Claude LEVI-STRAUSS : Race et histoire
Publié le 20/07/2010
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«
certaines laisseront trace dans l'évolution.
Ceci n'est pas le privilège d'une civilisation ou d'une période de l'histoire.
Chap.
6 Histoire stationnaire et histoire cumulative Toute observation est relative à la position et aux référents de l'observateur (ethnocentrisme).
L'histoire d'une culture nous paraît donc cumulative ou progressive lorsque sesavancées se développent dans un sens comparable au nôtre et sont porteuses de signification et d'intérêts pournous.
A l'inverse, elle nous semblera stationnaire ou inerte lorsque nous n'accédons pas à sa compréhension, quenous sommes dans l'incapacité d'y prendre de l'information par ignorance de ce système de référence différent.
Ilest probable, dès lors, que ce soit réciproque.
« ...
nous nous apparaîtrions l'un à l'autre comme dépourvus d'intérêt,tout simplement parce que nous ne nous ressemblons pas.
»
Chap.
7 Place de la civilisation occidentale Il semble à l'heure actuelle que toutes les civilisations attribuent une position de supériorité à la civilisation occidentale ou du moins désirent s'y identifier : Est-ce librement consenti oupar absence de choix ? Quel est l'avenir de cette civilisation mondiale occidentalisée ? Les deux valeurs les plusmanifestes de la civilisation occidentale sont de chercher, d'une part, à accroître la quantité d'énergie disponible parhabitant, et d'autre part, à protéger et à prolonger la vie humaine.
Ne s'être consacré qu'à cela se révèlera peut-être une faiblesse.
Chap.
8 Hasard et civilisation Si l'on observe de manière assez grossière l'évolution des avancéestechnologiques de la préhistoire à nos jours, on pourrait être tenté de penser qu'elles furent jadis plus aisées, voiremême le fruit du hasard.
C'est ignorer la complexité et la diversité des opérations impliquées dans les techniques lesplus élémentaires.
On peut considérer que toutes les cultures, à toutes les époques, ont eu leur part d'inventeurs,avec les mêmes exigences de créativité, d'innovation, de ténacité dans l'effort de recherche.
Mais ceci n'a entraînéde véritable mutation, de changements significatifs dans les rapports que l'homme entretient avec la nature,seulement deux fois dans l'histoire de l'humanité (du moins de notre point de vue d'occidentaux) et à deuxmillénaires d'intervalle : la révolution néolithique et la révolution industrielle.
Ces bouleversements (périodes d'histoireparticulièrement cumulatives) dépassent largement les influences singulières d'une culture ou d'une race etdépendent d'éléments au-delà de la conscience des hommes.
Chap.
9 La collaboration des cultures Les formes d'histoire qui ont été les plus cumulatives au cours du temps ont toujours été le fait de cultures diverses et multiples mises en lien.
Une culture ne peut pas être dite «supérieure », car seule, elle n'est rien.
Finalement, l'intérêt d'une culture ne réside pas dans ses qualités etcaractéristiques propres, mais dans ses interactions et sa manière d'être avec les autres.
Plus les écarts etdifférences sont importants, plus l'interaction est riche et prometteuse, même si elle s'accompagne d'une partd'incompréhension.
_ « ...
la véritable contribution des cultures ne consiste pas dans la liste de leurs inventions _particulières, mais dans l'écart différentiel qu'elles offrent entre elles.
»
Chap.
10 Le double sens du progrès Ainsi qu'il vient d'être décrit précédemment, la notion de progrès culturel ne peut s'entendre au niveau d'un groupe humain isolé, mais bien d'une manière globale et commune à toutes lescultures en présence à un instant donné (notion de coalition, de mise en commun des chances).
Maisprogressivement, cette collaboration entraîne une homogénéisation du niveau de développement de chacune descultures, et donc l'inutilité de poursuivre la coalition.
Il devient alors nécessaire de réintroduire d'une manière oud'une autre des écarts différentiels entre les membres du groupe (états, classes sociales, castes...) ou de nouveauxpartenaires (impérialisme, colonialisme...) pour revenir à la diversité et à la complexité de la situation initiale.
C'estpourtant dans cette contradiction insoluble, cet état de déséquilibre permanent, que l'humanité doit se maintenirindéfiniment si elle veut assurer sa survie biologique et culturelle.
_ « C'est le fait de la diversité qui doit être sauvé,non le contenu historique que chaque époque lui a _ donné et qu'aucune ne saurait perpétuer au-delà d'elle même.».
»
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