateur pour recenser les risques courus par un régime mal pensé, Il s’exprime au présent de vérité général : « La monarchie se perd «. Il a un discours d’homme de loi. Pour convaincre son lecteur, il s’aide notamment d’anaphores (« il se corrompt « l. 17-20) qui légitiment son propos. Il martèle ses idées à l’aide de répétitions, le mot « corrompt « apparait 5 fois. L’auteur dénoncer les abus de pouvoirs qu’il nomme despotisme et il rapproche dans une comparaison le monarque au despote. Il semble réduire les frontières entre ces deux notions pour éveiller l’intérêt du lecteur : « On peut être à la fois couvert d’infamie et de dignité «. Cet oxymore rapproche deux notions opposées comme pour nous mettre en garde sur la facilité avec laquelle un régime se corrompt si l’on n’y fait pas attention. II. L’objectif de Montesquieu Montesquieu dénonce avant tout la servitude (ou soumission) des Aristocrates qui par « vanité « ne cherche qu’à plaire au Prince. Le prince quant à lui tire profit de cette soumission en offrant divers titres et fonctions de pacotille. Montesquieu ne remet pas en cause le principe même de la monarchie, mais il met en farde contre les déviances de l’absolutisme qui mettent en péril la nation. Il insiste sur les responsabilités et les devoirs du prince qui doit être animé par « l’amour de ses peuples «. Cet idéal de Monarchie tempérée concerne non seulement la France, mais tous les peuples d’Europe, car ce mouvement des lumières est européen. Conclusion :
Dans ce texte polémique, Montesquieu, dans la lignée du courant des Lumières, est tenté par le modèle anglais de la Monarchie constitutionnelle, dans lequel le roi partage le pouvoir avec la nation. Il revendique la seule garantie contre le despotisme, à savoir la séparation des 3 pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Pour ne pas tomber dans la tyrannie, tout régime politique doit d’accompagner d’exigences morales, orientées vers le bien collectif et non pas d’un seul Homme.
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