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Budapest, insurrection de

Publié le 04/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Budapest, insurrection de, insurrection populaire hongroise contre l’autorité communiste et soviétique en Hongrie (23 octobre-4 novembre 1956), écrasée par l’armée soviétique.

2   LE CREUSET DE LA RÉVOLTE

Les origines de la révolution de 1956 remontent à la mort de Staline, en mars 1953, lorsque les nouveaux dirigeants du Kremlin, dans le cadre du processus de « déstalinisation «, remettent en cause la politique d'industrialisation à outrance de Mátyás Rákosi, secrétaire général du Parti communiste et dirigeant de la République populaire de Hongrie. Après ce désaveu, Imre Nagy, leader d'une ligne politique modérée, nommée « Nouvelle Orientation «, est placé par le Kremlin à la présidence du Conseil (juin 1953). Cet ancien membre du Politburo, écarté en 1948-1949 à cause de son sens critique, dénonce la collectivisation à outrance de l’agriculture et reconnaît les erreurs politiques et économiques du régime. Selon le vœu de Moscou, il doit corriger le tir : limiter l’effort sur l’industrie lourde, privilégier l’industrie de biens de consommation, adoucir la collectivisation.

Mais, le 4 juillet, le programme de son cabinet va plus loin avec, notamment, le droit de dissolution des kolkhozes et la libération des détenus politiques. Nagy y gagne une grande popularité teintée de patriotisme antisoviétique qui provoque l’ire de l’URSS. Or Malenkov, son principal soutien en URSS, est limogé. Le gouvernement Nagy n’y survit pas : en avril 1955, il est destitué et les partisans de la ligne dure, Rákosi en tête, reviennent au pouvoir.

3   L’EXPLOSION DE LA RÉVOLTE

Lorsque Khrouchtchev dénonce les crimes de Staline lors du XXe Congrès du PCUS (février 1956), les partisans de Nagy, l’« homme providentiel «, se sentent encouragés dans leur opposition ouverte et provocatrice. De nombreux « révisionnistes « ayant eu à souffrir de procédures d’écartement sous Staline, des intellectuels, des artistes, de jeunes communistes réunis dans le Cercle Petöfi se regroupent autour de Nagy. Rákosi condamne cette fronde. Mais elle gagne en force, dépassant les cercles de l’intelligentsia et se nourrissant de l’espoir réformateur suscité par les grèves ouvrières de Poznań (Pologne).

Rákosi ayant été limogé par Mikoyan en juillet 1956, Ernö Gerö, autre partisan de la ligne dure, lui succède. L'agitation grandit, l'opinion publique exige des réformes (à l’image de la récente réintégration des dissidents dans le POUP en Pologne) et le retrait de l’Armée rouge de Hongrie. Des manifestations massives sont organisées à Budapest. Le 23 octobre, Gerö donne l'ordre d'ouvrir le feu sur une manifestation de 300 000 étudiants, ouvriers et intellectuels. La Hongrie bascule aussitôt dans une insurrection généralisée. De violents combats se déroulent dans la capitale, rappelant les heures chaudes des révolutions à barricades du xixe siècle.

Gerö demande et obtient l'intervention soviétique. Mais le 27 octobre, l’Armée rouge quitte Budapest et Moscou accepte le retour de Nagy, qui vient de demander l’apaisement à la radio.

4   CENT CINQUANTE HEURES DE LIBERTÉ…

Nagy est cependant entraîné par la puissance du mouvement populaire, ce qui l’amène à dépasser son souhait initial de réformer le communisme de l’intérieur. Alors que les Hongrois, réunis en conseils ouvriers, sont convaincus de vivre une vraie libération, le 1er novembre, Nagy forme un gouvernement de coalition qui annonce le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie et demande à l’Organisation des Nations unies (ONU) la reconnaissance de la neutralité hongroise. C’est une rupture fondamentale avec le système politique et social instauré après guerre et précieusement protégé depuis lors par Moscou. Pour l’URSS, le camouflet est inadmissible, quoique Iouri Andropov, ambassadeur à Budapest, feigne de laisser faire en poursuivant les négociations avec les émissaires de Nagy.

Le 4 novembre, tandis que la Hongrie plonge dans le désordre social et politique provoqué par les choix libérateurs de Nagy, le KGB arrête les négociateurs hongrois, et les troupes soviétiques pénètrent massivement en Hongrie. Un contre-gouvernement fantoche et aux ordres est constitué par János Kádár, qui a pourtant, et sporadiquement, fait figure d'opposant.

L’insurrection, qui ne reçoit de soutien ni de la Pologne ni de Tito, ni des puissances occidentales (pour qui il est absolument impensable d’intervenir au-delà du rideau de fer malgré l’émotion que suscitent les événements), est durement matée. En province, les combats durent plus de quinze jours. Mais la révolution anti-totalitaire se termine dans un bain de sang et dans la répression : 25 000 insurgés meurent, 15 000 sont déportés en URSS. D’autre part, 160 000 Hongrois passent à l’Ouest.

En 1957-1958, une impitoyable « normalisation « sévit. En juillet 1958, transféré en Roumanie par les Soviétiques, Nagy est sommairement jugé pour trahison, et exécuté.

5   UN MYTHE PARADOXAL

Quoiqu’écrasée, la révolte de Budapest constitue un précédent. Après la répression des tentatives réformatrices des années quarante par les purges, elle montre que le totalitarisme communiste n’est pas inébranlable, qu’il comporte des failles. De cette observation naît et s’étend dès lors, au sein d’une partie de la gauche d’Europe de l’Ouest et des révisionnistes et dissidents de l’Est, le mythe paradoxal qui fait de cette défaite une manière de victoire, très relative certes — comme le Printemps de Prague, douze ans plus tard —, mais qui entretient malgré tout l’espoir d’une démocratisation dans — ou hors — le système communiste.

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