Boutros Ghali, Boutros

Boutros Ghali, Boutros (1922- ), diplomate et homme politique égyptien, sixième secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) de 1992 à 1996, puis premier secrétaire général de la francophonie de 1997 à 2002.

Né au Caire, Boutros Boutros Ghali étudie le droit à l’université du Caire jusqu’en 1946, avant de poursuivre ses études supérieures à Paris. Titulaire de plusieurs diplômes en sciences politiques, en sciences économiques et en droit public, il obtient un doctorat en droit international en 1949. De 1949 à 1977, il est professeur de droit et de relations internationales à l’université du Caire.

Il fait son entrée sur la scène politique égyptienne en 1974 en devenant membre du comité central et du bureau politique de l’Union socialiste arabe, parti unique constitué sous la présidence de Nasser. Nommé ministre d’État chargé des Affaires étrangères en 1977, il accompagne le président égyptien Anouar al-Sadate lors de son voyage historique en Israël en 1977 ; diplomate avisé, il joue un rôle primordial dans les négociations de Camp David qui aboutissent, en 1979, à l’accord de paix israélo-égyptien.

Tandis que Boutros Boutros Ghali poursuit son engagement politique tout au long des années 1980 — vice-président de l’Internationale socialiste (IS), il est élu au Parlement égyptien en 1987 sous la bannière du Parti national démocratique (PND) —, il s’illustre par sa contribution au sein de nombreux organismes internationaux, dont la Commission du droit international et l’Institut international des droits de l’homme. Spécialiste du développement du tiers-monde, parlant couramment français, anglais et arabe, il écrit plusieurs essais sur la répartition inégale des richesses entre pays riches et pays pauvres, ainsi que sur la relation entre la question de l’eau et la stabilité politique en Afrique et au Proche-Orient. Son entregent diplomatique lui permet en outre d’aider à la résolution de plusieurs conflits africains et à la libération de Nelson Mandela en 1990.

La carrière de Boutros Boutros Ghali est consacrée en novembre 1991 lorsqu’il est nommé sixième secrétaire général des Nations unies. À la fois premier Africain et premier Arabe à accéder à ce poste, il succède au Péruvien Javier Pérez de Cuéllar le 1^er janvier 1992 pour un mandat de cinq ans. La tâche du nouveau secrétaire général est d’autant plus difficile que son mandat s’inscrit dans le nouveau contexte international de l’après-guerre froide : confrontée à la question de son financement, l’ONU peine en outre à assurer son rôle de garant de la sécurité collective et d’arbitre dans les conflits régionaux.

Dès les premiers mois de son mandat, Boutros Boutros Ghali se distingue par ses prises de position sévères contre les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, auxquels il reproche de se préoccuper davantage des problèmes des pays développés que de ceux des pays pauvres. En juillet 1992, il lance une vive polémique en comparant l’attention portée par le Conseil de sécurité au conflit yougoslave et son indifférence à l’égard de la crise somalienne. Son franc-parler le rend impopulaire auprès de certains membres du Conseil de sécurité et, en 1996, les États-Unis, mécontents de la manière dont il conduit la réforme de l'ONU, opposent leur veto à sa réélection.

Dès l’année suivante, lors du sommet francophone de Hanoï (1997), Boutros Boutros Ghali inaugure le poste de secrétaire général de la francophonie. « Voix et visage « de la francophonie dans le monde jusqu’en 2002, il contribue à donner à cette nouvelle fonction sa stature internationale, et à la francophonie sa dimension politique.