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Comparaison entre La chevelure et un hémisphère dans une chevelure.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

 

 

 

Le XIX° s. est celui du renouvellement de la poésie. Les poètes romantiques et symbolistes la modernisent. Hugo permis l'emploi de mots plus familier dans les Contemplations, Baudelaire autorise un beau moins classique tiré du mal lui-même dans les fleurs du mal (oxymore). Quant à Verlaine, il s'intéresse à la musique du vers impair. A la suite d'Aloysius Bertrand dans Gaspard de la nuit, Baudelaire renouvelle aussi les genres poétiques en proposant des poèmes en prose. Dans les textes à étudier se trouvent d'abord un poème « la chevelure « de Baudelaire extrait des Fleurs du Mal (1857)  et l'adaptation en prose de ce poème « Un hémisphère dans une chevelure «, extrait du Spleen de Paris (1869).Nous les comparons en cherchant à savoir lequel atteint le mieux son objectif, lequel apparaît le plus plaisant.

 

I. Malgré la différence de titre, les 2 textes poème et poème en prose, proposent par la chevelure un voyage vers l'idéal.

 

1. Le titre

« La Chevelure « est plus générale

« Un hémisphère dans une chevelure « est plus précis et renseigne déjà sur le voyage poétique.

2. Les 2 poèmes ont la même structure et raconte le voyage du narrateur que le parfum de la chevelure d'une femme font rêver.

1-a. 7 strophes, 7 paragraphes, 7 moments. Insistance sur le pouvoir du parfum de la chevelure. Dans le texte en prose, une correspondance verticale entre la sensation olfactive et la soif de partir que l'on retrouvera dans la dernière strophe du poème (inversion). 

 Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?      

A dieu au départ avec le mouchoir dans les 2 poèmes.

2-b. Le pouvoir d'évocation, de suggestion du parfum des images auxquelles sont associées des sensations dans le poème

 La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,      

Plus général dans le poème en prose mais le pouvoir d'évocation est renforcé par une hyperbole répété « tout ce que «

3-c. Voyage en mer sur les cheveux de la femme dont les mouvements suggèrent la houle. « soyez la houle « poème  « me portent vers « poème en prose.

4-d. description du port comme le paradis des sens: Synesthésie(plusieurs sens associés) dans les 2 textes.

+ dvlp dans le poème en vers, 3 sens dans le poème.

 A grands flots le parfum, le son et la couleur ;      

2 sens dans le poème en prose: visuelle: « où l'espace est plus beau. «

 : olfactive: « où l'atmosphère est parfumée (mélange des parfums)

vision de l'idéal: « ciel pur «- vastes

  « chaleur « opposée à l'humidité qui caractérise le spleen chez Baudelaire.

5-e. De l'extérieur vers l'intérieur. Pause langoureuse à l'intérieur du  navire.

Synesthésie (sensation qui se mélange : impression de roulis , bercement + parfum

6-f. correspondances verticales: de la sensation olfactive à un sentiment d'infini, de plénitude. Azur – immense – rond.

7-g. Souhait du poète que la femme permette toujours de rêver.

Bilan: Dans les 2 poèmes, le moyen de voyager est le même: le parfum de la chevelure, le déroulement du voyage en mer jusqu'au port est semblable, les 2 poèmes se terminent par le souhait du poète de rêver toujours.

La caractérisation du rêve et la même. 'idéal est suggéré par le mélange des sensations (synesthésie) ou par une sensation qui évoque un sentiment. L'idéal est caractérisé le rond, le grand; quelque chose de pur et la chaleur éternelle (souvenir de l'Ile Maurice).

 

II. Même si les caractéristiques de l'énonciation différent un peu, le registre est le même dans les 2 textes. (comparaison de l'énonciation et du registre)

 

1. l'énonciation

de « je « (poète) à « tu « la femme.

 Destinateur  destinataire  

la femme est plus présente dans le poème en prose, il y a en effet d'autres destinataires dans le poème en vers:

-une apostrophe aux cheveux

 Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !      

-un autre destinataire le rêve: v24

 Saura vous retrouver, ô féconde paresse,      

La femme permet l'entrée dans « un rêve poétique «

féconde, ELLE EST LA MUSE.

La femme n'est pas dévalorisée dans le poème en prose.

Elle est vénale (à vendre prostituée) dans le poème en vers

 V37 Sèmera le rubis, la perle et le saphir,      

Elle est dévalorisée par des comparaisons animales (toison-mouton-encolure-crinière) et par les mots à la rime « lourde « « sourde « « gourde «

 

2. registre lyrique dans les 2 textes. Le poète exprime son besoin de rêver, son adulation par la qualité du rêve: -par de nombreuses exclamatives dans les 2 texte

7 dans le poème en vers, 3 dans le poème en prose

   une volonté affirmée de rêver: - les 2 futurs dans le poème 

   v11 « j'irais « - « Je plongerais «

   les 2 injonctions dans le poème en prose: Laisse moi ligne 1 et 24

   Les 2 textes se terminent par l 'évocation de la rêverie: « souvenirs « (d'un âge d'or, d'un paradis perdu, d'un monde idéal (Platon))

 

III. Chaque texte met en œuvre un lexique, une syntaxe, des figures de style et une musicalité qui lui est propre avec un objectif commun, le dvlpmt du rêve.

 

1. le lexique. Nombreux termes ou expressions sont identiques dans les 2 textes. Chacune des strophes est marqué par une équivalence dans le paragraphe qui lui est associé

str1 comme un mouchoir  l.3 comme un mouchoir

str2 comme d'autres esprits  l-6-7 comme l'âme

str3 sous l'ardeur des climats + voiles, mâts (v. 15)  l.8 voilures, mâtures

str4 l'éternelle chaleur  l15 l'éternelle chaleur

str5 roulis  roulis

 bercement  bercées

str6  De l'huile de coco, du musc et du goudron.  l.23 termes inversés « je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco «

 

Cependant, le lexique de manière générale est plus soutenu dans le poème en vers que le poème en prose

néologisme: v.2 nonchaloir 

  v.28 moire

 v. 8 aromatique ==> rimes riches

  v.24 féconde

 

De même, on passe de parfum v.2 à « odeur « l.1 dans le poème en prose, vocabulaire plus oral dans le poème en prose.

De  manière plus générale, on trouve davantage de mots abstraits dans le poème en vers:

ex v.25 

 Infinis bercements du loisir embaumé !      

Ce qui est intraduisible en prose

 l.17 – 18 , bercées par le roulis imperceptible du port      

Dans la prose la sensation olfactive n'est pas rendu

La poésie (en vers) est plus adaptée au mélange des  sensations, plus propice dans le rendu des synesthésies (elle suggère)

 

2. De même, les métaphores sont plus nombreuses dans le poème en vers et moins explicites parce que seul le comparant est nommé.

Ex v1 O toison 

 v14 mer d'ébène

 v 22 ce noir océan

alors que le poème en prose contient davantage de comparaison explicites (comme) et quand il y a métaphore, les 2 éléments comparant et comparé sont nommés ce qui rend la métaphore, plus accessible.

l.12 Dans l'océan de ta chevelure

l.16 Dans les caresses de ta chevelure

l.20 Dans l'ardent foyer de ta chevelure

N.B Les cheveux de la femme prennent une couleur rouge et une dimension chaleureuse dans le poème en prose alors qu'ils sont bleus voire noire dans le poème en vers.

Dans le poème en prose la syntaxe est plus sollicitée (subordonnée), ex 3 relatives dvlp et caractérisent le rêve l. 9, 10, 11 

 

Bilan: le poème en vers apparaît plus suggestif, plus mystérieux alors que le poème en prose est plus explicite, plus claire.

 

3. Sur le plan de la musicalité

         le poème en vers

         Il utilise des rimes croisées puis embrassées, structure assez raffinée, 4 rimes riches sur 7 lyr, lœr, rƹs, vrd

         Le rythme propose de nombreux enjambement qui permettent au rêve de se développer, rythme ample par les contre rejet v4 et v5

         rejet v.8  rejet v.12 contre-rejet v34-35

         Le poème en prose

         Le rythme y est également travaillé pour développer le rêve au moyen de longue phrases souvent allongées par des rythmes ternaires.

         § 1 respirer, y plonger et les agiter

         §2 tout ce que x 3

         §3 dont, où, où 3 relatives

         §4, de chants, d'homme et de navires, 3 compléments de nom 

         §5 Dans x 3

Bilan: Les rythmes ternaires créent le même effet d'allongement et de développement du rêve.

   Enfin nombreuses assonances et allitérations sont présentes dans les 2 textes.

   Allitérations v. 3 Pour peupler l 24-25 en [m] mordre mordille mange

   Anaphores  §1 longtemps x 2

   v.6 La  §2 tout ce que x 3

   v.17-v.18-19 où, où ouvrent  §3 contiennent x 2

   v.30 du  §4 où x 2

    §5 dans x 3

Bilan: Bcp de répétitions sonores dans le poème en prose qui ne dispose pas de la rime permettent de créer des effets sonores poétiques

 

Ainsi les 2 textes tendent vers le même objectif: développer le rêve au moyen de la femme et des sensations qu'elles procurent. Ces synesthésies et les correspondances verticales sont plus présente dans le poème en vers, plus suggestif, mais plus difficile. En revanche la clarté de la comparaison et de la syntaxe peut faire préférer le poème en prose, plus moderne. Affaire de goût. Après Baudelaire, Apollinaire libérera encore le vers de la ponctuation et la poésie retrouvera avec Cendras, le souffle oral de l'épopée.

 

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