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Corollaire Roosevelt à la doctrine de Monroe (extrait)

Publié le 19/02/2013

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roosevelt

Avec pour devise « Parler avec douceur et s’armer d’un gros bâton « — politique du big stick —, le président des États-Unis Théodore Roosevelt fait une interprétation expansionniste de la doctrine de Monroe (1823) : dans un message qu’il adresse au peuple américain le 6 décembre 1904, Roosevelt définit la sphère d’influence des États-Unis, à laquelle appartient notamment l’Amérique latine. Ce « corollaire « Roosevelt à la doctrine de Monroe justifie la politique étrangère des États-Unis, notamment vis-à-vis de Cuba et de Panamá, et réserve désormais à ceux-ci un droit d’intervention dans les affaires de tous les États du continent américain.

Le « corollaire « Roosevelt à la doctrine de Monroe (6 décembre 1904)

 

Il est faux de dire que les États-Unis éprouvent un besoin de terres ou nourrissent des desseins envers les autres nations de l’hémisphère occidental, qui ne visent pas leur prospérité. Tout ce que notre pays désire, c’est voir ses voisins stables dans l’ordre et la prospérité. Tout pays qui se comporte bien peut compter su notre cordiale amitié. Si une nation montre qu’elle sait agir avec efficacité et à propos, avec raison, dans les domaines social et politique, si elle maintient l’ordre et satisfait à ses obligations, elle n’a pas à craindre d’intervention des États-Unis. Des maux chroniques ou une incapacité entraînant un relâchement général des liens de la société peuvent en Amérique, comme ailleurs, finir par amener l’intervention d’une nation civilisée ; dans l’hémisphère occidental, l’adhésion des États-Unis à la doctrine de Monroe peut les forcer, bien qu’à contrecœur, à assurer un rôle de police internationale dans des cas flagrants d’une telle incapacité. Si chacune des nations bordant la mer des Caraïbes faisait preuve du même progrès dans une civilisation stable et juste que Cuba a illustré (avec l’appui de l’amendement Platt) depuis que nos troupes ont quitté cette île et que tant de républiques des deux Amériques illustrent constamment et brillamment, alors toutes les questions d’ingérence de notre pays dans leurs affaires seraient closes. Nos intérêts sont en réalité semblables à ceux de nos voisins méridionaux. Ces peuples ont d’importantes richesses naturelles, et si à l’intérieur de leurs frontières la justice et la loi règnent, la prospérité ne manquera pas d’apparaître. Tandis qu’ils se soumettent ainsi aux lois de base de toute société civilisée, ils peuvent être sûrs que nous les traiterons avec une sympathie cordiale et dévouée. Nous n’interviendrions dans leurs affaires qu’en dernier ressort et seulement s’il devenait clair que leur incapacité ou leur mauvaise volonté à exercer la justice à l’intérieur comme à l’extérieur avait violé les droits des États-Unis ou avait sollicité une intervention étrangère au détriment de la nation américaine dans son ensemble. C’est un truisme de dire que chaque nation, en Amérique ou ailleurs, qui désire conserver sa liberté, son indépendance, doit finalement voir que le droit à une telle indépendance se confond avec la responsabilité d’en faire bon usage.

 

 

En affirmant la doctrine Monroe, en prenant les mesures que nous avons prises en ce qui concerne Cuba, le Vénézuela et Panama et en nous efforçant de limiter la guerre en Extrême-Orient et d’assurer la porte ouverte en Chine, nous avons agi dans notre intérêt et dans l’intérêt de l’humanité toute entière. Toutefois il est des cas où, bien que nos intérêts ne soient pas directement en jeu, notre sympathie est vivement touchée. Mais dans les cas extrêmes, notre action peut être justifiée et nécessaire. La forme que doit revêtir l’action dépend des circonstances, c’est-à-dire de la gravité de la faute et de notre pouvoir à la faire réparer.

 

 

Source : Fohlen (C.), Suratteau (J. R.), Textes d’histoire contemporaine, Paris, SEDES, 1967.

 

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