« Le dimanche 25 juillet 1593, le roi, revêtu d'un manteau et chapeau noir, d'un pourpoint et chausses de satin blanc, assisté de plusieurs princes, grands seigneurs, des officiers de la couronne et autres gentilshommes en grand nombre, précédé des Suisses de sa garde, des gardes du corps écossais et français, de douze trompettes, est allé, à huit heures du matin, dans la grande église de Saint-Denis. Les rues étaient tapissées et jonchées de fleurs, le peuple répétait mille fois : Vive le Roi !
A l'entrée de l'Église étaient l'archevêque de Bourges, assis en une chaise, couverte de damas blanc, aux armes de France et de Navarre ; le cardinal de Bourbon, plusieurs évêques et tous les religieux de Saint-Denis qui l'attendaient avec la croix, le livre des Évangiles et l'eau bénite. L'archevêque de Bourges lui a demandé qui il était : “ - Je suis le Roi. - Que demandez-vous? - Je demande à être reçu dans le giron de l'Église catholique, apostolique et romaine. - Le voulez-vous sincèrement ? - Oui, je le veux et le désire. ” A l'instant le roi s'est mis à genoux et a fait sa profession en ces termes : “ Je proteste et jure, devant la face du Tout-Puissant, de vivre et mourir en la religion catholique et romaine, de la protéger, de la défendre contre tous, au péril de mon sang, de ma vie ; renonçant à toutes hérésies contraires à icelle. ” Laquelle profession il a donnée écrite sur un papier et signée de sa main. L'archevêque, après avoir pris le papier, lui a donné à baiser son anneau, puis l'absolution et la bénédiction. Après quoi le roi a été conduit au chœur de l'Église, où il s'est mis à genoux devant l'autel et a réitéré devant les Saints Évangiles sa profession et son serment. Puis, ayant baisé la pierre, il passa derrière l'autel où l'archevêque de Bourges entendit sa confession, tandis que les chantres chantaient le Te Deum.
L'archevêque le conduisit devant un prie-Dieu couvert de velours cramoisi brun, semé de fleurs de lys d'or. Il s'y est agenouillé et a entendu la grand-messe, célébrée par l'évêque de Nantes. A l'évangile, le cardinal de Bourbon lui a apporté le livre des Évangiles à baiser et il a été très dévotement à l'offrande.
A l'heure des vêpres, il s'est rendu à la même église, où il a entendu la prédication faite par l'archevêque de Bourges. Puis il est monté à cheval. Il est allé à l'église de Montmartre rendre grâces à Dieu. Le soir, tous les villages d'alentour étaient éclairés par un feu de joie. «
(Supplément au journal de L'Estoile.)