Comment entendez-vous la fameuse maxime de La Fontaine : « La raison du plus fort est toujours la meilleure. »
Publié le 22/02/2012
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La conséquence de cette constatation (que bien entendu La Fontaine ne donne pas comme morale) est qu'il faut s'arranger pour être le plus fort; et même qu'il vaut mieux se rendre le plus fort par des moyens même injustes que d'être faible en observant la justice. Il est trop évident que la morale théorique ne confirme pas ici la prudence pratique. Le désaccord est le même dans des cas moins évidents. Ainsi dans la fable le Renard et le Bouc. Le renard et le bouc, pressés par la soif, descendent dans un puits et sont fort embarrassés pour sortir. Le renard demande au bouc de se dresser le long de la paroi; il sortira en grimpant le long de son échine et sur ses cornes : « après quoi, je t'en tirerai ›; une fois sorti, il se sauve en abandonnant le bouc. Faut-il en conclure que, la ruse et l'ingratitude ayant réussi au renard, on a le droit de se servir, dans la vie, de toutes les ruses? Evidemment non. Faut-il même en conclure que l'honnête bouc a eu tort d'avoir confiance dans un ami ou même dans un camarade. Ce n'est pas sûr. S'il y a une confiance qui n'est que sottise ou paresse d'esprit, il y a bien souvent des confiances qui sont le témoignage de vertus, de la bonté du coeur, du besoin de s'attacher.
Prenons même la fable le Petit Poisson et le Pêcheur. Faut-il s'en tenir à la morale : « Un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras. » C'est évidemment prudent; il faut se 'défier des espérances chimériques, d'illusions dangereuses. Dans la vie pratique, ceux qui préfèrent des affaires modestes, mais sûres, à des entreprises grandioses, mais hasardeuses, sont souvent les plus sages. Mais ce sont souvent ceux qui savent courir des risques, les audacieux, qui créent les plus grandes choses. Et il n'y a pas que la vie pratique. L'homme réaliste, uniquement soucieux du bien-être, du confort qu'il a, ne se marierait pas, n'aurait pas d'enfants; le mariage, les enfants font espérer les joies de la famille; mais souvent on n'y trouve que des tourments, ne fût-ce que par les maladies et les deuils. Que d'hommes de talent ou de génie, que d'inventeurs ont préféré à une vie obscure, mais sûre, les hasards d'une vie d'abord pauvre et incertaine, des recherches longues, sans profit ou même coûteuses.
Dans tous ces cas, vous opposerez à la morale pratique et -trop -étroite la morale théorique, un idéal plus généreux.
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